Zacharie (père de Jean le Baptiste)





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L'archange Gabriel apparaît à Zacharie


Zacharie, dont le nom זְכַרְיָה en hébreu signifie « Yah s'est souvenu[1] », (Zakariya en Arabe, Ζαχαρίας en grec) est le père de Jean le Baptiste dans les traditions chrétiennes, mandéennes et musulmanes. C'est notamment un personnage de l'évangile selon Luc, de la Nativité de Marie appelée protévangile de Jacques et du Coran.
Il est le père de Jean le Baptiste et l'époux d'Élisabeth, parente ou cousine de la Vierge Marie.


Le Coran le mentionne comme prophète de l'islam et prêtre sous le nom de Zakarīyā. Dans la tradition musulmane, sa femme et mère de Yahyâ (Jean Baptiste), est appelée Ashâ. Elle est aussi parente de Maryam (la vierge Marie), mère d'Îsâ (Jésus).




Sommaire






  • 1 Zacharie dans la tradition chrétienne


    • 1.1 Dans l'évangile selon Luc


    • 1.2 Dans le protévangile de Jacques


    • 1.3 Chez les pères de l'Église


    • 1.4 Dans certains écrits gnostiques




  • 2 Zacharie dans l'islam


  • 3 Zacharie fils de Bariskaios


  • 4 Invention de reliques


  • 5 Représentation dans les arts


  • 6 Notes et références





Zacharie dans la tradition chrétienne |



Dans l'évangile selon Luc |





Alexandre Ivanov, Scènes de l'Histoire sainte : l'ange et Zacharie


Dans le Nouveau Testament, Zacharie est le père de Jean le Baptiste et l'époux d'Élisabeth. Il faisait partie de la classe sacerdotale. Son épouse était stérile et ils étaient l'un et l'autre avancés en âge. Pendant qu'il s'acquittait de ses fonctions au temple de Jérusalem un ange lui apparut[2] :



« Alors un ange du Seigneur apparut à Zacharie, et se tint debout à droite de l'autel des parfums. Zacharie fut troublé en le voyant, et la frayeur s'empara de lui. Mais l'ange lui dit : Ne crains point, Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t'enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et d'allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère ; il ramènera plusieurs des fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu ; il marchera devant Dieu avec l'esprit et la puissance d'Élie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé.(…) Le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l'enfant, et ils l'appelaient Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole, et dit : Non, il sera appelé Jean. (...) Zacharie demanda des tablettes, et il écrivit : Jean est son nom. Et tous furent dans l'étonnement. Au même instant, sa bouche s'ouvrit, sa langue se délia, et il parlait, bénissant Dieu. »



— Luc 1.13-64


Son chant de louange ou Cantique de Zacharie est souvent appelé le Benedictus, premier mot du cantique en latin. Dans l'Église catholique, il est récité ou chanté chaque matin par les prêtres et les religieux dans l'office des Laudes.



Dans le protévangile de Jacques |


Le meurtre de Zacharie est motivée d'au moins trois manières différentes à une époque relativement ancienne, dans le Protévangile de Jacques, par Origène et par des gnostiques non identifiés, comme cela est rapporté par l'hérésiologue chrétien Épiphane de Salamine.


Dans la Nativité de Marie (appelé protévangile de Jacques) (23.1-3), un apocryphe du IIe siècle, Zacharie est assassiné sur ordre d'Hérode le Grand car il refusait de dire où son fils, Jean (le futur baptiste) était caché. Hérode ayant appris de la bouche de Mages venus d'Orient, qu'il était de sang royal et que son cousin Jésus, verrait le jour pour régner sur Israël, il avait décidé de le faire trouver et de le tuer. Zacharie est tué dans le Temple de Jérusalem. Il est précisé que « les fils d'Israël » et « les prêtres » ignoraient tout de ce meurtre. Constatant son absence, l'un des prêtres « s'enhardit et entra dans le sanctuaire ; près de l'autel du Seigneur, il aperçut du sang figé. Et une voix retentit : « Zacharie a été assassiné. Son sang ne s'effacera pas avant que vienne le vengeur. » Ces paroles le remplirent d'effroi. Il sortit et annonça aux prêtres ce qu'il avait vu et entendu »[3],[4].



Chez les pères de l'Église |


Pour l'assassinat de Zacharie, Origène mentionne un autre motif que celui du refus de dire, aux envoyés d'Hérode où son fils Jean était caché. L'auteur chrétien raconte que Zacharie fut tué « entre le sanctuaire et l'autel » (Mt. 23, 35 concernant Zacharie fils de Barachie, ou référence au même Zacharie) pour avoir pris la défense de Marie introduite dans un lieu du temple réservé aux vierges[5]. Un autre passage de son commentaire sur l'Évangile selon Matthieu attribue un récit de la mort de Zacharie « par le glaive' » à une source littéraire[6]. Cette source littéraire pourrait correspondre à la troisième partie du Protévangile de Jacques.




Graffiti antichrétien du IIe ou IIIe siècle[7] représentant un homme à tête d'âne crucifié. Le commentaire « Alexamenos respecte dieu » suggère que ce dessin raille un soldat converti.



Dans certains écrits gnostiques |


Épiphane cite un ouvrage gnostique qui raconte la mort du père de Jean pour une autre raison[8] : Zacharie avait vu en vision dans le temple un homme à tête d’âne et fut pour cette raison lâchement assassiné par des bandits. Probablement, une allusion détournée à la représentation de Jésus par les païens des premiers siècles, comme un homme crucifié avec une tête d'âne. Cette représentation semble directement issue des calomnies que les païens faisaient circuler sur les juifs dans le monde romain. Dès le premier siècle, il est attesté par des auteurs païens anti-judaïques que les juifs étaient accusés d'adorer une tête d'âne à l'intérieur de leur Temple[9]. Les plus anciens graffitis datent du IIe siècle, époque où le judaïsme et le christianisme ne sont pas encore clairement séparés. La connaissance indirecte que nous avons de cette mention et le fait qu'Épiphane de Salamine, qui nous la rapporte, la prend au premier degré, rend quasiment impossible de comprendre ce que les auteurs gnostiques voulaient exprimer.



Zacharie dans l'islam |


Le Coran le mentionne comme prophète et prêtre sous le nom de Zakarīyā(Zarkari). Il était envoyé aux enfants d'Israël et faisait respecter la justice, sur la demande de Dieu, à l'aide de la Torah du prophète Moïse. Il était apprécié par son peuple en raison de ses bonnes manières.


Le Coran dit qu'il était pieux et qu'il priait quotidiennement. Il avait aussi la charge de s'occuper de Mariam. À chaque fois qu'il rentrait accomplir sa mission, il trouvait Mariam avec une bonne quantité de nourriture, envoyée par le Très-Haut. Un soir, alors qu'il était dans le sanctuaire (el-mihrab), il pria le Miséricordieux de lui accorder un fils car il avait 90 ans et n'avait toujours pas d'héritier. C'est ainsi que Dieu lui envoya Gabriel pour qu'il lui transmette la nouvelle qu'un enfant pur et vertueux lui serait donné. Le Coran dit[10] :



« O, Zacharie, Nous t'annonçons la nouvelle de ton fils, s'appelant Yahya (Jean). Avant lui, personne n'a porté ce nom. Zacharie dit : mon Dieu, comment aurai-je un fils, alors que ma femme est vieille et stérile et que j'ai passé l'âge de la décrépitude ? »



— Coran, Marie XIX, 7-8



Zacharie fils de Bariskaios |


Flavius Josèphe raconte l’histoire d’un certain Zacharie fils de Bariskaios, notable de Jérusalem, assassiné par des Zélotes "au milieu du temple" (ou du sanctuaire) peu avant 70, en dépit d’un jugement favorable du Sanhédrin[11]. Cette triste histoire a frappé les imaginations, qui ont pu la rapprocher de l’assassinat du Zacharie biblique (Zacharie Ben Joiada), ce qui a pu, à son tour, donner naissance à la tradition chrétienne de l'assassinat du Père du Baptiste. D'autre part la tradition topographique sur le sang de Zacharie visible dans le temple a aussi pu prendre sa source dans cet épisode de la guerre juive.



Invention de reliques |




La tombe dans la nef de l'Église San Zaccaria à Venise


Des reliques du père du Baptiste sont « identifiées » dans la vallée du Cédron[12], plus précisément dans le Monument d'Absalom, sans doute dans le courant du Ve siècle de notre ère, avant d'être transférées dans la Tombe traditionnelle « de Zacharie » à la fin de ce siècle, en même temps que des reliques de Jacques et de Siméon, le successeur de Jacques selon la liste des évêques de Jérusalem à l'époque ancienne[13]. Les reliques sont déposées dans la crypte creusée à la fin du Ve siècle et toujours bien visible sous la Tombe de Zacharie.


Mais d'autres reliques sont aussi identifiées à Venise, dans l'Église Saint-Zacharie où le soi-disant squelette de Saint Zacharie recouvert d'argent est vénéré dans une châsse-reliquaire.



Représentation dans les arts |



Reynaud Levieux, L'archange Gabriel apparaissant à Zacharie. Musée Calvet. Avignon.




  • Les Très Riches Heures du duc de Berry, Folio 43v - Musée Condé, Chantilly


  • Guido Cagnacci, Gesù dormiente con san Zaccaria e san Giovannino, Musée Condé

  • Avec la Sainte Famille ou lors de la naissance de son fils Jean :

    • par Artemisia Gentileschi

    • par Le Pontormo





Notes et références |


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Sur les autres projets Wikimedia :







  1. Arnaud Sérandour dans Thomas Römer (éd.), Jean-Daniel Macchi (éd.) et Christophe Nihan (éd.), Introduction à l'Ancien Testament, Labor et Fides, 2009, p=539


  2. Lc 1. 5-10


  3. Protévangile de Jacques, 24.2.


  4. XXIV 2(A. FREY, Ecrits apocryphes chrétiens, I, p. 103).


  5. GCS 38, Orig. Werke, XI, p. 42-43


  6. GCS 40/1 (1935), Klostermann, Orig. Werke, X, p. 24, 10 (= SC 162, p. 226-227)


  7. Martin Wallraff, « La Croix chrétienne dans la propagande impériale du IVe siècle », in La croix : représentations théologiques et symboliques , éd. Labor et Fides, 2004, p. 67 ; certains auteurs donne également le IIe siècle, par exemple Everett Ferguson, Backgrounds of Early Christianity, éd. Wm. B. Eerdmans Publishing, 2003, p.596


  8. Panarion, XXVI 12, 1-4


  9. Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, Chapitre XV — Les Hérodiens : Agrippa Ier ; Hérode II — (37-49), sur http://www.histoiredesjuifs.com.


  10. Coran, Marie XIX, 1-11


  11. Guerre juive IV 4, 334-344


  12. Simon Claude Mimouni, Dormition et assomption de Marie : histoire des traditions anciennes, éd. Beauchesne, 1995, p. 364, extrait en ligne


  13. Voir le récit de l'invention de ces reliques dans S. Verhelst, « L’Apocalypse de Zacharie, Siméon et Jacques », Revue biblique, 105 (1998), 81-104







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