Strabon
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Naissance | vers 60 av. J-C. Amasée |
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Décès | vers 20 ap. J.-C. |
Activité principale | géographe, historien |
Genres | Écrits scientifiques |
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Œuvres principales
- Géographie
Commentaires Historiques (perdue)
Strabon (grec ancien : Στράϐων / Strábôn, « qui louche », en latin Strabo), est un géographe et historien grec né à Amasée dans le Pont (actuelle Amasya en Turquie) autour de 60 av. J.-C.[1] et mort autour de 20 ap. J.-C.
Sommaire
1 Biographie
2 Commentaires Historiques
2.1 Contenu[16]
3 Géographie
3.1 Contenu
4 Notes et références
4.1 Notes
4.2 Références
5 Bibliographie
5.1 Éditions
6 Annexes
6.1 Articles connexes
6.2 Liens externes
Biographie |
Strabon ne nous a laissé que très peu d’informations de sa vie. Il est issu d’une famille illustre d’Amasée, famille qui a eu un rôle important dans la vie politique du royaume[2]. Strabon a suivi pendant sa jeunesse de nombreux enseignements[3]. Tyrannion[4], Aristodème[5] et Xénarque[6], sont les maîtres qu'il cite, tous grecs, grammairiens ou philosophes. Bien qu’aucun d’entre eux ne soit stoïcien, Strabon y a développé une certaine sensibilité, cela étant évoqué par Strabon lui-même dans le livre II de Géographie[7]. Strabon s’est installé une première fois à Rome probablement juste avant la mort de César[8], ce qui en fait une source supplémentaire pour l’étude de l’histoire romaine sous Auguste[9]. S’ajoutent à ses nombreux séjours à Rome d’autres voyages[10], notamment dans le reste de l’Italie, en Gaule mais encore en Afrique (Éthiopie, Égypte en particulier)[11]. Son voyage en Égypte et plus précisément sur le Nil s’est fait en compagnie d’Aelius Gallus, qui fut un préfet romain et un de ses grands amis. Ses nombreux voyages lui ont permis d’avoir une documentation suffisante pour écrire la Géographie, un ouvrage en 17 livres, organisés par région. Il se fonde sur une démarche scientifique ainsi que sur une tradition ethnographique. Cet ouvrage apparaît comme une œuvre notable pour l’époque du fait de son ampleur. On sait également que Strabon a rédigé une œuvre historique, Commentaires Historiques, antérieure à la Géographie[12]. Il s'agît d'un ouvrage en 43 livres[13] dont il nous reste que quelques fragments. Il a été écrit entre 37 av. J.-C. et le début de la Géographie. Enfin, Strabon ne cache pas son admiration pour Rome. On peut considérer que « Strabon accepte ainsi de mettre l’érudition grecque au service de la conquête romaine »[14]. Les détails de sa vie après 20 av. J.-C. sont obscurs, mais il semble particulièrement familier avec la Judée, suggérant le temps passé à la cour d'Hérode Ier le Grand et avec la région de Naples. Il peut ainsi avoir passé ses dernières années autour de Naples ou dans sa ville natale d'Amasée à la cour de Pythodoris de Trallès, la petite-fille putative de Marc Antoine. Il aurait corrigé sa Géographie jusqu’aux alentours de 23 après J.-C., approchant alors des 90 ans[15].
Commentaires Historiques |
Contenu[16] |
Seuls quelques fragments restent de l’œuvre historique de Strabon. Néanmoins, les historiens ne semblent pas d’accord quant à la composition de cette œuvre :
- Pour certains, Strabon serait à l’origine de deux écrits distincts, à savoir les Commentaires Historiques (Historika Hypomnémata), composé de 43 livres ainsi que les Suites à Polybe (Ta meta Polybiou), composé d’au moins 6 livres.
- Pour d’autres, ces deux parties constitueraient un même ensemble divisé en deux parties.
Seize des fragments décrivent des événements entre 107 et 37 av. J.-C. Strabon aurait relaté d'une histoire universelle depuis 146 av. J.-C., date à laquelle Polybe a arrêté d'écrire son œuvre Histoires. Strabon lui-même a écrit que le travail a commencé avec la fin de l'œuvre de Polybe[17] et que l'ouvrage contenait quatre livres d'introduction, dont le contenu est non-spécifié, peut-être un résumé d'événements antérieurs.
Il se serait arrêté en 37 av. J.-C., avec le retour d'Octave à Rome huit ans plus tard et la fin de l'époque des guerres civiles (époque de la chute de la République romaine). Il a sans doute non seulement utilisé Polybe mais également d'autres sources comme Timagène, Asinius Pollion ou encore Posidonios[18],[19],[20].
Géographie |
Géographie de Strabon est divisée comme suit :
- les livres I et II constituent une longue introduction à l'ouvrage, où Strabon entend prouver que le géographe Ératosthène a eu tort de rejeter l'œuvre d'Homère d'un point de vue géographique ;
- les livres III à X décrivent l'Europe, et plus particulièrement la Grèce (livres VIII-X) ;
- les livres XI à XIV décrivent l'Asie mineure ;
- les livres XV et XVI décrivent l'Orient ;
- le livre XVII décrit l'Afrique (Égypte et Libye).
Contenu |
Strabon pensait que la fortune de la Grèce était partiellement due à sa situation maritime, et esquissait une corrélation intéressante entre l'avancement d'un peuple en matière de civilisation et son contact avec la mer[21].
En même temps, il insistait sur le fait que la géographie ne pouvait à elle seule expliquer la grandeur d'un peuple, et affirmait que la civilisation grecque reposait sur l'intérêt de ses citoyens pour les arts et la politique[22].
Si son œuvre reprend parfois des textes antérieurs de plusieurs siècles à la période où il a vécu, sa connaissance du droit romain des différentes cités en fait aussi une source essentielle pour décrire les débuts de la romanisation en Gaule et dans la Péninsule Ibérique. Il montre ainsi, dans les livres III et IV notamment, le développement d'une nouvelle culture dans ces régions, à la suite de l'acculturation partielle des populations. Il décrit aussi quelques éléments de paysage et vie commune, dont la forme des maisons, qui par exemple en Gaule belgique (Gallia belgica) étaient selon lui des « bâtiments isolés et de forme ronde, formés d'ais et de claies d'osier, et surmontes d'un toit fort élevé et probablement termine en pointe »[23]. Strabon situe formellement les Séquanes à l'Est de la Saône. Il consacre quelques lignes (Géographie, 4,2,3) aux événements en Gaule lors de la révolte des Gaulois et confirme l'importance des effectifs qui furent rassemblés par Vercingétorix. Il souligne l'identité topographique des deux sites de Gergovie, où César subit une défaite, et d'Alésia : Gergovie « sur une haute montagne », Alésia « aussi sur une éminence élevée, mais entourée de montagnes et de deux rivières »[24].
L'œuvre de Strabon resta dans l'ombre sous l'Empire romain alors que Strabon y manifestait pourtant un certain attachement[25].
Ce ne fut qu'à partir du Ve siècle qu'elle commença à être citée, et que Strabon devint même l'archétype du géographe.
Au XVe siècle l'érudit italien Guarino Veronese traduisit la totalité de l'œuvre de Strabon, contribuant ainsi à sa redécouverte. Les historiens classiques comme Wilamowitz ont reconnu l'intérêt de son œuvre, ainsi que ses talents littéraires, qui lui permettaient de décrire un lieu où il n'était pas allé mieux que Pausanias, qui y était allé.
Strabon, grâce à ses nombreux voyages, participe également à l'élaboration de la liste des Sept Merveilles du monde. Il affirme notamment :
« Babylone est située […] dans une plaine. Ses remparts ont 365 stades[26] de circuit, 32 pieds d'épaisseur[27] et 50 coudées[28] de hauteur dans l'intervalle des tours, qui elles-mêmes sont hautes de 60 coudées. Au haut de ce rempart on a ménagé un passage assez large pour que deux quadriges puissent s'y croiser. On comprend qu'un pareil ouvrage ait été rangé au nombre des Sept Merveilles du monde »
— Géographie [détail des éditions] [lire en ligne], XVI, 1, 5 (« L'Assyrie, l'Adiabène et la Mésopotamie »).
Strabon indique dans le tome VII de son ouvrage Géographie que le chronologiste Apollodore d'Athènes rappelle que grâce au récit d'Élien nous connaissons l'existence d'une île-continent situé à l'ouest de l'océan Atlantique, dénommée Méropide par Théopompe. Ce dernier décrit Méropide dans le tome VIII de ses Philippiques : « L'Europe, l'Asie et la Libye étaient autant d'îles autour desquelles circulait l'Océan; en dehors de ce monde existait un continent unique d'une immense étendue, peuplé de grands animaux; les hommes qui l'habitaient, les Méropes, avaient une stature double de la nôtre, et la durée de leur vie s'allongeait dans la même proportion. On trouvait chez eux de grandes et nombreuses cités, des fleurs particulières, et des lois tout différentes de celles qui nous régissent »[29].
En France, l'œuvre de Strabon a été traduite à la demande de Napoléon Bonaparte au début du XIXe siècle alors qu'il était consul, même si d'autres traductions seront ensuite réalisées par d'autres historiens et spécialistes des langues anciennes[30]
Notes et références |
Notes |
Références |
Concernant la date de naissance de Strabon : W. Aly, Strabonis geographica, iv. Strabon von Amaseia. Untersuchungen uber Text, Aufbau und Quellen des Geographie antiquas 1. Reihe v, Bonn, 1957, p. 11 (propose les dates 63-62). D. Dueck, Strabo of Amasia. A Greek man of letters in Augustan, Rome, Londres et New-York, 2000, p. 2 (propose une période entre 64 et 50). S. Pothecary, « The expression ‘our times’ in Strabo’ Geography », in CPh, 1997, 92, p. 235-246 (propose les dates de 65-63).
Strabon, Géographie, livres X et XII
Strabon, Géographie, p. XII, 3, 16
Strabon, Géographie, p. XIII, 1, 54
Strabon, Géographie, p. XIV, 1, 48
Strabon, Géographie, p. XIV, 5, 4
Strabon, Géographie, p. II, 3, 8
Plutarque, Caesar, p. 63, 1-4
Strabon, Géographie, p. V, 3, 8
Strabon, Géographie, p. II, 5, 11
Strabon, Géographie, livres II, V, X, XII, XVII
Strabon, Katasterismoi, p. I, 1, 22-23
Suda, Lexikon, Πολύβιος
Suzanne Saïd, Ibidem, p. 415
Strabon, Géographie, p. XVII, 3, 7-9
LENFANT Dominique (dir.), Les Perses vus par les Grecs. Lire les sources classiques sur l’Empire achéménide, Armand Collin, 2011, p. 374
Strabon, Katasterismoi, p. XI, 9, 3
Josephus, T. Flavius, Jewish Antiquities, p. 13, 319
Josephus, T. Flavius, Jewish Antiquities, p. 14, 137-138
Josephus, T. Flavius, Jewish Antiquities, p. 14, 139
Strabon, Géographie, Paris, Les Belles Lettres, 1969, p. Introduction (par AUJAC G. et LASSERRE F.)
Strabon, Géographie, Paris, Les Belles Lettres, 1969, p. Introduction (par AUJAC G. et LASSERRE F.)
edit. de Siebenkees, Lips. 1798, 11,58
Géographie, 4,2,3.
THOLLARD Patrick (dir.), La Gaule retrouvée: Voyage avec Strabon, Errance, 2011
365 stades : soit entre 65 et 70 km de circonférence, c'est-à-dire de l'ordre de deux fois la longueur du boulevard périphérique parisien !
32 pieds : environ 9 m.
50 coudées : plus de 20 m.
Strabon, Géographie, livre VII, p. 35
PAULET Jean-Claude, Patrimoine littéraire européen, Vol 2 : héritages grecs et latins, De Boeck Superieur, 1992, p.297
Bibliographie |
Éditions |
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Annexes |
Articles connexes |
- littérature grecque
Liens externes |
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Strabon, « Géographie », sur Méditerranées.
(fr) (grc) Strabon, « Géographie (bilingue, trad. Amédée Tardieu, 1867) », sur Remacle.- Germaine Aujac, Strabon et son temps, dans Geographie und verwandte Wissenschaften, sous la dir de Wolfgang Hübner, Stuttgart, 2000, p. 103-139.
(en) Editions of Strabo’s Geography, Sarah Pothecary, 2005.
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