Chant gallican





Le chant gallican est le nom donné au chant liturgique des chrétiens de Gaule, sous la dynastie mérovingienne. Le chant gallican se caractérisait surtout de la liturgie orientale. Remplacé formellement par le chant romain en 789, celui-ci disparut, à la suite de la centralisation de la liturgie selon le rite romain, favorisée par Charlemagne.




Sommaire






  • 1 Origine


  • 2 Caractéristiques


  • 3 Naissance de nouveau chant gallican


  • 4 Suppression officielle par Charlemagne


  • 5 Postérité


  • 6 Articles connexes


  • 7 Liens externes


    • 7.1 Dictionnaires




  • 8 Références bibliographiques


  • 9 Notes et références





Origine |


Sous le règne des rois Mérovingiens, le rite des Gaules aussi bien que son chant liturgique se différenciaient du chant romain par des textes et musiques plus orientales. Cet état de fait trouve son origine dans l'évangélisation même des Gaules, principalement par des prêtres grecs, comme saint Irénée de Lyon[1].


C'est ainsi que, jusqu'au début du VIIe siècle, la liturgie orientale avait une forte influence sur la cour, que l'on retrouve chez saint Venance Fortunat et sainte Radegonde de Poitiers. Cette dépendance liturgique s'amenuit par la suite rapidement[mm 1], et c'est le roi Dagobert Ier[mm 1] qui adopta la louange perpétuelle Laus perennis auprès de l'abbaye royale de Saint-Denis, en priant que sa dynastie se continue sans perturbation[2].



Caractéristiques |


Le chant gallican disparut, telle la liturgie celte, avant que les neumes ne soient inventés vers 877[3],[4]. Donc, il reste peu, au regard de la mélodie de ce chant.


Au contraire, plusieurs textes ou morceaux de ce chant sont conservés[5]. Parmi eux, les deux lettres découvertes à l'abbaye Saint-Martin d'Autun en 1709 par deux Bénédictins[mm 2], et parfois attribuées à saint Germain de Paris, sont les plus importantes[6],[mm 3]. Grâce à ces documents, la liturgie gallicane y compris sa messe était précisée, en détail, de nombreux commentaires théologiques [lire en ligne] (latin-français). Plusieurs textes en grec s'y trouvent :



« On chante l'Aïus en grec, car c'est dans la langue grecque que le Nouveau Testament s'est répandu dans le monde ... le président de l'assemblée entonne la psalmodie de l'Aïus en grec, puis en latin pour manifester le lien entre l'Ancien et le Nouveau Testament[mm 4]. »



Le Kyrie, évidemment en grec, était successivement chanté d'une seule voix par trois jeunes clercs. Ces derniers représentaient les trois peuples, à savoir, Hébreux, Grecs et Latins, ainsi que les trois temps, avant la loi, sous la loi et sous la grâce[mm 4], à la place de la trinité. Par ailleurs, avant la lecture de l'Évangile, c'est le Cantique des trois enfants (Bible Segond 1910/Livre de Daniel 3,57-88) qui était chanté, au lieu de l'Alléluia. Ce cantique n'est exécuté dans la tradition romaine qu'auprès des monastères, aux laudes du dimanche[7].


Quoi qu'il en soit, la pratique du chant gallican était exactement mentionnée dans l'Histoire des Francs de saint Grégoire de Tours, l'un des livres les plus sûrs de l'histoire de la Gaule. Il s'agissait d'un banquet tenu à Orléans, en présence du roi de Bourgogne saint Gontran, le 5 juillet 585, si les caractéristiques des chants n'étaient pas précisées. Comme ce roi très chrétien appréciait effectivement leur représentation, il est certain qu'il ne s'agissait pas de chants primitifs :



« Vers le milieu du repas, le roi m'ordonna de faire chanter mon diacre, qui, la veille à la messe, avait dit les répons des psaumes. Pendant que le diacre chantait, le roi m'ordonna encore de faire chanter devant lui tous les prêtres présens, en assignant à chacun la partie qui lui appartenait d'après son emploi. Je transmis aux prêtres les ordres du roi, et chacun chanta comme il put des répons de psaumes[8],[9]. »



— Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Livre VIII



Naissance de nouveau chant gallican |


Jusqu'au VIIIe siècle, chaque région européenne conservait sa propre tradition du rite et du chant liturgique. Même le chant papal, vieux-romain, n'était que celui du Vatican et de Rome[10].


Un grand voyage du pape Étienne II bouleversa la situation. Menacé par les Lombards, il traversa les Alpes en 754. Il fut accueilli à l'abbaye royale de Saint-Denis, dans le fief de Pépin le Bref. Le Saint-Père y constata que le rite gallican était effectivement différent de celui de Rome tandis que le roi Pépin avait besoin de légitimer sa dynastie, parfois considérée comme provisoire. Le roi décida d'adopter le rite romain[10].


Au contraire de l'adoption du texte en latin, le nouveau chant liturgique vieux-romain fait face à une lourde opposition, en raison de sa caractéristique mélodique, étrange pour les fidèles. Afin de résoudre cette difficulté, après le départ des chantres romains, on commença à composer et mélanger les chants, en s'appuyant sur la tradition musicale gallicane, mais selon le rite romain[10].


Il s'agit du chant messin, la première étape et origine du chant grégorien. À cette époque il était appelé chant romain[10].



Suppression officielle par Charlemagne |


Charlemagne, l'héritier de Pépin, se qualifiait « roi » et « recteur » du royaume des Francs ainsi que « défenseur » et « auxiliaire » de l'Église (Admonitio generalis en 789)[pd 1],[jf 1]. C'est la raison pour laquelle, soutenu par le pape Adrien Ier, il commença en 785 une immense centralisation de liturgie selon le rite romain, en collaboration avec Alcuin[jf 2]. En 789, le roi ordonna qu'exécutent le chant romain toutes les églises dans le royaume « pour l'unanimité de l'Église. » Donc, le chant gallican fut formellement et définitivement remplacé, à la suite de cette ordonnance[jf 3].


L'adoption du rite romain fut parachevé vers 800[jf 4], à l'exception du chant. Comme Charlemagne savait bien qu'il restait des résistances contre la musique de Rome, il n'hésita pas à faire contrôler et inspecter ceux qui étaient pratiqués dans les paroisses[jf 5], en profitant de ses missi dominici[10]. Par conséquent, la pratique d'ancien chant gallican disparut, sauf, mais partiellement, auprès des cathédrales de Paris et de Lyon qui possédaient si depuis longtemps les rites parisien et lyonnais, en raison de leur ancienneté[jf 5].



Postérité |


Officiellement supprimés, mais un certain nombre d'éléments du chants gallicans restaient, selon les études approfondies récentes, dans le répertoire du chant grégorien, tout comme ceux du chant vieux-romain. Ainsi, Dom Jean Claire établit, après avoir analysé de nombreux manuscrits anciens sans notation, que l'antienne Media vita in morte sumus demeure issue du chant gallican Sancte Deus, plus précisément du Trisagion.



Articles connexes |




  • Rite gallican, Gallicanisme

  • Chapelle royale (Ancien Régime)


  • Chant messin, Chant grégorien, Anciens chants monodiques européens


  • Germain de Paris, Étienne II (pape), Pépin le Bref, Charlemagne



Liens externes |



Dictionnaires |



  • Joseph d'Ortigue, Dictionnaire liturgique, historique et théorique du plain-chant et de musique de l'Église au Moyen Âge et dans les temps modernes, L. Potier, Paris 1854 : « Gallican »


Références bibliographiques |



  • Jean Favier, Charlemagne, Tallandier Texto, Paris 2013 (ISBN 979-10-210-0081-0) 769 p.



  1. p.  415


  2. p.  419


  3. p.  421


  4. p. 421 : « En 800, plusieurs emprunts à l'ordo romain sont adoptés et imposés : on fêtera à la manière romaine les quatre fêtes de la Vierge que sont la Nativité le 8 septembre, la Purification le 2 février, l'Annonciation et la Conception du Christ le 25 mars, l'Assomption le 15 août. On fera de même pour les grandes célébrations de l'entrée en Carême qu'est le mercredi des Cendres et de la marche vers Pâques que sont les offices de la Semaine sainte. »


  5. a et bp.  424



  • Philippe Depreux, Charlemagne et les Carolingiens, Tallandier, Paris 2002 (ISBN 978-2-235-02320-7) 160 p.



  1. p.  105


  • Michel Mendez, La messe de l'ancien rite des Gaules : Origine et restauration, L'Harmattan, Paris 2008 (ISBN 978-2-296-06239-9) 235 p. [lire en ligne] (extrait)



  1. a et bp.  90


  2. p.  77


  3. p.  79 - 80


  4. a et bp.  105



Notes et références |





  1. http://palmus.free.fr/session_2005.pdf p. 5


  2. http://www.tourisme93.com/basilique/de-denis-de-paris-a-denys-l-areopagite.html


  3. Il s'agit de l'Antiphonaire de Compiègne (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8426787t)


  4. https://books.google.fr/books?id=DQ4uY3zvpA0C&pg=PA55


  5. http://eglise-orthodoxe-de-france.fr/les_sources_de_la_liturgie.htm 2. LES DOCUMENTS


  6. S'il s'agit d'un ensemble des copies tardives et éducatives, vraisemblablement les troisièmes ou quatrièmes et effectuées au début du IXe siècle d'après sa minuscule caroline, la grammaire employée est celle du VIIe siècle


  7. Psautier latin-français du bréviaire monastique, 1938, p. 120 - 122


  8. https://books.google.fr/books?id=Uu8-AAAAcAAJ&pg=PA65


  9. https://books.google.fr/books?id=8JsUAAAAQAAJ&pg=PA73


  10. a b c d et ehttp://eglise-orthodoxe-de-france.fr/les_racines_orientales_du_chant.htm Dom Daniel Saulnier, Les racines orientales du chant grégorien, lors du Festival d'art d'Angers





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