Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec
Ancienne abbaye de Landévennec | ||||
Présentation | ||||
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Culte | Catholique désaffectée en 1793 | |||
Type | Abbaye | |||
Rattachement | Ordre bénédictin | |||
Début de la construction | Ve siècle | |||
Fin des travaux | XIe siècle | |||
Style dominant | Roman | |||
Protection | Classé MH (1992)[1] | |||
Géographie | ||||
Pays | France | |||
Région | Bretagne | |||
Département | Finistère | |||
Ville | Landévennec | |||
Coordonnées | 48° 17′ 25″ nord, 4° 16′ 00″ ouest | |||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
Géolocalisation sur la carte : Finistère
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L'abbaye Saint-Guénolé de Landévennec est une abbaye située en la commune de Landévennec , en Cornouaille (presqu’île de Crozon). Elle est réputée avoir été fondée au Ve siècle par saint Guénolé, ce qui en fait une des plus anciennes et plus importantes de Bretagne. L'historien Arthur Le Moyne de la Borderie l'a qualifiée de « Cœur de la Bretagne ». Abandonnée en 1793 et ruinée dans les années 1810, elle est relevée par une nouvelle communauté monastique bénédictine en 1958, qui y construit de nouveaux bâtiments. Elle est affiliée à la congrégation de Subiaco.
Les ruines de l'ancienne abbaye ainsi qu'un musée historique sont accessibles au public.
L'ancienne abbaye de Saint-Guénolé fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 26 mai 1992[1].
Sommaire
1 Géographie
2 Histoire
2.1 Ancienne abbaye de Saint-Guénolé[3]
2.1.1 Les origines de l'abbaye
2.1.2 L'abbaye carolingienne
2.1.3 La destruction par les Vikings
2.1.4 L'abbaye romane
2.1.5 L'abbaye mauriste
2.2 Le scriptorium de l'abbaye de Landévennec
2.3 Listes des abbés
2.4 La Révolution française et ses conséquences pour l'abbaye
2.5 Le musée de l'ancienne abbaye de Landévennec
3 Nouvelle abbaye
3.1 Liste des abbés
4 Notes et références
5 Voir aussi
5.1 Articles connexes
5.2 Liens externes
5.3 Bibliographie
Géographie |
Le site de l'abbaye de Landévennec est remarquable : une presqu'île isolée entre le dernier méandre de l'Aulne maritime et la Rade de Brest, où choisirent de s’installer quelques moines au tout début du Haut Moyen Âge.
Gurdisten, abbé de Landévennec et auteur d'une Vie de saint Guénolé a écrit[2] :
Il est un lieu secret
Au creux de la clairière
Paradis qu'un rutilant soleil
Éclaire à son lever
Tout embaumé de parfum
De mille fleurs printanières
C'est là qu'avec ses compagnons
Se fixa saint Guénolé
Histoire |
Ancienne abbaye de Saint-Guénolé[3] |
Les origines de l'abbaye |
Landévennec, en breton moderne Landevenneg, procède du suffixe vieux-breton lann = monastère, lieu saint (< du celtique *landâ = étendue de terre[4]), et de Tevenneg < te+gwenn+eg , forme hypocoristique issu du vieux-breton to+uuinn+oc, reprenant suivant l'usage de l'époque la racine (u)uinn /win/ (= blanc & saint, pur ; br. mod. gwenn) à la base de l'anthroponyme vieux-br. Uuinualoe /winwaloi/, br. mod. Gwenole. Landevenneg signifie donc le "monastère de (Saint) Gwenole". Cet usage des dérivations hypocoristiques à partir des racines anthroponymiques a pu amener à certaines confusions, tout patronyme construit sur (u)uinn/gwenn pouvant se dériver en (to+)uuin(n)+oc /(to)winok/, avec ou sans le suffixe to/te. Ainsi les formes Tevenneg, Gwenneg, Venneg, Vennec, Winoc, etc. peuvent se référer à différents personnages tels Saint Gwenole (Guénolé), Saint Winoc, voire même Saint Ven(n)ec, forme locale moderne de Gwezhenneg, en fr. Saint Guéthénoc (du v. br Uuethennoc), lui-même frère de Saint Gwenole[5] !
Disciple de Budoc qui s'était fixé avec des moines dans l'île de Lavret, près de l'île de Bréhat, (aujourd'hui département des Côtes-d'Armor), Guénolé vint s'établir avec onze compagnons dans le site de l'estuaire de l'Aulne (Finistère), d'abord dans l'île de Tibidy en 482 et, trois ans plus tard, à Landévennec. Il gagna l'amitié de Gradlon, premier roi de Cornouaille, contemporain de saint Corentin que l'on considère comme le premier évêque de Quimper.
« Uinualoë [Wingalloe] et ses moines, arrivant là, avaient trouvé inculte, tout couvert de bois, le pays de Crozon, tout le littoral du fond de la Rade de Brest. Du droit du premier occupant, ils s'y étaient installés, ils avaient défriché autour d'eaux les terres les plus fertiles et se les étaient appropriées par droit de culture, avaient pris possession de la forêt. Puis quand Gradlon, reconnu chef de la plus grande partie des émigrés bretons établis dans le sud-ouest de la péninsule [armoricaine], avait appris l'existence du nouvel établissement formé sur la rade de Brest,il y était allé, sans doute pour vénérer le fondateur, mais surtout pour le gagner à lui, l'attirer dans son parti, l'amener à reconnaître sa souveraineté[6]. »
La vie de saint Guénolé nous a été rapportée par ses deux hagiographies, rédigées au IXe siècle par l'abbé Gurdisten et le moine Clément dont le texte est repris par Gurdisten. Saint Guénolé prit une part considérable à l'évangélisation de la Cornouaille et l'abbaye de Landévennec devint par la suite la principale source des institutions monastiques en Bretagne.
Cette abbaye, créée si l'on en croit la tradition vers 485, suivait la règle des Scots, dans la tradition du christianisme celtique. Les moines irlandais, ou scots, étaient vêtus d'une tunique souvent de couleur blanche et d'une coule (vêtement à capuchon) en grosse étoffe de laine, munie d'un capuchon.
Obéissance, pauvreté et chasteté étaient strictement pratiquées par les moines bretons. « Vaquez à l'étude avec humilité, sans vous enorgueillir de votre science, soumettez-vous au travail manuel avec abaissement et contrition de cœur, sans rechercher la louange des hommes dans l'exercice de votre art, sans mépriser celui qui l'ignore, insistez sans cesse sur la prière accompagnée de jeûnes et de veilles ». Telles étaient les recommandations faites par Budoc, le maître de saint Guénolé. Selon la tradition, le successeur de saint Guénolé fut saint Gwenaël que l'abbé accueillit tout jeune au monastère. Le rayonnement de cette abbaye traversera les siècles.
L'abbaye carolingienne |
Les fouilles récentes, commencées en 1978, et effectuées entre autres par Annie Bardel[7], a confirmé la construction aux alentours de l'an 500 d'un petit oratoire rectangulaire, situé à quelques dizaines de mètres d'un établissement gallo-romain, et entouré de tombes, dont peut-être celle de saint Guénolé[8]. L'oratoire fut reconstruit et agrandi vers 700, transformé en un premier monastère construit donc à l'époque mérovingienne.
En 818, venu soumettre le roi élu par les Bretons Morvan, l'empereur Louis Ier (dit Louis le Pieux ou Louis le Débonnaire), fils de Charlemagne, persuadé que son pouvoir venait de Dieu et désireux d'unifier les règles monastiques, demanda à l'abbé de Landévennec du moment, Matmonoc, lors d'une entrevue à Priziac, près de Gourin (Menez Du / Montagnes Noires) de renoncer à « ses usages scotiques » (la règle de saint Colomban) et d'adopter pour son monastère la règle de Saint Benoît. Pour autant, cela n'abolit pas la spécificité bretonne : en témoignent les enluminures des manuscrits du scriptorium. C'est alors, au IXe siècle donc, que l'abbaye connaît pendant environ un siècle son « âge d'or ». C'est à cette l'époque carolingienne que l'abbaye adopte la règle bénédictine et est reconstruite, sans doute à la suite de l'édit de Louis le Débonnaire : l'église est raccordée à l'oratoire et les bâtiments se rassemblent classiquement autour d'un cloître formé d'une galerie couverte avec des piliers maçonnés à la chaux selon une méthode gallo-romaine donnant sur une grande cour ; les toits étaient couverts de tuiles, le sol de la nef recouvert de mortier de chaux. Les reliques de saint Guénolé sont transférées de l'église antérieure et déposées dans un tombeau dressé dans le chœur. Les traces d'un puits et d'un bas-fourneau (ayant probablement servi à couler la cloche du monastère) ont été retrouvés. L'abbaye était aussi à cette époque entourée d'un mur d'enceinte. Tout cela indique une puissance et une richesse certaine. Trois sarcophages en bois, situés dans un caveau sous le porche de l'église, ont aussi été trouvés lors de ces fouilles, l'un d'entre eux est exposé dans le musée de l'abbaye. Le milieu humide conservant bien les éléments organiques, les fouilles ont permis aussi des graines, des fruits utilisés à l'époque (des noix, des prunes, des pêches) et de prouver que la vigne était cultivée du VIIIe siècle au XIe siècle[8].
L'intégration au système carolingien vient de Nominoë fixant les sièges épiscopaux de Saint-Pol-de-Léon et de Quimper, les sièges de Tréguier et de Saint-Brieuc n'étant créés qu'au Xe siècle.
La destruction par les Vikings |
Le grand tournant vint des invasions normandes qui s'attaquèrent principalement aux monastères dès 884[9]. En 913, Landévennec fut pillé puis brûlé par les Vikings[10]. Les moines survivants fuirent et, emportant leurs reliques, notamment celles de Saint Guénolé, et leurs manuscrits et, après être passés par Le Mans et Château-du-Loir, se réfugièrent à Montreuil près du comte Helgaud où ils créèrent en 926 une nouvelle abbaye, l'abbaye Saint-Walloy[11] (nom attribué localement par déformation à saint Guénolé), sous l'invocation de saint Guénolé (dénommé aussi localement « saint Walois »)[12].
L'archéologie a conservé des traces du passage des Normands à Landévennec : sur une grande partie du site, une épaisse couche de cendres témoigne de l'incendie qui détruisit l'abbaye. Un calendrier conservé à Copenhague précise à la date de 913, en latin : « Cette même année fut détruit le monastère de saint Gwennolé par les Normands ». À proximité du coin sud-est du chœur de l'église carolingienne, un tumulus a été trouvé. Il contient rassemblés sous une couche de pierres, des cendres et des ossements calcinés. Il semble qu'il s'agisse là d'un rite païen alors en usage dans le monde scandinave, d'une pratique viking, qui aurait pour but de se faire pardonner la violation des sépultures en incinérant rituellement les restes et en les ré-enfouissant sous un tumulus[8].
Durant le règne scandinave, les échanges économiques, intellectuels et religieux s'effectuèrent par mer. La règle de saint Colomban fait son retour et c'est désormais dans la pierre que va s'opérer un syncrétisme culturel. De la Scandinavie à la Méditerranée, de Constantinople à la cité d'Alet, de Dublin à Brest, de Jaffa, Alexandrie, Oran, Cadix... à Nantes. La pensée Grecque contournant le monde Carolingien, amena scientifiques, architectes et médecins en Bretagne continentale. Le premier âge Roman va s'y épanouir. Les chefs du royaume de Cornouaille fuirent également, par exemple le comte Mathuedoï de Poher et son fils Alain Barbetorte, futur duc de Bretagne (Alain II de Bretagne), avec un grand nombre de Bretons, en Grande-Bretagne ou chez les Francs. C'en était fini de la royauté bretonne. En attendant la renaissance de l'effort démographique au XIIe siècle : Le pouvoir se déplaça vers la Haute-Bretagne, vers Rennes, puis Nantes. Le contact avec les Francs et l'apprentissage que les moines et chefs avaient fait de la langue romane durant l'exode, eurent pour conséquence de réduire le breton à une langue d'échanges, une langue non-écrite. C'était aussi désormais à l'Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, ou ailleurs, en France ou en Grande-Bretagne, qu'il fallait se rendre pour vénérer les saints bretons. La dépossession des corps saints avait privé la Bretagne des richesses que représentaient les pèlerinages aux reliques. Les abbayes bretonnes étaient privées de leurs manuscrits, et les écoles monastiques bretonnes qui enseignaient les sciences profanes aux enfants et aux jeunes gens près des abbayes, leur apportant une culture intellectuelle très appréciable, ne deviendraient plus jamais de grandes écoles.
Toutefois la libération de la Bretagne fut préparée par le moine Jean, Abbé de Landévennec, qui dirigeait la colonie bretonne réfugiée à Montreuil près du comte Herluin, successeur du comte Helgaud. Au cours d'un voyage à travers la Bretagne, Jean se rendit compte que les bretons restés sur le sol natal étaient impatients de secouer le joug des Normands et que ceux-ci vivaient dans une sécurité si profonde qu'ils pouvaient être surpris et abattus facilement par une attaque à l'improviste. Jean trouva dans la personne du prince Alain, fils du comte de Poher Matuédoï, et petit-fis d'Alain Le Grand, celui qui, réfugié à la cour du roi d'Angleterre Æthelstan, accepta de prendre la tête du mouvement. Débarqué en Bretagne, Alain livra des combats heureux à Dol et à Saint-Brieuc (936). Il réussit à s'emparer de Nantes, ce qui fit que les Normands abandonnèrent la Loire maritime. À la suite de ses victoires, Alain, à qui l'Histoire donna le surnom de « Barbe-Torte », fut reconnu duc de Bretagne (937). Il donna à l'abbaye la paroisse de Batz-sur-Mer, le monastère de Saint-Médard-de-Doulon (situé près de Nantes), les églises Saint-Cyr et Sainte-Croix, situées aussi à Nantes. C'est le seul acte de donation fait par Alain Barbetorte en faveur d'un sanctuaire, ou du moins le seul qui soit parvenu jusqu'à nous[13].
L'abbaye romane |
Aux vues de certains désordres de maçonneries englobés dans le sanctuaire roman et à la relecture des éléments architecturaux du dépôt lapidaire , il n'est pas improbable d'envisager l'antériorité de la construction romane au retour des moines bénédictins .
Au milieu du Xe siècle, les moines reviennent et rebâtissent le monastère, avec l'aide de Riwalen [Rivalon] 1er de Rosmadec, seigneur de Rosmadec et vicomte du Faou, la construction de l'église abbatiale romane commençant au milieu du XIe siècle. C'est de cette époque également que date la compilation du cartulaire de Landévennec[14].
L'édifice carolingien est conservé au cœur de la nouvelle église abbatiale agrandie, qui est dotée d'un transept et d'un chœur à déambulatoire et chapelles rayonnantes. La nef est prolongée vers l'ouest. La nef de la petite église carolingienne sert désormais de sacristie ; un mausolée est construit à l'angle sud-ouest de la croisée du transept, sans doute s'agit-il d'une sépulture seigneuriale que la tradition a attribuée au roi Gradlon. Les piles et les colonnes sont ornées de chapiteaux et de bases ornées de motifs traditionnels en Bretagne à l'époque : entrelacs, palmettes, fougères, etc. Quelques chapiteaux montrent un décor historié, mais très fruste.
Abbaye de Landévennec : fragment de l'église abbatiale romane (XIe siècle, granite)
Abbaye de Landévennec : fragment de l'église abbatiale romane (XIe siècle, microgranite)
Base d'un chapiteau double d'une colonnette du cloître (XIIIe siècle, en pierre de Caen)
Ossements d'un homme (fin Xe ou début XIe), probablement un pèlerin, trouvés dans l'abbaye
L'abbaye attirait alors des pèlerins parfois venus de loin (y compris de la Cornouailles anglaise et du nord de la France, comme l'attestent des monnaies retrouvées sur place), attirés par la renommée de saint Guénolé, que l'on venait invoquer, notamment contre la fièvre. Certains pèlerins traversaient la rade à partir de Camfrout où se trouvait un hôpital qui pouvait les héberger.
Au XIVe siècle, l'abbaye souffre de la guerre de Succession de Bretagne et de pillages anglais. À partir de 1524, l’abbaye de Landévennec devient une abbaye en commende, les abbés successifs profitant du bénéfice procuré par l'abbaye mais ne s'en occupant guère, d'où son déclin progressif. À la fin du XVIe siècle, l'abbaye est pillée à plusieurs reprises par les Ligueurs et est dans un triste état dans les premières années du XVIIe siècle sous la direction d'un abbé incapable, Pierre Largan. L'abbaye est restaurée par son successeur Jean Briant, qui reconstruit les bâtiments conventuels.
« En 1593, la porte sacrée de ladite abbaye qui était d'or massif et les plus beaux ornements qui y étaient, servant au service divin, furent emportés et ravagés, avec les meubles de ladite maison, [ainsi que] les garnitures des chambres pour loger lesdits religieux, par les gens de guerre du seigneur de Sourdéac. Et en outre les gens de guerre entrèrent [dans les] chambres de ladite maison et emportèrent tout ce qu'ils y trouvèrent, entre autres tous les garants[15] de ladite maison et abbaye, qui étaient dans un grand coffre. Au mois de janvier 1594, un régiment de la Ligue conduit par le comte de La Magnane se serait logé dans ladite abbaye l'espace de trois jours durant lesquels [les soldats] brûlèrent tous les restes des boiseries qui restaient en ladite maison, [ainsi que] les portes et fenêtres de celle-ci. Et les restes des garants demeurés après les premiers ravages dans la chambre basse de ladite maison, nommée "chambre de saint Benoist", ils les jetèrent pour la plus grande partie au feu et le reste sous les pieds des chevaux, [tant et si bien] qu'ils furent perdus et gâtés. Au mois d'octobre 1595, un troupe d'Anglais, comme l'on allait au siège de Crozon, descendirent en ladite maison et abbaye de Landévennec, entrèrent dans l'église de celle-ci, et emportèrent le reste des ornements. (...)[16] »
Selon Dom Noël Mars, auteur de l"Histoire de l'abbaye royale Saint-Guénolé de Landévennec", publiée en 1648, le régime de la commende était particulièrement néfaste, bien plus encore que les guerres : par exemple entre 1570 et 1606, Troïlus de Mesgouez, marquis de La Roche[17] dispose des revenus de l'abbaye en toute légalité grâce au régime de la commende ; il en confie l'administration à son frère René de Mesgouez, seigneur de Kermoalec[18], qui en chassa tous les religieux.
« On donna le titre d'abbé à un prêtre nommé Largan, du diocèse de Quimper, mais celui-ci était aux gages du marquis de La Roche qui, réel possesseur du temporel de l'abbaye, en perçut les fruits jusqu'à sa mort. Plusieurs actes du temps témoignent des brigandages commis en ces circonstances par Troïlus et son frère qui enlevèrent de l'abbaye les joyaux, trésors, vaisselle d'argent et vases sacrés et en emportèrent, de force et par vol, une somme de 14 000 écus d'argent. Ils abattirent les plus beaux arbres, dont ils employèrent le prix, ainsi qu'une partie des matériaux de Landévennec, à l'acquisition et réparations de leur manoir de Trévallon, en Scaër. (...) Troïlus fit fondre les cloches pour en faire des canons et construisit un mur pour empêcher le peuple de fréquenter, désormais, l'église et le cimetière de l'abbaye.[19] »
Le 14 juillet 1603, Vincent Le Grand, juge à Carhaix, recueille le témoignage des moines sur les abus commis par les frères Mesgouez :
« [René et Troïlus de Mesgouez] ont dénié et ôté [aux moines] une grande partie des commodités qui leur sont nécessaires pour vivre [ils sont] réduits à telle extrémité que si bientôt [des ressources ne leur sont pas allouées] ils seront contraints de quitter l'abbaye et leur profession pour trouver d'autres moyens par lesquels s'entretenir. Ils nous ont encore remontré que l'avarice desdits seigneurs de Kermoalec et marquis de la Roche les aurait tant transporté qu'ils auraient pris la vaisselle d'argent dédiée pour servir l'église, [ainsi que] crosse, calices, patènes, plats, chandeliers et autres, et en auraient fait de la vaisselle de cuisine pour leur usage particulier, [avec l'intention de] les lisser comme leur propre à leurs héritiers. Ils auraient pris et fait rendre et fondre en leur manoir de Trévalet [ou Trévallon], pour en faire servir de canons, deux des plus grosses cloches de ladite abbaye. (...) Pareillement, ils auraient laissé se gâter et se perdre les chapes, chasubles, tuniques et diverses étoffes, les unes de soie, les autres d'or et d'argent et même toute la lingerie de l'église. (...)[20] »
L'abbaye mauriste |
Face à un relâchement de la discipline monastique, et à l'influence néfaste des abbés commendataires, l'abbaye qui était rattachée à la Société de Bretagne fut, comme ses autres membres, par un bref du Pape Urbain VIII en date du 8 novembre 1627, rattachée à la Congrégation de Saint-Maur, le 28 septembre 1628, ce qui est à l'origine d'un renouveau spirituel et intellectuel. Entre 1650 et 1655, les bâtiments abbatiaux sont rebâtis par un jeune moine architecte, le frère Robert Plouvier. Mais l'abbaye, critiquée par les Jansénistes, est à nouveau quasiment en ruine à la fin du XVIIe siècle.
Lors de la reconstruction du cloître au milieu du XVIIe siècle, un accident survenu en rade de Brest en 1653 est ainsi relaté :
« Le vingt-cinquième jour du mois d'août [1653], un événement tout à fait funeste et inopiné vint troubler l'allégresse dont la réédification de leur cloître, complètement détruit et effondré, enflammait les religieux de ce (...) monastère. Nous voulons parler de la mort de trois ouvriers qui amenaient en barque des pierres de taille de la carrière de pierre de Logonna. Comme ils s'adonnaient à ce travail, une tempête soudainement levée fit couler la barque alourdie. Ils périrent sous les eaux près du promontoire nommé Penros[21], pas très éloigné de la carrière de pierre. Voici leurs noms : Yves Moin, Yves Le Borgne, Pierre Kérinnec. D'autres pourtant, qui secondaient ceux-là même en conduisant la barque, se saisirent de planches ou d'accessoires en bois qui se trouvaient dans la barque, ayant imploré d'en haut le secours divin, s'échappèrent jusqu'au rivage. Quant à ceux qui étaient restés morts sous les eaux, on les retrouva la nuit suivante quand la mer se retira et on les amena au monastère. Ils furent ensevelis dans la même fosse, dans la nef de l'église près du monument en pierre érigé en elle du côté du cloître le 26 août. Cependant, une fois quelques jours écoulés, alors que la mer se retirait un peu plus loin du littoral, la barque, délestée d'une partie de sa charge et vidée de ses eaux, se remit à flotter et fut ramenée au monastère.[22] »
Aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, les bois appartenant à l'abbaye étaient une importante source de revenus, facilitée par la forte demande en bois d'œuvre de l'arsenal de Brest (par exemple en 1779 une coupe exceptionnelle rapporte plus de 100 000 livres) ; des "gardes des bois" sont nommés (par exemple Charles Quintric, Julien Le Faou, Jean-Guillaume le Poupon) et poursuivent, l'abbaye étant une seigneurie disposant des droits de police et de justice, les auteurs d'infractions qui, en pillant du bois, compromettent le reboisement ; par exemple le 4 octobre 1693 les moines font interdire le port de faucilles, serpes et autres instruments, afin d'empêcher la coupe de « landes, genêts, épines et autres bois » dans le bois de Penforn[23].
Le 4 février 1781 un brevet du Roi « autorise l'évêque à engager en cour de Rome la procédure en vue d'extinction et d'union de l'abbaye », la mense abbatiale étant rattachée à l'évêché de Cornouaille et bénéficiant à son évêque Toussaint-François-Joseph Conen de Saint-Luc.
Le scriptorium de l'abbaye de Landévennec |
L'abbaye de Landévennec fut au Moyen Âge un lieu important d'écriture de manuscrits, de parchemins et un atelier de copistes. À partir de la 2e moitié du IXe siècle, les moines lettrés de l'abbaye forment, sous l'impulsion de l'abbé Gurdisten, une véritable école hagiographique puisant son inspiration pour partie dans la tradition celtique mais s'adaptant aux idées carolingiennes et aux nouveaux standards bénédictins, maîtrisant les techniques littéraires caractérisant la renaissance des Lettres de leur époque. C'est véritablement « l'âge d'or » de l'abbaye. Les moines de Landévennec bénéficient du soutien des rois et comtes de Cornouaille et des commandes de l'Évêché de Léon, par exemple pour les Vitæ de saint Guénolé et de saint Pol[24].
Cinq manuscrits de l'Évangéliaire de Landévennec provenant de ce scriptorium nous sont parvenus[25]:
- le manuscrit Egerton (British Museum, Londres), qui provient de l'abbaye de Marmoutier et est entré au British Museum en 1836
- l'Évangéliaire de Landévennec (New York Public Library), aussi connu sous le nom d'Harkness Gospel, du nom de son propriétaire qui en fit don à la New York Public Library en 1928
- Le manuscrit de Berne (Burgerbibliotek, Berne), daté de la seconde moitié du IXe siècle, qui appartint un temps à l'abbaye de Fleury
- Le manuscrit 960 de la bibliothèque municipale de Troyes qui a appartenu un temps à l'abbaye Saint-Gildas de Rhuys et date précisément de 909
- Le manuscrit de la bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer ; il date de la seconde moitié du IXe siècle et sa présence à Boulogne-sur-Mer s'explique par la fuite à Montreuil des moines de Landévennec après la destruction en 913 de leur monastère par les Vikings[26].
La décoration des manuscrits provenant de Landévennec a été méprisée par certains auteurs comme J. Porcher[27] qui reproche par exemple à l'Évangéliaire de Landévennec d'être décoré de portraits d'évangélistes zoocéphales en raison des représentations anthropozoomorphiques des quatre Évangélistes qu'il contient, y voyant une inspiration demi-païenne, ou encore Dom Leclercq qui y voit, comme dans les manuscrits irlandais, « un ragoût de blasphème et de sacrilège »[28]. René Crozet décrit les manuscrits du groupe de Landévennec comme « caractérisé par une exécution très grossière et par de curieuses hésitations iconographiques »[29]. Au contraire J.C. Alexander y voit une « résistance à la domination culturelle carolingienne »[30].
Par ailleurs, un manuscrit du XIe siècle de l'abbé Gurdisten (Gurdestenus) en latin Vita et miracula sancti Winvaloei ("Vie et miracles de saint Guénolé") se trouve à Paris à la Bibliothèque nationale de France[31].
Musée de l'ancienne abbaye de Landévennec : évangéliaire de Landévennec, une double page (parchemin du IXe siècle)
Musée de l'ancienne abbaye de Landévennec : cartulaire de Landévennec, une double page (parchemin du XIe siècle) 1
Musée de l'ancienne abbaye de Landévennec : cartulaire de Landévennec, une double page (parchemin du XIe siècle) 2
Double page du recueil d'astronomie De natura écrit en 897 par des moines de l'abbaye de Landévennec (bibliothèque municipale d'Angers)
Une double page du manuscrit de Landévennec (vers 960, médiathèque du Grand Troyes)
Listes des abbés |
Les abbés sont des abbés réguliers jusqu'en 1522, puis des abbés commendataires jusqu'en 1780[32],[33]. Avant 1400, la liste des abbés reste très incertaine, des contradictions existant selon les sources.
Nom | Période | Nom latin dans le cartulaire | Particularités |
---|---|---|---|
Saint Guénolé | 490(?)-532 | Sanctus Uuingualocus | |
saint Judulus | (vers 520) | Cité aussi comme abbé de Landévennec par Albert Le Grand | |
Saint Gwenaël | 532-590 | Sanctus Guenhael | Mourut dans le diocèse de Vannes |
818 - ? | Matmunuc | C'est lui qui abandonne la règle de saint Colomban au profit de celle de saint Benoît | |
Segneu | |||
Aelam | Alanus | ||
Gurdisten (Wrdisten) | 880 - ? | Gurdistin (Gurdestenus) | Auteur du Cartulaire de Landévennec, y compris la Vie de saint Guénolé |
Jean | Iohan | ||
Clemens | Cité trois fois, mais il s'agit probablement du même abbé | ||
Clemens | Cité trois fois, mais il s'agit probablement du même abbé | ||
Clemens | Cité trois fois, mais il s'agit probablement du même abbé | ||
Jean | 931 - ? | Iohan | Mentionné dans le Cartulaire de Quimperlé ; aurait reçu Batz et Guérande |
Justin | |||
Benoît | 954 - ? | Benedict | Aurait reçu l'église de Saint-Thois pour le compte de l'abbaye |
Gurdilec (Gurdiler) | Gurdilerius | ||
Cadnou | Cadiocus | Témoin de la donation d'Édern par Budic Castellin | |
? - 1031 | Blenvilet | ||
Elisuc | 1031-1045 | Elisuc | Décédé en 1045 selon le Cartulaire de Quimperlé |
Kyllai | 1046-1075 | Kyllæ | Décédé le 5 juin 1075 selon Dom Noël Mars[34] |
Justin | Justinus | Moine venu de l'Abbaye Saint-Sauveur de Redon ; il fit construire le prieuré de Notre-Dame de Camfrout | |
Guillaume | ? - 1084 | Guilhelmus | Il reçut en don du duc Alain Fergent les moulins, écluses et pêcheries de Châteaulin |
Lancelin | Lancelinus | ||
Orscand | Orscandus | ||
1128 (?) - 1142 | Elimarius | Moine venu de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé et probablement fils d'Hervé II de Léon | |
Gradlon (Graslon) | Gradlonus ou Graslonus | ||
Rivallon de Brouvérec | ? - 1163 | Riuuallonus | |
Gradlon II (Graslon II) | Gradlonus de plebe Sancti Eneguorii de pago Cap Cavall | Dit aussi de Saint-Enogat | |
Jacob (Jacques) | Iacobus | ||
Rivallon II | avant 1224 - 1233 | Rivalonus | Originaire du Faou, mais moine venant de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé. Controverse avec l'évêque de Quimper dont il refuse la prééminence[35] |
Tadic (Cadic) | ? - 1240 | Tadic | |
Rivallon III | ? - 1254 | Rivallonus de Ploemergat | Originaire de Plumergat |
Rivallon IV | ? - 1256 | Rivallonus de Treles | Originaire du village de Trefflez en Briec |
Bernard | ? - 1271 | Bernardus | Originaire d'Édern. Décédé le 6 août 1271 |
Bernard | ? - 1282 | Bernardus | Bernard de Kerlouré (ou de Kerlozrec), originaire de Ploudalmezeau |
Rioc | ? - 1283 | Riocus | Originaire de Plonéour-Cap Caval |
Jean du Parc | 1293 - 1308 | Johannes dictus porcus | Originaire de Rosnoën. Il fit rédiger le nécrologe de l'abbaye par Guillaume de Rennes en 1293 |
Guillaume | 1308 - 1311 | Guilhelmus | Originaire de l'abbaye Saint-Melaine de Rennes ; décédé à Vienne |
Yves (ou Eudes) Gormon | 1311 - 1344 | Eudo Gormon de Leon | Fut un temps accusé d'hérésie par Yves de Boisboissel, évêque de Quimper |
Alain Piezres | Alanus Piezresii | Mort à Avignon | |
Armel de Villeneuve | ? - 1362 | Armaelus de Villanova apud Languern | Originaire de Lanvern |
Alain de Daoulas | ? - 1371 | Alanus de Doulas | Dernier abbé cité dans le Cartulaire de Landévennec |
Bernard | ? - 1380 | Également prieur de Lanvern | |
Guillaume de Parthenay | 1381 - 1399 | Auparavant prieur de l'abbaye de Saint-Denis | |
Yves Poulmic | 1400 - 1425 | Originaire de Poulmic en Lanvéoc | |
Henri de Morillon | 1425 - 1442 | Originaire de Riec | |
Jacques de Villeblanche | 1443 - 1490 | Nommé abbé à l'âge de 21 ans ; chanoine de Luçon | |
Mathieu Hémery | 1490 - 1496 | ||
Jehan du Vieux-Chastel | 1496 - 1522 | Originaire de Trébrivan ; prieur de Concarneau ; restaurateur de plusieurs prieurés dépendant de l'abbaye ; dernier abbé régulier | |
Thomas Le Roy | 1522 -1524 | Originaire de Messac ; envoyé à Rome où il résida entre 1512 et 1524 par Anne de Bretagne ; premier abbé commendataire ; décédé à Rome | |
Alain de Trégain | 1524 - 1538 | ||
Louis de Kerguen | 1530 - 1534 | Originaire de Dirinon et archidiacre de Cornouaille | |
Maurice Briant | 1534 - 1538 | ||
Arnoul Briand | 1538 - 1542 | Neveu de Maurice Briant, l'abbé précédent. Il était aussi doyen des chanoines de Notre-Dame-de-Cléry, bénéficier de Saint-Martin-de-Tours, recteur de la paroisse Saint-Martin à Cléon, etc. | |
Maurice Commacre | 1542 - 1577 | Neveu d'Arnoul Briand, l'abbé précédent. Il fut abbé à 19 ans. | |
Pierre Largan | 1577 - 1608 | Abbé considéré comme inapte à diriger l'abbaye, dirigée en fait par le seigneur de Kermoalec, René du Mescouez. Il démissionne en 1608 | |
Jean Briant | 1608 - 1630 | Peut-être originaire de Corseul ; recteur de Crozon ; chanoine et grand archidiacre de Cornouaille. Il trouve l'abbaye dans un état déplorable, mais la restaure. | |
Pierre Tanguy | 1630 - 1665 | Parent de l'abbé précédent ; aussi recteur de Crozon | |
Jacques Tanguy | 1665 - 1695 | Neveu de l'abbé précédent ; laisse l'abbaye quasiment en ruines lors de son décès | |
Pierre Le Neboux de la Brosse | 1695 - 1701 | Évêque de Léon depuis 1701 | |
Balhtasar Rousselet du Châteaurenault | 1702 - 1712 | Déjà abbé de l'abbaye de Fontaine-les-Blanches ; membre de la famille du maréchal de Châteaurenault, comte de Crozon et gouverneur de Brest | |
Charles-Marie Duplessis d'Argentré | 1712 - 1713 | Originaire d'Argentré (diocèse de Rennes) | |
Jacques-Philippe de Varennes | 1713 - 1745 | Originaire d'Auvergne | |
Jean-Baptiste-Marie Champion de Cicé | 1746 - 1779 | Originaire de Rennes ; devient abbé à 21 ans ; il fut aussi vicaire général de Bourges, évêque de Troyes puis évêque d'Auxerre ; dernier abbé commendataire | |
Toussaint Conen de Saint-Luc | 1780 - 1790 | La mense abbatiale est réunie à l'évêché de Cornouaille dont il est alors l'évêque de 1773 à 1790 ; il fut aussi abbé de l'abbaye de Langonnet entre 1767 et 1790 |
La liste des prieurs de l'abbaye de Landévennec peut être consultée sur un site Internet[36].
La Révolution française et ses conséquences pour l'abbaye |
Dès le 22 février 1791, la paroisse de Landévennec fait usage de l'église abbatiale « attendu qu'il ne s'y trouve plus de religieux ». En 1792, l'abbaye bénédictine de Landévennec où il ne restait que 4 moines fut abandonnée, la communauté monastique est dissoute, la bibliothèque dispersée et le monastère est vendu comme bien national[37] (les bâtiments abbatiaux le 21 mai 1792, l'église abbatiale en 1796). L'abbaye existait encore entière vers 1810 ou 1815, mais son acquéreur d'alors s'acharna à la détruire, il y établit un four à chaux et employa une grande partie des matériaux de l'église et de l'abbaye à cette industrie[3]. L'abbaye changea six fois de propriétaire au cours du XIXe siècle. En 1875, ce qui reste de l'abbaye est vendu au comte Louis de Chalus, qui entreprend de sauver ce qui peut encore l'être.
Lors des fêtes du Bleun Brug, l'abbé Yann-Vari Perrot fit jouer une pièce historique sur le moine Jean, abbé de Landévennec, image du renouveau religieux et national selon l'auteur.
Aujourd'hui, sur le site d’origine, les ruines stratifiées témoignent des heurs et malheurs de cette longue histoire montrant ce qui reste des abbayes carolingienne (IXe siècle), romane (XIIe siècle et XIIIe siècle) et mauriste (XVIIe siècle) qui se sont succédé sur le site[38].
Depuis 1978, des recherches archéologiques en font parler les pierres. Les églises carolingienne et romane, les cloîtres superposés au fil des siècles, le plus ancien datant du IXe siècle demeure jusqu’à aujourd'hui le seul connu de cette période, contribuent à faire de Landévennec un lieu majeur de l'archéologie médiévale en Europe.
Le musée de l'ancienne abbaye de Landévennec |
Ouvert sur le site et inscrit dans une intéressante architecture contemporaine, le musée de l'ancienne abbaye[39] inauguré en juillet 1990 participe à la découverte de la signification profonde du lieu et sa relation avec les évènements fondateurs de l'histoire bretonne : reconstitution d'un scriptorium, sarcophage en chêne daté du IXe siècle, chapiteaux romans, fac-similés de manuscrits anciens, etc. jalonnent un itinéraire où le visiteur chemine au hasard de l'histoire. Deux salles présentent de façon ludique et pédagogique le travail des archéologues de la fouille à l'analyse des découvertes. À l'extérieur, un jardin de simples rappelle l'intérêt que les moines portaient aux plantes.
Depuis 1988, l'association Abati Landevenneg gère et anime cet ensemble exceptionnel. Tous les ans, des expositions temporaires proposent un autre regard sur l'histoire des lieux et sur la vie monastique à travers le temps. Chaque été, l'église à ciel ouvert devient l'écrin insolite où se produisent artistes, comédiens et musiciens ajoutant encore à la poésie des lieux.
Le 3 août 2017, le musée de l'abbaye de Landévennec a reçu le label "Musée de France" attribué par le ministère de la Culture[40].
Cinq statues de saint Guénolé
Statue d'un dieu de la fécondité en kersantite provenant de la chapelle de La Fontaine-Banche en Plougastel-Daoulas
Stèle en granite provenant du « cimetière des Saints » de Lanrivoaré
Moulage d'une statue de sainte Gwenn de la chapelle Saint-Vennec à Briec,,
Nouvelle abbaye |
Nouvelle abbaye de Landévennec | |
Présentation | |
---|---|
Culte | Catholique |
Type | Abbaye |
Rattachement | Ordre bénédictin (congrégation de Subiaco) |
Début de la construction | 1950 |
Fin des travaux | 1965 |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Bretagne |
Département | Finistère |
Ville | Landévennec |
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À partir de 1930, avec le puissant mouvement du Bleun-Brug (fleur de bruyère), créé par le prêtre régionaliste Yann-Vari Perrot, des militants engagés dans la restauration de l'identité culturelle et religieuse de la Bretagne se prennent à rêver de « relever », avec les moines de Kerbénéat en Plounéventer, le vieil ermitage de saint Guénolé[41].
Le 18 juin 1950 est prise la décision du rachat de l'abbaye, propriété de M. de Chalus, par la communauté monastique de l'abbaye bénédictine de Kerbénéat, sous l'impulsion du père-abbé Louis-Félix Colliot (supérieur de cette communauté monastique depuis 1937) après de nombreux pourparlers buttant sans cesse sur des difficultés financières enfin surmontées. Lors des fêtes du Bleun-Brug, le 5 août 1950, un appel est lancé par dom Louis-Félix Colliot pour la reconstruction de l'abbaye.
La nouvelle abbaye Saint-Guénolé de Landévennec est édifiée entre 1950 et 1965 (architecte Yves Michel, vitraux de Maurice Rocher), la première pierre étant posée par le cardinal Clément Roques, archevêque de Rennes, le 10 mai 1953.
L'abbatiale est inaugurée le 7 septembre 1958 en présence des évêques et des abbés de Bretagne, des abbés de Congrégation de Subiaco, à laquelle la nouvelle communauté de bénédictins est affiliée, et d'une foule nombreuse et enthousiaste.
En avril 1970, à sa demande, l'abbé Louis-Félix Colliot est remplacé par le père-abbé Robert Jean-de-la-Croix, venu de l'abbaye de la Pierre-Qui-Vire. En 1990, il est lui-même remplacé par le frère Louis Cochou. À sa retraite, en 2007, le frère Jean-Michel Grimaud[42] lui succède.
En 1981, les moines de Landévennec ont fondé une abbaye fille, en Haïti, à 65 km de Port-au-Prince, dans la montagne du Morne Saint-Benoît[43].
La communauté compte actuellement environ 20 frères, dont 10 prêtres[44].
Liste des abbés |
Nom | Période |
---|---|
Louis-Félix Colliot | 1958 - 1970 |
Robert Jean-de-la-Croix | 1970 - 1990 |
Louis Cochou | 1990 - 2007 |
Jean-Michel Grimaud | depuis 2007 |
Notes et références |
Notice no PA00090040, base Mérimée, ministère français de la Culture, consulté le 11 août 2009.
Cité par http://ablogjeanfloch.over-blog.com/article-landevennec-haut-lieu-de-la-spiritualite-bretonne-51024531.html.
Chanoines Abbé Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, [Notices sur les paroisses] Landévennec, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, Quimper, 17e année 1917, p. 129-142, 161-170, 193-203, 225-236, Lire en ligne.
Victor Henry, Lexique étymologique des termes les plus usuels du breton moderne, Rennes, Plihon & Hervé, 1900(lire en ligne), p. 179
« Saint Gwenolé », sur diocese-quimper.fr (consulté le 13 avril 2018)
Arthur de La Borderie, "Le cartulaire de Landevenec", 1899, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k91128q/f65.image.r=Crozon
Voir www.brest.maville.com.
Landévennec, haut lieu de la spiritualité bretonne - Le blog de Erwan Chartier-Le Floch.
Annie Bardel, Les Vikings à Landévennec. Les traces du passage des Normands en 913, Chronique de Landévennec, no 85, janvier 1996.
http://www.benoitbremer.com/913/hulin3.html.
Jacques Baudoin, Grand livre des saints: culte et iconographie en Occident, éditions Créer, 2006, [ (ISBN 978-2-84819-041-9)], ( Lire en ligne).
Annie Bardel, L'abbaye carolingienne de Landévennec, Chronique de Landévennec, no 62, avril 1990.
Pierre Bauduin, Les Fondations scandinaves en Occident et les débuts du duché de Normandie, Colloque de Cérisy-la-Salle, Publications du CRAHM, Caen [ (ISBN 2-902685-28-9)].
Quimper, bibliothèque municipale, ms.15.
Les garants étaient les titres de propriété, titres de ventes, reconnaissances de dettes et documents juridiques divers
Plainte recueillie le 20 novembre 1597 par Jacques de Lesandevez, officier au tribunal de Quimper
En Saint-Thois
Kermoalec se trouvait dans la paroisse Saint-Thomas à Landerneau
J. Baudry, "La Fontenelle le ligueur et le brigandage en Basse-Bretagne pendant la Ligue : 1574-1602", 1920, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038234/f277.image.r=Kermoalec?rk=85837;2
Procès-verbal sur les abus des frères Mesgouez, Archives départementales du Finistère
Ce promontoire est situé au sud de l'anse du Roz en Logonna-Daoulas
Mémorial de l'abbaye Saint-Guénolé de Landévennec, 1653 (traduit du latin)
Exposition "Pillards, Pèlerins.... quand le monastère attire les foules", Musée de l'abbaye de Landévennec, 2017
Yves Morice, L’abbaye de Landévennec des origines au XIe siècle à travers la production hagiographique de son scriptorium, thèse, Rennes 2, 2007, (résumé : Lire en ligne.
Danièle Conso, Nicole Fick-Michel, Bruno Poulle : Mélanges François Kerlouégan, 1994, (Lire en ligne).
http://chrestopedia.free.fr/artsacre/textes/landevennec.html.
Hubert J., Porcher J., Volbach W.F., L'Empire carolingien, page 199.
Dom Leclercq, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, article Irlande.
René Crozet, Les représentations anthropozoomorphiques des évangélistes dans l'enluminure et dans la peinture murale aux époques carolingienne et romane, Cahiers de civilisation médiévale, 1958, volume 1, pages 182-187, (Lire en ligne).
J.-C. Alexander, Landévennec et le monachisme breton dans le Haut Moyen Âge, Bannalec, 1986, pages 269-285.
Site de l'université de Nancy.
F. Grégoire Ollivier, F. Marc Simon, « Les abbés de Landévennec », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CX, 1982.
www.infobretagne.com.
Dom Noël Mars, Histoire du Royal monastère de Landévennec.
http://www.infobretagne.com/landevennec-abbes.htm.
http://www.infobretagne.com/abbaye_de_landevennec.htm.
http://abbaye-landevennec.cef.fr/histoire.htm.
http://www.infobretagne.com/landevennec-abbaye.htm.
Conseil général du finistère.
« Deux nouveaux musées de France en Bretagne », sur Ministère de la Culture, 3 août 17
Extrait de l'article de Pierre-Yves Le Priol dans le journal La Croix du 16-17 août 2014.
Télégramme de Brest, 18 octobre 2007.
http://abbaye-landevennec.cef.fr/haiti.htm.
http://www.la-croix.com/Religion/Spiritualite/La-fragile-communaute-de-Landevennec-2014-08-14-1192134.
Voir aussi |
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Articles connexes |
- Landévennec
- Guénolé de Landévennec
Gilles Baudry, né en 1948, moine de l'abbaye, est auteur d'ouvrages de poésie.- Marc Simon
- Chapelle Sainte-Anne-la-Palud
Liens externes |
- Abbaye Saint-Guénolé
- Le musée de l'ancienne abbaye de Landévennec
- « Analyse du mobilier numismatique mis au jour à l’abbaye Saint Guénolé de Landévennec », sur http://ana.france.free.fr/ (consulté le 24 juillet 2012)
Bibliographie |
- Marc Simon, Annie Bardel, Roger Barrie, Yves-Pascal Castel, Jean-Luc Deuffic, Jean de la Croix Robert, Auguste Dizerbo, Job An Irien et Bernard Tanguy L'Abbaye de Landévennec de saint Guénolé à nos jours, Éd. Ouest-France, 1985 (ISBN 978-2-85882-835-7).
- Marc Simon, Saint Guénolé et l'abbaye de Landévennec, Éditions Gisserot, 1997.
- Annie Bardel, R. Perennec, Organisation de l'espace monastique à Landévennec du VIe au XVIIe siècle : constantes et évolution, in Bautier[réf. incomplète]
- R.H., P. Racinet (dir), Pratique et sacré dans les espaces monastiques au Moyen Âge et à l'époque moderne, Cahmer, p.99-109.
Henri Poisson, Histoire de Bretagne, Éditions Breiz, 6e édition, 1975.- Minihi Levenez, Sillons et sillages en Finistère, Chrétiens-Medias, 2000 (ISSN 1148-8824).
- Gildas Salaün, Analyse du mobilier numismatique mis au jour à l'abbaye Saint-Guénolé de Landévennec, Armor-Numis, 2012.
- Louis Lemoine, Le scriptorium de Landévennec et les représentations de saint Marc, Mélanges François Kerlouégan, Les Belles Lettres, 1994, p. 363-379
- Annie Bardel, R. Perennec, « Abbaye de Landévennec : évolution du contexte funéraire depuis le haut Moyen Âge », in A. Alduc-le-Bagousse (dir), Inhumations et édifices religieux au Moyen Âge entre Loire et Seine, CRAHM, 2004, p.121-157.
- Yves Morice, L’abbaye de Landévennec des origines au XIe siècle à travers la production hagiographique de son scriptorium, thèse, Université Rennes 2, 2007.
- Annie Bardel, R. Perennec, « Le monastère de Landévennec des origines à l'an mil », Avel Gornog, n°19, juillet 2011.
- Annie Bardel, R. Perennec, « Landévennec, un monastère carolingien à la pointe de la Bretagne », in Y. Coumert, M. Tranvouez (dir), Landévennec, les Vikings et la Bretagne, UBO, p.21-59.
- Bernard Hulin, Guénolé Ridoux, « Landévennec, l'histoire de l'abbaye révélée par l'archéologie », Archéologia, n°559, novembre 2017, pp.54-59.
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