Jonas
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Pour les articles homonymes, voir Jonas (homonymie).
extrait de la bible du pape Jean XXII (XIVe siècle).
יוֹנָה
Activité principale | Cinquième des douze petits prophètes |
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Autres activités | Acteur du Livre de Jonas |
Ascendants | Amitthaï (père) |
Compléments
Contemporain du roi Jéroboam II
Jonas est un prophète des trois religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l'islam.
Dans le judaïsme, Jonas (en hébreu : יוֹנָה yôna(h)), diminutif Jon[1], fils d'Amitthaï, en arabe : يونس [Yūnus]) est le cinquième des douze petits prophètes de la Bible[2]. C'est le personnage principal du livre de Jonas, qui fait partie du Tanakh hébraïque et de l’Ancien Testament chrétien.
Dans le Coran, Jonas est mentionnée dans six sourates dont la sourate 10 qui porte son nom.
Sommaire
1 Étymologie
2 Dans la Bible hébraïque
2.1 Livre de Jonas
2.2 Livre des Rois
3 Lectures religieuses
3.1 Judaïsme
3.1.1 Rite
3.1.2 Lecture moderne
3.2 Christianisme
3.2.1 Dans l'iconographie chrétienne
3.3 Islam
4 Reliques
5 Notes et références
6 Bibliographie
6.1 Religieuse et philosophique
6.2 Réécritures et traductions littéraires
6.3 Pour enfants
6.4 À partir de Jonas
6.5 Articles connexes
6.6 Liens externes
Étymologie |
Jonas en français vient du grec Ίωνας / Ionas, lui-même issu du prénom hébreu יוֹנָה (YWNH, Yonah avec un h muet). Ce mot peut se traduire par pigeon ou colombe (c'est le même mot en hébreu), mais désigne dans ce contexte une colombe.
La forme arabe يونس (yûnus) vient elle aussi de l'hébreu.
Dans la Bible hébraïque |
Livre de Jonas |
Dieu envoie Jonas à Ninive, capitale de l’empire assyrien. Jonas désobéit à Dieu et se rend à Jaffa pour prendre la fuite sur un bateau en direction de Tarsis. Durant le voyage, le bateau sur lequel se trouve Jonas essuie une tempête due à la colère divine consécutive à sa désobéissance. Les marins décident alors de tirer au sort pour connaître le responsable de ce malheur. Le sort désigne Jonas. Ils le prennent, le jettent par-dessus bord, et à l’instant même, la mer s’apaise. Il est recueilli dans le ventre d’un grand poisson (souvent désigné à tort comme une baleine) durant trois jours et trois nuits. Le « gros poisson » le recrache ensuite sur le rivage.
De là, Jonas gagne Ninive et y remplit sa mission, en annonçant puis en attendant la destruction prophétisée. Cependant les habitants de Ninive tentent de se repentir, ils décident entre autres de jeûner. « Dieu vit ce qu’ils faisaient pour se détourner de leur conduite mauvaise. Aussi Dieu se repentit du mal dont il les avait menacés, il ne le réalisa pas »[3]. Jonas en est affligé et désespéré. Que Dieu puisse revenir sur sa menace l'amène à se retirer, à s’isoler et à même souhaiter offrir sa vie. Il dit « Ah ! Éternel, n’est-ce pas ce que je disais quand j’étais encore dans mon pays ? C’est ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et qui te repens du mal.» Jonas se retire alors sur une montagne pour observer la ville et voir ce qui va lui arriver.
Dieu fait alors pousser un ricin qui fera de l’ombre à Jonas. Puis, il fait mourir la plante, et Jonas est fâché et accablé et exprime à nouveau le souhait de mourir : “ma mort sera meilleure que ma vie”. Dieu reproche alors à Jonas de se plaindre de la mort d’un simple ricin “pour lequel tu n’as pas peiné, et que tu n’as pas fait grandir”. Pourquoi Dieu n’aurait-il pas pitié, lui, d’une ville entière ? Dieu n’est-il pas libre à tout moment de pardonner au “plus de douze myriades d’humains qui ne connaissent ni leur droite ni leur gauche ?”
Le thème central du livre de Jonas est donc interprété comme marquant l’importance du repentir, du pardon et de la justice. Le personnage de Jonas est parfois rapproché de celui de Job[4],[5].
Livre des Rois |
Jonas est mentionné dans le Deuxième Livre des Rois[6], comme auteur d'une prophétie selon laquelle Jéroboam II, roi d'Israël, rétablirait les frontières du royaume d'Israël.
Lectures religieuses |
Judaïsme |
Rite |
Dans le judaïsme, le Livre de Jonas (Iona dans la traduction de Chouraqui) est lu à l'occasion de Yom Kippour, « Jour du Grand Pardon » où le fidèle prie l'Éternel afin qu'il lui soit pardonné.
Lecture moderne |
En 2016, Bernard-Henri Lévy décrit[7] Jonas comme un « héros cornélien », à qui Dieu demande d'aller sauver la ville dont les rois sont pourtant les ennemis du peuple hébreu, et dont il est écrit qu’elle ruinera Israël. Voilà pourquoi Jonas ne veut pas y aller et s'enfuit. Mais il ira quand même, car cela lui est demandé en vertu de l'élection d'Israël. Selon B.-H. Lévy, « cette responsabilité juive pour le monde, cette plénitude de l’être-juif qui ne s’atteint que dans l’interlocution avec l’étranger, cette nécessité, pour le Juif, sous peine de perte de sens, de regarder vers l’autre, absolument vers l’autre... cet Autre qui ne sera pas mon ami comme le Kurde mais qui ne sera pas non plus mon ennemi au sens de Daech ni, non plus, mon étranger comme le confucéen, cet Autre, c’est le Ninivite. »
Christianisme |
Pour les chrétiens, le livre de Jonas[8] a, outre les thèmes du repentir et du pardon, l'intérêt d'enseigner que les révélations prophétiques n'ont pas un caractère inéluctable qui priverait de liberté les hommes et Dieu. Elles ne sont pas faites dans le but de punir mais de sauver ou de modifier les « façons de voir ». Dieu n'est pas vu comme « vengeur » mais comme un « père » pour tous.
Les lectures chrétiennes du livre de Jonas[9] sont fortement influencées par la comparaison entre Jonas et le Christ qui est rapportée dans l'Évangile selon saint Matthieu :
« Car, comme Jonas fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme[10]sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. » (Mt 12,40).
Cette phrase tirée de l'évangile explique ce que Jésus entend quand il annonce un « signe de Jonas », donné en réponse aux demandes de signe des responsables de son peuple. Cette réponse ne sera pas reçue, comme Jésus l'annonce lui-même :
- « Lors du jugement, les hommes de Ninive se lèveront avec cette génération et ils la condamneront, car ils se sont convertis à la prédication de Jonas ; eh bien ! ici il y a plus que Jonas.
Lors du jugement, la reine du Midi se lèvera avec cette génération et elle la condamnera, car elle est venue du bout du monde pour écouter la sagesse de Salomon. Eh bien !, ici il y a plus que Salomon.» (Mt 12,41-42).
Ainsi la comparaison entre Jonas et Jésus se fait-elle à deux niveaux : celui de la prédication reçue par les Ninivites, mais pas par les contemporains de Jésus ; et celui d'un séjour de durée limitée dans le ventre du monstre marin, préfigurant la résurrection.
Dans l'iconographie chrétienne |
Jonas jeté à la mer.
Catacombe de Priscille, Rome.
Jonas avalé par la baleine.
Chapiteau du XIIe siècle de la nef de l'abbatiale de Mozac
Jonas peint par Michel-Ange,
fresque de la chapelle Sixtine (1511).
Jonas avec sa lyre, vitrail de Sergio de Castro pour la Collégiale de Romont, Suisse, (1980).
Jonas le prophète, bronze de Sargis Babayan, (2011).
Islam |
Jonas tient une place également très importante dans l'islam [11], et on peut trouver dans le Coran son périple où il est avalé par le grand poisson après avoir été tiré au sort[12]. Dans la 10e sourate qui porte son nom « Yûnus » (arabe : يونس), il est indiqué que Jonas a effectivement été écouté et suivi par son peuple [13]. L’équivalent arabe de son nom, en turc, est Yunus (yûnus), en dialectal Younès. Yûnus est aussi appelé « Dhu'Nûn » (arabe : ذو النون, celui qui vient du grand poisson)[14]. La tradition islamique mentionne quelques détails quant à sa filiation avec Benjamin, mais aussi le nom de son père qui est également cité dans un hadith où Mahomet met en garde sa communauté de ne pas le considérer meilleur que Jonas :
« Ne dites pas que je suis meilleur qu'Yûnus ibn Matta (Jonas fils d'Amitthaï). »[15]
On trouve également dans le Coran une référence à la ville natale de Yûnus, Ninive : « Si seulement il y avait, à part le peuple de Yûnus (Jonas), une cité qui ait cru et à qui sa croyance eût ensuite profité ! Lorsqu’ils eurent cru, Nous leur enlevâmes le châtiment d’ignominie dans la vie présente et leur donnâmes jouissance pour un certain temps. »[16]
Yûnus et Zacharie sont les seuls des douze petits prophètes bibliques à être mentionnés par leurs noms dans le Coran.[réf. nécessaire]
Reliques |
Plusieurs lieux ont été revendiqués comme étant la tombe de Jonas.
- Selon Jérôme, sa tombe est située près du village galiléen de Gath-Héfer. Benjamin de Tudèle confirme ces propos.
- Les restes de Jonas auraient été déposés aux côtés des reliques de Jean le Baptiste dans l'église Saint-Jean-Baptiste de Damas, qui est depuis le VIIIe siècle la grande mosquée des Omeyyades. Aujourd'hui, chrétiens comme certains musulmans[Lesquels ?] viennent en pèlerinage dans ce lieu.
- Une tombe à Mossoul, au sein de la Mosquée du prophète Jonas, qui est un lieu de pèlerinage musulman, a été détruite le 24 juillet 2014 par les djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant[17],[18]. Elle est reconquise par les forces irakiennes en janvier 2017[19]. On y découvre en mars 2017 dans les décombres les ruines d'un palais assyrien du VIIe siècle av. J.-C.[20].
Notes et références |
André Chouraqui, La Bible, Desclée de Brouwer, 2007(ISBN 2220058115)
Il est le sixième dans l'ordre des douze petits prophètes de la Septante.
La Bible de Jérusalem, p. 1646, édition du Cerf, 1999.
Ph. Haddad Conférence: Jonas Prophète malgré lui, Akadem, 2014.
Gershom Scholem : Sur Jonas, la lamentation et le judaïsme, Éd.: Bayard, Coll.: Bible et philosophie, 2007, (ISBN 2-22747670-2)
« Prophètes Rois 2 ch. 14, v. 25 »
Bernard-Henri Levy, L'Esprit du judaïsme, deuxième partie Ainsi parlait Jonas, Paris, Grasset, 2016, 448 p. (ISBN 978-2246859475, lire en ligne)
Le livre de Jonas trad. Segond
Selon l'étude de Yves-Marie Duval, Le livre de Jonas dans la littérature chrétienne grecque et latine : Sources et influence du Commentaire sur Jonas de saint Jérôme, Paris , Etudes augustiniennes, 1973, p. 593-613, il y a trois directions des interprétations chrétiennes : la première liée au récit du livre dont il faut résoudre les questions théologiques qu'il pose (p. 593-602) ; la seconde liée à la préfiguration du Christ par Jonas (p. 602-609); la troisième d'ordre anthropologique (p. 609-613).
Titre que Jésus-Christ utilise volontiers pour se désigner, selon les évangiles. Ce serait un procédé métaleptique, cf. Jean-Noël Aletti, L’Art de raconter Jésus-Christ : l’écriture narrative de l’Évangile de Luc, Paris, Seuil, 1989(ISBN 2-0201-0929-8), p. 51
« Coran sourate 21 versets 87 et 88, sourate 68 versets 48 à 50 »
Coran 37:139-142
« Coran sourate 10 verset 98 » (consulté le 10 février 2018)
Coran 21:87.
Récit rapporté de Ibn `Abbas, Sahih al-Bukhari, hadith no 608, vol. 4.
Coran 10:98
(en) « Les militants de l'EIIL ont fait exploser la tombe de Jonas », The Guardian, 24 juillet 2014(consulté le 25 juillet 2014)
Véronique Grandpierre, « Le califat détruit le patrimoine de la Mésopotamie », Le Monde, 17 août 2014(lire en ligne)
« Les forces irakiennes ont reconquis la «tombe de Jonas» à Mossoul », sur Le Figaro, 17 janvier 2017
Justine Babin, « Sous les ruines du tombeau de Jonas, dynamité par les djihadistes de l'Etat islamique, des archéologues irakiens ont eu la surprise de découvrir les vestiges d'un palais du VIIe siècle av. J.-C. », sur Les Échos, 12 mars 2017
Bibliographie |
Religieuse et philosophique |
- Guershom Scholem (trad. Marc de Launay), Sur Jonas, la lamentation et le judaïsme, Éditions Hermann, coll. « Panim el Panim », 2011(ISBN 2705680187)
- André Neher, Prophètes et prophéties, Payot-poche, 2004(ISBN 2-228-89834-1)
- Éric Geoffroy, « Jonas », dans M. Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007(ISBN 2221099567), p. 535-538
Réécritures et traductions littéraires |
- Olivier Millet, « Les réécritures poétiques de l'histoire de Jonas au XVIe siècle et la poétique réformée », Revue de l'histoire des religions 226, 2009/1.
Agrippa d'Aubigné, Cantique de Jonas.
Voltaire, Le monde comme il va (réécriture transposée dans les mœurs de Paris au XVIIIe siècle).
Herman Melville, Moby Dick.
Carlo Collodi, Pinocchio.
Paul Auster, L'invention de la solitude.
Albert Camus, Jonas ou l'artiste au travail.
Jean-Paul de Dadelsen, Jonas, Gallimard, 1962.- Nicolas Abraham, Jonas et le cas Jonas, 1999, Paris, Flammarion, (Note : Contient "Le livre de Jonas" de Michael Babits, en hongrois avec la trad. française en regard).
- J.R.R. Tolkien, traduction anglaise du Livre de Jonas pour la Bible de Jérusalem, 1966 (en) Rogerson, John, The Oxford Illustrated History of the Bible, 2001..
Pour enfants |
Anne Jonas : Jonas, Éditeur : Nathan, Collection : Histoires de la Bible, (ISBN 2092529625)
À partir de Jonas |
Jean-Gérard Bursztein, Expérience hébraïque antique du salut et psychanalyse, sur Yonah/Jonas, Paris, HERMANN, 2010. Traduction en allemand : Antike hebräische Heilserfahrung und Psychoanalyse. Das Buch Jonah, TURIA & KANT, Wien, 2009.- Jacques Laffitte, Jonas, le pardon, mode d'emploi, L'Arbre aux Signes Éditions, 2012, (ISBN 2954083816)
Jonas, pièce de Christian Morel de Sarcus, in Théâtre 3, Éditions de Broca, 2012, (ISBN 978-2-36071-026-3)
- Jonas, oratorio de Giacomo Carissimi (1605-1674)
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Articles connexes |
- Livre de Jonas
- Prophète
Liens externes |
Texte de la sourate 10 "Jonas" en français, d'après la traduction de Muhammad Hamidullah de 1959- Le livre de Jonas dans sa langue originale, en hébreu, avec un interlinéaire en français [PDF]
- Texte intégral français-hébreu-anglais du Livre de Jonas sur sefarim.fr, traduction du Rabbinat.
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