Traites négrières







Figurine africaine, Venise (?) (XVIIe siècle), Budapest, musée hongrois des arts décoratifs.




Captifs sur le marché aux esclaves de Zanzibar, deuxième tiers XIXe


Les traites négrières, également appelées traites des Nègres ou traites des Noirs, sont des commerces d'esclaves dont ont été victimes, par millions, les populations de l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique centrale et l'Afrique australe durant plusieurs siècles[1]. Pour qu'il y ait traite négrière, il faut que les six éléments suivants soient combinés[2] :



  • les victimes étaient des Noirs ;

  • les traites supposaient des réseaux d’approvisionnement organisés et intégrés ;

  • les populations esclaves ne pouvaient se renouveler par la fécondité ;

  • le lieu de la capture et celui de la servitude étaient éloignés l’un de l’autre ;

  • la plupart du temps, la traite[3] correspond à un échange commercial entre producteurs et acheteurs ;

  • les entités politiques approuvaient ce commerce et en retiraient des bénéfices substantiels.


La traite doit être distinguée de l'esclavage qui « consiste à exercer sur une personne un quelconque ou l'ensemble des pouvoirs liés au droit de propriété »[4]. S'il ne peut y avoir de traite sans esclavage, l'inverse n'est pas vrai : ce fut par exemple le cas dans le Sud des États-Unis au XIXe siècle. La traite se différencie aussi de la notion contemporaine de trafic d'êtres humains.


Les traites négrières furent un phénomène historique de très grande ampleur en raison du nombre de victimes, des nombreuses méthodes d'asservissement et des multiples opérations de transports sur de longues distances.


On en distingue trois types : la traite orientale dont la traite dite arabe est la composante principale, la traite occidentale et la traite intra-africaine.




Sommaire






  • 1 Étymologie de « traites négrières »


  • 2 Un commerce d'hommes influents


  • 3 Les trois grandes traites négrières


    • 3.1 La traite orientale


    • 3.2 La traite occidentale


      • 3.2.1 Les débuts de la traite occidentale


      • 3.2.2 Les établissements négriers sur la côte africaine


      • 3.2.3 La concurrence entre occidentaux


      • 3.2.4 Le commerce en droiture


      • 3.2.5 Le commerce triangulaire




    • 3.3 La traite intra-africaine




  • 4 La répression et l'abolition des traites négrières


    • 4.1 Des interdictions qui s'échelonnent entre 1784 et 1867


    • 4.2 La raréfaction des esclaves


    • 4.3 L'action spécifique des britanniques contre les traites négrières


    • 4.4 Les marchés nationaux d'esclaves se substituent aux traites négrières




  • 5 Le nombre de victimes des traites négrières


    • 5.1 Traite saharienne


    • 5.2 Traite orientale


    • 5.3 Des archives encore inexploitées




  • 6 Les conséquences


    • 6.1 L'impact social


    • 6.2 L'impact économique




  • 7 Mémoriaux


  • 8 Notes et références


  • 9 Annexes


    • 9.1 Bibliographie


      • 9.1.1 Ouvrages historiques


      • 9.1.2 Articles


      • 9.1.3 Témoignages d'époque sur l'esclavage


      • 9.1.4 Œuvres de fiction




    • 9.2 Articles connexes


    • 9.3 Lien externe







Étymologie de « traites négrières » |


Le choix du terme pour qualifier un commerce d'hommes, femmes et enfants noirs a longtemps été discuté, et continue de l'être. Selon l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau, la formule « traite négrière » semble la plus adaptée[5]. Elle fait principalement référence aux "commerçants" de cette traite, les « négriers ».



Les historiens avaient d'abord parlé de slave trade (« commerce d'esclaves »), mais ce terme ne faisait pas l’unanimité auprès des chercheurs. Pour Serge Daget, il sous-entendait que les victimes étaient déjà esclaves alors que bon nombre d'entre elles étaient nées libres[6].




Sir William Berkeley, XVII° s.



Un commerce d'hommes influents |


La traite négrière occidentale, qui comporte d'importants risques militaires, nécessite une surface financière conséquente : on n'y trouve guère d'artisans ou petits marchands mais surtout des officiers supérieurs, la plupart du temps très proches de la royauté, ou des financiers confirmés. Un homme d'origine plus modeste, comme Henry Morgan, s'y fait une place grâce à son statut de chef des pirates de la Caraïbe au début des années 1670. La majorité de ces armateurs (il existe quelques exceptions comme la famille Montaudouin) ne consacre qu'une partie de leur activité à la traite négrière afin de diversifier les risques. Ainsi à Nantes, premier port négrier en France (43 % des expéditions négrières françaises, représentant un peu plus d’un dixième de l'activité maritime nantaise), l'armement négrier n'a jamais excédé 22 % de l'armement total[7].


Craints et respectés dans leur milieu, ces hommes disposent d'un pouvoir considérable, qui explique le développement très rapide de la traite entre 1665 et 1750 et l'acquisition de fortunes considérables, à une époque où l'argent est rare et circule peu, l'absence d'industrie limitant les possibilités de s'enrichir vite. Leur influence amène l'Angleterre puis la France à approvisionner en esclaves l'Espagne à qui le traité de Tordesillas interdit l'accès aux côtes d'Afrique.


Quelques personnages influents dans la traite négrière occidentale :



  • En 1647, la Barbade compte déjà 4 000 esclaves, huit fois plus qu'en 1642. Le colonel Hilliard, qui a payé 400 sterling sa plantation en 1642 en revend la moitié au futur gouverneur Thomas Modyford pour 7 000 sterling.



    Jean-Baptiste du Casse, XVIII° s.



  • En 1660, lors de la restauration anglaise, le roi Charles II Stuart fonde la compagnie des aventuriers d'Afrique, dirigée par Thomas Modyford jusqu'en 1669. Ses soutiens William Berkeley et George de Carteret sont récompensés par des dons de terre (Caroline, Virginie et New Jersey).

  • En 1664, Sir John Yeamans et le colonel Benjamin Berringer, planteurs de sucre à la Barbade, partent avec des centaines d'esclaves dans la Province de Caroline, deviennent gouverneurs. Frances Culpeper, épouse de William Berkeley, gouverneur de Virginie, héritière de ses plantations, les rejoint.

  • En 1664, Thomas Modyford quitte la Barbade avec 700 esclaves pour la Jamaïque, dont il devient gouverneur, et où il implante l'économie sucrière.

  • En 1671, Thomas Lynch, planteur et négociant d'esclaves lui succède, après avoir vécu cinq ans en Espagne. Charles II lui demande de désarmer les flibustiers pour assurer la stabilité d'une Jamaïque appelée à devenir une réserve d'esclaves pour l'empire espagnol.

  • En 1672, la nouvelle compagnie royale d'Afrique reçoit le monopole de l'importation d'esclaves et construit des dizaines de forts en Afrique. Son créateur est le duc d'York Jacques Stuart, qui succédera de 1685 à 1688 à son frère Charles II.

  • En 1676, Henry Morgan, arrêté en 1672 par Thomas Lynch, est libéré et fait gouverneur de la Jamaïque. Il reçoit une grande plantation et désarme les pirates. Dans les années 1680, 8 000 esclaves arrivent chaque année dans l'île.

  • En 1677, l'amiral Jean-Baptiste du Casse, directeur de la compagnie du Sénégal, obtint le privilège royal de vendre aux Antilles chaque année pendant huit ans 2 000 esclaves puis devient en 1691 gouverneur de Saint-Domingue, où il acquiert une grande plantation.

  • Dès 1678, son premier client fut le capitaine Charles François d'Angennes, marquis de Maintenon, le plus riche planteur de la Martinique.




  • Portrait supposé du flibustier Jean Lafitte, XIX° s..

    En 1701, Antoine Crozat prend la direction de la compagnie de Guinée, que Louis XIV autorise à amener


« 3 000 nègres pour chaque an aux îles ». Acquéreur de la Louisiane en 1712, il y importe des esclaves et se heurte aux Amérindiens.



  • En 1735, Antoine Walsh, chef de la communauté jacobite des Irlandais de Nantes et fils de Phillip Walsh, qui a ramené en France Jacques II, est le premier négociant de Nantes. Il finance les rébellions du jacobitisme et fait échec aux projets de taxation du sucre.

  • De 1748 à 1751, la société Grou et Michel et la société d'Angola contrôlent 48 % de la traite nantaise. Guillaume Grou avait épousé Anne O'Shiell, belle-sœur d'Antoine Walsh. Leur fortune (4,5 millions de livres) est confisquée en 1793.

  • En 1771 et 1775, Thomas Sutton de Clonard, actionnaire et officier de la compagnie française des Indes orientales, associé du banquier Isaac Panchaud, achète une immense plantation sucrière à Saint-Domingue pour 7,8 millions de livres[8].

  • En 1751, le marquis de Laborde, banquier du roi, acquiert le monopole de la fourniture de piastres à la Compagnie des Indes, finance presque seul la guerre de Sept Ans et détient 3 navires négriers et 1 400 hectares, sur 3 plantations à Saint-Domingue. Il place sa fortune dans la création de la première Caisse d'escompte et les spéculations immobilières, où il excelle[9], puis est guillotiné en 1794.

  • En 1803, Jean Boze et Jean Lafitte, figures de la piraterie des années 1800 dans la Caraïbe, approvisionnent les planteurs français de Cuba et de Louisiane.



Les trois grandes traites négrières |



La traite orientale |


Articles connexes : Traite orientale et Traite arabe.



« Maniere dont les Maures prennent les Esclaves », v. 1797.


La traite orientale ou arabe-musulmane utilisait les voies commerciales des empires arabe puis ottoman : traversée du Sahara, de la Méditerranée, de la mer Noire, de la mer Rouge. Elle approvisionnait leurs principaux marchés aux esclaves, dans les grandes villes d'Afrique du Nord et de la péninsule arabique, puis de Turquie.


Au Moyen Âge, une partie des esclaves terminaient leurs périples en Europe du Sud, en partie sous contrôle musulman[10] : la péninsule Ibérique avec l'Al-Andalus jusqu'au XVe siècle, la Sicile jusqu'au XIe siècle, les Balkans à compter du milieu du XIVe siècle avec les Ottomans.


La traite d'esclaves noirs vers l'Europe méridionale se poursuivit après la Reconquista espagnole, surtout vers la Sicile et les royaumes de la couronne d'Aragon. Après le Moyen Âge, quelques esclaves noirs arrivèrent jusqu'en Russie via l'Empire ottoman qui contrôlait la quasi-totalité du pourtour de la mer Noire[11].


Contrairement à une idée reçue, la traite orientale ne touchait pas davantage les femmes que les hommes et n'était pas particulièrement à finalité sexuelle[12]. Elle fournissait une main-d'œuvre servile employée à des travaux domestiques et de services (employés de maison, tâches d'entretien des palais et des infrastructures et activités sexuelles : harem, concubines, prostitution, eunuques), mais également dans l'agriculture[13], l'artisanat et l'extraction minière ou le métier des armes[14].


La traite orientale reste la plus longue et la plus régulière des trois traites, ce qui explique qu'elle ait globalement été la plus importante en nombre d'individus asservis : 17 millions de Noirs selon l'historien spécialiste des traites négrières Olivier Pétré-Grenouilleau, du VIIe siècle à 1920[15] ; ce chiffre est cependant considéré comme « hypothétique » par Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne, spécialiste de l'Afrique[16].


La traite orientale ne se limitait pas aux populations noires. D'autres groupes ethniques en étaient aussi victimes, notamment des Européens, mais dans des proportions moindres. Elle prélevait des populations venant des steppes turques d'Asie centrale et de l'Europe slave et suscita des razzias dans le monde chrétien (Sud de l'Europe, Empire byzantin).


Par ailleurs, des inscriptions javanaises et des textes arabes montrent qu'aux IXe et Xe siècles, l'Indonésie entretenait des échanges commerciaux avec l'Océan Indien et la côte Est de l'Afrique. Les inscriptions parlent d'esclaves jenggi, c'est-à-dire « zengi », employés à Java ou offerts à la cour de Chine. En arabe, Zeng ou Zanj désigne à l'époque les habitants de la côte Est de l'Afrique[17].



La traite occidentale |


Article détaillé : Commerce triangulaire.


Les débuts de la traite occidentale |


Pour contourner la mainmise ottomane sur les routes du commerce avec l'Orient, le prince Henri le Navigateur finança l'exploration maritime des côtes atlantiques dès 1422. Il voulait aussi s'allier à l'Éthiopie, royaume du légendaire prêtre Jean et contenir l’expansion mondiale de l'islam au détriment de la chrétienté[18]. Les considérations religieuses s'ajoutaient aux considérations politiques et commerciales : en 1442, puis en 1452, les papes Eugène IV et Nicolas V entérinèrent les conquêtes du roi Alphonse V de Portugal.


En 1453, la chute de Constantinople prive les négociants européens du commerce transméditerranéen. Des relations avec l'Afrique subsaharienne sont progressivement mises en place par Henri le Navigateur. Le Vénitien Alvise Cadamosto organise deux expéditions pour les côtes de l'Afrique subsaharienne, en 1455 et 1456[19].


La traite atlantique débuta en 1441 par la déportation de captifs africains vers la péninsule ibérique pendant plusieurs décennies[20]. La première vente de captifs noirs razziés des côtes atlantiques a eu lieu en 1444, dans la ville portugaise de Lagos[21]. Au siècle suivant, les Portugais convoyèrent les esclaves vers les Caraïbes et l'Amérique du Sud.



Les établissements négriers sur la côte africaine |


Les établissements sur la côte africaine sont souvent fortifiés et accueillent parfois un nombre important de soldats et marchands, en lien avec les tribus vendant les esclaves. Wiliam Brew, capitaine de navire négrier, originaire d'une famille de comte de Clare et brasseur, s'est par exemple fait ériger le « Brew Castle », une vaste demeure richement meublée, sur la côte du Ghana, où il a épousé la fille d'un chef africain[22].



La concurrence entre occidentaux |


La part du total de la traite négrière destinée à l'Amérique du Nord monte au cours du XVIIIe siècle mais reste sous les 15%[23]. Ce sont les Antilles anglaises et surtout françaises qui sont les destinations majoritaires du trafic. Dans les années 1760 et les années 1770, un cinquième des esclaves importés à Saint-Domingue, le sont illégalement par des négriers non-français, comme la maison « Mason and Bourne », de Liverpool, qui contourne le monopole français avec des navires sous pavillons français[23]. Des armateurs du Rhode Island prennent aussi l'habitude du trafic négrier dissimulé. Les « acquis de Guinée » protègent en effet le commerce triangulaire des français en les dispensant de toute taxe sur le sucre embarqué après avoir débarqué des esclaves[23]. À partir de 1784, les « acquis de Guinée » sont remplacés par une subvention directe, qui est doublée d'un bonus spécifique pour encourager les voyages vers le sud de Saint-Domingue , Tobago, Sainte-Lucie, Martinique et la Guadeloupe[23]. Le Brésil achète, lui, ses esclaves avec de l'or qui est directement recyclé pour acheter des tissus indiens dans les années 1780[23].


Le « système hollandais » de traite négrière disparaît complètement après 1795. Les « systèmes » portugais et espagnols sont les seuls à avoir un accès régulier à l'Afrique à partir de 1810[23]. Les importations d'esclaves aux États-Unis chutent de 8% sur la décennie des années 1790 puis de 20% sur celle des années 1800[23], mais sont toujours dans les années 1820 aux deux-tiers de leur niveau des années 1780[23]. Sans les restrictions aux traites négrières, ce volume aurait au contraire doublé en trente ans, selon l'historien David Eltis, professeur à l'Université Emory, compte tenu de la progression des récoltes et des surfaces plantées aux États-Unis, où la hausse de la productivité et l'allongement de la durée de vie des esclaves ont compensé ces baisses d'importation d'esclaves[23].


Entre 1817 et 1820, neuf négriers du Rhode Island sont condamnés par les tribunaux américains[23]. La plupart vont chercher des esclaves à Cuba pour les revendre en Georgie, illégalement, ce qui cause un écart de 50% entre les prix des esclaves à Cuba, soumis à la demande des États-Unis, et au Brésil[23].


Les historiens constatent une chute des prix des esclaves en 1823 lorsque les campagnes contre la traite négrière internationale deviennent plus importantes en Angleterre, puis une forte hausse dans les années 1850, en anticipation de l'abolition[23]. Dans les années 1820 aussi, la spécialisation des États-Unis dans le coton fait qu'ils ont presque atteint un quasi-monopole mondial, ce qui les place en position de force face aux marchands d'esclaves[23].



Le commerce en droiture |


La majorité des navires commerçant avec les colonies ne pratiquent pas la traite négrière mais le commerce en droiture[24]. Le circuit en droiture consiste en un aller-retour direct (sauf escale nécessaire) entre la métropole et la colonie désignée. Le navire part avec de la marchandise vendue dans la colonie (aliments spécifiques, outils nécessaires au fonctionnement des colonies, bijoux, tissu fin pour les colons, tissu grossier pour les esclaves) puis effectue le trajet en sens inverse après s'être chargé de denrées coloniales (coton, sucre, cacao, café, indigo). Commerce direct dont l'aller se révèle peu rentable, il est cependant moins risqué (risque financier moindre car rotation plus rapide et ne nécessitant pas de faire le détour par l'Afrique) et domine aux deux tiers le commerce triangulaire qui est plus tardif[7].



Le commerce triangulaire |




Pacotille : Cauris des îles Marquises et perles de Murano notamment échangés contre des esclaves en Afrique. Musée d'Aquitaine, Bordeaux.


Pour ses commanditaires, ce commerce représentait le modèle économique le plus sûr : le traitant n'avait pas lui-même à organiser de razzias. Les esclaves étaient simplement achetés à des fournisseurs africains. Les navires négriers partaient de l'Europe les cales pleines de « pacotille » (verroterie, miroirs, objets de parure, coquillages) mais aussi des marchandises de traite de qualité (tissus, alcools, armes à feu, barres de fer, lingots de plomb) troqués sur les côtes africaines contre des captifs, la qualité d'un capitaine se révélant à sa capacité à négocier auprès de ses traitants qui peuvent faire jouer la concurrence[7]. Les navires mettaient ensuite le cap sur l'Amérique du Sud, les Caraïbes ou l'Amérique du Nord.


Les conditions de détention des esclaves étaient extrêmement dures : attachés par groupes, véritablement entassés à fond de cales dans des conditions sordides, et seulement sortis de temps à autre pour prendre l'air et nettoyer les latrines, les esclaves vivaient au milieu des rats et de la vermine qui les rongeaient jour et nuit. « Cargaison » précieuse face au risque financier que prenait l'armateur, leurs conditions de détention s'améliorèrent au cours des siècles ; leur taux de mortalité étant de 10 % à 20 %, avec des pics à 40 %. Pour les historiens, l'estimation la plus probable s'établit à 13 % sur les quatre siècles que dure la traite[25] alors que la mortalité moyenne d'un équipage était tout juste inférieure à cause des contaminations[7].


Les esclaves étaient vendus contre des lettres de change ou des matières premières : sucre, puis coton et café pour approvisionner l'Europe. Les investissements sucriers anglais des années 1660 puis français des années 1680, abaissent son prix, mais font monter celui des esclaves en Afrique, relançant les guerres tribales.


L'Espagne ignorait le commerce triangulaire. Le traité de Tordesillas lui interdisant les comptoirs en Afrique, elle concédait des licences d'importation, via l'Asiento. Les premiers esclaves africains arrivent à Cuba dès 1513. Mais deux siècles et demi plus tard, en 1763, Cuba ne compte que 32 000 esclaves, 10 fois moins que la Jamaïque anglaise et 20 fois moins que Saint-Domingue. En revanche, de 1792 à 1860, 720 000 Noirs sont introduits par les réfugiés français de Saint-Domingue à Cuba[26], alors que l'esclavage disparaît à Saint-Domingue et à la Jamaïque.


La création dans les années 1670 de la Compagnie du Sénégal et de la Royal African Company dope le commerce triangulaire. La Martinique n'avait que 2 600 esclaves en 1674, ils sont 90 000 un siècle plus tard. D'immenses fortunes émergent[27], sans se réinvestir dans l'industrie : malgré l'enrichissement des Irlandais de Nantes, l'arrière-pays chouan reste sous-développé. Avec Nantes, Bordeaux et La Rochelle[28] deviennent à la fin du XVIIIe siècle les autres capitales du commerce triangulaire français[pas clair]. Les bateaux sont plus grands, Saint-Domingue reçoit 20 000 captifs par an, le prix des esclaves monte encore, générant des guerres en Afrique.



La traite intra-africaine |




Esclaves enchaînés en Afrique de l'Est.


C'est la plus ancienne et la plus obscure, car la moins documentée, des trois traites. La majorité des personnes mises en esclavage sont des prisonniers de guerre[29] ; plus rarement, il s'agit de personnes qui ont été reconnues coupable de crimes ou sont membres de la famille d'une personne exécutée pour crime[29],[30]. La traite intra-africaine remonte au moins au XIe siècle[31], a été stimulée par les deux autres, mais n'est devenue dominante qu'au XIXe siècle.


La part de la traite intra-africaine dans l'ensemble de la traite a fortement progressé au XIXe siècle[32], selon le sociologue Peter Manning. Avant 1850, seulement un tiers des captifs africains restaient sur place. Puis entre 1850 et 1880, leur nombre devint supérieur à ceux exportés par les traites occidentales et orientales. Après 1880, les interdictions de traite transatlantique commencèrent à rendre leurs effets et la quasi-totalité des captifs restèrent sur place[33]. Manning estime à 14 millions le nombre d'esclaves restant sur place, soit l'équivalent de la moitié des captifs exportés par les traites occidentales et orientales[33].


Le chercheur canadien Martin A. Klein estime lui que, bien avant 1850, plus de la moitié des captifs restaient en Afrique de l'Ouest[34]. Selon lui, même les années où l'exportation d'esclaves atteignait son intensité maximale, les captifs restant sur place — principalement des femmes et des enfants — étaient plus nombreux[33].


La traite atlantique n'est pas à l'origine de la traite intra-africaine, mais l'augmente et entraîne davantage de guerres tribales. Son existence sert souvent de prétexte humaniste à la constitution des empires coloniaux français, belges, allemand, italien et anglais qui, en effet, y mettent fin mais au prix de la mise sous tutelle coloniale.


Les chiffres établis par l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau portent à 14 millions le nombre d'Africains réduits en esclavage dans le cadre de la traite intra-africaine[35]. L'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch estime quant à elle que le chiffre de « quatorze millions d'esclaves qui auraient, en sus, été "traités" et utilisés à l'intérieur du continent noir par les Africains eux-mêmes" est "un chiffre sans fondement sérieux »[36].



La répression et l'abolition des traites négrières |


Article détaillé : Abolition de l'esclavage.



« Fers », D. Sans-Arcidet, place du Général-Catroux, Paris XVIIème.


Dès le XVIIIe siècle, les traites négrières rencontrent une opposition en Angleterre. Ralph Davis a raconté les mutineries de Liverpool en août 1775, dans le port, où des marins de navires baleiniers se révoltèrent contre des armateurs désireux de réduire les salaires et furent rejoints par l'équipage d'un navire négrier, avant d'occuper la Bourse de Commerce, où les soldats furent envoyés pour déloger plusieurs milliers de mutins[37].



Des interdictions qui s'échelonnent entre 1784 et 1867 |


La plupart des pays impliqués dans les traites négrières les ont abolies au XIXe siècle, plusieurs décennies avant de le faire pour l'esclavage, d'abord pour des motifs idéologiques, même si l'historien marxiste Eric Williams y voit un calcul économique pour favoriser le libre-échange au détriment d'un mercantilisme daté[38].


La traite des Noirs est abolie par le Royaume-Uni en 1807, les États-Unis en 1808, et en France, par le décret du 29 mars 1815[39], quand Napoléon revient au pouvoir lors des Cent-Jours, confirmé par la suite par l'ordonnance royale du 8 janvier 1817 et la loi du 15 avril 1818. Ces trois pays n'aboliront respectivement l'esclavage qu'en 1833, 1860 et 1848[40].




"Vive l'égalité, vive la liberté, caricature de Napoléon, Bodleian Library.


La France et le Royaume-Uni ont signé une première convention pour la suppression du trafic des esclaves et un traité contre la traite des Noirs le 30 novembre 1831 et une convention supplémentaire le 22 mars 1833[41]. Cette convention prévoit que d'autres puissances maritimes sont invitées à se joindre à ces conventions. Les villes hanséatiques le font le 9 juin 1837[42], le Grand-duc de Toscane le 24 novembre 1837[43], la république d'Haïti le 29 août 1840[44].


Le Brésil abolit officiellement la traite en 1850[45] mais l'esclavage seulement le 13 mai 1888[46], ce qui cause le renversement de l'empereur Pedro II[47]. Le dernier navire négrier arrive à Cuba en 1867[48].


Si la traite atlantique disparaît, une traite persiste entre l'île de Zanzibar et le monde arabe. Alexandrie est de nouveau, dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'un des principaux marchés à esclaves. On estime à 1,65 million de personnes le nombre des victimes de la traite transsaharienne entre 1800 et 1880[48]. Une nouvelle forme de traite apparaît : l'engagisme ou coolie trade.


L'abolitionnisme avait cependant tenté d'interdire l'esclavage bien plus tôt. Dès la fin du XVe siècle, la papauté condamne l'esclavage : c'est le cas de Pie II, de Paul III, de Pie V, d'Urbain VIII ou encore de Benoît XIV[49]. Mais ne pouvant le supprimer, elle cherche ensuite à améliorer les conditions par une action auprès des esclaves (Sœur Javouhey, Pierre Claver, Montalembert).


La Révolution française abolit l'esclavage le 4 février 1794[50], mais Napoléon Bonaparte le rétablit par le décret du 30 Floréal An X (20 mai 1802) après la restitution de la Martinique à la France par la paix d'Amiens (25 mars 1802)[51] et plus encore lors du soulèvement de Saint-Domingue qu'il tente vainement de combattre par une expédition désastreuse qui ne peut empêcher l'indépendance d'Haïti[52]. L'abolition de l'esclavage ne sera définitive pour les autres colonies françaises qu'avec le décret du 27 avril 1848[53].


En Louisiane, le gouverneur espagnol, Francisco Luis Hector de Carondelet, avait interdit toute importation d'esclaves en 1796. Son prédécesseur Esteban Rodríguez Miró, avait banni en 1786 l'importation d'esclaves nés dans la Caraïbe, la limitant à ceux qui venaient d'Afrique.


La Révolution haïtienne de son côté, combattit la piraterie des années 1800 dans la Caraïbe, liée à la traite négrière illégale, pour rendre la traite plus dangereuse et plus difficile.



La raréfaction des esclaves |


Entre 1783 et 1807, la moitié des esclaves transportés par le Rhode Island vont à Cuba mais après 1807, Cuba est approvisionné directement en Afrique, les danois et anglais, qui règnent sur le commerce inter-antillais, ayant cessé la traite négrière, ce qui fait chuter les prix sur ce marché.


Les Antilles britanniques ne représentent plus qu'un tiers des esclaves transportés par les négriers britanniques après 1800, selon l'historien David Eltis, professeur à l'Université Emory[54], les négriers refusent de faire crédit à Cuba et dans les Antilles françaises, ce qui pénalise un peu cette destination, où ils exigent d'être payés comptant ou en marchandises.


Sur 444 voyages négriers recensés entre 1808 et 1815, la totalité sauf douze passent par Cuba ou le Brésil. Les négriers anglais et américains sont nombreux à changer de localisation, la plus grande partie des anglais le font. Ceux qui poursuivent cette activité n'utilisent plus beaucoup les ports anglais à partir de 1811 et s'installent à l'étranger, recourant au pavillon portugais, pays allié de l'Angleterre[55].



L'action spécifique des britanniques contre les traites négrières |


Article détaillé : Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni.

Article détaillé : Droit de visite des navires étrangers.

Le Royaume-Uni a eu les moyens de réprimer la traite de la plupart des pays, grâce à la puissance de la Royal Navy, sortie gagnante du XVIIIe siècle, sous la pression d'une partie des milieux économiques, menés par William Wilberforce, qui l'avaient jugée contre-productive dès la fin du XVIIIe siècle, pour des raisons d'équilibre économique, puis sous l'influence de l'Anti-Slavery Society. Au XVIIIe siècle, la culture du sucre est plus grande consommatrice d'esclaves, qui meurent d'épuisement sur les plantations en quelques années et les « îles à sucre » françaises ont profité d'une fiscalité plus favorable pour supplanter leurs rivales britanniques.


La Société pour l’abolition de la traite négrière (Society for the Extinction of the Slave Trade), influencée par les initiatives des quakers anglais et nord-américains, provoqua en 1788 une enquête du Conseil privé de la Couronne[56], qui amena le Parlement à voter en 1807 l’interdiction de la traite négrière. Les abolitionnistes britanniques intensifièrent alors leurs campagnes[56], recourant aux moyens les plus divers pour sensibiliser l’opinion publique mondiale : conférences, signatures de pétitions, campagnes de boycott des marchandises en provenance de pays à esclaves, diffusion de livrets et feuilles imprimés et illustrés. L’Angleterre prit ainsi la tête des courants abolitionnistes mondiaux après avoir maîtrisé le trafic négrier pendant plus de deux siècles[56].


Au congrès de Vienne (1815), Talleyrand promit à Castlereagh de soutenir la position britannique sur l'interdiction de la traite. Malgré l’abolition par plusieurs pays, celle-ci continua de perdurer. En France, elle devint illégale mais se poursuivit : jusqu'au milieu des années 1820, des négriers français sont armés à Nantes ou Bordeaux, à la vue de tous. Ils bafouent ouvertement la loi. Entre 1815 et 1833, on recense 353 bateaux de traite à Nantes[27].


La traite négrière disparaît grâce à des accords entre la France et le Royaume-Uni et d'autres pays, incluant un « Droit de visite des navires étrangers », prévu explicitement par une série de traités internationaux : la Royal Navy croise sur les côtes occidentales africaines. La mission de ses vaisseaux est de visiter les lieux de la traite et les navires marchands. L'État français coopère mais une large partie des milieux d'affaires français accuse l'Angleterre de vouloir simplement ruiner la France et juge que la traite est un acte patriotique, contribuant à la richesse de la France. Après 1835, on ne dénombre plus que 20 navires français à s'être livrés à la traite.



Les marchés nationaux d'esclaves se substituent aux traites négrières |




Vente aux enchères d'esclaves noirs, Atlanta, Georgie, Etats-Unis, 1864.


Aux États-Unis, il faut attendre 1805 pour que Washington interdise l'importation d'esclaves, ce qui enrichit leurs propriétaires : sur le marché aux esclaves de La Nouvelle-Orléans, le prix d'un esclave monte à 500 dollars en 1805 contre 200 en 1776 et 100 en 1766. Trois nouveaux états esclavagistes sont fondés dans les années 1810 : Alabama, Mississippi et Louisiane. Ils cultiveront 78 % du coton américain en 1859, si on leur ajoute la Géorgie. Les esclaves des anciennes colonies de la côte atlantique sont déplacés, depuis le port de Norfolk jusqu'à La Nouvelle-Orléans puis vendus aux propriétaires de l'Ouest. La Louisiane importe 18 000 esclaves entre 1790 et 1810[57]. La plupart doivent ensuite emprunter des « routes de la migration » établies le long d'un réseau d'entrepôts.


Les États-Unis ne comptaient que 350 000 esclaves en 1750, sur 1,5 million d'habitants. En 4 générations, leurs descendants sont 11 fois plus nombreux : 4 millions en 1865. Une question centrale abordée par les historiens des États-Unis a été de savoir comment le commerce interrégional des esclaves du Vieux Sud côtier vers le Nouveau Sud intérieur a impacté les familles d'esclaves . La réponse, selon des études récentes, est que les familles et les communautés d'esclaves ont été dévastées: même si une partie des propriétaires cherchant des occasions de s'installer dans des régions de frontière se déplaçait avec leurs esclaves et leurs familles , il est probable que plus de 50 pour cent des esclaves exportés l'ont été sans leur famille.


Au Brésil, la délocalisation du pouvoir politique et financier vers le sud facilita le développement de la production de café dans le sud-est. L'Angleterre, qui craignait la concurrence "déloyale" d'une production par des esclaves exigea une chasse aux trafiquants[58]. Du coup, le prix des esclaves flamba et un marché interne se développa pour déplacer cette main d´œuvre du Nordeste[58].



Le nombre de victimes des traites négrières |




« Les esclavagistes se vengent de leurs pertes », Journal de D. Livingstone, 1874.


Olivier Pétré-Grenouilleau, l'historien qui met le plus l'accent sur la traite orientale, a estimé, en 2004, à 42 millions le total de victimes pour trois traites négrières :



  • la traite orientale, à destination du monde arabo-musulman : 17 millions de personnes ;

  • la traite intra-africaine : 14 millions de personnes, dont une partie revendue à des Européens ou des Arabes ;

  • la traite occidentale (ou atlantique) : 11 millions de personnes, dont l'essentiel à partir de la fin du XVIIe siècle.


En 1997, Hugh Thomas a estimé au total à 13 millions le nombre d'esclaves « ayant quitté l'Afrique » lors de la traite atlantique, dont 11,32 millions arrivés à destination au moyen de 54 200 traversées. Il affecte au Portugal et sa colonie du Brésil 30 000 de ces traversées[59].


Dans ses estimations le Danemark est censé avoir déporté 50 000 esclaves avec 250 traversées. Or, selon l'historien danois Per Hernaes[60], « on peut estimer aujourd'hui à environ 85 000 le nombre total d'esclaves transportés sur des navires danois entre 1660 et 1806 ».


En 2001, en ce qui concerne la traite atlantique, David Eltis arrivait à un total de 11 062 000 déportés pour 9 599 000 esclaves débarqués aux Amériques, entre 1519 et 1867. Ce sont ses estimations que Petré-Grenouilleau a reprises dans son livre Les Traites négrières, Essai d'histoire globale. En décembre 2008, David Eltis lance la plus large base de données consacrée à la traite atlantique : The Trans-Atlantic Slave Trade Database, elle fait état de 12 521 336 déportés entre 1501 et 1866[61].


Quant à l'historien Serge Daget, voici ses estimations en 1990 :



  • traite atlantique : 11,7 millions ;

  • traite transsaharienne : 7,4 millions ;

  • traite orientale : 4,28 millions.


En 1982, Joseph Inikori[62] estime à 15 400 000 le nombre de déportés par la traite atlantique, tandis que Paul Lovejoy[Qui ?] proposait 11 698 000[63] déportés (pour 9 778 500 débarqués) ; chiffre qu'il portera à 11 863 000 en 1989[64].


Pour Catherine Coquery-Vidrovitch, ces « chiffres globaux n'ont pas grand sens puisqu'ils recouvrent des durées très inégales : la traite musulmane, qui a commencé au IXe sicèle s'est prolongée jusqu'au début du XXe. En outre, ils sont aussi contestables que contestés : un historien britannique vient-il de proposer de faire tomber la traite transsaharienne à six ou sept millions d'individus au plus (au lieu de douze), sur 1 250 ans »[65].



Traite saharienne |


Articles détaillés : commerce transsaharien et traite arabe.

En 1979, Ralph Austen présentait des estimations[66], notamment sur la traite orientale :




  • répartition entre grandes périodes, en pourcentage

    • 650-1450 : 54,4

    • 1451-1600 : 10,3

    • 1601-1700 : 9,5

    • 1700-1800 : 9,6

    • 1800-1900 : 16,2




  • en individus

    • Total départ : 9 387 000 y compris les captifs n’ayant pas atteint la zone méditerranéenne (372 000), car restés en bordure désertique.

    • Total arrivée : 7 450 000

    • Pertes : 1 937 000





Traite orientale |




  • répartition entre grandes périodes, en pourcentage

    • 800-1450 : 40,0

    • 1450-1890 : 60,0




  • en individus

    • Total départ : 5 000 000

    • Total arrivée : 4 900 000

    • Pertes : 100 000




Soit au total 14 387 000 individus au départ, et 12 350 000 à l'arrivée et pour l'ensemble des traites arabes.


Toutefois, en 1987[67], Austen porte à 8 millions le nombre de déportés de la « traite orientale » entre 650 à 1920 (au lieu des 5 millions reportés ci-dessus pour la période 800-1890) ; ce qui donnait globalement 17 387 000 déportés pour les traites arabes. C'est cette dernière estimation que Petré-Grenouilleau a reprise en 2004, mais qu'il n'avait pas retenue en 1997. Depuis, Ralph Austen estime à « environ 12 millions » le nombre de déportés par les « traites arabes ».


En 1969, Philip Curtin[Qui ?] proposait 9 566 100 déportés par la traite atlantique[68]. Nombre d'estimations ultérieures se sont appuyées sur les travaux de Curtin, en affinant certains aspects (notamment la traite illégale) pour parvenir à des chiffres, ou bien supérieurs (Inikori), ou bien inférieurs (Lovejoy).



Des archives encore inexploitées |



  • D'après Eric Goebel des archives nationales du Danemark, « on estime que les archives des compagnies commerciales danoises possèdent approximativement quelque 4 500 pièces. Ces nombreux registres et liasses de documents occupent l'équivalent de 400 mètres linéaires sur des étagères »[69].

  • Selon Dra Rosa Cruz e Silva[70], les fonds documentaires du seul Angola sur la traite négrière comportent 3 448 manuscrits occupant six kilomètres d'étagères. Et cela ne représente qu'une petite partie des archives angolaises, car « […] la plus grande partie de la documentation, la plus ancienne sur notre pays, la documentation sur les XVe, XVIe et XVIIe siècles […] est encore aujourd'hui au Portugal, la puissance coloniale. » Quand on songe à l'importance de la région d'Angola, démembrement de l'ancien royaume Kongo, comme lieu de départ d'une forte proportion des déportés par la traite atlantique, on voit à quel point les estimations actuelles sont parcellaires ; et susceptibles de corrections substantielles dans les années à venir.



Les conséquences |


Les différentes traites ont eu une influence profonde sur les sociétés africaines.



L'impact social |


Lors d'un colloque sur La tradition orale et la traite négrière[71], il a été présenté que la traite négrière a été dévastatrice pour l'Afrique, à la fois socialement et économiquement.


Selon le professeur Gueye Mbaye[réf. souhaitée] :



« dans certains secteurs, les populations avaient renoncé à vivre dans de gros villages pour se contenter de petits hameaux éparpillés à l’intérieur de la forêt et auxquels on n’accédait que par des sentiers le long desquels on avait établi des ruches d’abeilles guerrières qui en interdisaient l’accès à toute cavalerie. C'est compte tenu de tout ceci que les vieillards interrogés sur les stagnations voire la régression de l’agriculture africaine sont unanimes à incriminer "la période des chevauchées permanentes". »



Selon Eduardo Galeano, la situation globale de l'Afrique au temps de la traite négrière est à mettre en parallèle avec celle de l'Amérique et des Amérindiens[72]. Il existe selon lui une indéniable corrélation entre l'extermination de ces derniers et la déportation de millions d'Africains dans les mines et plantations américaines ; entre l'effondrement des cultures (matérielles et spirituelles) amérindiennes au contact des Européens et l'agonie des sociétés traditionnelles africaines au sortir de la conjoncture négrière atlantique.



Nathan Nunn écrit quant à lui qu'au



« royaume du Congo en Afrique centrale et de l’ouest (...) dès 1514, les enlèvements de citoyens du royaume pour être vendus aux portugais suivaient un rythme effréné, menaçant l’ordre social et l’autorité du roi. En 1526, Affonso, roi du Congo, écrit au Portugal pour se plaindre du fait qu'« il y a beaucoup de commerçants dans tous les coins du royaume. Ils amènent la ruine du pays. Tous les jours des gens sont réduits en esclavage et raptés, même des nobles, même des membres de la famille royale[73]". Cette rupture de l’ordre et de la loi fut en partie responsable de l’affaiblissement et finalement, de la chute de cet état anciennement puissant. Pour beaucoup des autres ethnies bantouphones, des états stables ont existé auparavant mais le temps que la traite soit abolie, peu des anciens états existaient encore [74]. [75] »




L'impact économique |


Dans sa contribution à l'ouvrage collectif The Oxford History of the British Empire, l'historien David Richardson estime[76] que les profits de la traite négrière n'ont représenté environ qu'un pour cent (1 %) des investissements réalisés dans les premières années de la révolution industrielle britannique. De grands ports négriers comme Bristol, ou encore Nantes en France, n'ont pas connu de décollage industriel, leur arrière-pays restant rural, car les profits de la traite négrière ont dans leur quasi-totalité été investis dans des placements fonciers.


Du côté africain, la traite a représenté un moyen important d'enrichissement pour les élites en place[77].


Les travaux de Nathan Nunn, un économiste canadien, professeur à l'Université Harvard, ont montré l'importance du préjudice économique lié à l'esclavage et la traite sur le développement économique des pays d'Afrique[78].



Mémoriaux |





Clara Sörnäs, Mémorial de l'esclavage à Zanzibar.




La maison de la Négritude et des Droits de l'Homme à Champagney.




  • Cap 110, groupe sculpté par Laurent Valère en 1998 (Martinique) ;

  • Le Mémorial à l'esclavage de Zanzibar, groupe sculpté par Clara Sörnäs ;


  • La Porte du non retour, inaugurée en 1995 pour rappeler le caractère majeur du site négrier de Ouidah (Bénin)[79] ;

  • La maison des Esclaves sur l'île de Gorée, au Sénégal ;

  • Le fort d'Elmina, sur la côte du Ghana ;

  • La maison de la Négritude et des Droits de l'Homme à Champagney (France) ;

  • Le International Slavery Museum (musée international de l'Esclavage) à Liverpool (Royaume-Uni) ;


  • Héloïse ou… la Fille des Trois-Rivières de Maurice Cardon, devenue mémorial de l'abolition de l'esclavage à Fontenay-sous-Bois en 2006, inauguré en 2008 ;


  • Fers, sculpture monumentale figurant une chaîne brisée, réalisée en 2008 par Driss Sans-Arcidet en mémoire du général Dumas, né esclave en Haïti, place du Général-Catroux à Paris ;

  • Le Mémorial de l'abolition de l'esclavage de Nantes inauguré en 2012 ;

  • Le Mémorial ACTe (Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage) à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), dont la première pierre a été posée le 27 mai 2008 et l'inauguration faite le 10 mai 2015[80] ;

  • Statue de La mulâtresse Solitude par Jacky Poulier, érigé en 1999 au carrefour de Lacroix, sur le boulevard des Héros aux Abymes, quartier de Baimbridge, à la Guadeloupe.

  • Le billet de 500 pesos de Guinée-Bissau évoque la traite négrière.






Notes et références |




  1. Laurent Carroué, Didié Collet et Claude Ruiz, Les Amériques, Éditions Bréal (ISBN 2749505305, lire en ligne), p. 32.


  2. Pétré-Grenouilleau 2004, p. 20-21.


  3. On dit traite des esclaves, de la gomme ou du sucre, lorsqu'on échange des marchandises de traite contre des produits connus, à des prix à peu près stables et lorsqu'on engage des capitaux importants en vue de bénéfices prévisibles dans la mesure où les risques appréciables — tempêtes, maladies, révoltes d'esclaves, piraterie — ne les réduisent pas, Henri Brunschwig, « La troque et la traite », Cahiers d’Études africaines, année 1962, vol. 2, no 7, p.  340.


  4. Définition donnée par l'art. 7, al.2, c), du statut de Rome de la Cour Pénale Internationale.


  5. Pétré-Grenouilleau 2004, p. 18-20.


  6. Dictionnaire de l'Académie française, 8e édition, 1932-1935. : « la traite des noirs est le trafic consistant à échanger des marchandises contre des noirs africains ou à les acheter pour les employer ou les revendre en qualité d'esclaves », Le Trésor de la langue française informatisé.


  7. a b c et dGérard Vindt, Jean-Michel Consil, « Nantes, Bordeaux et l'économie esclavagiste - Au XVIIIe siècle, les villes de Nantes et de Bordeaux profitent toutes deux de la "traite négrière" et de l'économie esclavagiste », Alternatives économiques, no 325,‎ juin 2013, p. 17-21.


  8. Claude Wanquet et Benoît Jullien, Révolution française et océan Indien, Prémices, Paroxysmes, héritages et déviances, L'Harmattan, 1996, 526 p. (ISBN 978-2738441102, lire en ligne).


  9. Jean-François Delmas, « Jean-Joseph de Laborde et le domaine de Méréville », État et société en France aux XVIIe et XVIIIe siècles... op. cit., p. 182.


  10. Significativement, avant de voir se mettre le commerce triangulaire en place, la traite atlantique débuta par une période qui vit se poursuivre la déportation de captifs africains vers la péninsule ibérique (cette fois sous contrôle européen chrétien) et ce, pendant plusieurs décennies ; v. Gomes Eanes de Zurara, Chronique de Guinée, éd. IFAN, Dakar, 1960.


  11. La Chaîne et le lien, Doudou Diène, (éd.), Paris, Éditions Unesco, 1998 [1]


  12. Pétré-Grenouilleau 2003, p. 36.


  13. Pétré-Grenouilleau 2004, p. 448-451.


  14. Pétré-Grenouilleau 2004, p. 451.


  15. Pétré-Grenouilleau 2004, p. 147.


  16. Catherine Coquery-Vidrovitch, Enjeux politiques de l'histoire coloniale, Agone, 2009, 187 p., p123


  17. Lombard, Denys, Le Carrefour javanais. Essai d'histoire globale, EHESS, 1990.


  18. De Zurara, 1960, chap. VII, « Dans lequel sont exposées cinq raisons qui poussèrent le seigneur Infant à faire découvrir les terres de Guinée ».


  19. Voyages en Afrique noire d’Alvise Ca Da Mosto, éd. Chadeigne/UNESCO, Paris, 2003.


  20. Gomes Eanes De Zurara, Chronique de Guinée, éd. IFAN, Dakar, 1960.


  21. Gomes Eanes de Zurara, Chronique de Guinée, éd. IFAN-Dakar, 1960, chap. XXIV & XXV.


  22. Le maître d’Annamaboe, par Jean-Pierre Bat, dans Libération du 9 avril 2017 [2] ; Where the Negroes Are Masters, par Randy J. Sparks, [3].


  23. a b c d e f g h i j k l et mD. Eltis (1987)


  24. Paul Bois, Histoire de Nantes, Privat, 1977, p. 146.


  25. Gaugue 1997, p. 50.


  26. http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/cuba_dans_l_empire_espagnol.asp.


  27. a et bJean Sévilla, Historiquement correct. Pour en finir avec le passé unique, Paris, Perrin, 2003(ISBN 2262017727), p. 251.


  28. Jean-Michel Deveau, La traite rochelaise, Éd. Karthala, 2009, 330 p. (lire en ligne).


  29. a et bSparks, Randy J. (trad. de l'anglais par Marie-Anne de Béru et Myriam Dennehy), Là où les nègres sont maîtres : Un port africain au temps de la traite [« Where The Negroes Are Masters : An African Port in the Erea of the Slave Trade »], Paris, Alma Editeur, 2017, 369 p. (ISBN 978-2-36279-222-9)


  30. Grenouilleau Olivier, Quand les Européens découvraient l'Afrique intérieure, Paris, Tallandier, 2017, 349 p. (ISBN 979-10-210-0335-4)


  31. Melchior Mbonimpa, Idéologies de l'indépendance africaine, L'Harmattan, 1989, 247 p. (ISBN 2738404308, lire en ligne), p. 33.


  32. Pétré-Grenouilleau 2004, p. 185-186.


  33. a b et cPétré-Grenouilleau 2003, p. 7.


  34. Pétré-Grenouilleau 2004, p. 186.


  35. « La colonisation est-elle responsable des malheurs de l'Afrique », Ambroise Tournyol du Clos, Conflits, hors série no 3, printemps 2016, pp. 18-22.


  36. Catherine Coquery-Vidrovitch, Enjeux politiques de l'histoire coloniale, Agone, 2009, 187 p., p123-124


  37. "Européens et espaces maritimes: vers 1690-vers 1790", par Paul Butel, page 175 [4]


  38. Marie-Jeanne Rossignol, « L’Atlantique de l’esclavage, 1775‑1860 : Race et droit international aux États‑Unis, en Grande‑Bretagne et en France », Transatlantica, 2002(consulté le 1er mai 2018)


  39. Bulletin des lois, 1815 (page 55) - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486114j.


  40. Delacampagne 2002, p. 208.


  41. Georg Friedrich von Martens, Nouveau recueil de traités d'alliance, de paix, de trêve, de neutralité, de commerce, de limites, d'échange, ... des puissances et États de l'Europe depuis 1808, Librairie de Dieterich, Gottingue, 1833, tome IX, 1827-1831, p. 544-558


  42. Georg Friedrich von Martens, Nouveau recueil de traités d'alliance, de paix, de trêve, de neutralité, de commerce, de limites, d'échange, ... des puissances et États de l'Europe depuis 1808, Librairie de Dieterich, Gottingue, 1840, tome XV, 1830-1838, p. 191-194


  43. Annales maritimes et coloniales, 1841, p. 292-295


  44. Annales maritimes et coloniales, 1841, p. 893-898


  45. Delacampagne 2002, p. 214.


  46. Silvia Capanema, « Abolition de l’esclavage, racisme et citoyenneté au Brésil (XIXe-XXIe siècles), Silvia Capanema », mediapart.fr, 7 mars 2014(consulté le 2 mai 2018)


  47. Stela Bueno, « Le Brésil en finit avec l'esclavage », herodote.net, 12 juin 2017(consulté le 2 mai 2018)


  48. a et bDelacampagne 2002, p. 215.


  49. Jean Sévilla, Historiquement correct. Pour en finir avec le passé unique, Paris, Perrin, 2003(ISBN 2262017727), p. 252.


  50. « La Convention abolit l'esclavage », herodote.net, 13 juillet 2015(consulté le 2 mai 2018)


  51. « Bonaparte légalise l'esclavage », herodote.net, 25 janvier 2016(consulté le 2 mai 2018)


  52. Fabienne Manière, « Haïti chasse les Français », herodote.net, 18 novembre 2016(consulté le 2 mai 2018)


  53. « Abolition de l'esclavage, 1848 », Université de Perpignan (consulté le 2 mai 2018)


  54. "Economic Growth and the Ending of the Transatlantic Slave Trade", par David Eltis, professeur d'histoire à l'Université Emory, Oxford University Press, 1987, page 51 [5]


  55. "Economic Growth and the Ending of the Transatlantic Slave Trade", par David Eltis, professeur d'histoire à l'Université Emory, Oxford University Press, 1987, page 53 [6]


  56. a b et c"La traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions : mémoire et histoire", Actes du colloque national - Paris, le 10 mai 2006 [7]


  57. https://books.google.fr/books?id=opK0j16bb4EC&pg=PA219&dq=Slavery+nation:+american+expansion+and+deep+south&ei=P8yISeClE5X8ygSKz5m6Aw#PPA83,M1


  58. a et bBRÉSIL, LE PAYS DU CAFÉ, par Bruno Guinard, français installé au Brésil depuis plus de 20 ans, 2015 [8]


  59. Cf. Hugh Thomas, La Traite des Noirs, 1440-1870, éd. R. Laffont pour la traduction française, Paris 2006, p. 870-871 : « Statistiques approximatives ». Voir aussi la note consacrée à ces statistiques, p. 933-935, où l'auteur retrace la succession d'estimations depuis les années 1950.


  60. Cf. Traditions orales et archives de la traite négrière, sous la direction de Djibril Tamsir Niane, éd. UNESCO, 2001. Précisément, l'article intitulé « Les forts danois de la Côte de l'Or et leurs habitants à l'époque de la traite des esclaves », p. 114.


  61. « Trans-Atlantic Slave Trade Database », Université Emory (consulté le 6 décembre 2008).


  62. Cf. « Forced Migration », Londres, 1982.


  63. « The volume of the atlantic slave trade : a synthesis »


  64. « The impact of the slave trade in Africa ».


  65. Catherine Coquery-Vidrovitch, Enjeux politiques de l'histoire coloniale, Agone, 2009, 187 p., p124


  66. Cf. Ralph Austen, « The Trans-Saharan Slave Trade : A Tentative Census » dans H.A. Gemery & J.S. Hogendorn eds, The Uncommon Market. Essays in the Economic History of the Atlantic Slave Trade, New York, Academic Press, en 1979, pages 66 et 68.


  67. African Economic History. Internal Development and External Dependency, Londres, James Currey, 1987, p. 275.


  68. The atlantic slave trade, a census, Madison, 1969.


  69. « Les archives des compagnies danoises d'outre-mer : une source pour la Route de l'esclave », dans Traditions orales et archives de la traite négrière, sous la direction de Djibril Tamsir Niane, éd. UNESCO, 2001.


  70. « Les archives de la traite en Angola », dans Tradition orale et archives de la traite négrière, éd. UNESCO, Paris, 2001.


  71. (fr) Tradition orale et archives de la traite négrière.


  72. Cf. Eduardo Galeano, Les Veines ouvertes de l'Amérique latine, une contre-histoire, éd. Plon, 1981.


  73. (en) Vansina Jan, Kingdoms of the Savannah, University of Winsconsin Press, 1966, p52


  74. (en) Colson Elizabeth, “African Society at the Time of the Scramble,” in Colonialism in Africa, 1870–1960. Volume 1: The History and Politics of Colonialism,
    1870–1914, L.H. Gann and Peter Duignan
    , Cambridge
    University Press, 1969, p36-37



  75. (en) Nathan Nunn, « The long term effects of Africa's slave trades », Harvard Library,‎ 2008, p143 (lire en ligne)


  76. (en) P. J. Marshall, The Oxford History of the British Empire, vol. II : The Eighteenth Century, Paperback, 662 p. (ISBN 9780199246779, lire en ligne).


  77. Pétré-Grenouilleau 2004, p. 505-509.


  78. Nathan Nunn, The long term effect of Africa's slave trade


  79. « Ouidah, le chemin du souvenir », sur lesmemoiresdesesclavages.com (consulté le 25 novembre 2015).


  80. « Le Mémorial Acte de Guadeloupe présenté à Paris », sur la1ere.fr.



Annexes |



Bibliographie |



Ouvrages historiques |




  • Olivier Pétré-Grenouilleau, Les Traites négrières, essai d'histoire globale, Paris, Gallimard, 2004, 468 p. (ISBN 2-07-073499-4).


  • Olivier Pétré-Grenouilleau, Les Traites négrières, essai d'histoire globale, Paris, Gallimard, coll. « Folio histoire », 2004, 733 p. (ISBN 978-2-07-033902-0).


  • Olivier Pétré-Grenouilleau, La traite des Noirs, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1997.

  • Olivier Pétré-Grenouilleau, Nantes au temps de la traite des Noirs, Paris, Hachette Littérature, 1998.

  • Djibril Tamsir Niane (dir.), La Tradition orale, source de connaissance des relations entre Europe-Afrique à partir de la Côte, UNESCO.


  • Marcus Rediker, À bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite, trad. d'Aurélien Blanchard, Paris, Seuil, 2013.

  • Théophile Conneau, Capitaine Canot. Vingt années de la vie d'un négrier, Paris, Mercure de France, coll « Les Libertés françaises », 1938.
    traduction de : Captain Canot, or, Twenty years of an African slaver being an account of his career and adventures on the coast, in the interior, on shipboard, and in the West Indies, New York, D. Appleton, 1854.


  • Jean-Pierre Plasse, Journal de bord d'un négrier, adapté du français du XVIIIe siècle par Bernard Plasse, préface de Olivier Pétré-Grenouilleau, Marseille, Éditions le Mot et le reste, 2005 (ISBN 2-915378-12-6).

  • Mickaël Augeron et Olivier Caudron, dir., La Rochelle, l'Aunis et la Saintonge face à l'esclavage, Les Indes savantes, Paris, 2012.

  • Tidiane N'Diaye, Mémoire d'errance, Ivry, Éditions A3, 1998.

  • Tidiane N'Diaye, L'Éclipse des Dieux, Paris, Éditions Du Rocher/Le Serpent A Plumes, 2006.

  • Tidiane N'Diaye, Le Génocide voilé : enquête historique, Paris, Gallimard, 2008 (ISBN 978-2-07-011958-5).
    la traite des Noirs d'Afrique par le monde arabo-musulman.


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  • Serge Daget, La Traite des Noirs, Éditions Ouest-France/-Université, 1990.

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  • La Traite des Noirs par l'Atlantique, œuvre collective, Société française d'histoire d'outre-mer, Paris, 1986.


  • Robin Blackburn, The Making of New World Slavery, 1997.


  • Anne Gaugue, Les États africains et leurs musées: La mise en scène de la nation, L'Harmattan, 1997, 232 p. (ISBN 978-2738452733).


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  • Charles de La Roncière, Nègres et Négriers, Paris, Éditions des Portiques, 1933.


  • Jacques Heers, Les négriers en terre d'islam, VIIe et XVIe siècles, Perrin, coll. « Tempus », 2003.


  • Henri Médard (dir.), Marie-Laure Derat (dir.), Thomas Varnet (dir.) et Marie Pierre Ballarin (dir.), Traites et esclavages en Afrique orientale et dans l’océan Indien, Paris, Karthala-CIRESC, coll. « Esclavage », 2013, 528 p. (présentation en ligne).

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  • (en) David Eltis, Economic Growth and the Ending of the Transatlantic Slave Trade, Oxford University Press, 1987(ISBN 9780195364811, présentation en ligne). 

  • Frédéric Régent, La France et ses esclaves. De la colonisation aux abolitions (1620-1848), Arthème Fayard, Pluriel, 2010, (ISBN 978-2-8185-0279-2) (première édition : Grasset & Fasquelle, 2007.



Articles |



  • J. Baumès, L'immigration africaine et la traite des noirs, dans Revue contemporaine et Athenæum français, 1857, tome 34, p. 790-808 (lire en ligne)

  • Joseph Inikori, L'Afrique dans l'histoire du monde : la traite des esclaves et l'émergence d'un ordre économique dans l'Atlantique, HGA, tome V, Chap. 4, éd. Présence africaine/UNESCO, 1998.


  • Joseph Inikori, « The volume of the British slave trade, 1655-1807 », Cahiers d'études africaines, vol. 128,‎ 1992.


  • Olivier Pétré-Grenouilleau, « Les Traites négrières », Documentation photographique, no 8032,‎ mars-avril 2003.


  • Marc-Antoine Pérouse de Montclos, « Les esclaves invisibles de l'Islam : à quand l'heure de vérité ? », Études, vol. tome 396, no 6,‎ 2002, pp. 751-759 (lire en ligne).


  • Serge Daget, « L'abolition de la traite des Noirs en France de 1814 à 1831 », Cahiers d'études africaines, vol. 11, no 1,‎ 1971, p. 14-58 (lire en ligne).



Témoignages d'époque sur l'esclavage |




  • Olaudah Equiano, Ma véridique histoire, Mercure de France, 2008.


  • Mungo Park, Voyage à l'intérieur de l'Afrique, FM/ La Découverte, Maspero, Paris 1980.

  • Jehan Mousnier, Journal de la traite des Noirs, Éditions de Paris, Paris, 1957.

  • João Mascarenhas, Esclave à Alger, Éditions Chandeigne, Paris, 1993.



Œuvres de fiction |




  • Aphra Behn, Oronoko ; or The Royal Slave, a True Story, 1688.


  • Jean-François de Saint-Lambert, Ziméo, Gallica, 1769(lire en ligne).


  • Prosper Mérimée, Tamango, 1829.


  • Eugène Sue, Atar-Gull, 1831.


  • Jules Verne, Un capitaine de quinze ans, 1878.


  • François Bourgeon, Le Bois d'Ebène, 1984



Articles connexes |




  • Esclavage en Afrique

  • Traite arabe

  • Haratines

  • Esclavage dans le monde arabo-musulman

  • Commerce triangulaire

  • Traite négrière à Nantes

  • Traite négrière à Bordeaux

  • Histoire de la culture des plantes sucrières

  • Esclavage

  • Abolition de l'esclavage

  • Histoire de la Guadeloupe

  • Histoire de la Martinique

  • Saint-Domingue (colonie française)

  • Compagnie royale d'Afrique

  • Compagnie du Sénégal

  • Chronologie de l'esclavage

  • Décret de 1636 sur l'esclavage à vie à La Barbade

  • Histoire de la culture des plantes sucrières




Lien externe |



  • « La traite négrière transatlantique résumée en une infographie de deux minutes », slate.fr, 27 juin 2015.



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