Napoléon Ier
« Napoléon » redirige ici. Pour les autres significations, voir Napoléon (homonymie) et Bonaparte.
Napoléon Ier | ||
Napoléon dans son cabinet de travail, Jacques-Louis David, 1812. | ||
Titre | ||
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Empereur des Français | ||
20 mars – 22 juin 1815 (3 mois et 2 jours) | ||
Prédécesseur | Louis XVIII (roi de France) | |
Successeur | Napoléon II (prétendant) Louis XVIII (roi de France) | |
18 mai 1804 – 6 avril 1814 (9 ans, 10 mois et 19 jours) | ||
Couronnement | 2 décembre 1804, en la cathédrale Notre-Dame de Paris | |
Prédécesseur | Lui-même (Premier consul de la République) | |
Successeur | Louis XVIII (roi de France) | |
Roi d'Italie | ||
17 mars 1805 – 11 avril 1814 (9 ans et 25 jours) | ||
Prédécesseur | Lui-même (président de la République italienne) | |
Successeur | Victor-Emmanuel II (roi d'Italie en 1861) | |
Protecteur de la Confédération du Rhin | ||
12 juillet 1806 – 19 octobre 1813 (7 ans, 3 mois et 7 jours) | ||
Prédécesseur | François II (Empereur des Romains) | |
Successeur | Confédération germanique | |
Médiateur de la Confédération suisse | ||
19 février 1803 – 19 octobre 1813 (10 ans et 8 mois) | ||
Prédécesseur | République helvétique | |
Successeur | Confédération des XXII cantons | |
Président de la République italienne Napoléon Bonaparte | ||
26 janvier 1802 – 17 mars 1805 (3 ans, 1 mois et 19 jours) | ||
Vice-président | Francesco Melzi d'Eril | |
Prédécesseur | République cisalpine | |
Successeur | Lui-même (roi d'Italie) | |
Premier consul de la République Napoléon Bonaparte | ||
10 novembre 1799 – 18 mai 1804 (4 ans, 5 mois et 8 jours) | ||
Prédécesseur | Directoire | |
Successeur | Lui-même (empereur des Français) | |
Biographie | ||
Dynastie | Maison Bonaparte | |
Nom de naissance | Napoleone Bonaparte (sur l'acte de baptême) | |
Date de naissance | 15 août 1769 | |
Lieu de naissance | Ajaccio (France) | |
Date de décès | 5 mai 1821(à 51 ans) | |
Lieu de décès | Île Sainte-Hélène (Royaume-Uni) | |
Père | Charles Bonaparte | |
Mère | Maria Letizia Ramolino | |
Conjoint | Joséphine de Beauharnais (1796-1809) Marie-Louise d'Autriche (1810-1821) | |
Enfants | Napoléon Bonaparte, prince impérial, roi de Rome | |
Héritier | Prince Napoléon, prince impérial | |
Religion | Catholicisme romain | |
Monarques de France·Monarques d'Italie | ||
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Napoléon Ier, né le 15 août 1769 à Ajaccio et mort le 5 mai 1821 sur l'île Sainte-Hélène, est le premier empereur des Français, du 18 mai 1804 au 6 avril 1814 et du 20 mars 1815 au 22 juin 1815. Second enfant de Charles Bonaparte et Letizia Ramolino, Napoléon Bonaparte est un militaire, général dans les armées de la Première République française, née de la Révolution, commandant en chef de l'armée d'Italie puis de l'armée d'Orient. Parvenu au pouvoir en 1799 par le coup d'État du 18 Brumaire, il est Premier consul jusqu'au 2 août 1802, puis consul à vie jusqu'au 18 mai 1804, date à laquelle il est proclamé empereur par un sénatus-consulte suivi d'un plébiscite. Il est sacré empereur, en la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804, par le pape Pie VII.
En tant que général en chef et chef d'État, Napoléon tente de briser les coalitions montées et financées par le royaume de Grande-Bretagne et qui rassemblent, depuis 1792, les monarchies européennes contre la France et son régime né de la Révolution. Il conduit pour cela les armées françaises d'Italie au Nil et d'Autriche à la Prusse et à la Pologne : ses nombreuses et brillantes victoires (Arcole, Rivoli, Pyramides, Marengo, Austerlitz, Iéna, Friedland), dans des campagnes militaires rapides, disloquent les quatre premières coalitions. Les paix successives, qui mettent un terme à chacune de ces coalitions, renforcent la France et donnent à son chef, Napoléon, un degré de puissance jusqu'alors rarement égalé en Europe, lors de la paix de Tilsit (1807).
Il réorganise et réforme durablement l'État et la société. Il porte le territoire français à son extension maximale avec 134 départements en 1812, transformant Rome, Hambourg, Barcelone ou Amsterdam en chefs-lieux de départements français. Il est aussi président de la République italienne de 1802 à 1805, puis roi d’Italie de 1805 à 1814, mais également médiateur de la Confédération suisse de 1803 à 1813 et protecteur de la Confédération du Rhin de 1806 à 1813. Ses victoires lui permettent d'annexer à la France de vastes territoires et de gouverner la majeure partie de l’Europe continentale en plaçant les membres de sa famille sur les trônes de plusieurs royaumes : Joseph sur celui de Naples puis d'Espagne, Louis sur celui de Hollande, Jérôme sur celui de Westphalie et son beau-frère Joachim Murat à Naples. Il crée également un duché de Varsovie, sans oser restaurer formellement l'indépendance polonaise, et soumet temporairement à son influence des puissances vaincues telles que le royaume de Prusse et l'empire d'Autriche.
Objet, dès son vivant, d'une légende dorée comme d'une légende noire, il doit sa très grande notoriété à son habileté militaire, récompensée par de nombreuses victoires, et à sa trajectoire politique étonnante[a], mais aussi à son régime despotique et très centralisé ainsi qu'à son ambition qui se traduit par des guerres d'agression très meurtrières (au Portugal, en Espagne et en Russie) avec des centaines de milliers de morts et blessés, militaires et civils pour l'ensemble de l'Europe. Il tente également de renforcer le régime colonial français d'Ancien Régime en outre-mer, en particulier avec le rétablissement de l'esclavage en 1802, ce qui provoque la guerre de Saint-Domingue (1802-1803) et la perte définitive de cette colonie, tandis que les Britanniques s'assurent le contrôle de toutes les autres colonies entre 1803 et 1810. Cet ennemi britannique toujours invaincu s'obstinant à financer des coalitions de plus en plus générales, les Alliés finissent par remporter des succès décisifs en Espagne (bataille de Vitoria) et en Allemagne (bataille de Leipzig) en 1813. L’intransigeance de Napoléon devant ces sanglants revers lui fait perdre le soutien de pans entiers de la nation française[1], tandis que ses anciens alliés ou vassaux se retournent contre lui. Amené à abdiquer en 1814 après la prise de Paris, capitale de l'Empire français, et à se retirer à l'île d'Elbe, il tente de reprendre le pouvoir en France, lors de l'épisode des Cent-Jours en 1815. Capable de reconquérir la France et d'y rétablir le régime impérial sans coup férir, il amène pourtant, du fait de sa mise au ban de l'Europe, le pays dans une impasse avec la lourde défaite de Waterloo qui met fin à l'Empire napoléonien et assure la restauration de la dynastie des Bourbons. Sa mort en exil, à Sainte-Hélène, sous la garde des Anglais, fait l'objet de nombreuses controverses.
Une tradition romantique fait de Napoléon l'archétype du grand homme appelé à bouleverser le monde. C'est ainsi que le comte de Las Cases, auteur du Mémorial de Sainte-Hélène, tente de présenter Napoléon au Parlement britannique dans une pétition rédigée en 1818[2]. Élie Faure, dans son ouvrage Napoléon, qui a inspiré Abel Gance, le compare à un « prophète des temps modernes ». D'autres auteurs, tel Victor Hugo, font du vaincu de Sainte-Hélène le « Prométhée moderne ». L'ombre de « Napoléon le Grand » plane sur de nombreux ouvrages de Balzac, Stendhal, Musset, mais aussi de Dostoïevski, de Tolstoï et de bien d'autres encore. Par ailleurs, un courant politique français émerge au XIXe siècle, le bonapartisme, se réclamant de l'action et du mode de gouvernement de Napoléon.
Sommaire
1 Biographie
1.1 Jeunesse
1.1.1 Naissance
1.1.2 Enfance et formation militaire
1.1.2.1 École royale militaire de Brienne (1779-1784)
1.1.2.2 École militaire supérieure de Paris (1784-1785)
1.1.2.3 Affectation au régiment d'artillerie de la Fère (1785-1791)
1.1.3 Premières armes
1.1.4 Siège de Toulon (1793)
1.1.5 Bonaparte, jeune général victorieux
1.1.6 Paris et le 13 vendémiaire
1.1.7 Bonaparte et Joséphine
1.1.8 La campagne d’Italie (1796-1797)
1.1.9 Campagne d’Égypte (1798-1801)
1.1.10 Retour à Paris, situation de la France
1.2 Consulat
1.2.1 Coup d’État
1.2.2 La Constitution
1.2.3 Du Consul à l’Empereur
1.3 Empire
1.3.1 Symboles impériaux
1.3.2 Napoléon et l’Église
1.3.3 Napoléon et l’économie
1.3.4 Napoléon et les femmes
1.3.5 L’Empire victorieux
1.3.6 Campagnes de la péninsule Ibérique et d’Autriche
1.3.6.1 Guerre d'Espagne
1.3.6.2 Guerre contre l'Autriche
1.3.7 Napoléon, souverain du « Grand Empire »
1.3.8 Campagnes de Russie et d’Allemagne
1.3.9 Campagne de France et première abdication
1.3.10 Les Cent-Jours
1.3.10.1 La route Napoléon et le « Vol de l’Aigle »
1.3.10.2 Retour au pouvoir et défaite finale
1.3.11 La bataille de Waterloo
1.4 Exil à Sainte-Hélène et mort
1.4.1 Retour de ses cendres en France (1840)
1.5 État de santé de Napoléon
1.6 Cause de sa mort
2 Héritage napoléonien
2.1 Rétablissement de l'esclavage
3 Réalisations de Napoléon Bonaparte
3.1 Sous le Consulat
3.2 Sous l’Empire
3.3 Œuvre législative
3.4 En architecture et urbanisme
3.4.1 À Paris
3.4.2 En dehors de l'Île-de-France
4 Regards des contemporains
4.1 Surnoms
5 Vie privée
5.1 Influences historiques
5.2 Napoléon et la spiritualité
5.2.1 Napoléon et le catholicisme
5.2.2 Napoléon et l'islam pendant la campagne d'Égypte
5.2.3 Regard personnel de Napoléon sur l'islam
5.2.4 Napoléon et la franc-maçonnerie
5.3 Correspondance
5.4 Famille
5.4.1 Ascendance
5.4.2 Parents
5.4.3 Frères et sœurs
5.4.4 Neveux et nièces
5.4.5 Oncle
5.5 Mariages et enfants
5.6 Ordre de succession au trône impérial en juillet 1815
6 Conservation des archives personnelles de Bonaparte et sa famille
7 Notes et références
7.1 Notes
7.2 Références
8 Annexes
8.1 Bibliographie
8.1.1 Mémoires de Napoléon
8.1.2 Éditions de la correspondance
8.1.3 Écrits de jeunesse
8.1.4 Sur Gutenberg.org
8.1.5 Témoignages
8.1.6 Ouvrages de fiction (les éditions indiquées sont modernes)
8.1.7 Études historiques classiques
8.1.8 Ouvrages modernes
8.1.9 Iconographie
8.1.10 Littérature jeunesse
8.2 Filmographie sélective
8.3 Jeux vidéo
8.4 Musées
8.5 Articles connexes
8.5.1 Politique
8.5.1.1 Régimes et évènements
8.5.1.2 Autres
8.5.2 Armée
8.5.2.1 Campagnes
8.5.2.2 Autres
8.5.3 Vie privée
8.5.4 Arts et culture
8.5.4.1 Tableaux
8.5.4.2 Patrimoine
8.5.4.3 Autres
8.5.5 Divers
8.6 Liens externes
Biographie
Jeunesse
Naissance
Napoléon Bonaparte naît à Ajaccio, dans la maison familiale (transformée aujourd'hui en musée[3]), le 15 août 1769 (jour de la Sainte-Marie, la patronne de la Corse). Ce jour-là, Letizia Ramolino, âgée de dix-huit ans, assistait aux fêtes de l'Assomption. D'un coup, vers midi, elle sort de la messe, et rentre à la maison (qui se trouve à une centaine de mètres de la cathédrale), et, avant de pouvoir atteindre sa chambre elle accouche précipitamment du petit Napoléon[4].
Napoléon est né un an après le traité de Versailles par lequel Gênes cède la Corse à la France[b], l'île est donc devenue récemment française. Ondoyé à domicile, il a pour nom de baptême Napoleone Buonaparte (prénom donné en mémoire d'un oncle mort à Corte en 1767)[4], et n'est baptisé à la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption d'Ajaccio que le 21 juillet 1771. Issu d’une famille faisant partie de la noblesse de robe récente (son grand-père n'ayant été anobli qu'en 1757, soit 11 ans et demi avant la naissance de Napoléon)[5] italo-corse dont la présence sur l'île est attestée depuis la première moitié du XVIe siècle[6] avec un certain Franceso Buonaparte (la maison Bonaparte est d’origine toscane[7]), il est le quatrième enfant (second des enfants survivants, après Joseph) de Charles Bonaparte, avocat au Conseil supérieur de l'île et greffier au tribunal, et de Maria Letizia Ramolino, dont le mariage avait été célébré en 1764. Dans la généalogie des Bonaparte, aucun militaire n'apparaît, c'est une famille de fonctionnaires. Mais lors de son retour d'Égypte en 1799, Napoléon avancera à Monge qu'il est peut-être le fils d'un général français, un certain comte de Marbeuf. Cette déclaration, qui avantageait Napoléon dans sa généalogie est fausse, le père de Napoléon étant bien Charles Bonaparte. Néanmoins, Marbeuf a bien été l'amant de Letizia Ramolino pendant quelque temps[5].
Plus tard, Napoléon fera de sa date de naissance, le 15 août, un jour férié[8].
Enfance et formation militaire
La famille Bonaparte vit à Ajaccio, rue Malerba (rue de la Mauvaise-Herbe, aujourd'hui rue Saint-Charles), dans une petite maison traditionnelle du XVIIIe siècle, que Napoléon qualifiera lui-même de « misérable ». La Casa Buonaparte est habitée au rez-de-chaussée et au premier étage par les Bonaparte et au deuxième étage par leurs cousins, les Pozzo di Borgo. Ce voisinage est très insupportable, et les deux familles vivent dans une brouille continuelle. On raconte qu'un jour, une Pozzo di Borgo aurait jeté le contenu d'un pot de chambre par la fenêtre, sur Madame Letizia[9].
Les Bonaparte ne sont pas riches du tout. Dans ce milieu rural, les ressources matérielles de la famille sont essentiellement fondées sur les récoltes et les échanges.
À l'école, Bonaparte est un enfant turbulent, bagarreur avec ses camarades, mais sera très vite reconnu comme étant un enfant avec de grandes capacités pour le calcul.
Le 8 juin 1777, Charles Bonaparte est élu député de la noblesse de Corse. En cette qualité, il fait partie de la députation que l’Assemblée générale des états de la Corse envoie à Versailles auprès du roi Louis XVI. Le 15 décembre 1778, il part pour Versailles où Louis XVI le reçoit en audience une seconde fois[10], la première rencontre avec le roi datant de 1776. À cette occasion, le comte de Marbeuf, gouverneur de l'île, fait obtenir, auprès du ministre de la guerre le prince de Montbarrey, une bourse pour faire entrer le deuxième fils de Charles à l'école militaire, l'aîné Joseph étant destiné à suivre une carrière ecclésiastique[11].
Arrivés en France le 15 décembre 1778, c'est le 1er janvier 1779 que Charles Bonaparte fait entrer provisoirement ses deux fils Joseph et Napoléon au collège d’Autun. Napoléon y reste trois mois, le temps pour son père de faire les démarches permettant de le faire admettre à l'école militaire. Pour obtenir une bourse du roi, il faut fournir les preuves de sa noblesse et de quatre degrés d'ancienneté[12]. Le dossier fut examiné par le juge d'armes Antoine-Marie d'Hozier de Serigny[13]. De plus, c'est à Autun que réside Monseigneur Alexandre de Marbeuf, évêque d'Autun et neveu du gouverneur de la Corse[4].
Arrivé au collège d'Autun, Napoléon ne sait pas parler français, il ne parle qu'un dialecte corse. La légende veut qu'à ce moment là, Napoléon ait appris le français en trois mois[14], ce qui est très peu probable[5]. Napoléon gardera toute sa vie son accent italien, et sa mauvaise orthographe[4].
Après trois mois et vingt jours passés à Autun il ira à l'école militaire de Brienne, où il restera 5 ans. C'est un épisode douloureux pour Napoléon qui devra se séparer de son frère.
École royale militaire de Brienne (1779-1784)
Charles Bonaparte ayant fourni les preuves de noblesse de la famille, Napoléon est agréé par le ministère de la Guerre pour entrer au collège militaire de Tiron, mais, à la suite de défections, il est finalement admis à l’école royale militaire de Brienne-le-Château (aujourd’hui dans l'Aube)[13]. Napoléon y entre le 15 mai 1779 en classe de septième[15] étant âgé de presque 10 ans. C’est l’un des douze collèges de France qui accueillent les enfants de la petite noblesse. Il va y rester cinq ans. Bonaparte n’aurait pas été très apprécié de ses camarades, souffrant de moquerie à cause de son fort accent, faisant des fautes de langage, il vivra dans un isolement presque total et en gardera un souvenir assez malheureux[4]. De plus, Bonaparte ne cache pas son admiration pour Pascal Paoli[16]. Selon Jacques Godechot, les témoignages sur le séjour de Brienne sont contradictoires et sujets à caution[17]. Élève assez moyen en général, bon en mathématiques, il montre tout de même déjà une propension à l’art du commandement, en organisant des jeux militaires dont il prend la tête. Une bataille de boules de neige, qu'il aurait dirigée un hiver, fait partie de sa légende[18]. Son frère Joseph, ayant abandonné son projet d'entrer au séminaire, étudie le droit, Lucien entre au séminaire d’Aix-en-Provence et ses sœurs sont éduquées par Mme Campan.
Son père lui rend une seule visite le 21 juin 1784[19]. Le 22 septembre de la même année, le sous-inspecteur des écoles Marie-Antoine-Sérapion Reynaud des Monts fait passer aux élèves cadets de Brienne l'examen d'entrée à l'École militaire de Paris, où après un an d'études ils pourront être affectés à un régiment d'artillerie, du génie ou de la marine[20]. Napoléon est jugé apte à y entrer ainsi que quatre de ses condisciples.
École militaire supérieure de Paris (1784-1785)
Il quitte l'école de Brienne, à l'âge quinze ans, le 17 octobre 1784 et arrive cinq jours plus tard à Paris où il intègre la compagnie des cadets gentilshommes[21] de l'école militaire de Paris. Le jeune Napoléon est très impressionné par les magnifiques bâtiments de l'école et par les appartements.
Napoléon se distinguera en mathématiques en maîtrisant en dix mois « le fameux Bezout », traité mathématiques étudié habituellement en trois ans. Doué en mathématiques, il ne présente aucune disposition pour les langues vivantes en négligeant les cours d'allemand. Comme à Brienne, Napoléon, ce petit noble, souffre des inégalités et ira même jusqu'à proposer au directeur de l'école un projet de règlement qui interdirait les démonstrations liées aux privilèges de la fortune[4].
Le 24 février 1785, Charles Bonaparte meurt d'un cancer de l'estomac dans d'atroces souffrances ; le rôle de chef de la famille échoit alors à l'aîné Joseph, mais Napoléon le juge d'un caractère trop faible pour diriger la famille[22]. En septembre, il passe l'examen de sortie de l'école ; l'inspecteur des Écoles, Agathon Guinement, chevalier de Keralio, le juge apte à être affecté à un régiment de la marine, mais la mère de Napoléon refuse et il est finalement intégré à un régiment d'artillerie[23] interrogé par le mathématicien Pierre-Simon de Laplace.
Affectation au régiment d'artillerie de la Fère (1785-1791)
Il est reçu sous-lieutenant (42e sur 58), à l’examen de l’artillerie. Il reçoit son ordre d'affectation au régiment d'artillerie de la Fère alors en garnison à Valence[23],[24], qu'il rejoint le 3 novembre 1785.
L'été suivant, il obtient un congé de six mois à partir du 1er septembre 1786. Le 15 septembre 1786, sept ans et neuf mois après son départ, il repose les pieds sur l’île de Corse à l’occasion de son congé de semestre. Il ne rejoindra son régiment que treize mois plus tard, soit le 30 septembre 1787. Dès novembre 1787, il demande un nouveau congé de six mois, qu'il obtient. Il ne réintégrera son régiment que le 15 juin 1788. Le 1er juin 1788, il s’embarque pour rejoindre son régiment de La Fère en garnison à Auxonne et apprendre son métier d’artilleur. Dans ses loisirs, il travaille assidûment. Ses nombreuses lectures (Plutarque, Tite-Live, Cicéron, Montaigne...), qu’il accompagne de Notes[25] témoignent du sens dans lequel il a dirigé ses études et des sujets qui l’ont particulièrement attiré.
Le 9 septembre 1789, il quitte Auxonne pour un nouveau congé de six mois. Il ne réintègre son régiment que le 11 février 1791. Le 1er septembre 1791, il demande un nouveau congé de trois mois pour ne jamais revenir à son régiment[5].
Premières armes
Lorsque la Révolution éclate en 1789, le lieutenant Bonaparte a dix-neuf ans. Il est présent depuis le 15 juin 1788 au régiment de La Fère, alors à l'école royale d'artillerie à Auxonne dirigée par le maréchal de camp-baron, Jean-Pierre du Teil. Ce dernier lui confie la répression de la première émeute de la faim qui éclate dans la ville le 19 juillet 1789.
En 1791, le lieutenant Bonaparte répond à l'ouverture de l'armée russe aux émigrés français ordonnée par la tsarine Catherine II. Son offre est rejetée car la tsarine, qui se méfie des républicains, est également rebutée par le caractère prétentieux du lieutenant qui demande son intégration dans son armée avec le grade de major[26].
Napoléon retourne à plusieurs reprises en Corse, où les luttes de clans avaient repris, les paolistes soutenant la monarchie à l’anglaise, et les Bonaparte la Révolution. Napoléon se fait élire, dans des circonstances floues (522 voix sur 492 inscrits), lieutenant-colonel du 2e bataillon de volontaires de la Corse à Ajaccio le 1er avril 1792[27]. Les troubles qui suivent cette élection amènent les autorités de l'île à éloigner Bonaparte en lui confiant une mission sur le continent au moment où la France déclare la guerre au roi de Bohême et de Hongrie. Présent ponctuellement à Paris, le jeune officier est spectateur de l’invasion des Tuileries par le peuple le 20 juin 1792 et aurait manifesté alors son mépris pour l'impuissance de Louis XVI. Ce dernier signe, quelques jours plus tard, son brevet de capitaine ; ce sera l'un de ses derniers actes publics.
De retour à Paris, Bonaparte est nommé capitaine le 13 juillet 1792, dans le contexte de la guerre, où l'on a besoin de soldats. De plus, il ne reste que 14 officiers sur 80 dans son régiment, le 4e d'artillerie.
La guerre prend de l'ampleur à l'automne 1792 avec la constitution d'une coalition des monarchies européennes contre la toute nouvelle République française, coalition à laquelle participe le royaume de Sardaigne. C'est à ce poste de commandant en second du bataillon Quenza-Bonaparte que ce dernier fait ses premières armes en février 1793, participant à la tête de l'artillerie à l'expédition de La Maddalena. Malgré l'efficacité et la détermination de Napoléon, l'opération commandée par Colonna Cesari, un proche de Paoli, est un échec cuisant. Cet événement et l’exécution du roi en janvier 1793 attisent la division avec les paolistes, provoquant une révolte des indépendantistes.
Les désaccords entre Paoli et Bonaparte s'accentuent à la suite d'une lettre de Lucien Bonaparte à la Convention pour dénoncer Paoli. Paoli l'apprend, et c'est la rupture entre lui et Bonaparte. La famille de Napoléon, dont la maison a été mise à sac et incendiée le 24 mai 1793[23] par les paolistes, est contrainte de se réfugier dans une autre résidence, leur petite ferme de Milleli. Quelque temps plus tard, le 11 juin 1793, ils décident de quitter l'île précipitamment à destination de la France continentale, Napoléon déclarant « Ce pays n'est pas pour nous », en parlant de la Corse. Cela va faire naître chez Napoléon une véritable rancune envers les Corses, qu'il évitera tout au long de sa vie. Il déclarera, quelques mois avant sa mort en 1821 au maréchal Bertrand : « La Corse n'est pour la France qu'un inconvénient, une verrue qu'elle a sur le visage »[5].
Débarqués en France le 13 juin 1793, les Bonaparte s'installent d'abord près de Toulon, puis dans la région de Marseille, en pleine guerre fédéraliste. La famille qui vient de quitter sa Corse natale a beaucoup de mal à vivre en France, sans argent, sans aucune situation stable. Napoléon Bonaparte, ce jeune capitaine en garnison à Nice, obtient un rappel de solde de 3 000 livres. Il est affecté auprès de l'armée chargée de mater l'insurrection fédéraliste du Midi. Il s'active à approvisionner l'artillerie de Nice en munitions et en poudres durant l'été 1793, ce matériel étant bloqué à Avignon par les girondins.
Le 29 juillet 1793, Bonaparte est à Beaucaire, et c'est à cette période qu'il rédige le fameux Souper de Beaucaire, pamphlet politique pro-jacobin et anti-fédéraliste, dans lequel un militaire discute avec des bourgeois, en leur disant qu'ils doivent se rallier à la Convention nationale. Ce pamphlet sera d'ailleurs utilisé comme instrument de propagande de la Convention.
Le 28 août 1793, alors que Marseille vient d'être reprise par les Républicains jacobins et que la famille Bonaparte s'y installe, Toulon, tenue par les fédéralistes et les royalistes, se livre aux troupes britanniques et espagnoles. L'arsenal, la flotte française est livrée aux anglais.
Siège de Toulon (1793)
Bonaparte est capitaine d’artillerie lorsqu'il se présente au général Carteaux chargé de diriger le siège de la ville. Celui-ci ne l'écoute pas et ne suit pas ses conseils[23]. Bonaparte obtient, à la demande des commissaires Augustin Robespierre et son compatriote Salicetti, le commandement de l'artillerie, avec le grade de chef de bataillon. Bonaparte s'oppose aussi à Louis Fréron, qui, par sa mauvaise gestion des affaires militaires, contribue au lancement de sa carrière. Il rencontre lors de ce siège de jeunes officiers comme Marmont ou Victor et le sergent Junot[23] qui accompagneront la suite de sa carrière. L'artillerie est dirigée par Dommartin, mais Bonaparte est nommé commandant à sa place, le 19 octobre 1793. Le 23 novembre, il parvient, avec ses hommes, à capturer le général anglais Charles O'Hara[23]. Après l'échec d'un assaut contre Toulon, Napoléon soumet un plan d'attaque au général Dugommier, qui a pris le commandement du siège. L'application de ce plan permet la reprise de la ville aux troupes royalistes et britanniques le 18 décembre, après la prise du Petit Gibraltar[23]. Ses ordres contribuent à forcer la flotte britannique à quitter la rade de Toulon et à priver ainsi les insurgés d'un soutien précieux. Il est fait général de brigade le 19 janvier 1794, après avoir refusé au commissaire Augustin Robespierre (frère de Maximilien de Robespierre) son protecteur, le commandement de l'armée de Paris[23]. Augustin dira d'ailleurs à son frère, par une lettre, que Bonaparte est « un mérite transcendant et Corse ». Le nom de « Bonaparte » est désormais connu de Maximilien de Robespierre.
Bonaparte, jeune général victorieux
Après cette victoire, Bonaparte suscite l'admiration auprès de la Convention, mais aussi auprès de la gent féminine. Il se mettra à fréquenter Désirée Clary, qui deviendra sa fiancée[4],[5].
Il obtient une mission de ravitaillement à Gênes le 15 juillet 1794. En réalité il s'agit d'une mission qui vise à se renseigner sur les forces militaires de Gênes. Le 27 juillet 1794 (le 9 thermidor an II), il rentre à Paris, le jour où Robespierre s'écroule.
Ses amitiés avec les jacobins lui valent d’être brièvement arrêté le 9 août 1794 après la chute de Robespierre, à Antibes, au fort Carré[23].
La situation reste mauvaise pour Bonaparte, il rentrera dans la franc-maçonnerie en avril 1795. Il remonte ensuite à Paris, et se présente au ministère de la Guerre qui lui propose d'aller faire de la répression en Vendée, mais Bonaparte refuse, car il a l'esprit tourné vers l'Italie. Pour éviter d'y aller de force, il se présentera malade de la gale, accompagné d'un certificat médical.
Au mois de juillet 1795, il espère aller en Turquie à la demande du sultan pour devenir officier instructeur. Cela échouera, il n'est pas retenu.
Le 15 septembre 1795, il est renvoyé brusquement, (ou il a démissionné, la cause reste encore floue). Désormais sans affectation et sans solde, c'est une catastrophe pour lui. Mais Bonaparte ne tardera pas à reparaître, un certain 5 octobre 1795, le 13 vendémiaire an IV.
Paris et le 13 vendémiaire
Une fois Bonaparte libéré, François Aubry, membre du comité militaire, lui propose en 1795 un commandement en Vendée mais il refuse et lui dit même « on vieillit vite sur le champ de bataille et j'en arrive »[23]. Aubry le met alors en congé, mais sans solde. Par la suite, il erre à Paris sans commandement effectif ; sans argent, il va souvent dîner chez Bourrienne ou chez Mme Panoria Comnène, épouse Permon, une connaissance de Corse, avec Junot, les deux étant devenus inséparables depuis le siège de Toulon[23].
Le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), Barras lui demande de réprimer l’insurrection royaliste contre la Convention nationale[23]. En effet, 25 000 royalistes préparent une insurrection à Paris. À cette occasion, Bonaparte a sous ses ordres un jeune officier, Joachim Murat, chef d'escadron, son futur beau-frère. Ce dernier joue un rôle déterminant, en transférant à temps les canons indispensables depuis les Sablons jusqu'aux abords des Tuileries. La canonnade de Saint-Roch — où les boulets ont été remplacés par de la mitraille plus « efficace » — disperse les forces royalistes, faisant trois cents morts[28].
Quelques jours plus tard, Bonaparte est promu général de division, puis nommé commandant de l’armée de l'Intérieur, succédant à Barras qui devient l’un des cinq membres du Directoire (régime qui succède à la Convention en octobre 1795). Il s'installe alors à Paris, à l’hôtel de la XVIIe division, rue des Capucines[23]. Bonaparte a fait ici une ascension extraordinaire en devenant en quelques semaines seulement, un personnage très important de la capitale.
Bonaparte et Joséphine
Marie Josèphe Rose Tascher de la Pagerie est veuve d’Alexandre de Beauharnais, général de l’armée du Rhin, accusé de s’être rendu au siège de Mayence de 1793 : il a été guillotiné en 1794, tandis qu'elle a été emprisonnée. Alexandre lui avait donné deux enfants : Eugène et Hortense. Joséphine est née en Martinique en 1763 : son père y possédait une plantation de canne à sucre.
Après une première rencontre entre Bonaparte et Joséphine en 1795, une véritable passion naît entre les deux amants.
Très rapidement ils décident de se marier. Bonaparte s'empresse donc d'écrire une lettre de rupture à Désirée Clary, dont la sœur est mariée à Joseph.
Le 9 mars 1796 en retard à la cérémonie, Bonaparte arrive et s’écrie auprès du commissaire chargé de remplacer le maire « Mariez-nous vite », en le réveillant. Le mariage républicain a lieu à Paris dans la mairie du IIe arrondissement (l’ancien) ; il n'y a pas de mariage religieux. Paul Barras, l'ancien amant de Joséphine, est présent. Sur leur certificat, les époux falsifient leur âge, effaçant quasiment leur différence qui est de six ans : Joséphine se donne quatre ans de moins et Bonaparte dix-huit mois de plus. En outre, le mariage n'est pas réglementaire car le commissaire n’est pas habilité à en célébrer[8].
Deux jours plus tard, Bonaparte rejoint son armée d’Italie à Nice, en passant par Marseille pour annoncer à sa mère la nouvelle de son mariage.
La campagne d’Italie (1796-1797)
Le 2 mars 1796, Bonaparte avait obtenu sa promotion de général en chef de la petite armée d'Italie, appelée en principe à ouvrir un simple front de diversion[23]. Officier d’artillerie de formation, il innove à cette époque dans l’utilisation de l’artillerie (canon de Gribeauval) comme force mobile d’appui des attaques d’infanterie. Il sait motiver ses hommes[29] et fait, sur le terrain qu'il avait reconnu en 1793-94, une campagne d’exception qui reste étudiée dans toutes les écoles de guerre.
C'est la première grande campagne de Bonaparte, à laquelle il attachera beaucoup d'importance tout au long de sa vie. Stendhal dira même qu'il s'agit de la période la plus brillante de la vie de Bonaparte. L'armée que l'on confie à Bonaparte n'est pas censée être très importante. Il s'agit d'une campagne de diversion, tandis que deux armées du Rhin bien plus puissantes contournaient les Autrichiens par le nord. Il remportera victoire sur victoire et réorganisera le nord de l'Italie[30].
En un peu plus d’un an, il bat cinq armées autrichiennes, fréquemment à un contre deux, et décide seul du sort de la guerre, les armées françaises du Rhin étant battues par les Autrichiens qui doivent affaiblir leurs troupes sur ce front pour envoyer des renforts en Italie.
Il bat séparément quatre généraux piémontais et autrichiens (dont Colli, von Beaulieu et Argenteau à Millesimo, Montenotte), après s'être emparé du massif de l'Authion avec Masséna, là où les généraux Gaspard Jean-Baptiste Brunet et Jean-Mathieu-Philibert Sérurier avaient échoué, à la baisse de Turini-Camp d'argent, et signe l’armistice de Cherasco avec le premier royaume.
Dans une deuxième phase, il bat une nouvelle armée autrichienne envoyée en renfort et commandée par Sebottendorf à Lodi et Beaulieu à Borghetto. Le 15 mai 1796, le jeune Bonaparte entre dans Milan, à la tête de son armée.
Dans une troisième phase organisée autour du siège de Mantoue, il bat deux nouvelles armées autrichiennes commandées par Quasdanovich et Wurmser dans sept batailles, dont Castiglione, Roveredo. Enfin, les renforts commandés par Alvinczy sont à nouveau battus au pont d’Arcole et à Rivoli.
C'est le 15 novembre 1796, que Bonaparte, âgé de 27 ans se bat aux côtés de ses soldats à la fameuse bataille du pont d’Arcole. Les soldats surprennent l’ennemi autrichien, en marchant au pas de charge. Muiron, l'aide de camp de Bonaparte mourra à Arcole, à l’âge de 22 ans[31].
Tout en organisant l’Italie en républiques sœurs sur le modèle de la République française, il marche sur l’Autriche et signe seul les préliminaires de paix de Leoben. La rue qu'il habitait à Paris s'appelait rue Chantereine. Elle fut rebaptisée rue de la Victoire, nom qu'elle a conservé à ce jour.
Pendant cette campagne, Joséphine s’est rapprochée d’un nouvel homme, le capitaine Hippolyte Charles. Il est son amant peu après son mariage avec Bonaparte.
Campagne d’Égypte (1798-1801)
À son retour d’Italie, en décembre 1797, Bonaparte est accueilli comme un héros par le Directoire qui organise une cérémonie officielle pour célébrer la paix de Campo-Formio. Sa popularité auprès des Français est de plus en plus importante et le 25 décembre 1797, il est élu membre de l'Institut dans la section des arts mécaniques de la classe des sciences physiques et mathématiques. En février 1798, le Directoire soumet à Bonaparte le projet d'une invasion de l'Angleterre. Celui-ci inspecte alors les côtes françaises de Boulogne, Calais et Dunkerque, en vue de la réalisation du projet. Le 23 février 1798, le gouvernement abandonne le projet d'invasion de l'Angleterre sur les conseils de Bonaparte, qui, lui-même influencé par Talleyrand, persuade alors le Directoire de porter la guerre en Égypte, où il pourra couper la route des Indes à la Grande-Bretagne. Le 24 février 1798, le rapport est présenté à Barras. Le 5 mars, inquiet de la popularité de Bonaparte, le Directoire le charge de mener l'expédition en Égypte, avec l'arrière-pensée de s'en débarrasser. De même, l'assemblée électorale des Landes l'ayant choisi pour député en avril 1798, son élection est invalidée le 22 floréal an VI (11 mai 1798), avec celle de cent cinq autres députés, pour l'essentiel jacobins[32].
En avril 1798 est créée l’armée d’Orient, placée sous les ordres de Bonaparte. Le général Bonaparte organise son état-major et choisit, comme en Italie, huit officiers comme aides de camp : Duroc, Beauharnais, Jullien[33], le polonais Sulkowski, Croizier, Lavalette, Guibert et Merlin. Les généraux Kléber, Desaix, Murat, Lannes, Davout, Menou, Caffarelli, Jullien, Andréossy et Dumas l'accompagnent, ainsi que des scientifiques qui formeront l’Institut d'Égypte.
Le 19 mai 1798, Bonaparte quitte Toulon avec le gros de la flotte française et parvient à échapper à la poursuite de la flotte britannique de Nelson. Les Français s’emparent d'abord de Malte, les 10 et 11 juin 1798, pour assurer les communications ultérieures entre la France et l’Égypte. Le 19 juin 1798, après avoir laissé une garnison de 3 000 hommes sur place, la flotte met le cap sur Alexandrie qu’elle atteint le 1er juillet 1798. Après une courte résistance, la ville est prise le lendemain[34][réf. insuffisante].
Bonaparte laisse trois mille hommes à Alexandrie et se dirige vers l’est, en longeant le delta du Nil jusqu’au fleuve qu’il remonte ensuite vers Le Caire. Le premier véritable combat de la campagne d'Égypte a lieu à Chebreiss le 13 juillet 1798 où les cavaliers mamelouks sont défaits, grâce à l’artillerie de l’armée d’Orient. Le 21 juillet, à la bataille des Pyramides de Gizeh, Bonaparte bat à nouveau l’armée des mamelouks. Le 24 juillet, Bonaparte et son armée entrent en vainqueurs au Caire. Les 1er et 2 août, la flotte française est presque entièrement détruite à Aboukir par la flotte de l'amiral Nelson. Désormais, les Britanniques sont maîtres de la Méditerranée et Bonaparte est prisonnier de sa conquête. À la suite de cette défaite, les Turcs déclarent la guerre à la France le 9 septembre, car l'Égypte fait partie de l'Empire ottoman, comme la majorité du Proche-Orient.
Pendant qu’il décide de faire de l'Égypte un véritable État capable de vivre en autarcie, Bonaparte envoie le général Desaix poursuivre Mourad Bey jusqu’en Haute-Égypte, complétant ainsi la soumission du pays. Poussés par les Britanniques et les Turcs, les mamelouks survivants influencent la population du Caire qui se révolte le 21 octobre contre les Français. Cette révolte est impitoyablement réprimée par les troupes françaises. Le calme revient et Bonaparte rétablit la situation en décrétant finalement une amnistie générale, non sans avoir fait couper bon nombre de têtes, exhibées à la foule terrorisée, et canonner la grande mosquée Al-Azhar.
En février 1799, Bonaparte se déplace en Syrie pour affronter les troupes ottomanes que le sultan a envoyées pour attaquer les Français en Égypte. Le 10 février 1799, Bonaparte quitte Le Caire avec son armée et bat les Turcs aux combats d’El-Arich et de Gaza. Le 7 mars 1799, la ville de Jaffa est prise et pillée par les Français. Napoléon ordonne l'exécution de quelque deux mille cinq cents prisonniers turcs qui sont fusillés ou égorgés faute de munitions[35]. Par ce massacre, il espère impressionner ses adversaires. C’est à ce moment-là que la peste apparaît dans les rangs français. Napoléon est favorable à l'euthanasie des soldats agonisants à l'aide de fortes doses d'opium (utilisé pour calmer la douleur), mais son médecin, le baron Desgenettes, s'y oppose énergiquement.
Le 19 mars 1799, Bonaparte met le siège devant Saint-Jean d’Acre. Le 13 avril 1799, les cavaliers de Junot mettent en déroute les cavaliers ottomans à la bataille de Nazareth et le 16 avril 1799, Bonaparte et Kléber écrasent l’armée turque de secours envoyée par le sultan pour libérer le siège de Saint-Jean d’Acre à la bataille du Mont-Thabor. Bien que victorieuse à cette bataille, le 16 avril 1799, l’expédition en Syrie est ensuite décimée par la peste puis arrêtée à Acre.
De retour à Acre, Bonaparte essaie, en vain, du 24 avril au 10 mai 1799, de prendre la ville. Le 17 mai, il décide d’abandonner le siège et retourne en Égypte. Le 14 juin, il arrive au Caire et, dans un retournement de situation, bat les Turcs le 25 juillet à la bataille terrestre d'Aboukir.
La situation du Directoire lui paraissant favorable à un coup de force, Bonaparte, qui n’a plus qu’une armée de terre affaiblie, ayant perdu sa marine, abandonne le commandement de l’armée d’Égypte à Jean-Baptiste Kléber.
Lors de cette campagne, Bonaparte va être accompagné d’un mamelouk qui le suivra pendant de nombreuses années. Il s’agit de Roustam Raza.
Retour à Paris, situation de la France
Il rentre discrètement en France le 23 août 1799 à bord de la frégate La Muiron, abandonnant au général Kléber une armée diminuée et malade. Il débarque à Saint-Raphaël le 9 octobre après avoir échappé aux escadres britanniques pendant les 47 jours de la traversée. Sur le chemin qui le mène à Paris, il est acclamé par la population. Jean-Baptiste Kléber se révèle un excellent administrateur et parvient, le 20 mars 1800, à vaincre les Turcs à la bataille d'Héliopolis. Cette victoire permet à la France de conserver l’Égypte, mais Kléber meurt assassiné, le 14 juin au Caire, le jour même de la victoire de Bonaparte en Italie à la bataille de Marengo. Le successeur de Kléber, le général Menou, capitule le 31 août 1801 devant les forces turco-britanniques après avoir perdu 13 500 hommes, principalement victimes des épidémies au cours des négociations de paix. Les soldats français restants sont rapatriés sur les vaisseaux britanniques vers la France.
Consulat
Coup d’État
Arrivé dans la capitale, le général s’entretient avec Talleyrand, homme politique d’expérience et fin connaisseur des forces en jeu. Le schéma du coup d'État du 18 Brumaire (9 novembre 1799) prévoit les opérations suivantes : Bonaparte aura le commandement en chef de l’armée pour le maintien de l’ordre dans Paris et dans les assemblées. On envisage de déplacer les assemblées au château de Saint-Cloud sous le prétexte d’un péril jacobin. En effet, depuis 1789, les assemblées se trouvent toujours sous la menace de la population parisienne.
L'essentiel des événements se déroule le 19 brumaire à Saint-Cloud. Les révisionnistes avaient envisagé une démission collective des cinq directeurs, mais les assemblées ont du retard car cette idée ne fait pas l’unanimité ; Bonaparte s’impatiente et décide d’intervenir. Il tient un discours maladroit devant le Conseil des Cinq-Cents, discours hué par les députés qui l’accusent de vouloir instaurer la dictature. Bonaparte est alors contraint de quitter l’assemblée. Mais il prend rapidement la situation en main avec l’aide de son frère Lucien qui préside les Cinq-Cents. Lucien évite que Napoléon soit mis en cause par les députés qui veulent voter pour mettre hors-la-loi Bonaparte. Lucien retarde le vote et va chercher Murat, qui vient avec la troupe et met de l’ordre dans les assemblées, disant que certains députés voulaient poignarder Bonaparte pour justifier une intervention de l’armée. Les représentations des députés sortant par les fenêtres et voulant poignarder Napoléon sont très répandues. Bonaparte est de fait l’homme fort de la situation, qui fait basculer un coup d’État parlementaire en un coup d’État militaire. Mais Bonaparte reste attaché aux formes juridiques et, dans la soirée du 19 brumaire, les députés restent à Saint-Cloud pour voter la décision de nommer deux commissions pour préparer une nouvelle constitution. On constate alors une volonté d’appuyer le régime sur le vote des représentants du peuple.
Le 20 brumaire, les trois consuls sont désignés : Bonaparte, Sieyès et Ducos. C’est le début du Consulat.
« La Révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée : elle est finie[36]. »
— Bonaparte, 20 brumaire an VIII
Roger Ducos est tout acquis à Bonaparte, alors que Sieyès lui n’entend pas se résigner à abandonner le pouvoir à Bonaparte seul. Il entend bien jouer un rôle dans le gouvernement du Consulat. Pour contrecarrer son encombrant collègue, Bonaparte, multipliant les provocations, maintient aux portefeuilles ministériels les ennemis de Sieyès en offrant les Relations extérieures à Talleyrand et celui de la Police à Fouché.
Le travail de rédaction de la Constitution est confié officiellement à deux commissions législatives formées de députés des Cinq-Cents et des Anciens. Mais c’est Sieyès qui va proposer un projet. À l’examen, le projet s’avérera trop complexe, voire irréaliste. En effet, il prévoit l’instauration d’un régime démocratique fondé sur un pouvoir législatif fort représenté par trois chambres. L’exécutif sera, quant à lui, réduit à une magistrature à vie purement honorifique et à deux consuls aux fonctions limitées. Bonaparte profite des faiblesses de ce plan pour imposer son propre projet et se débarrasser de son encombrant rival. Du 4 au 13 décembre 1799, il réunit ainsi les deux commissions dans son bureau pour élaborer le texte de la nouvelle constitution.
La Constitution de l’an VIII est adoptée en comité restreint le 13 décembre 1799. Elle s’inspire en partie du projet de Sieyès, mais intègre les idées politiques de Napoléon Bonaparte, notamment concernant le pouvoir exécutif. Sieyès, lui-même, est chargé de désigner les trois consuls de la République : Bonaparte comme Premier consul, puis Cambacérès et Lebrun, comme respectivement 2e et 3e consuls de la République. Sieyès, quant à lui, est « relégué » au poste de président du Sénat.
La Constitution
La Constitution de l’an VIII entre en vigueur le 25 décembre 1799. Bonaparte établit la Constitution sous des apparences démocratiques, mais organise un pouvoir autocratique. Toutes les évolutions du régime ne feront qu’accentuer le caractère autocratique du pouvoir.
Le pouvoir législatif est divisé en trois assemblées (tricamérisme) :
- le Tribunat discute les lois sans les voter ;
- le Corps législatif (ou « Corps des muets ») adopte ou rejette les lois ;
- le Sénat conservateur est chargé de vérifier que la loi est conforme à la constitution.
La préparation de la loi appartient à l'exécutif, par le biais du Conseil d’État, chargé de rédiger les textes législatifs. Le pouvoir fonctionne de manière autoritaire, les procédés de démocratie semi-directe (quelque peu fictive) sont soigneusement organisés et contrôlés. Le consul corrige lui-même les résultats s’ils ne sont pas satisfaisants.
Du Consul à l’Empereur
En 1800, Bonaparte attaque et vainc l’archiduché d'Autriche une nouvelle fois. Battus à Marengo par Napoléon et à Hohenlinden par Moreau, les Autrichiens doivent signer le traité de Lunéville le 9 février 1801, ce qui amène les Britanniques à signer la paix d'Amiens le 25 mars 1802 (4 germinal an X, contresignée deux jours plus tard). Si son pouvoir était fragile au lendemain de Brumaire, la victoire de Marengo et ses suites consolident fortement la situation de Bonaparte.
Le 24 décembre 1800, alors que le Consul et sa famille étaient en route pour aller à l'opéra, ils sont victimes d'une « machine infernale » (bombe) qui les attend rue Saint-Nicaise. Le cocher du Premier consul passe au grand galop. La bombe explose trop tard et seules les vitres du véhicule sont soufflées. Sur place, en revanche, c'est le carnage. On dénombre 22 morts et une centaine de blessés. Fouché, alors ministre de la Police, réussit à prouver que l’attentat est l’œuvre des royalistes, dirigé par un certain François-Joseph Carbon, alors que Bonaparte est persuadé d'avoir affaire aux jacobins.
En 1802, Bonaparte met en branle son grand dessein pour l'Amérique. Il s'agit pour lui, profitant de la paix d'Amiens qui permet la libre circulation de la flotte française dans l'Atlantique, de développer la Louisiane, cet immense territoire qui s'étend sur la rive droite du Mississippi et qui revient de droit à la France depuis la signature secrète du traité de San Ildefonso en 1800.
Pour cela il lui faut une base d'opérations sûre. La colonie de Saint-Domingue est tout indiquée. De cette tête de pont de la France dans le Nouveau Monde, il pourra reprendre pied en douceur à La Nouvelle-Orléans sans brusquer le jeune État américain qui verrait son expansion vers l'Ouest définitivement circonscrite au Mississippi.
Mais à Saint-Domingue, Toussaint Louverture est un obstacle à ce plan. Le général noir est gouverneur général de la colonie au nom de la France depuis 1797 et il est suspecté de connivences avec les États-Unis avec lesquels, au mépris du principe de l'Exclusif, il commerce ouvertement depuis que la prospérité est revenue. D'ailleurs, l'année précédente il a fait voter par les grands planteurs, ses alliés objectifs, une constitution autonomiste qui le proclame gouverneur général à vie et a eu l'outrecuidance de l'envoyer en France pour simple ratification, une fois le fait accompli. Cet acte de rébellion ouverte d'un chef de guerre réputé invincible et fermement accroché à son île tombe à pic pour justifier l'importance des forces commises à l'expédition qui se prépare. Et la raison d'État, froide et impérieuse, justifie également le rétablissement de l'esclavage dans les colonies du Nouveau Monde, étant argué que la grande Louisiane française devra se développer rapidement pour prendre de vitesse Anglais et Américains, ce qu'elle ne saurait faire sans la main-d'œuvre servile qui a si bien fait ses preuves à Saint-Domingue.
Voilà pourquoi deux flottes font voile vers les Antilles, Leclerc, propre beau-frère de Bonaparte, vers Saint-Domingue avec 20 000 hommes et Richepanse vers la Guadeloupe avec 3 400 hommes. Ces chefs sont munis d'instructions secrètes fort explicites rédigées de la main même de Bonaparte. Ils doivent prendre le contrôle militaire des deux colonies et désarmer les officiers indigènes avant de rétablir l'esclavage. Des proclamations sont prêtes, en français et en créole, qui visent à rassurer les populations indigènes de l'attachement personnel de Bonaparte à la liberté. Cette pléthore de précautions démontre que ce dernier avait compris que le succès ou l'échec dépendrait du secret et les faits lui donnèrent raison.
Après une résistance acharnée de trois mois, le vieux Toussaint Louverture, trahi par ses officiers généraux habilement entrepris par Leclerc, dépose les armes. Capturé et déporté en France, il y mourra quelques mois plus tard, au fort de Joux près de Pontarlier. Leclerc peut passer à la deuxième phase du plan et désarmer les officiers de couleur mais Richepance à la Guadeloupe a rétabli l'esclavage sans attendre et la nouvelle de cette trahison de la parole du Premier consul fait basculer Saint-Domingue dans l'insurrection. Le corps expéditionnaire, affaibli par une épidémie de fièvre jaune, recule partout. Leclerc obtient bien près de 20 000 hommes de renfort mais la maladie fauche un tiers des Européens qui touchent ces rivages. Le général en chef succombe lui-même le 2 novembre 1802. Dos à la mer, les débris de son armée seront bientôt contraints à la reddition par les soldats du général Dessalines qui proclamera l'indépendance de l'ancienne colonie sous son ancien nom indien d'Haïti.
Le temps de l'Amérique française est déjà passé. En ce début 1803, la paix avec l'Angleterre vacille et l'océan Atlantique est redevenu une mer hostile. Déclarant forfait, le 30 avril, Bonaparte solde la Louisiane aux États-Unis pour quatre-vingt millions de francs. Le prisonnier de Sainte-Hélène tentera de s'exonérer de ce monstrueux gâchis en prétendant, anachroniquement et fallacieusement[37], avoir été contraint à l'usage de la force par les actes séditieux de celui qui s'adressait à lui comme « le premier des Noirs au premier des Blancs ».
Après que Bonaparte eut étendu son influence sur la Suisse (qui retourne à une organisation décentralisée, après la tentative unitaire de la brève République helvétique (1798-1803) et sur l’Allemagne, une dispute à propos de Malte sert de prétexte aux Britanniques pour déclarer une nouvelle fois la guerre à la France en 1803, et pour soutenir l’opposition royaliste à Bonaparte. Des agents royalistes, dont Jean-Charles Pichegru, sont débarqués clandestinement en France et se mettent en rapport avec Georges Cadoudal et Jean-Victor Moreau. Le complot est rapidement éventé et ses membres arrêtés. Pichegru meurt étranglé dans sa cellule ; les autres sont jugés et condamnés. Cadoudal est exécuté, Moreau banni. Mais le complot fait aussi une victime collatérale : le duc d’Enghien, prince Bourbon. Le Premier consul le fait enlever en territoire étranger, juger sommairement par une commission militaire et exécuter, à la suite de déclarations recueillies auprès de Cadoudal après son arrestation. L’exécution qui se déroule à Vincennes ne suscite pas d’autres protestations que celles du Royaume-Uni, de la Russie et de l’Autriche.
Napoléon se couronne empereur le 2 décembre 1804. À proprement parler, l'Empire naît à la demande du Sénat. Steven Englund se rallie à l'opinion selon laquelle il s'agissait, initialement, de « protéger » la République. Le Consulat abattu, l’ordre se serait effondré avec lui. L'Empire, lui, était une institution scellant la pérennité des valeurs républicaines. Napoléon Bonaparte pouvait mourir : l'hérédité du titre était censée protéger le pays des bouleversements et de la perte des acquis révolutionnaires. C’est ainsi que les monnaies impériales portèrent la mention « Napoléon Empereur - République française » jusqu'en 1808.
En outre, une observatrice avisée de la mise en place du Consulat et de l’Empire, la Comtesse de Rémusat, explique comment des « hommes fatigués des troubles révolutionnaires » aient vu en Bonaparte celui qui les « sauverait des dangers d’une anarchie tumultueuse » et leur apporterait « le repos sous la domination d’un maître habile, que d’ailleurs la fortune semblait déterminée à seconder »[38].
Empire
Symboles impériaux
Le sacre impérial, événement unique dans l’histoire de France, représenté sur le tableau de Jacques-Louis David, Le Sacre de Napoléon, est lourdement chargé en symboles. Le passage de la République à l’Empire nécessite la création d’armoiries impériales, ainsi que la création d’objets symboliques destinés à établir une tradition auparavant inexistante. Napoléon, qui se veut rassembleur, décide d’associer aux symboles de son règne les images qui ont pu représenter auparavant la France, ainsi que les pouvoirs forts européens.
L’aigle est choisie en référence aux aigles romaines, portées par les légions, mais elle est également le symbole de Charlemagne, l’aigle éployée. La couleur rouge du manteau impérial est une référence directe à la pourpre de l’imperium romain. Napoléon se pose ainsi en héritier de l’Empire romain et de Charlemagne.
Les abeilles sont censées rappeler les Mérovingiens (des broches les représentant ayant été retrouvées dans des tombeaux de cette époque), et leur disposition sur les armoiries et le manteau impérial doit rappeler les fleurs de lys des Capétiens. La main de justice, utilisée par les Capétiens lors des sacres royaux, doit faire apparaître que l'Empereur est l’héritier de leur pouvoir. Napoléon veut montrer qu’il est le fondateur de la « quatrième dynastie », celle des Bonaparte, après les Mérovingiens, les Carolingiens, et les Capétiens. D’autres symboles utilisés pendant le sacre sont chargés de valeurs morales. Ainsi Napoléon tient-il un moment le globe de Charlemagne ; il porte la couronne de ce même empereur (ces deux éléments ayant été forgés de toutes pièces avant le sacre). Son épée et son sceptre sont dits « de Charlemagne » : ils ont été en réalité utilisés depuis plusieurs siècles par les Valois puis les Bourbons lors de leurs sacres.
Le pape, présent à la cérémonie n'est ici que pour bénir son règne.
Napoléon et l’Église
La signature du Concordat par le Premier consul en 1801 reconnaît le catholicisme comme la religion « de la majorité des Français », et non plus comme religion d’État. Les prêtres reçoivent désormais un traitement de la part de l’État. Afin de montrer sa puissance, Napoléon ne va pas se faire sacrer à Rome, comme autrefois Charlemagne et les empereurs germaniques (jusqu'au XVe siècle) ; c'est le pape Pie VII que l’on fera venir à Paris. Napoléon l’accueille en forêt de Fontainebleau, à cheval et en habit de chasse, voulant faire croire au caractère fortuit de la rencontre.
Le rapprochement entre Napoléon et l’Église est le fruit d’un calcul politique de la part de l'Empereur. Au-delà de la valeur morale qu’a pu avoir un sacre religieux aux yeux des catholiques, de la valeur symbolique d’un couronnement pontifical rappelant le sacre des empereurs germaniques, Napoléon se place à l’égal, voire au-dessus des rois européens comme successeur de Charlemagne et des empereurs de la Rome antique. La présence du pape au sacre donne une dimension morale et légitime supplémentaire à l’Empire. Celui-ci n’est plus simplement le fruit d’une révolution, c’est un couronnement divin comme celui des autres souverains européens mais qu’aucun d’eux ne peut égaler. Napoléon se place au même niveau que le souverain du Saint-Empire romain germanique avant de le dépasser pour devenir l'unique empereur en Europe. François II l'avait d'ailleurs bien compris puisqu'après la proclamation de l'Empire français, il décrète que l'Autriche, alors archiduché, devient aussi un empire.
La présence du pape est donc davantage un message aux pays européens qu’une profession de foi catholique de la part de Napoléon. Napoléon, d’ailleurs peu sensible au sort du pape, le retient plus tard prisonnier à Fontainebleau. Dans l’idée d’affirmer la puissance de la France dans le domaine spirituel, il envisagea même de transférer la résidence du pape de Rome à Paris, avant d’abandonner cette idée.
À la fin de sa vie, Napoléon recevra l'extrême-onction des mains de l'abbé Jean-François de Kermagnan.
Napoléon et l’économie
Napoléon met en place de nombreuses réformes dans le domaine sociétal et économique. Il est à l'origine de la construction de la Bourse de Paris et de ses principales réglementations. Il institue en particulier le Code civil, appelé aussi « Code Napoléon », promulgué le 21 mars 1804 (30 ventôse an XII), qui reprend une partie des articles de la Coutume de Paris et du droit écrit du Sud de la France, en protégeant le droit des obligations et des contrats. Il pousse aussi au développement des usines de coton, installées dans les biens nationaux, alors que les guerres ont suscité un besoin de textiles pour habiller les armées. C'est l'industrie qu'il souhaite encourager le plus. Proche de Gabriel-Julien Ouvrard, un prestigieux négociant et munitionnaire, qui exploite à Nantes des licences d'importation, ses projets industriels subissent cependant les conséquences du blocus continental, décret napoléonien qui prétend interdire le continent européen à tout navire ayant touché un port anglais. Alors que le Portugal, pays neutre, permet de se procurer du coton brésilien, via des négociants français[39] l'émigration au Brésil de la famille royale portugaise, en 1807, pour fuir l'armée française de 30 000 hommes commandée par Jean-Andoche Junot qui fait marche sur le Portugal, a déclenché des mesures de rétorsion contre la France, privée du coton brésilien.
Napoléon soutient également les industries d'art. Il recrée en 1804 le Garde-Meuble, institution chargée de l'ameublement des palais impériaux, et, par son entremise, il fait travailler menuisiers et ébénistes parisiens. Il se montre particulièrement attentif à eux lors des crises de 1807 et de 1810-1811[40].
Napoléon et les femmes
Bien que marié deux fois, Napoléon cultive tout au long de sa vie plusieurs maîtresses (cinquante-et-une d'après certains historiens) qui lui donnent des enfants illégitimes. Cette descendance a une importance à ses yeux, le confortant dans son idée qu'il n'est pas stérile. Deux maîtresses vont jouer un grand rôle dans sa vie.
La première grande maîtresse de Napoléon est Éléonore Denuelle, dame du palais et lectrice de sa majesté impériale Joséphine : elle lui donne son premier enfant le 13 décembre 1806, qui est prénommé Léon[31].
La seconde, il la rencontre pendant la campagne de Pologne. Le 1er janvier 1807, l'Empereur entre à Varsovie, une jeune femme se fraie un chemin jusqu'à lui, il s'agit de Marie Laczynska, comtesse Waleswka, âgée de vingt-six ans, épouse d'un vieil homme, Anastase Walewski[4]. Lors d'un bal donné en l'honneur de l'Empereur, les Polonais souhaitent que Marie Walewska se retrouve dans son lit : ils forment ainsi le vœu que le sort de la Pologne, partagée entre la Russie, la Prusse et l'Autriche, puisse changer avec l'aide de Napoléon. D'abord très réticente, elle finit par être amoureuse de l'Empereur et lui donne un fils, Alexandre, né le 4 mai 1810[41].
Quant à ses épouses, il en a deux : l'une dont il est très amoureux, Joséphine de Beauharnais, et une autre, Marie-Louise d'Autriche, qui n'est qu'une épouse politique, chargée de lui donner un héritier pour le trône impérial.
Aux dires de Joséphine, Napoléon n'a aimé que deux femmes : elle-même et la comtesse Walewska[4].
L’Empire victorieux
En 1804, l’heure n’est donc pas encore aux vastes conquêtes, et, persuadé depuis longtemps que le seul moyen d’obtenir une paix définitive est de neutraliser le Royaume-Uni, Napoléon met au point, avec l’amiral Latouche-Tréville (qui mourra avant d’avoir pu l’exécuter), un plan visant à l’invasion du Royaume-Uni. Cette ambition sombre définitivement à la bataille de Trafalgar, où la flotte franco-espagnole commandée par l’amiral de Villeneuve est détruite par celle de l’amiral Nelson. Le Royaume-Uni y gagne la domination des mers pour le siècle à venir.
En 1805, la Troisième Coalition se forme en Europe contre Napoléon. L’Empereur qui, à Boulogne, supervisait les préparatifs en vue de l’invasion du Royaume-Uni, doit faire face à une guerre soudaine, et à l’autre bout de l’Europe. Il mène une offensive immédiate, acheminant la Grande Armée en Autriche à marche forcée, et s’assure une brillante victoire contre l’Autriche et la Russie le 2 décembre 1805 à la bataille d’Austerlitz, dite « bataille des Trois-Empereurs ».
En 1806, la Prusse provoque un nouveau conflit. La campagne que mène Napoléon (« l’Esprit en marche », selon Hegel) est impressionnante de rapidité : il balaie l’armée prussienne à la bataille d'Iéna (doublée de la victoire de Davout à Auerstaedt où, avec 30 000 hommes, le Maréchal Davout bat les 63 500 Prussiens qui l'assaillent). L’année suivante, Napoléon traverse la Pologne, remporte une victoire sur les Russes à Friedland et finit par signer, à Tilsit, au milieu du Niémen, au cours d'une entrevue dont la mise en scène est conçue pour frapper les esprits, un traité avec le tsar Alexandre Ier, qui divise l’Europe entre les deux puissances.
Pourtant formé dans les écoles et par les maîtres de l’Ancien Régime, officier de l’armée royale, Napoléon brise les anciennes conceptions militaires. Il ne s’agit plus pour lui de livrer une guerre de siège à l’aide de 30 000 à 50 000 hommes, mais de rechercher la bataille décisive, engageant plus de 100 000 hommes s’il le faut. Son objectif n'est pas de rester maître du champ de bataille, mais d’anéantir l’ennemi.
En 1808, Napoléon crée la noblesse d’Empire : bientôt ses maréchaux et généraux arboreront des titres de comte d’Empire, prince de Neuchâtel, duc d’Auerstaedt, duc de Montebello, duc de Dantzig, duc d’Elchingen, roi de Naples.
Du 27 septembre au 14 octobre 1808, Napoléon donne rendez-vous à Alexandre Ier à Erfurt, pour un nouveau traité, afin qu’ils s’unissent contre l’empire d'Autriche qui menace de redéclarer la guerre à la France. Le tsar refuse en préférant que ce traité soit établi dans le but de renouveler l’alliance qui s’était forgée entre eux l’année précédente à Tilsit ; cela permet en fait à Napoléon de s’assurer encore plus longtemps de la fidélité d’Alexandre. Mais c'est un échec car l'empereur s'aperçoit bientôt de la trahison de Talleyrand, qui avait approché le tsar en lui conseillant de résister à Napoléon, même s'il était séduit.
Campagnes de la péninsule Ibérique et d’Autriche
Guerre d'Espagne
En réponse à l’attitude britannique vis-à-vis des navires de commerce français, Napoléon tente d’imposer le blocus continental, qui vise à asphyxier l’industrie et le commerce britanniques, par le décret de Berlin du 21 novembre 1806. Le Portugal, vieil allié des Britanniques depuis le traité de Methuen (1703), est resté neutre depuis la rupture de la paix d'Amiens. Au travers de pressions diplomatiques, d'alliance resserrée avec l'Espagne voisine, et de concentration de troupes sur les Pyrénées durant l'été 1807, Napoléon menace le Portugal d'invasion s'il n'applique pas le blocus continental. Devant le silence portugais, les armées françaises envahissent le Portugal (novembre 1807), commandées par le général Junot et s'installent également en Espagne, en allié, pour assurer un appui à cette opération selon le traité de Fontainebleau. La cour et le gouvernement portugais se réfugient à Rio de Janeiro avec le soutien de la flotte britannique et le Brésil devient le siège du royaume jusqu'en 1821.
À partir de l'automne 1807, des tensions augmentent à la tête du royaume d'Espagne : le roi Charles IV menace son fils et héritier Ferdinand, qui est opposé à la mainmise du chef du gouvernement, Manuel Godoy, sur le couple royal et sur la politique de l'Espagne. Napoléon considère alors l'Espagne, alliée décevante dans la guerre contre la Grande-Bretagne, comme mûre pour un changement dynastique. Cette perspective panique la monarchie espagnole et Godoy. En mars 1808, le soulèvement d'Aranjuez place Ferdinand sur le trône, à la suite de l'abdication forcée de son père. Napoléon se positionne alors en arbitre de la famille des Bourbons d'Espagne, et profite de leur querelle pour leur imposer à Bayonne leur abdication complète. Napoléon place sur le trône espagnol son frère Joseph, remplacé à Naples par Joachim Murat, époux de Caroline Bonaparte. La population espagnole se soulève : la guerre d'Espagne commence et va durer six ans. L'armée britannique commandée par le futur duc de Wellington débarque au Portugal et les Français connaissent des revers sérieux (capitulation de Baylen en Espagne, bataille de Vimeiro au Portugal) durant l'été 1808. Avec l’aide des patriotes espagnols, les Anglo-Portugais poussent peu à peu l’armée française hors de la péninsule Ibérique.
Napoléon a reconnu par la suite qu'il avait commis une grave erreur en lançant la campagne d'Espagne : « Cette malheureuse guerre m'a perdu ; toutes les circonstances de mes désastres se rattachent à ce nœud fatal. Elle a compliqué mes embarras, divisé mes forces, détruit ma moralité en Europe »[42]. De même, concernant Joseph, incapable d'être chef d’État et de maintenir l'ordre : « C'était l'homme le plus incapable et précisément l'opposé de ce qu'il fallait »[43].
Guerre contre l'Autriche
Alors que les meilleures troupes de l’armée française sont engagées en Espagne, l’empire d'Autriche attaque une nouvelle fois la France en Allemagne et en Italie. Le maréchal Lannes, compagnon et ami de Napoléon, périt à la bataille d'Essling qui apparaît comme le premier grand revers de Napoléon, puisque ses troupes doivent abandonner le champ de bataille pour se réfugier sur l'île de Lobau, sur le Danube, pour se reposer et se renforcer[c]. L'armée autrichienne est finalement vaincue lors de la bataille de Wagram en juillet 1809.
Cette année 1809 a augmenté le sentiment de vulnérabilité du régime impérial : Napoléon a d'abord été blessé — légèrement au pied — à la bataille de Ratisbonne, en avril 1809, rappelant sa vulnérabilité comme commandant en chef lors d'une bataille, puis a échappé à une tentative d'assassinat par Frédéric Staps lors d'une revue des troupes à Schönbrunn, le 12 octobre 1809, à l'époque de la conclusion de la paix avec l'empire d'Autriche. La vulnérabilité du souverain français renforce le principe d'assurer un héritier direct à l'Empire. Le divorce de Joséphine est alors inéluctable, d'autant que Napoléon sait que la stérilité du couple n'est pas de son fait, depuis la naissance du petit Léon, fruit d'une liaison en 1806, et de la grossesse toute récente de Marie Walewska, autre liaison initiée lors de la campagne de Pologne en 1807, venue à Vienne lors des négociations de paix (l'enfant, Alexandre Walewski, naît en mai 1810).
Napoléon, souverain du « Grand Empire »
Quelques mois après la paix de Schönbrunn, le 2 avril 1810, Napoléon épouse l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, fille aînée de son dernier ennemi. Le 20 mars 1811, elle lui donne un fils, au terme d'un accouchement long et douloureux, et cet enfant est baptisé « Napoléon François Charles Joseph » et on lui donne le titre de roi de Rome.
Au début de l'année 1812, le « Grand Empire » compte 134 départements, de Hambourg à Rome et Barcelone, ainsi que les Provinces illyriennes et une population de 70 millions d’habitants (dont 30 seulement sont de la France de 1793), et compte plusieurs états vassaux (le royaume d'Italie, le royaume de Naples, le royaume d'Espagne, la Confédération du Rhin avec le duché de Varsovie, la Confédération suisse, la principauté de Lucques et Piombino, la principauté d'Erfurt, la ville libre de Dantzig et enfin Corfou, île de république des Sept-Îles encore sous contrôle français). L’Empire est alors à l'apogée de son extension territoriale, bien que ses colonies outre-mer soient tombées sous le contrôle des Britanniques.
Campagnes de Russie et d’Allemagne
Alexandre Ier, poussé par la noblesse russe acquise aux Britanniques, refuse de coopérer avec Napoléon pour porter le coup final au Royaume-Uni. Napoléon, croyant la guerre inévitable, envahit la Russie en 1812. La Grande Armée, grossie de contingents italiens, allemands et autrichiens, devient gigantesque : ce sont 600 000 hommes qui franchissent le Niémen. Les Russes, dirigés par Koutouzov, appliquent la stratégie de la « terre brûlée », reculant sans cesse devant les troupes françaises. La bataille de la Moskova, le 12 septembre, est indécise. Bien que les Russes abandonnent le terrain, les pertes sont presque équivalentes dans les deux camps.
Dès le lendemain de l’entrée des troupes françaises dans Moscou, les Russes incendient la ville. Napoléon, espérant une démarche de la part d’Alexandre, s'attarde à Moscou. Lorsqu'il donne le signal de la retraite, l'hiver est dangereusement proche. La Grande Armée entame une course désespérée vers l’Allemagne à travers les régions dévastées qu’elle a parcouru à l’aller. Le froid, la neige et les Cosaques provoquent d'effroyables pertes. Des 600 000 hommes qui entrèrent en campagne, seuls quelques dizaines de milliers franchissent la Bérézina. La Grande Armée est détruite.
Encouragés par ce dramatique échec, les rois reprennent les armes contre la France. Malgré deux victoires remportées en Allemagne (Bautzen et Lutzen), une partie de ses alliés allemands trahit Napoléon sur le champ de bataille même de la bataille de Leipzig, aussi appelée « bataille des Nations », qui voit s’opposer 180 000 Français à 300 000 alliés (russes, autrichiens, prussiens, suédois). La défaite subie ce jour-là est décisive. Le maréchal Poniatowski, prince polonais et neveu de Stanislas II, dernier roi de Pologne, y perd la vie en tentant de traverser l’Elster avec ses hommes. On dénombre 100 000 morts et blessés.
Campagne de France et première abdication
En 1814 se forme une alliance entre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, l'Empire russe, le royaume de Prusse et l’empire d'Autriche. Malgré une série de victoires (batailles de Champaubert, Montmirail, etc.) remportées par Napoléon à la tête d’une armée de jeunes recrues inexpérimentées (les « Marie-Louise »), Paris tombe le 31 mars et les maréchaux forcent l'Empereur à abdiquer. L’intention de Napoléon était de le faire en faveur de son fils (Napoléon II), mais les puissances alliées exigent une abdication inconditionnelle, qu'il signe le 6 avril 1814.
Napoléon, qui pense que les alliés vont le séparer de l’impératrice Marie-Louise d'Autriche et de son fils le roi de Rome, prend, dans la nuit du 12 au 13 avril, une dose du « poison de Condorcet » qui doit lui permettre de se suicider. On a longtemps cru qu'il s'agissait d’opium dans un peu d’eau, le docteur Hillemand pensant qu'il s'agit d'une absorption accidentelle trop grande d'opium destinée à calmer les douleurs abdominales[44] mais il semblerait que ce ne soit pas le cas[45]. Les troubles et la nature du malaise de Napoléon ne correspondent pas à une intoxication par l'opium. S'il choisit cette façon de mourir, c'est qu'il pense que son corps sera par la suite exposé aux Français : il veut que sa garde reconnaisse le visage calme qu’elle lui a toujours connu au milieu des batailles. Toujours est-il qu'il fait appeler Armand de Caulaincourt pour lui dicter ses dernières volontés[46].
En plein malaise, l’Empereur se plaint du lent effet de la substance qu’il a avalée. Il déclare à Caulaincourt : « Qu’on a de peine à mourir, qu’on est malheureux d’avoir une constitution qui repousse la fin d’une vie qu’il me tarde tant de voir finir ! »[47]. Les nausées de Napoléon sont de plus en plus violentes, il se met à vomir. À la venue du docteur Alexandre-Urbain Yvan, Napoléon lui demande une dose de poison supplémentaire mais le docteur refuse, en disant qu’il n’est pas un assassin et qu’il ne fera jamais une chose allant à l'encontre de sa conscience. Le docteur a lui-même une crise de nerfs, s'enfuit à cheval, et personne ne le revoit plus. L’agonie de l’Empereur se poursuit, Caulaincourt sort de la pièce pour demander au valet de chambre et au service intérieur de garder le silence. Napoléon rappelle Caulaincourt en lui disant qu’il préfère mourir plutôt que de signer le traité. Les effets du poison se dissipent et l’Empereur peut reprendre ses activités normales[d].
Il est, par la suite, déchu par le Sénat le 3 avril et exilé à l’île d’Elbe, selon le traité de Fontainebleau signé le 11 avril, conservant le titre d’Empereur[e] mais ne régnant que sur cette petite île. Son convoi de Fontainebleau jusqu'à la Méditerranée avant son embarquement pour l'île d'Elbe passe par des villages provençaux royalistes qui le conspuent, il risque d'être lynché à Orgon, ce qui l'oblige à se déguiser[48].
Les Cent-Jours
En France, Louis XVIII écarte « Napoléon II » et prend le pouvoir. Napoléon s’inquiète du sort de sa femme et surtout de son fils qui est aux mains des Autrichiens. Le gouvernement royaliste refuse bientôt de lui verser la pension promise et des rumeurs circulent quant à sa déportation vers une petite île de l’océan Atlantique sud. Napoléon décide donc de retourner sur le continent pour reprendre le pouvoir.
La route Napoléon et le « Vol de l’Aigle »
1er mars 1815 : débarqués à Golfe-Juan, Napoléon et sa petite troupe gagnent Cannes où ils arrivent tard et d’où ils repartent tôt.
2 mars : voulant éviter la voie du Rhône qu’il sait hostile, Napoléon fait prendre alors la route de Grasse pour gagner, par les Alpes, la vallée de la Durance. Au-delà de Grasse, la colonne s’engage dans de mauvais chemins muletiers et s’arrête à Saint-Vallier, Escragnolles, et Séranon.
3 mars : après une nuit de repos, la troupe gagne Castellane ; dans l’après-midi, elle atteint Barrême.
4 mars : Napoléon trouve à Digne la route carrossable et fait étape le soir au château de Malijai, attendant avec impatience des nouvelles de Sisteron dont la citadelle, commandant le passage étroit de la Durance, peut lui barrer la route.
5 mars : Sisteron n’est pas gardée et Napoléon y déjeune, puis quitte la localité dans une atmosphère de sympathie naissante. Le soir, il arrive à Gap et y reçoit un accueil enthousiaste.
6 mars : il couche à Corps.
7 mars : il gagne La Mure, puis trouve en face de lui, à Laffrey, des troupes envoyées de Grenoble. C’est ici que se situe l’épisode fameux que commémore aujourd’hui un monument dans la « prairie de la Rencontre ». Le soir même, Napoléon fait son entrée à Grenoble aux cris de « Vive l’Empereur ».
Les armées envoyées pour l’arrêter l’accueillent en héros partout sur la route qui porte aujourd'hui son nom. Le maréchal Ney, qui avait juré à Louis XVIII de lui ramener Bonaparte dans une cage de fer, s’incline devant son ancien souverain, ce qui lui vaudra d’être le seul maréchal exécuté pour trahison lors de la Seconde Restauration. Napoléon arrive sans coup férir à Paris. Cette montée à Paris est connue comme le « Vol de l’Aigle », inspiré des paroles de Napoléon : « L’Aigle volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame ». En 1932, la route Napoléon sera inaugurée entre Golfe-Juan et Grenoble. Des aigles volants jalonnent ce parcours.
Retour au pouvoir et défaite finale
La fuite de Louis XVIII et le retour de Napoléon aux Tuileries le 20 mars 1815 marquent le début de la période dite des Cent-Jours. Napoléon fait établir l’Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire (rédigé le 22 avril 1815, approuvé le 1er juin). Une Chambre des représentants est élue.
La bataille de Waterloo
Sur le plan international, Napoléon affirme ses volontés pacifiques, mais les alliés n’acceptent pas ce retour et reprennent les armes contre la France. Les grandes puissances européennes telles que l'Angleterre, la Prusse et l'Autriche, dont les représentants s'étaient réunis à Vienne, décident de relancer la guerre contre l’Empereur qu’elles considèrent comme « Hors la loi des Nations ». Les Alliés envoient massivement des troupes en Belgique.
Le 18 juin 1815 a lieu la bataille de Waterloo, au sud de Bruxelles, où Napoléon se prépare à affronter la coalition. Napoléon doit battre les armées prussiennes de Blücher et les armées anglaises de Wellington[31].
Napoléon donne à Grouchy la mission de s'occuper des Prussiens, et Ney de s’occuper des Anglais.
Les deux commandants auront du mal à s'entendre dans leur stratégie, et enchaîneront les erreurs. La jonction des armées prussiennes et britanniques, que ne peut empêcher le maréchal Grouchy, a raison des troupes impériales. Ney, lent, et mauvais dans ses mauvais choix, va faire perdre la cavalerie. Napoléon sent que l’issue de la bataille est la défaite. Après dix heures de bataille[49], les Français reculent. L'armée française organise sa retraite par la route de Charleroi[31]. Cette défaite oblige Napoléon Ier à abdiquer pour la seconde fois, le 22 juin 1815.
Il rentre à l'Élysée le 21 juin. Le 22, il abdique, déclarant par écrit : « Je m’offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France », et « je proclame mon fils, sous le nom de Napoléon II, empereur des Français »[50]. Devant le rapprochement de Paris des armées de la Septième Coalition, il quitte le palais le 25 pour le château de Malmaison puis le 29 prend la route incognito en calèche isolée (habillé en bourgeois) pour Rochefort, puis Fouras, où l'attendent deux frégates La Saale et La Méduse, souhaitant rejoindre les États-Unis. Le 8 juillet, il embarque pour l'île d'Aix et monte à bord de La Saale. François Ponée[f], commandant de La Méduse, offrit à l'empereur de combattre le HMS Bellerophon, pendant que La Saale commandée par Pierre Philibert passerait[51],[52]. Mais Philibert refusa de jouer ce rôle qui lui était réservé[g]. Joseph Fouché, président du gouvernement provisoire, alerte les Britanniques sur les risques de fuite de Napoléon. Plusieurs corvettes anglaises escortant le vaisseau le Bellerophon sont dépêchées dans le pertuis d'Antioche, contraignant Napoléon à négocier.
Demandant l'asile au « plus constant de ses ennemis », l'Angleterre, il est d'abord pris en charge par le Bellerophon, puis transféré le 7 août 1815 sur le Northumberland qui le déposera à Sainte-Hélène. On ne lui donne pas l'occasion de poser le pied en Angleterre, les ministres britanniques voulant absolument éviter que Napoléon puisse demander le droit d'asile en invoquant l’Habeas corpus.
Le retour de Napoléon et sa défaite finale rendent encore plus précaire la situation internationale de la France. Celle-ci est traitée plus durement par les alliés en 1815 que lors des traités de Vienne. Napoléon laisse en effet une France exsangue. Démographiquement, elle a perdu environ 1 700 000 hommes depuis 1792, dont la majorité pendant les guerres napoléoniennes. Elle est économiquement ruinée. Ses ports et ses arsenaux le sont également. Le pays a perdu toutes les colonies qui lui restaient de l’Ancien Régime. Son influence internationale, mise en place depuis Richelieu et Louis XIV, est réduite à néant. Le territoire national est ramené à une étendue moindre que sous Louis XVI. La Sarre et les villes de Marienbourg, Philippeville et Landau, acquises sous Louis XIV, sont cédées aux coalisés. De plus ce territoire est occupé, et le pays doit payer une lourde indemnité de guerre pour l’entretien des troupes étrangères établies sur son sol.
Exil à Sainte-Hélène et mort
Napoléon est déporté et emprisonné par les Britanniques sur l’île Sainte-Hélène, commandée d'abord par l'amiral Cockburn puis par Sir Hudson Lowe. L'Empereur est accompagné d'une petite troupe de fidèles, parmi lesquels le grand maréchal du palais Bertrand, le comte de Las Cases, le général Montholon, et le général Gourgaud. Il se consacre à l’écriture de ses mémoires qu'il dicte à Las Cases. Il essaye aussi d’apprendre l’anglais ; il reçoit plusieurs visiteurs de passage à Sainte-Hélène, qui est alors une escale importante pour tout navire contournant l'Afrique. Une fois installé à Longwood, il évite de sortir car Lowe a donné l’ordre que l’empereur doit être partout sous garde.
Sur ce rocher, Napoléon se fera ami avec une jeune Anglaise d'un quinzaine d'années, Betsy Balcombe. Elle fait partie des derniers amis de l'Empereur, avant son retour en Angleterre en 1818. Elle emportera avec elle, une mèche de ses cheveux[53].
Napoléon tombe progressivement malade et s’affaiblit. Dès janvier 1819, son état est critique mais plus ou moins bien diagnostiqué et soigné par les médecins présents sur l'île[54]. Dans la seconde moitié du mois d’avril 1821, il écrit lui-même ses dernières volontés et plusieurs codicilles, une quarantaine de pages au total.
Napoléon meurt un samedi, le 5 mai 1821, « à 17 heures et 49 minutes », rendant ainsi « le plus puissant souffle de vie qui eut jamais agité l'argile humaine » (Chateaubriand). Ses derniers mots sont : « France, armée, Joséphine », ou, selon les mémoires de Sainte-Hélène : « tête… armée… Mon Dieu ! ». Nerval, dans son poème À la mort de l’Exilé, note : « Les dernières paroles de Napoléon mourant furent : « Mon Dieu et la nation française… française… mon fils… tête armée ». On ne sait ce que signifiaient ces mots. », et une version courante affirme qu’il aurait dit en fait : « tête d’armée », ce qui est bien moins énigmatique.
Hudson Lowe, gouverneur anglais de l’île Sainte-Hélène et geôlier de Napoléon, déclara devant son lit de mort :
« Messieurs, c’était le plus grand ennemi de l’Angleterre, c’était aussi le mien. Mais je lui pardonne tout. À la mort d’un si grand homme, on ne doit éprouver que tristesse et profond regret. »
Les causes de sa mort ont immédiatement fait l'objet d'une controverse : les médecins anglais ont officiellement conclu à une mort des suites d'un cancer de l'estomac, mais François Antommarchi, médecin corse arrivé sur place en 1819, refusa de souscrire à ces conclusions après son autopsie détaillée — laquelle avait été commandée à l'avance par L'Empereur — qui montra, entre autres, une rate, un foie et une vésicule biliaire très dégradés, un estomac plein d'ulcères et un ulcère perforé miraculeusement obturé par le foie[55]. La mort de Napoléon résulterait donc de la combinaison d'une hépatite chronique ancienne, d'un ulcère de l'estomac lié au stress évoluant jusqu'à la perforation, d'une dégénérescence de cet ulcère en carcinome et, cause immédiate, l'aggravation du tout par une médication aberrante (antimoine et mercure, le coup de grâce ayant été porté par le médecin anglais Arnott qui inflige au malade une dose extravagante de 10 grains de calomel alors que la dose normale est de un ou deux grains, ce qui provoque une sévère hémorragie stomacale qui sera fatale[54]. Une vive discussion oppose alors les différents médecins et les officiels, dont résulte une sorte de compromis politique présentant « le squirre cancéreux au pylore » comme la cause de la mort, ce qui permet d'imputer la mort de Napoléon à une prédisposition familiale, donc à une mort des plus naturelles, puisque son père et sa sœur Élisa sont morts de cette même maladie[54].
En raison des divergences d'opinions qui se manifestent dans les récits ultérieurs des uns et des autres, la cause de la mort de Napoléon a fait l'objet de diverses théories. Une hypothèse fréquemment avancée est celle d'un empoisonnement délibéré de Napoléon au trioxyde d'arsenic. Cette théorie, avancée pour la première fois par le stomatologue suédois Sten Forshufvud est rejetée par un grand nombre d’historiens [54]. L’historien médiéviste Michel Pastoureau avance par exemple que de l'arsenic était présent dans les papiers peints et tentures teintes en vert qu'affectionnait l'Empereur et utilisées à Longwood[56]. Toutefois, à la suite de nouvelles analyses, le Dr Pascal Kintz, président de l’Association Internationale des Toxicologues de Médecine Légale, écrit dans son article Trois séries d'analyse des cheveux de Napoléon confirment une exposition chronique à l'arsenic(24/01/2008) que « Compte tenu de ces données scientifiques, nous pouvons conclure que Napoléon a bien été la victime d'une intoxication chronique à l'arsenic minéral, donc à la mort-aux-rats ». Ces conclusions sont également partagées par l’International Museum of Surgical Sciences et l’International College of Surgeons de Chicago[57].
Sa mort, en 1821, ne met pas fin à sa légende. En effet, des historiens ont montré l'existence d'une rumeur, persistante jusqu'au début de la Troisième République, selon laquelle l’Empereur ne serait pas mort[58]. Signe de l'attachement du monde rural au mythe d'un Napoléon Sauveur, d'incessantes rumeurs parcourent en effet les campagnes françaises depuis la fin de la Restauration jusqu'à 1870, accréditant le bruit que l'Empereur, toujours en vie, serait sur le point de revenir au pouvoir pour préserver les acquis égalitaires de la Révolution française[59],[60].
Retour de ses cendres en France (1840)
Napoléon demanda à être enterré sur les bords de la Seine, mais lorsqu’il mourut en 1821 il fut inhumé à Sainte-Hélène.
Dix-neuf ans après la mort de Napoléon, le roi Louis-Philippe Ier put obtenir du Royaume-Uni la restitution des cendres de Napoléon. L’exhumation du corps eut lieu le 15 octobre 1840 et Napoléon quitta définitivement l'île de Sainte-Hélène le dimanche 18 octobre 1840[61]. Son corps fut rapatrié triomphalement à Paris, au milieu d'une foule innombrable[62], et enterré aux Invalides, dans « un grand sarcophage […] de porphyre rouge — en fait du quartzite aventuriné de Finlande, proche du porphyre — posé sur un socle de granit vert des Vosges »[63],[h]. Le socle en marbre noir provient de la carrière de marbre de Sainte-Luce. Le transport de ce bloc de 5,5 mètres de long, 1,20 mètre de large et 0,65 mètre d'épaisseur, ne se fit pas sans peine[64].
Après 1854, l’empereur Napoléon III négocia avec le gouvernement britannique l’achat de Longwood House et de la vallée du Tombeau (Sainte-Hélène), qui devinrent propriétés françaises en 1858 et sont gérées depuis par le ministère des Affaires étrangères.
État de santé de Napoléon
Si la mort de Napoléon a mis en avant les problèmes de santé dont il souffrait durant son exil à Sainte-Hélène, toute sa vie cependant fut marquée par des désordres pathologiques plus ou moins graves.
Lors de son autopsie on mesura sa taille qui était de 5 pieds, 2 pouces, 4 lignes, ce qui correspond à 1,687 m[65]. De constitution robuste et endurante, il pouvait monter plusieurs heures à cheval sans éprouver de fatigue[66]. Le général Bonaparte apparaît dans sa jeunesse maigre et élancé, les années venant il s'empâte devenant presque obèse à l'époque de son exil.
En 1785, il souffre de fièvre alors qu'il se trouve à Auxonne comme lieutenant[67]. À partir de 1786, il est atteint de paludisme et souffre de fièvre par crises intermittentes jusqu'en 1796[67],[68]. En 1793, il contracte la gale lors du siège de Toulon dont il garde des séquelles durant toute sa vie, l'obligeant à prendre des bains pour calmer des démangeaisons[69]. Talleyrand et la comédienne Mademoiselle George ont été témoins de crises qui furent assimilées à l'épilepsie[70].
Il souffre principalement de problèmes abdominaux dont une douleur chronique au côté droit, et hépatiques, ainsi que de dysurie dont l'aggravation est constatée lors de la campagne de Russie[71]. Napoléon ne portait pas la main dans son gilet pour soulager une douleur à l'estomac[69]. Ce geste rencontré dans les portraits officiels, était une posture inspirée de l'attitude oratoire du philosophe Eschine, et que l'on retrouve dans d'autres portraits du XVIIIe siècle[72]. C'était ainsi une posture régulièrement adoptée par les officiers dans leurs portraits officiels pour ne pas avoir les bras ballants, comme le recommande Les Règles de la bienséance et de la civilité chrétienne, livre écrit en 1702 par Jean-Baptiste de La Salle[73].
Cause de sa mort
La cause officielle du décès de Napoléon était un cancer de l’estomac. L’Empereur montrait un certain embonpoint au moment de sa mort (75,5 kg pour 1,69 m).
En 1955, le journal de Louis Marchand, le valet de Napoléon, fut publié. Il décrit les derniers mois de Napoléon jusqu’à sa mort et Sten Forshufvud conclut à sa lecture que l'Empereur fut victime d’un empoisonnement à long terme à l’arsenic, qui l’aurait suffisamment affaibli pour que les traitements médicaux de l’époque puissent l’achever[74].
Pascal Kintz, de l’institut légal de Strasbourg, fit en 2001 une étude du niveau d’arsenic trouvé dans les cheveux de Napoléon après sa mort, de 7 à 38 fois le niveau normal, mais il ne conclut pas que cela soit le résultat d'un empoisonnement[75] ; les analyses du magazine Science & vie montrent que des concentrations similaires d’arsenic peuvent être trouvées dans des échantillons prélevés en 1805, 1814 et 1821.
Des études françaises ont montré que Napoléon plongeait quotidiennement ses cheveux dans des bains d’arsenic car la croyance populaire voulait que l’arsenic prolonge la vie et l’éclat de la chevelure, ce qui expliquerait le taux anormalement élevé d’arsenic retrouvé dans ses cheveux.
Une analyse des mèches de cheveux de sources variées permet de reconstituer un histogramme détaillé du contenu d'arsenic dans le corps de Napoléon. La concentration est le plus souvent basse puis de temps en temps une concentration très forte apparaît, indiquant qu'une dose forte d'arsenic aurait été absorbée. Toutefois les cheveux étudiés ayant été prélevés sans le bulbe, il est impossible d'affirmer avec certitude que ce soient les vrais cheveux de Napoléon[76].
En revanche, la thèse d'empoisonnement est rendue difficilement soutenable à la suite d'une étude clinico-pathologique le 12 janvier 2007 menée par des chercheurs suisses, américains et canadiens de l'université de Bâle et publiée dans la revue Nature Clinical Practice Gastroenterology and Hepatology, selon laquelle l'Empereur aurait été emporté par un cancer gastrique avancé avec envahissement des ganglions lymphatiques[77]. Leurs travaux, se fondant sur les rapports des médecins présents à Sainte-Hélène, indiquent que son cancer serait survenu sur fond d'inflammation chronique de l'estomac causé par un micro-organisme, et non pas sur fond de prédisposition familiale. Toujours selon les descriptions contemporaines, la paroi de l'estomac présentait une lésion d'environ dix centimètres. Ce nombre paraît cependant fort exagéré car le rapport d'autopsie d'Antommarchi (la version officielle, et non celle truquée de son ouvrage) parle d'un ulcère ayant formé un trou de diamètre d'environ 3 lignes, soit 7 centimètres environ. Les rapports anglais, eux, parlent d'un trou suffisant pour y passer le petit doigt (il s'agissait du doigt du docteur Rutledge)[78].
Héritage napoléonien
Peu de personnages ont laissé une trace aussi importante que Napoléon Bonaparte dans l'historiographie et la pensée politique françaises. Cette empreinte semble due pour une grande part au Mémorial de Sainte-Hélène, essai publié par Las Cases en 1823 deux ans après la mort de l'empereur, qui connut un grand succès éditorial. Pour Jean Tulard, le Mémorial devint le bréviaire du bonapartisme[79]. En 2014, quelque 80 000 titres ont été consacrés à l'Empereur, ouvrages laudateurs à quelques exceptions près même si actuellement il est abordé avec plus de recul critique[80].
Au milieu de l'année 1799, l’état de la France est catastrophique. Le gouvernement français est secoué par des problèmes internes, les impôts n’arrivent pas dans les caisses de l’État, le brigandage s’est développé, les routes sont défoncées, les régions récemment conquises et les États satellites de la République française sont menacés du fait de l'offensive générale des armées de la Deuxième Coalition en Suisse, Italie, Allemagne du Sud et Hollande, le commerce est au plus mal, l’industrie (notamment celle de la soie à Lyon) ruinée, le chômage fait une percée, le prix du pain est trop élevé pour les ouvriers, les hôpitaux ne marchent pas… C’est le moment que Bonaparte, qui est à l’époque encore un général révolutionnaire, choisit pour abandonner son armée en Égypte et monter à Paris, fomenter un coup d’État, le 10 novembre 1799. Entouré d’une auréole de prestige (il vient de sortir vainqueur de la campagne d’Italie et la campagne d’Égypte est, pour le moment, encore une réussite), il ne trouve que peu de résistance et l’opinion publique ne le désavoue pas. Mais les républicains sont inquiets : Napoléon incarne-t-il l'avènement définitif des valeurs de la Révolution, ou promet-il, au contraire, la destruction de la pensée révolutionnaire ? On peut considérer aujourd'hui que Napoléon solidifiera à plus d'un titre l’héritage de la Révolution ; s'il en finit avec la République et arrête le mouvement révolutionnaire, il restera fidèle aux principes de la Révolution qu'il cherchera à exporter à l'échelle européenne voire mondiale. Le Consulat, en somme, objective ce mouvement.
Le Consul Napoléon Bonaparte, grâce à une série de mesures, permet à la Révolution de s’installer dans le temps. Bonaparte va d'abord s'employer à créer des institutions neuves, lesquelles perdureront jusqu'à nos jours. La nouvelle constitution qu’il fait rédiger renforce le pouvoir exécutif au détriment du pouvoir législatif, crée une administration centralisée, organisée en directions et ministères (dont le nouveau ministère de l’Intérieur, confié à Fouché) spécialisés et uniformisés. Il garde les divisions administratives créées lors de la Révolution. Ces institutions solides permettent un renforcement de l’autorité de l’État, font revivre le pays et éloignent un peu plus le risque de retour à l’Ancien Régime. Les caisses de l’État sont renflouées. Napoléon décide également de pacifier certaines zones conflictuelles en développant une politique de la ville novatrice. Ainsi, Pontivy fut agrandie et la ville de La Roche-sur-Yon est créée en 1804. La préfecture de la Vendée reste la seule ville entièrement de création napoléonienne.
Ensuite, Napoléon Bonaparte s’inscrit dans la lignée de la Révolution. Après le coup d’État, les institutions changent, mais la majorité des personnes qui vont occuper des postes étaient déjà en place lors du Directoire : dans les assemblées créées par la Constitution de l'an X, la plupart des sénateurs, tribuns ou membres du Conseil d’État avaient déjà des postes à responsabilité sous le régime précédent, les préfets sont choisis dans les assemblées révolutionnaires… Cela permet à Bonaparte de mieux contrôler l’opposition. Les réformes qu’il met en place sont la suite logique de celles déjà entreprises sous la Révolution. Les réformes financières et commerciales qui lui sont attribuées ont, pour une partie d’entre elles, été imaginées par les membres du Directoire.
Ceux-ci avaient déjà tenté le blocus continental que Napoléon mettra en œuvre contre le Royaume-Uni en 1806. Même certaines techniques de guerre utilisées par Napoléon et dont il est considéré comme l’inventeur avaient déjà été mises en application sous la Révolution. La rédaction d’un Code civil français elle-même avait déjà été entreprise sous la Révolution. De plus, il stabilise le paysage politique en pacifiant le pays et garantit ainsi l’inscription dans la durée de son gouvernement. La paix signée avec les royalistes vendéens, dès décembre 1799, marque un grand pas en avant dans l’apaisement du pays, aucun gouvernement auparavant n’avait réussi à l’obtenir.
La signature du Concordat en 1801 permet à Napoléon de s’assurer le soutien de beaucoup de catholiques qui étaient hésitants jusqu’alors, et les royalistes en perdent autant, l’une des raisons fondamentales de l’appui de la population à ce mouvement étant le caractère anti-catholique de la Révolution. Ce Concordat, qui n’instaure pas le catholicisme comme religion dominante et qui aurait pu être vu comme une volonté de retour à l’Ancien Régime, permet à Bonaparte d’obtenir une nouvelle légitimité et d’asseoir un peu plus son autorité. Le Concordat maintient la vente des biens nationaux. Grâce à ces deux traités, Bonaparte neutralise l’opposition royaliste et semble s’inscrire dans l’héritage révolutionnaire.
Finalement, le Code civil français est un ouvrage révolutionnaire. Commencé en 1800 et publié finalement en 1804, il remplace tout le droit antérieur, et conserve la méritocratie, l’impôt égalitaire, la conscription, la liberté d’entreprise et de concurrence ainsi que de travail, consacre la disparition de l’aristocratie féodale, et en principe l’égalité devant la Loi. En conservant et en inscrivant dans le Code tous ces acquis de la Révolution, Bonaparte leur permit de traverser les régimes et rassura une grande partie de la population.
Mais Napoléon a aussi supprimé bon nombre d’acquis révolutionnaires. Tout d’abord, les cultes révolutionnaires sont abolis. Les libertés d’expression, de réunion, de circulation et de presse sont supprimées au profit d’un État autoritaire et d’une surveillance accrue de la population, orchestrée par Fouché. L’égalité proclamée dans le Code civil n’est pas respectée : la femme dépend de son mari ; les patrons ont un très grand pouvoir sur les ouvriers, le livret ouvrier les réduisant à être des quasi-serfs ; l’esclavage est rétabli dans les colonies ; les fonctionnaires sont privilégiés en matière de Justice… Ensuite, l’instauration des préfets, qui sont l’équivalent des intendants, la création du conseil d’État, équivalent du conseil du roi, d’une nouvelle noblesse basée sur la notabilité, les faux plébiscites organisés (des votes sont inventés, il n’y a pas de secret de vote, on ratifie un fait déjà accompli…) font redouter le pire aux jacobins. Le spectre du retour à la monarchie les hante.
Finalement, en devenant tour à tour Premier consul, consul à vie puis empereur, il en finit avec la République. La faveur publique lui permet de rédiger la Constitution de l’an VIII, qui lui donne la réalité des pouvoirs et surtout ne fait pas mention de la souveraineté nationale. Cette constitution divise le pouvoir législatif, qui à partir de ce moment, perdra toute influence. C’est au cours de l’an X que s’est opérée la transformation du régime encore républicain en un despotisme auquel ne manquait qu’une couronne. Le poste de Premier consul à vie sonne le glas de la République. Ces changements de régime permettent surtout à Napoléon d’être de moins en moins dépendant de ses succès ou échecs et lui donnent une autre dimension vis-à-vis des autres dirigeants européens. Napoléon a donc aussi supprimé bon nombre d’acquis révolutionnaires.
Napoléon arrête le mouvement révolutionnaire mais non la Révolution. En obtenant la confiance des bourgeois (grâce à la vente des biens nationaux, à la paix maritime et continentale, à la création d’une noblesse méritocratique…), grâce au prestige de grandes victoires (Marengo, 1800), à la bonne résolution des crises telle celle de 1802 (disette et chômage), Napoléon obtient le soutien populaire et s’affranchit peu à peu du processus révolutionnaire, qui ne lui est plus nécessaire. Au fil des années, alors que sa popularité ne va cesser de croître, il va monter en puissance et s’éloigner de la République. En 1804, après divers complots visant son assassinat et la reprise des hostilités avec le Royaume-Uni, il est perçu comme le seul rempart face aux ennemis de la Révolution, et la question de l’hérédité devient un sujet de préoccupations. Il en profite pour se faire sacrer Empereur (ou plutôt, se sacrer). Ce qui pourrait être vu comme l’aboutissement du projet d’un tyran ne l’est pas. En effet, lors du sacre, Napoléon déclare être dans la continuité de la Révolution, et est soutenu par les révolutionnaires eux-mêmes, malgré la fin du processus révolutionnaire.
Les guerres impériales ont perpétué la Révolution. Dans tous les pays conquis, Napoléon Ier impose le Code civil et par conséquent toutes les notions révolutionnaires qui en font partie. Il est considéré dans un premier temps comme le libérateur de l’Europe. Mais à partir de la Quatrième Coalition, qui commence en 1806, le but de ces guerres ne sera plus la propagation des idées révolutionnaires. Malgré la défaite napoléonienne de 1815, les idées de liberté et d’égalité resteront fermement implantées dans les pays qui avaient été conquis, et de nombreux bouleversements au fil du XIXe siècle en découleront.
Grâce à la modernisation des institutions françaises et européennes, à la pacification du pays, à ses victoires militaires et la conquête de la majeure partie de l’Europe, Napoléon a permis l’expansion et la perpétuation de la Révolution. Ainsi, malgré les nombreux changements de régime lors du XIXe siècle, le Code civil français restera en vigueur dans l’Europe entière, et les nombreux principes révolutionnaires qu’il contient. Napoléon est donc plus le continuateur que l’assassin de la révolution, malgré l’impasse qu’il fit sur la République. En supprimant les cultes et autres acquis révolutionnaires qui mettaient en danger l’œuvre de la révolution elle-même, il permit aux autres de traverser les époques.
Rétablissement de l'esclavage
La première abolition de l'esclavage, dans les colonies le 4 février 1794 et ses conséquences économiques et politiques amènent le Premier consul à se saisir de la question. Dès leurs entrées en fonction, les trois Consuls assurent aux anciens esclaves que la liberté qui leur a été accordée par la Convention sera respectée. C'est le cas jusqu’en 1802, avec la signature de la paix d'Amiens le 25 mars 1802, quand le Royaume-Uni doit rendre à la France les colonies occupées. Parmi celles-ci se trouvent notamment Sainte-Lucie et la Martinique qui n’ont pas bénéficié de l'application de la loi d'abolition de l’esclavage. Face à cet imbroglio entre colonies avec et colonies sans esclavage, le pouvoir consulaire décide du statu quo : les colonies où il n’y a plus d'esclavage resteront libres, en revanche celles jusque-là occupées par l'Angleterre conserveront les lois antérieures à l'abolition, c'est-à-dire le Code noir. Une commission composée de Cambacérès et des trois conseillers d'État Dupuy, Régnaud de St-Jean d’Angély et Bruix travaille sur un projet qui allait dans le sens désiré par Bonaparte. Mais il apparaît difficile de faire cohabiter deux principes opposés dans le même projet de loi. Il est alors décidé de ne mentionner que le cas des territoires récupérés à l'occasion du traité d'Amiens, et de ne rien mentionner pour les colonies où l'esclavage était déjà aboli. Dans le maintien de l'esclavage en Martinique, le Premier consul est poussé notamment par ses ministres (tels Decrès et Talleyrand) et l'Intendant général aux colonies Guillemin de Vaivre, originaire de Saint-Domingue, mais aussi par son épouse Joséphine, Martiniquaise dont la famille et plusieurs amis avaient de nombreux intérêts en Martinique.« L’esclavage ainsi que la traite des Noirs et leur importation dans les colonies restituées par le traité d'Amiens auront lieu conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789 ».
Début juin, il fait arrêter et déporter Toussaint Louverture, qui s'était distingué pendant la révolte des esclaves de Saint-Domingue onze ans plus tôt et qui, convaincu par l'abolition de l'esclavage de 1794, avait gardé la colonie à la France. L'Antillais devait mourir de froid un an plus tard au fort de Joux, dans le Doubs, département réputé pour la rigueur de ses hivers. Avec l'expédition de Saint-Domingue, une deuxième phase de la guerre de Saint-Domingue débute, elle provoque bien des massacres de part et d'autre. Ce sont les Noirs et les Mulâtres de Saint-Domingue qui sortent victorieux de ces terribles combats et créent, en janvier 1804, la première République noire indépendante Haïti.
À la fin de 1801 en Guadeloupe, le Capitaine général Lacrosse inquiète en particulier la population noire jusqu'alors libre. Finalement, les troupes noires se révoltent, évincent Lacrosse et s'opposent ensuite à l'armée commandée par le général Richepance venue rétablir Lacrosse. Ces événements finissent en mai 1802 par la résistance de Louis Delgrès, vivement réprimée et qui se termine par le suicide collectif des insurgés au Matouba. Lacrosse et son successeur Ernouf réintroduisent progressivement l'esclavage sous la forme d'un travail forcé, puis de l'esclavage lui-même par le biais d'un arrêté de police rural du 22 avril 1803 qui fait référence à certains articles du Code noir, et enfin avec l'adoption du décret du Premier consul, daté du 16 juillet 1802, qui énonce que « La Colonie de la Guadeloupe et Dépendances sera régie, à l’instar de La Martinique, de Ste-Lucie, de Tabago, et des Colonies orientales, par les mêmes loix qui y étoient en vigueur en 1789 ». De 1802 à 1803, la Guadeloupe est passée d'un régime qui reconnaissait la présence de généraux et officiers noirs et mulâtres dans l'armée française à un régime qui n'accordait la citoyenneté qu'aux seuls Blancs.
Lors des Cent-Jours en 1815, Napoléon décrète l'abolition de la « Traite des Noirs », afin de complaire en particulier à l'opinion publique britannique largement traversée par le courant abolitionniste[réf. nécessaire]. Son retour de l'île d’Elbe a en effet mobilisé l'ensemble des états européens contre lui, et Napoléon tente de perturber la coalition en acceptant des résolutions prises par les puissances européennes durant le congrès de Vienne. Sa décision est confirmée par le traité de Paris le 20 novembre 1815. Néanmoins, à la Restauration, cette abolition fut ignorée et seulement reconsidérée sous la pression des Britanniques à partir de 1817 pour aboutir en 1831.
Réalisations de Napoléon Bonaparte
Sous le Consulat
Le Consulat est essentiellement une période de pacification et de stabilisation de la France, après la décennie révolutionnaire. De nombreuses institutions sont fondées, qui vont ensuite survivre longtemps à leur créateur ; elles reprennent certains acquis de la Révolution et existent encore au début du XXIe siècle en France.
Ainsi dès le 13 décembre 1799 (22 frimaire an VIII), la Constitution de l'an VIII rédigée par Daunou sur la base des principes énoncés par Sieyès et Bonaparte, crée en son article 52 le Conseil d’État. Cet organe est au départ chargé de rédiger les lois pour décharger les ministères et doit conseiller le gouvernement sur la législation à entreprendre. Dans cette Constitution, Napoléon Bonaparte crée également le Sénat, s'inspirant du Sénat romain, il est chargé de veiller au respect de la Constitution et ses membres sont nommés par le Premier consul, puis par l'Empereur. En 1800, le Premier consul Bonaparte crée deux institutions importantes, existant toujours : d'une part, le 13 février (24 pluviôse an VIII), il instaure la Banque de France ; d'autre part, le 17 février (loi du 28 pluviôse an VIII), Bonaparte crée les préfectures avec à leur tête un corps préfectoral nommé par le Premier consul puis par l'Empereur et représentant de l'État. Toutes ces institutions permettent de réorganiser l'administration en France, qui ne fonctionnait plus depuis le début de la Révolution en 1789[réf. nécessaire]. Cette réorganisation permet de ramener l'ordre et de relancer l'économie. Mais l'ordre intérieur sera totalement ramené le 15 juillet 1801, quand Napoléon Bonaparte signe avec le pape Pie VII le Concordat réconciliant la France avec l'Église, tout en maintenant la liberté de cultes établie par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Bonaparte souhaite réorganiser la société française dans de nombreux domaines :
- Éducation : il lance une grande réforme qui aboutit le 1er mai 1802 (11 floréal an X) à la création des lycées et de l'École militaire Saint-Cyr.
- Économie : le 24 décembre 1802, il instaure les vingt-deux chambres de commerce et institue une nouvelle monnaie, le franc germinal le 7 avril 1803 (17 germinal an XI).
- Justice et droit : Bonaparte métamorphose le système judiciaire français, il instaure les cours d'appel et le Tribunal de cassation devient la Cour de cassation. Il réorganise les études de droit avec la création des écoles de droit et un diplôme accessible à tous, la capacité en droit le 13 mars 1804 (22 ventôse an XIII). Enfin, le 21 mars 1804 (30 ventôse an XII), Napoléon Bonaparte promulgue le Code civil français qui définit de nouveaux droits et obligations pour les Français. Par la loi du 19 mai 1802, Napoléon Bonaparte instaure également la Légion d'honneur[81], décernée aux personnes militaires et civiles que l’État souhaite récompenser par cette distinction, au titre de services rendus.
Sous l’Empire
- En 1806, l’empereur Napoléon Ier commande l’arc de triomphe de l’Étoile.
- Le 18 mars (21 germinal an IX), le premier conseil de prud’hommes est créé à Lyon.
- Le 10 mai, l’Université est recréée, après son abolition par la Révolution, sous une forme qui conduit aux actuelles universités.
- En 1807, Napoléon confie à Alexandre-Théodore Brongniart la construction de la future Bourse de Paris.
- Le 9 février, il ressuscite la fonction de Grand Sanhédrin (ce qui facilite l’assimilation des juifs dans l’Empire). Napoléon a poursuivi l’œuvre de tolérance à l’égard des juifs amorcée par la Révolution.
- Le 16 septembre, Napoléon crée la Cour des comptes.
- 1808 :
- le 17 mars, Napoléon crée par décret le baccalauréat.
- 1810 :
- le 12 février, le Code pénal est promulgué.
Œuvre législative
Bonaparte opère dès les débuts du Consulat de nombreuses réformes dans l’éducation, la justice, la finance et le système administratif. Son ensemble de lois civiles, rédigé par Portalis, Maleville, Bigot de Préameneu et Tronchet et connu sous le nom de Code Napoléon de 1804, a encore une forte influence dans de nombreux pays de nos jours. Il est assez largement influencé par les projets de Code civil qu'avait présentés Cambacérès pendant la Révolution, alors qu'il n'était pas encore second consul. Bonaparte a présidé beaucoup des séances d'élaboration du Code civil. Il le considérait avec fierté comme son œuvre majeure : « Ma gloire n'est pas d'avoir gagné quarante batailles… Ce que rien n'effacera, ce qui vivra éternellement, c'est mon Code civil, ce sont les procès verbaux du Conseil d’État. »[réf. nécessaire][82].
Le Code civil français est toutefois très largement inspiré d’un éventail de lois et coutumes diverses déjà existantes sous l’Ancien Régime qu’il unifia. Son œuvre administrative se prolongea jusqu’en 1814. Entre autres réformes, il commencera le travail de cadastrer le territoire français.
En architecture et urbanisme
À Paris
Napoléon fit ériger à Paris de nombreux monuments dont plusieurs à la gloire de la Grande Armée et de ses victoires. Il a fait construire après la victoire à la bataille d'Austerlitz deux arcs de triomphe après avoir déclaré à ses soldats : « Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe ». Le premier à être ordonné est l'arc de triomphe de l'Étoile en 1806 pour en faire le point de départ d'une avenue triomphale traversant le Louvre et la place de la Bastille, il ne sera achevé qu'en 1836[83]. Le deuxième est l'arc de triomphe du Carrousel, construit de 1806 à 1808 et situé sur la place du Carrousel, à l'ouest du Louvre[84]. La bataille d'Austerlitz est aussi commémorée par la colonne Vendôme, anciennement appelée colonne d'Austerlitz puis colonne de la Grande Armée, construite entre 1805 et 1810. Elle est surmontée d'une statue de Napoléon[85].
L'église de la Madeleine devait être elle aussi un temple à la gloire de la Grande Armée, comme prévu en 1805. En 1812, après la campagne de Russie, Napoléon changea d'avis pour revenir au projet d'une église. Elle fut finie en 1842[86]. Napoléon fit aussi construire de 1807 à 1825 le palais Brongniart de style corinthien pour accueillir la Bourse de Paris[87]. Il fit aussi construire le palais d'Orsay de 1808 à 1840, où s'installe le Conseil d'État[88].
Napoléon fit aménager la capitale. Il fit percer les rues de Rivoli, de Castiglione et des Pyramides ainsi que numéroter les immeubles de Paris. Il ordonna la liaison entre le Louvre et le palais des Tuileries et la finition de la cour carrée du Louvre (construction de l’aile ouest et sud) qui devient un musée. Il offrit au palais Bourbon une nouvelle façade, érigée entre 1806 et 1810. Il fit construire trois ponts (le pont des Arts (1801-1803)[89], d’Austerlitz (1802-1806) et d’Iéna (1808-1814)) et plusieurs dizaines de fontaines comme l’éléphant de la Bastille. Il fit embellir le jardin du Luxembourg et créer le jardin des Plantes, le canal de l’Ourcq, de Saint-Martin et de Saint-Denis. Enfin, Il fit aménager le cimetière du Père-Lachaise[90].
En dehors de l'Île-de-France
- La fondation de Napoléon (l'actuelle ville de La Roche-sur-Yon).
- La transformation de la place Bellecour à Lyon.
- La colonne de la Grande Armée près de Boulogne-sur-Mer.
- Le pont de pierre à Bordeaux.
- La construction de la place de la Paix (Milan) à Milan.
- La construction du Fort Napoléon à La Seyne-sur-Mer.
- Le canal de Nantes à Brest et de Mons-Condé.
Regards des contemporains
D'après Jean-Antoine Chaptal,
« Napoléon se servait lui-même des journaux pour faire la guerre à ses ennemis, surtout aux Anglais. Il rédigeait personnellement toutes les notes qu’on insérait dans Le Moniteur, en réponse aux diatribes ou aux assertions qu’on publiait dans les gazettes anglaises. Lorsqu’il avait publié une note, il croyait avoir convaincu. On se rappelle que la plupart des notes n’étaient ni des modèles de décence, ni des exemples de bonne littérature ; mais nulle part il n’a mieux imprimé le cachet de son caractère et de son genre de talent. »
Surnoms
Nabulio : surnom donné quand il était enfant par sa mère Letizia Ramolino ;
La paille-au-nez : surnom donné par les camarades de Napoléon à l'école de Brienne. En effet, avec son accent corse, Napoléon prononçait son prénom Napoillioné ;
Le général Vendémiaire : surnom donné par d'autres généraux de la République en signe de mépris pour ce fait d'armes de répression intérieure de civils royalistes, après l'intervention de Bonaparte lors de l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV ;
Le petit caporal : surnom donné par les soldats au soir de la bataille du pont de Lodi, en 1796. Le grade de caporal utilisé comme surnom lui a été attribué selon un usage militaire d'affection pour saluer un comportement de bravoure[91] ;
Boney : sobriquet donné par les caricaturistes britanniques, diminutif de « Bonaparte ». Par référence au mot anglais « bone » (os), il peut ainsi être traduit par « l'osseux ». Ce surnom visait la maigre silhouette du général Bonaparte dans les premières années de sa carrière militaire jusqu'au Consulat. Ce surnom jouait sur le contraste avec le ventru John Bull, symbole de l'Anglais et de son opulence face à une France perçue comme ruinée et affamée durant la Révolution ;
Le petit tondu : surnom donné par les soldats à partir du Consulat et du début de l'Empire après que Bonaparte eut fait couper ses cheveux (au retour de l’expédition d’Égypte, en 1799) et eut fait appliquer un nouveau règlement pour la coupe de cheveux des militaires (abandon des cheveux longs et des perruques au profit de la « coupe à la Titus »[i]) ;
Buonaparte : reprise du nom corse orthographié ainsi dans les premières années de la vie de Napoléon Bonaparte, par ses adversaires royalistes français et par les Britanniques qui ne reconnaissaient pas sa dignité impériale acquise après la rupture de la paix d'Amiens (1803) et refusant ainsi de n'utiliser que son prénom, signe de sa titulature ;
L'usurpateur : surnom provenant des milieux royalistes, à partir de l'établissement de l'Empire et de la prétention de Napoléon Bonaparte d'accaparer le pouvoir souverain. Le terme est surtout utilisé quand le rétablissement des Bourbons est réaliste, puis effectif, en 1814 puis en 1815 lors des Cent-Jours ;
Le tyran, l'Ogre : surnoms couramment donnés par ses adversaires et ses caricaturistes, en particulier à la fin de l'Empire quand l'effort militaire de la conscription pèse de plus en plus fortement sur la population ;
Le Père la Violette : la violette est la fleur de l'amour caché. Après sa première abdication, on croyait qu'il reviendrait à l'époque où fleurissent les violettes, chose qui se réalisa ; la violette devint un signe de ralliement des bonapartistes après la Seconde Restauration ;
Jean de l'Epée : sobriquet donné par les soldats de la Grande Armée, en particulier au sein de la Garde impériale au moment du retour de l'île d'Elbe[92] ;
Nicolas : surnom utilisé particulièrement par les royalistes du Midi de la France, où le Diable est parfois dénommé ainsi[93]. Des caricatures de l'époque désignent ainsi Napoléon par cet autre prénom, avec l'effet renforcé par leur même lettre initiale « N » ;
Lou Castagnié (« Le Châtaigner »), surnom donné dans le Midi de la France et qui fait référence aux origines corses de Napoléon, les châtaignes en étant une spécialité fameuse[94].
Vie privée
Influences historiques
Durant sa jeunesse, Bonaparte se montre admiratif envers certains hommes d’État, notamment Pasquale Paoli, indépendantiste corse, et Mirabeau, révolutionnaire modéré. Il a aussi beaucoup admiré Rousseau, disant même : « Oh ! Rousseau ! Pourquoi faut-il que tu n'aies vécu que soixante ans ! Dans l'intérêt de la vérité, tu aurais dû être immortel ! ». Il a par la suite renié ces idées, les idées de Rousseau s'avérant peu conformes au système consulaire puis impérial. Pendant la Révolution, il a l'espoir de pouvoir dépasser ses conditions de vie modeste grâce au nouveau régime mis en place et se montre donc favorable à cette évolution. Il écrit même sur une banderole tendue sur sa maison natale : « Vive la Nation ! Vive Paoli ! Vive Mirabeau ! »[95].
Il est aussi reconnaissant envers les frères Robespierre, Augustin et Maximilien, auxquels il doit en partie sa montée en grade rapide. Il envoie par la suite une pension à leur sœur. Il a écrit à Tilly : « J'ai été un peu affecté de la catastrophe de Robespierre que j'aimais et que je croyais pur, mais fût-il mon frère, je l'eusse moi-même poignardé s'il aspirait à la tyrannie »[96].
Bonaparte témoigne de plus d'une admiration pour de grands conquérants et des empereurs. Il se fait représenter coiffé d'une couronne de lauriers et vêtu d'une toge, pour se montrer tel que Jules César et qu'Auguste par exemple. Il est également fasciné par Frédéric II.
Napoléon et la spiritualité
Napoléon et le catholicisme
Napoléon est né dans une famille catholique et est baptisé le 21 juillet 1771[97].
Sa position envers le catholicisme semble parfois plus tenir du calcul politique que d'un choix personnel[98], mais il déclare avoir un réel attachement pour sa religion natale :
« Il est sûr qu'au désordre auquel je succédais, que sur les ruines où je me trouvais placé, je pouvais choisir entre le catholicisme et le protestantisme ; et il est vrai de dire encore que les dispositions du moment poussaient toutes à celui-ci ; mais, outre que je tenais réellement à ma religion natale, j'avais les plus hauts motifs pour me décider. En proclamant le protestantisme, qu'eussé-je obtenu ? J'aurais créé en France deux grands partis à peu près égaux, lorsque je voulais qu'il n'y en eût plus du tout ; j'aurais ramené la fureur des querelles de religion, lorsque les lumières du siècle et ma volonté avaient pour but de les faire disparaître tout à fait. Ces deux partis en se déchirant eussent annihilé la France, et l'eussent rendue l'esclave de l'Europe, lorsque j'avais l'ambition de l'en rendre la maîtresse. Avec le catholicisme j'arrivais bien plus sûrement à tous mes grands résultats : dans l'intérieur, chez nous, le grand nombre absorbait le petit, et je me promettais de traiter celui-ci avec une telle égalité, qu'il n'y aurait bientôt plus lieu à connaître la différence. Au dehors, le catholicisme me conservait le pape : et avec mon influence et nos forces en Italie, je ne désespérais pas tôt ou tard, par un moyen ou par un autre, de finir par avoir à moi la direction de ce pape ; et dès lors quelle influence ! Quel levier d'opinion sur le reste du monde[99] ! »
À la fin de sa vie, Napoléon recevra d'ailleurs l'extrême-onction des mains de l'abbé Vignali.
Napoléon et l'islam pendant la campagne d'Égypte
L’intérêt de Napoléon pour l’islam semble être dicté par le contexte. La campagne d'Égypte a été préparée sur le même mode que celle d’Italie, c’est-à-dire en espérant provoquer un ralliement des populations locales à la cause française. Dans l’objectif de ce ralliement, tout est fait pour que les Égyptiens en majorité musulmans se sentent valorisés. Napoléon déclare d’ailleurs à ses soldats à bord du navire l’Orient le 22 juin 1798 que[j] : « Les peuples avec lesquels nous allons vivre sont mahométans […]. Ne les contredisez pas ; agissez avec eux comme nous avons agi avec les Juifs, avec les Italiens ; ayez des égards pour leurs muftis et leurs imams, comme vous en avez eu pour les rabbins et les évêques ». Cette stratégie est bien visible dans les proclamations destinées à la population comme celle du 2 juillet 1798 à Alexandrie[k] : « Peuples de l’Égypte, on vous dira que je viens détruire votre religion ; ne le croyez pas ! Répondez que je viens vous restituer vos droits, punir les usurpateurs et que je respecte plus que les Mamelucks, Dieu son Prophète et l’Alcoran ». Pour le général Dupuy qui accompagnait Napoléon durant la campagne d'Égypte cet intérêt pour l'islam est simulé pour des raisons politiques : « Nous trompons les Égyptiens par notre simili attachement à leur religion, à laquelle Bonaparte et nous ne croyons pas plus qu'à celle de Pie le défunt »[100].
Le 17 juillet 1799[101], il s'adresse aux notables de la province d'Aboukir et prononce ce qui s'apparente à une déclaration de foi à l'Islam : « Il n’y a pas d’autres Dieux que Dieu et Mahomet est son prophète ». Cependant, si l’acte de conversion à l'Islam est définitif lorsque la chahada est prononcée, le croyant doit démontrer sa sincérité et sa détermination. Cette chahada prononcée par Napoléon relève pourtant de la ruse destinée à « diminuer le nombre de ses ennemis »[102]. Aucune autre source ne permet d'affirmer qu'il s'est converti à l'Islam.
Regard personnel de Napoléon sur l'islam
Napoléon est fasciné avant tout par l'Orient. En ce qui concerne la perspective de se convertir à l'islam, il déclare[103] qu'« après tout, ce n'est pas impossible que les circonstances m'eussent amené à embrasser l'islamisme. […] Mais ce n'eut été qu'à bonne enseigne ; il m'eut fallut pour cela au moins jusqu'à l'Euphrate. Le changement de religion peut se comprendre peut-être par l'immensité de ses résultats politiques ». D'une manière plus générale, Napoléon ne semble pas vouloir se convertir lorsqu'il s'exprime sur le Concordat[104] « je tenais réellement à ma religion natale ». Napoléon met en avant la proximité des religions chrétienne et musulmane lorsqu'il dépeint[31] le prophète : « Mahomet […] qui marche si près sur les traces du christianisme, et s'en éloigne si peu » et relève les différences existant à Sainte-Hélène[105] : « analysant de la manière la plus ingénieuse les deux religions de l’Orient et de l’Occident, il disait que la nôtre était toute spirituelle, et celle de Mahomet toute sensuelle ; que les châtiments dominaient chez nous : c’était l’enfer et ses supplices éternels, tandis que ce n’était que récompenses chez les musulmans : les houris aux yeux bleus, les bocages riants, les fleuves de lait ; et de là il concluait, en opposant les deux religions, que l’on pourrait dire que l’une était une menace, elle se présentait comme la religion de la crainte ; que l’autre, au contraire, était une promesse, et devenait la religion des attraits ».
L'ambivalence de Napoléon vis-à-vis de l'islam est due à la nécessité d'un double langage durant la campagne d'Égypte : d'une part les discours admiratifs de l'islam[106] ou favorable à ses intérêts[107] tenus aux autorités religieuses et d'autre part les confessions personnelles qui n'interviennent souvent que bien plus tard et donnent un point de vue que les années rendent distant.
Pour Henry Laurens, si l'intérêt de Napoléon envers l'islam a été inspiré par des préoccupations politiques, il a néanmoins été « réellement fasciné par l'islam et par l'Orient [et] son admiration pour l'islam se porte essentiellement sur ce créateur de sociétés qu'est le prophète Mahomet »[108].
Napoléon et la franc-maçonnerie
Parmi l'entourage militaire et intellectuel proche de Napoléon beaucoup sont francs-maçons (le général Kléber qui fonde la loge « Isis » au Caire, Dominique Vivant Denon, membre de l'Ordre sacré des Sophisiens et de la loge « La Parfaite Réunion », Gaspard Monge membre notamment de la loge militaire « L'Union parfaite »). Aussi une rumeur affirme que Bonaparte a pu être initié à la franc-maçonnerie lors de la campagne d'Égypte dans la loge « Isis », comme le suggère notamment le manuscrit Le miroir de la Vérité dédié à tous les maçons[109], le fait qu'il soit louveteau (c'est-à-dire fils du franc-maçon Charles Bonaparte) et qu'il ne conteste pas de se faire par la suite appeler « frère » par différents membres des 1 200 loges maçonniques qui se développent pendant le Premier Empire[110], néanmoins les critiques envers les francs-maçons qu'il tient lors de son exil à Sainte-Hélène semblent prouver le contraire[111].
Correspondance
Napoléon Bonaparte a entretenu une abondante correspondance, en partie à usage privé, mais surtout une importante correspondance officielle. De son vivant, quelques-unes de ces lettres ont été publiées, soit isolément, soit en recueils, mais souvent dans un but d’exaltation ou au contraire de polémique.
Dans les années 1850, l’empereur Napoléon III fait publier la correspondance de son oncle. Si cette nouvelle publication a aussi un but de propagande, elle sera plus sérieuse que ce qui avait été fait jusque-là. Toutefois, certaines lettres n’ont pas été retrouvées, d’autres ont été volontairement omises, et le texte a parfois été expurgé sous divers prétextes. Lorsque paraît en 1869 le dernier volume de la correspondance de Napoléon Ier, l'officier Louis Rossel démontre que les livres de stratégie attribués à ce dernier par la commission chargée de publier la correspondance, ne sont pas et ne peuvent pas être de lui. Dans les années suivantes, de nouvelles lettres ont été publiées, souvent sous la forme de recueils spécifiques (lettres de Napoléon à un même correspondant). D’autres réapparaissaient ponctuellement.
La Fondation Napoléon a entrepris depuis 2002 une vaste entreprise de publication scientifique de l’ensemble de la correspondance de l’empereur. Elle a lancé pour cela un appel afin de récupérer les documents qui pourraient se trouver dans différents dépôts d’archives ou bibliothèques, et surtout chez des particuliers.
Pour les références des éditions, voir plus bas.
Famille
Ascendance
16. Giuseppe Maria Buonaparte (1663-1703) | ||||||||||||||||
8. Sebastiano Nicola Buonaparte (it) (1683-1720) | ||||||||||||||||
17. Maria Colonna di Bozzi (1663-1704) | ||||||||||||||||
4. Giuseppe Maria Bonaparte (1713-1763) | ||||||||||||||||
18. Carlo Tusoli di Bocognano | ||||||||||||||||
9. Maria Anna Tusoli di Bocognano (1690-1760) | ||||||||||||||||
19. Isabella ? | ||||||||||||||||
2. Carlo Maria Bonaparte (1746-1785) | ||||||||||||||||
10. Giuseppe Maria Paravicini | ||||||||||||||||
5. Maria Saveria Paravicini (1715-1780) | ||||||||||||||||
22. Angelo Agostino Salineri (1653-1724) | ||||||||||||||||
11. Maria Angela Salineri | ||||||||||||||||
23. Franchetta Merezano | ||||||||||||||||
1. Napoléon Ier (1769-1821) | ||||||||||||||||
24. Giovanni Girolamo Ramolino (1645-1699) | ||||||||||||||||
12. Giovanni Agostino Ramolino (1697-1777) | ||||||||||||||||
25. Maria Laetizia Boggiana | ||||||||||||||||
6. Giovanni Gerolamo Ramolino (1723-1755) | ||||||||||||||||
26. Andrea Peri (1669-1739) | ||||||||||||||||
13. Angela Maria Peri | ||||||||||||||||
27. Maria Madalena Colonna d'Istria | ||||||||||||||||
3. Maria Letizia Ramolino (1750-1836) | ||||||||||||||||
28. Giovan Antonio Pietrasanta (1671-1704) | ||||||||||||||||
14. Giuseppe Maria Pietrasanta (vers 1703-1773) | ||||||||||||||||
29. Paola Brigida Sorba | ||||||||||||||||
7. Angela Maria Pietrasanta (1726-1793) | ||||||||||||||||
15. Maria Giuseppa Malherba (vers 1710- ?) | ||||||||||||||||
Parents
- Charles Bonaparte
- Maria Letizia Ramolino
Frères et sœurs
- Joseph Bonaparte
- Lucien Bonaparte
- Élisa Bonaparte
- Louis Bonaparte
- Pauline Bonaparte
- Caroline Bonaparte
- Jérôme Bonaparte
Neveux et nièces
La liste ci-dessous donne les noms des 26 enfants légitimes des frères et sœurs de Napoléon, par ordre de naissance. D'autres enfants, ceux morts en très bas âge ou issus de relations hors mariage, ne sont pas indiqués[l].
- Filistine Charlotte Bonaparte (1795-1865), fille aînée de Lucien ;
- Dermid Leclerc (1798-1804), fils unique de Pauline ;
- Christine-Egypta Bonaparte (1798-1847), fille cadette de Lucien ;
Achille Charles Louis Napoléon Murat (1801-1847), fils aîné de Caroline ;
Zénaïde Bonaparte (1801-1854), fille aînée de Joseph ;- Maria Letizia Joséphine Murat (1802-1859), fille de Caroline ;
Napoléon Louis Charles Bonaparte (1802-1807), fils aîné de Louis ;
Charlotte Bonaparte (1802-1839), fille cadette de Joseph ;
Lucien Charles Joseph Napoléon Murat (1803-1878), fils de Caroline ;
Charles-Lucien Carlo Jules Laurent Bonaparte (1803-1857), fils de Lucien (zoologiste) ;
Napoléon Louis Bonaparte (1804-1831), fils cadet de Louis ;
Lætitia Bonaparte (1804-1871), fille de Lucien ;- Louise Julie Caroline Murat (1805-1889), fille de Caroline ;
Élisa Napoléone Baciocchi (1806-1869), fille aînée d’Élisa ;
Jeanne Bonaparte (1807-1829), fille de Lucien ;
Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873), fils de Louis, empereur des Français (1852-1870) ;- Paul Bonaparte (1809-1827), fils de Lucien ;
Louis-Lucien Bonaparte (1813-1891), fils de Lucien ;- Jérôme-Frédéric-Félix-Napoléon (1814-1834), fils d’Élisa ;
Jérôme Napoléon Charles Bonaparte (1814-1847), fils aîné de Jérôme ;
Pierre-Napoléon Bonaparte (1815-1881), fils de Lucien ;
Antoine Bonaparte (1816-1877), fils de Lucien ;- Marie-Alexandrine Bonaparte (1818-1874), fille de Lucien ;
Mathilde-Létizia Wilhelmine Bonaparte (1820-1904), fille de Jérôme ;
Napoléon Joseph Charles Paul Bonaparte (1822-1891), fils de Jérôme ;- Constance Bonaparte (1823-1876), fille de Lucien.
Deux neveux moururent du vivant de Napoléon (Dermid Leclerc et Napoléon Charles Bonaparte, ce dernier ayant été considéré comme héritier présomptif de la couronne impériale entre 1804 et 1807 selon la constitution), et deux naquirent après son décès.
Oncle
Joseph Fesch, cardinal, évêque de Lyon et primat des Gaules. Il est en fait frère utérin de la mère de Napoléon, Maria Letizia Ramolino. La mère de celle-ci, Angèle-Marie Pietra-Santa, veuve de Jean-Jérôme Ramolino, se remaria avec François Fesch, officier suisse au service de la république de Gênes.
Mariages et enfants
Napoléon s’est marié deux fois :
une première fois le 9 mars 1796 avec Joséphine de Beauharnais, qui est ensuite couronnée impératrice ; ce mariage restant sans enfants, il se conclut par un divorce, prononcé par un sénatus-consulte le 16 décembre 1809 ;- une seconde fois, le 2 avril 1810[m] avec l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, qui lui donne un fils onze mois plus tard : Napoléon François Joseph Charles Bonaparte (20 mars 1811-22 juillet 1832), roi de Rome, duc de Reichstadt, connu également sous le nom de Napoléon II, bien qu’il n’ait jamais régné qu’en théorie et ce pendant quinze jours, entre la deuxième abdication de Napoléon et la Seconde Restauration[n].
Napoléon s'était fiancé le 21 avril 1795 à Désirée Clary (1777-1860), sœur de Julie Clary elle-même mariée en 1794 avec Joseph Bonaparte. Mais Napoléon rencontre Joséphine de Beauharnais à Paris, le 15 octobre 1795, par le biais de son ami Paul Barras, et le fait renoncer au projet de mariage avec Désirée, non sans mauvaise conscience comme en témoigne sa correspondance avec Désirée.
Napoléon a également eu au moins deux enfants naturels, qui tous les deux ont eu des descendants :
Charles, comte Léon (1806-1881), fils de Éléonore Denuelle de La Plaigne (1787-1868).
Alexandre, comte Walewski (1810-1868), fils de la comtesse Walewska (1789-1817).
Et selon des sources plus ou moins contestées :
Napoléon Louis Charles Bonaparte (1802-1807), fils aîné de Louis Bonaparte.
Jules Barthélemy-Saint-Hilaire (1805-1895) dont la mère reste inconnue.
Émilie Louise Marie Françoise Joséphine Pellapra (1806-1871), fille de Françoise-Marie Leroy, épouse Louis Marie Joseph de Brigode, et postérité ;
Eugen Alexander Megerle von Mühlfeld (de)(1810-1868), fils de l'autrichienne Victoria Kraus (de).- Auguste Alfred le Pelletier de Bouhélier (1816-1868)[113], employé, d'où deux enfants :
Edmond (1846-1913), journaliste, député de la Seine, maire-adjoint de Bougival, dont postérité : l'écrivain Saint-Georges de Bouhélier et Isabelle, qui devient l'épouse de René Viviani.- Laure (née en 1852), qui épouse Alphonse Humbert (1844-1922), député de la Seine, et postérité.
- Joséphine de Montholon, fille de la comtesse Albine de Montholon (née à Sainte-Hélène le 26 janvier 1818, morte à Bruxelles le 30 septembre 1819)[114].
Ordre de succession au trône impérial en juillet 1815
Avec Napoléon II, il y eut 25 napoléonides de la deuxième génération, dont 17 vivants aux Cent-Jours. Après la chute de l'Empire, dans cette génération, il y avait quatre héritiers mâles, par ordre de succession :
Napoléon II (qui avait déjà brièvement hérité du trône impérial en 1815) ;
Napoléon-Louis Bonaparte ;
Louis-Napoléon Bonaparte (Napoléon III) ;
Jérôme Napoléon Charles Bonaparte.
Pour l'ordre de succession des prétendants ultérieurs au trône impérial, voir : Prétendants bonapartistes au trône impérial de France.
Conservation des archives personnelles de Bonaparte et sa famille
- Les papiers personnels de la famille Bonaparte dont de la correspondance de Napoléon Ier sont conservés aux Archives nationales sous la cote 400AP (Fonds Napoléon)[115] et 176AP (Fonds Bonaparte)[116].
Notes et références
Notes
Issu de la petite noblesse corse, il est d'abord un fougueux républicain et jacobin, puis le chef de l’un des États les plus puissants de l'époque, et, marié à une archiduchesse d'Autriche, fondateur d'une dynastie impériale.
Plusieurs auteurs (Mme de Staël, Chateaubriand), s'appuyant sur la brochure d’Eckhard Question d'état civil et historique : Napoléon Bonaparte est-il né français ?, affirment que Napoléon est né le 5 février 1768 afin de dresser un portrait du « fatal étranger ». Cette soi-disant falsification de sa date de naissance s'explique par le fait que Napoléon a utilisé en de multiples occasions « les papiers de son frère Joseph (né en 1768) lorsqu'il avait besoin de se vieillir en vue d'obtenir quelque avantage de l'administration, ou lors de son mariage avec Joséphine ». Source : Thierry Lentz, 100 questions sur Napoléon, Éditions La Boétie, 2013, p. 2.
La bataille d'Eylau, en février 1807, avait pu apparaître victorieuse pour l'armée française, malgré les pertes importantes, par le simple fait de l'occupation du champ de bataille à la fin de ce combat.
On ne sait pas exactement comment Bonaparte a survécu à la dose de poison qu’il avait ingérée, et deux hypothèses existent : soit son estomac s'est révulsé, ce qui expliquerait les vomissements, soit le poison avait perdu de sa force.
La Grande-Bretagne n'étant pas signataire du traité de Fontainebleau, elle n'a pas reconnu ce titre d'Empereur à Napoléon, cause du conflit futur à Saint-Hélène entre celui-ci et son gardien Hudson Lowe, qui le considère seulement comme général.
François Ponée (1775-1863) est ensuite cassé de son grade et remplacé comme commandant de La Méduse par Hugues Duroy de Chaumareys, célèbre par le naufrage et le radeau immortalisés par Théodore Géricault.
Pierre Philibert (1774-1824) reçoit ensuite de Louis XVIII la rosette de la Légion d'honneur puis est nommé capitaine de vaisseau de 1re classe.
La carrière de Carélie dont la pierre avait été extraite, au prix de grandes difficultés, appartenait au tsar Nicolas Ier ; il en coûta environ 200 000 francs, payés par la France (L. Léouzon Le Duc, Études sur la Russie, p. 12, cité par : Octave Aubry, Sainte-Hélène, Paris, Flammarion, coll. « L’histoire », 1973, p. 461, no 3). Contrairement à ce qu’on lit un peu partout, cette roche très dure et quasiment inaltérable n’est pas du marbre, encore moins du porphyre, mais un grès métamorphisé.
Le terme « coupe à la Titus » désigne une coupe masculine ou féminine aux cheveux courts. C'est l'acteur Talma qui popularisa cette coupe en jouant dans des pièces portant sur des sujets de l'époque antique romaine. Titus désigne soit l'un des fils de Lucius Junius Brutus, sujet d'une pièce de Voltaire jouée par Talma en 1787, soit l'empereur de la dynastie des Flaviens selon la mode antiquisante de l'époque (il existe également une coupe de cheveux dite « à la Caracalla »).
Proclamation à l'armée d'Orient : quartier général à bord de L’Orient, le 4 messidor an VI.
Proclamation au quartier général, Alexandrie, le 14 messidor an VI.
Les enfants de Lucien, nés de son deuxième mariage, ont été reconnus princes français en 1815 par Napoléon lors de sa réconciliation avec leur père et apparaissent donc dans la liste, bien qu'ils n'entrent pas dans la succession. En revanche, le fils de Jérôme né de son mariage américain, dissous pour illégalité (minorité du marié, absence d'autorisation du parent tuteur), n'apparaît pas.
Un premier mariage a lieu par procuration en l'église des Augustins, le 11 mars 1810 ; le mariage civil se tient le 1er avril au château de Saint-Cloud, puis la cérémonie religieuse dans le Salon carré du Louvre transformé en chapelle, le 2 avril 1810[112].
Son surnom L’Aiglon lui vient de poèmes de Victor Hugo écrits en 1852.
Références
T. Lentz, Nouvelle histoire du Premier Empire - L'effondrement du système napoléonien (1810-1814), Fayard, 2004, t. 2, p. 361-363, « Lutter contre le découragement ».
Voir notamment « Albert Benhamou, « Qui était Napoléon ? » », sur www.lautresaintehelene.com (consulté le 4 juillet 2016).
« Maison Bonaparte. Musée National », sur www.musee-maisonbonaparte.fr (consulté le 4 juillet 2016).
Auger et al., bloc 1810, « Napoléon et les femmes »
Henri Guillemin, « Le faux départ (1) », sur rts.ch, Radio télévision suisse, archives, émission Les Dossiers de l'histoire, 13 janvier 1968(consulté le 4 août 2018).
Jean Tulard, Napoléon ou le mythe du sauveur, p. 40. Depuis 1616, les Bonaparte sont membres du conseil des Anciens d'Ajaccio ; ils sont aussi avocats et fréquemment alliés aux anciennes familles seigneuriales insulaires ; voir aussi Valynselee, Le sang des Bonaparte, 1954.
« Étude sur l'ADN de Napoléon et ses sources ancestrales », sur www.lautresaintehelene.com (consulté le 4 juillet 2016).
Auger et al., bloc1769, « Le sang des Bonaparte ».
Auger et al., bloc 1770, « Une existence quasi autarcique »
Joseph Valynseele, Le Sang des Bonaparte, préface de Raoul de Warren, 1954, p. 23 et 25.
J. Tulard, L. Garros, Itinéraire de Napoléon, p. 13.
André Castelot, Bonaparte, p. 30.
J. Tulard, L. Garros, Itinéraire…, p. 15.
« Il apprit le français en trois mois, au point de faire librement la conversation et même de petits thèmes et de petites versions » — Abbé de Chardon, professeur de Napoléon au collège d'Autun.
J. Tulard, L. Garros, Itinéraire…, p. 16.
Mémoires de Bourrienne, tome premier, p. 33.
Jean Mistler (dir.), Napoléon, t. I : Naissance d'un empire, 1969, p. 35.
Longtemps attribué à Bourrienne, en fait, selon J. Tulard et L. Garros, Ibid., p. 17, cet épisode provient d'une brochure anglaise traduite sous le titre de Quelques notions sur les premières années de Bonaparte, parue en l'an VI et reprise dans les Mémoires de Bourrienne sur Napoléon (1829), tome premier, p. 25.
J. Tulard, L. Garros, Itinéraire…, p. 18.
A. Castelot, Bonaparte, p. 47.
J. Tulard, L. Garros, Itinéraire…, p. 21.
Jean Massin, Almanach du Premier Empire, p. 3.
Octave Aubry, Napoléon, Flammarion, 1961.
J. Tulard, Napoléon ou le mythe du sauveur, p. 41.
F. Masson et Guido Biagi, Napoléon, Manuscrits inédits 1786-1791.
Roberto Barrazutti, dans Guerre et Histoire no 14, p. 112.
Arthur Chuquet (1853-1925), La Jeunesse de Napoléon (2e éd. rev. et augm.) Arthur Chuquet (1898-1899), t. II, p. 248-249. En ligne sur Gallica : tome 2.
« Napoleonic Society, 13 vendémiaire », sur www.napoleonicsociety.com (consulté le 4 juillet 2016).
« Soldats ! Vous êtes nus… » Bonaparte auprès de son armée d'Italie en 1796.
Napoléon Bonaparte : la campagne d'Italie (1796-1797), Patrice Gélinet.
Le Mémorial de Sainte-Hélène par le comte de Las Cases, édition La Pléiade.
Michel Massie, « Sieyès et Roger Ducos se sont-ils partagé devant Bonaparte le trésor du Directoire ? », Annales historiques de la Révolution française, no 257, juillet-septembre 1984, p. 404-417.
Laurent Jullien, Campagne d'Égypte de Bonaparte - L'affaire Alqam, ou l’assassinat de Thomas Prosper Jullien, aide de camp de Bonaparte en Égypte, Éditions Universitaires Européennes, novembre 2016.
Frans Sammut, Bonaparte à Malte, 1997/2008.
Cf. dossier de presse de l'exposition « Bonaparte et l'Égypte » à l'Institut du monde arabe.
F. Bluche, Manuel d'histoire politique de la France contemporaine, PUF, 2008, p. 90.
Charles-Tristan Montholon, Récits de la captivité de l'empereur Napoléon à Sainte-Hélène, vol. 1, p. 260.
Paul de Rémusat, Mémoires de madame de Rémusat : 1802-1808, BookSurge Publishing, 2001, 422 p. (ISBN 978-0543857422, lire en ligne), p. 375.
« Les dirigeants de la Banque de France sous le Consulat et l'Empire », sur www.cambaceres.fr (consulté le 4 juillet 2016).
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Octave d'Aubry : Maria Walewska, le grand amour de Napoléon, Paris, A. Fayard, 1951.
André Castelot, Napoléon, 276 p..
André Castelot, Napoléon, Librairie académique Perrin, 170 p..
Paul Hillemand, « Napoléon a-t-il tenté de se suicider à Fontainebleau ? », Revue de l'Institut Napoléon, no 119, 1971, p. 70-78.
Jean Tulard, Napoléon - Les Grands Moments d'un destin, chap. 44.
Philippe Valode, Le Livre noir de l'histoire de France, Acropole, 2009, p. 200.
Caulaincourt, Mémoires, t. III, Plon, 1933, p. 357-366.
Thierry Lentz, Nouvelle histoire du Premier Empire : Les Cent-Jours, 1815, Fayard, 2002, p. 160.
Victor Duruy, L'Histoire de France, t. III, Paris, librairie de L. Hachette et Cie, 1856, 631 p., p. 620.
Buchez, Roux, Histoire parlementaire de la Révolution française, Paris, Paulin, 1838(lire en ligne), p. 228.
« Sainte-Hêlène, journal inédit de 1815 à 1818 par Gaspard Gourgaud », sur archive.org (consulté le 19 novembre 2016).
« La Route de Sainte-Hélène - Les derniers jours de Napoléon en France sur wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le 19 novembre 2016).
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Jacques Macé, « L’empoisonnement de Napoléon », dans Dictionnaire Napoléon / dirigé par Jean Tulard, volume 1, p. 720-724, Éditions Fayard, Paris, 1999, mis en ligne sur le site www.napoleon.org, consulté le 23 juin 2017[1].
Rapport d'autopsie du corps de Napoléon, 6 mai 1821, d'après le docteur François Antommarchi, Mémoires, ou Les derniers moments de Napoléon, tome 2, Éditions Barrois l'aîné, Paris, 1825, p. 160 [2].
« Fiche de lecture : « Vert, histoire d'une couleur » de Michel Pastoureau », sur energie-developpement.blogspot.fr (consulté le 4 juillet 2016).
International Surgery no 5, volume 92, sept.-oct. 2007.
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François Ploux, De bouche à oreille, naissance et propagation des rumeurs dans la France du XIXe siècle, Collection historique, Paris, Aubier, 2003.
Voir notamment « Le témoignage d'un Anglais résidant à Longwood », sur lautresaintehelene.com (consulté le 4 juillet 2016).
Patrick Tudoret, La gloire et la cendre. L'ultime victoire de l'Empereur, Paris, La table ronde, 2008.
Hors-série « les Invalides » du magazine L'estampille/l'objet d'art, no 21 janvier 2006, p. 51 par François Lagrange, chef de la division de la recherche historique et de l'action pédagogique de l'Armée.
R. Reymond, Énigmes, curiosités, singularités, 1987, p. 158.
Louis Chardigny, L'Homme Napoléon, p. 9.
Louis Chardigny, L'Homme Napoléon, p. 12.
« Docteur Maurice Boigey Les Maux de Napoléon. », sur www.napoleonprisonnier.com (consulté le 4 juillet 2016).
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Thierry Lentz, Jacques Macé, La Mort de Napoléon, p. 51.
Thierry Lentz, Jacques Macé, La Mort de Napoléon, p. 50.
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Uwe Fleckner, La rhétorique de la main cachée. De l'Antiquité au « Napoléon, Premier consul » de Jean-Auguste-Dominique Ingres, p. 27-35, in Revue de l'art no 130, 1er octobre 2000.
Jean Tulard, Jeanne d'Arc Napoléon, le paradoxe du biographe, Le Rocher, 1997, p. 87.
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A. Lugli, I. Zlobec, G. Singer et al., « Napoleon Bonaparte's gastric cancer: a clinicopathologic approach to staging, pathogenesis, and etiology », Nat Clin Pract Gastroenterol Hepatol, vol. 4, 2007(lire en ligne).
Albert Benhamou, L'Autre Sainte-Hélène : la captivité, la maladie, la mort, et les médecins autour de Napoléon, 2010, voir chapitre Shortt pour l'étude critique comparative des différents rapports d'autopsie, tant officiels qu'officieux.
Frédéric Bluche, Le bonapartisme, collection Que sais-je ?, éd. Presses universitaires de France, 1981, p. 48.
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André Castelot, Bonaparte, 568 p..
Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle : Dictionnaire biographique et critique, Paris, Mengès, 1995, 494 p. (ISBN 2-8562-0370-1), p. 110-116.
« Arc de Triomphe du Carrousel – Paris », sur www.napoleon.org (consulté le 4 juillet 2016).
« Colonne Vendôme – Paris », sur www.napoleon.org (consulté le 4 juillet 2016).
« Église de la Madeleine – Paris », sur www.napoleon.org (consulté le 4 juillet 2016).
« Palais Brongniart – Bourse de Paris », sur www.napoleon.org (consulté le 4 juillet 2016).
« Conseil d'État »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur www.conseil-etat.fr.
« Le pont des Arts », sur www.napoleon.org (consulté le 4 juillet 2016).
« Cimetière du Père Lachaise – Paris », sur www.napoleon.org (consulté le 4 juillet 2016).
Cf. note de bas de page, dans Norvins, 1827, Histoire de Napoléon. Cf. Histoire de Napoléon (21e éd.), p. 55 disponible sur Gallica.
Cf. Anonyme, 1815, Une année de la vie de l’empereur Napoléon, Paris, p. 109, cf. Une année de la vie de l'empereur Napoléon, p. 109 disponible sur Gallica.
Amédée Pichot, 1873, Napoléon à l'île d'Elbe : chronique des événements de 1814 et 1815… disponible sur Gallica, E. Dentu, Paris, p. 33. Cet auteur rappelle que les Anglais désignent également le Diable « Old Nick », Nick étant un diminutif de Nicolas dans la langue anglaise.
Chansons Provençales, Victor Gelu, notes sur la chanson Felipo.
André Castelot, Bonaparte, Librairie académique Perrin, p. 85.
André Castelot, Bonaparte, Librairie académique Perrin, p. 138.
Cf. « Napoleon Ier (1769-1821), Empereur », sur www.napoleon.org (consulté le 4 juillet 2016).
Cf. « Les Articles organiques de 1802 : l’égalité entre les religions (Notes) », sur www.napoleon.org (consulté le 4 juillet 2016).
Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène, t. II p. 180.
Jacques Bainville, Napoleon Ier, p. 94.
« Napoléon s’est converti à l’Islam. Vrai ou Faux ? », sur Grégory Roose. Commenta(c)teur. (consulté le 7 août 2018).
Antoine-Clair Thibaudeau, Histoire générale de Napoléon Bonaparte, de sa vie privée et publique, Paris, Impri, 1828(lire en ligne), p. 369.
Napoléon nous parle, 1997 (ISBN 2-7441-1320-4), p. 110.
Napoléon nous parle, 1997 (ISBN 2-7441-1320-4), p. 112.
Le Mémorial de Sainte-Hélène par le comte de Las Cases, t. 2 p. 333, édition La Pléiade.
Lettre au Pacha d'Alep du 26 fructidor an VI, Le Caire.
Lettre au chérif de la Mecque du 9 fructidor an VI, Le Caire.
Henry Laurens, « Napoléon et l'Islam » dans Orientales, CNRS, 2007, 2e partie, p. 157-164.
Le miroir de la Vérité, archives de la BNF, Tolbiac H11830.
François Collaveri, Napoléon franc-maçon ?, Tallandier, 2003, 300 p. (ISBN 2847340726).
Roger Dachez, Histoire de la franc-maçonnerie française, PUF, 2003, p. 81.
« Exposition La pourpre et l'exil, château de Compiègne, 2004-2005 » [PDF], sur www.musee-chateau-compiegne.fr.
Voir sur la base de roglo – Napoléon Ier : il aurait été conçu lors des Cent-Jours.
Jacques Macé, Dictionnaire historique de Sainte-Hélène, Paris, Tallandier, 2004, 543 p.
« Archives nationales ».
« Archives nationales ».
Annexes
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Bibliographie
Mémoires de Napoléon
- Les Mémoires de Napoléon ont été publiés après un siècle d'oubli. Elles sont présentées par Thierry Lentz.
Napoléon Bonaparte, La campagne d'Italie, Tallandier, 2010.
Napoléon Bonaparte, La campagne d'Égypte, Tallandier, 2011.
Napoléon Bonaparte, L'île d'Elbe et les Cent Jours, Tallandier, 2011.
Éditions de la correspondance
Napoléon Bonaparte, Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’Empereur Napoléon III, Paris, Imprimerie impériale, 1858-1869, 32 vol. in-4°.
Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, publiée par la Fondation Napoléon, Paris, Fayard, 2004 - 2018. Quinze volumes :
Napoléon Bonaparte (Introduction générale de Jacques-Olivier Boudon), Les Apprentissages (1784-1797), Paris, Fayard, 2004, 1 464 p. (ISBN 978-2-213-62138-8).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, La Campagne d’Égypte et l’avènement (1798-1799), Paris, Fayard, 2005, 1 270 p. (ISBN 978-2-213-62139-5).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Les Pacifications (1800-1802), Paris, Fayard, 2006, 1 400 p. (ISBN 978-2-213-62937-7).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Ruptures et fondation (1803-1804), Paris, Fayard, 2007, 1 184 p. (ISBN 978-2-213-63349-7).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Boulogne, Trafalgar, Austerlitz (1805), Paris, Fayard, 2008, 1 128 p. (ISBN 978-2-213-63721-1).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Vers le Grand Empire (1806), Paris, Fayard, 2009, 1 480 p. (ISBN 978-2-213-64385-4).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Tilsit, l'apogée de l'Empire (1807), Paris, Fayard, 2010, 1 608 p. (ISBN 978-2-213-65574-1).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Expansions méridionales et résistances (1808-janvier 1809), Paris, Fayard, 2011, 1 770 p. (ISBN 978-2-213-66623-5).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Wagram (Février 1809-Février 1810), Paris, Fayard, 2013, 1 944 p. (ISBN 978-2-213-67173-4).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Un Grand Empire (Mars 1810-Mars 1811), Paris, Fayard, 2014, 1 590 p. (ISBN 978-2-213-68208-2).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Bruits de bottes (Avril-décembre 1811), Paris, Fayard, 2015, 1 584 p. (ISBN 978-2-213-69393-4).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, La campagne de Russie (1812), Paris, Fayard, 2012, 1 530 p. (ISBN 978-2-213-66862-8).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Le commencement de la fin (Janvier-juin 1813), Paris, Fayard, 2016, 1 464 p. (ISBN 978-2-213-70177-6).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Leipzig (Juillet-décembre 1813), Paris, Fayard, 2017, 1 314 p. (ISBN 978-2-213-70548-4).
Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, Les chutes (1814-1821) - Supplément (1788-1813), Paris, Fayard, 2018, 1 488 p. (ISBN 978-2-213-70617-7).
Écrits de jeunesse
Dialogue sur l’Amour (1784).
Le Masque prophète / ill. Éric Vrignaud. Paris : Mouck, 2008, 32 p. (ISBN 978-2-917442-05-0).
Le comte d'Essex.
Le souper de Beaucaire (1793), édité (auteur anonyme) en 1798 et réédité en 1821.
La nouvelle Corse.
Clisson et Eugénie Paris, Fayard, 2007 (ISBN 978-2-213-63342-8).
Éditions disponibles :
Napoléon Bonaparte (préf. Patrick Rambaud, recueil de six textes), Le masque prophète, Éd. L'Esprit du temps, coll. « Textes essentiels », 2011, 104 p. (ISBN 978-2-847951-95-0).- Textes en ligne sur http://www.bmlisieux.com/archives/bonapart.htm.
Sur Gutenberg.org
- Napoléon Bonaparte, « Œuvres de Napoléon Bonaparte, Tome… », sur Projet Gutenberg
.
Témoignages
François Antommarchi, Les Derniers Moments de Napoléon, Éd. Buchet/Chastel, 1975.
Louis-Antoine Fauvelet de Bourrienne, Mémoires de M. de Bourrienne sur Napoléon, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Restauration, Paris, Ladvocat, 1829-1831 (réimpr. Garnier & Fr., 1899), 10 volumes in-octavo (lire en ligne).
Jean-Antoine Chaptal, Mes souvenirs sur Napoléon, Paris, Plon, 1893(lire sur Wikisource) — texte établi par Emmanuel Chaptal, arrière-petit-fils de l'auteur.
François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, livres XXII à XXIX.
Las Cases, Montholon, Gourgaud, Bertrand (textes choisis par Jean Tulard), Napoléon à Sainte-Hélène par les quatre évangélistes, Paris, Éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1981(ISBN 978-2-221-50232-7).
Emmanuel de Las Cases, André Maurois (avant-propos), Jean Prévost (introduction) et Gérard Walter (dir.) (édition contenant toutes les variantes des éditions antérieures et une biographie sommaire de tous les personnages cités), Le Mémorial de Sainte-Hélène, Éd. Gallimard, coll. « La Pléiade », 1956.
Pons de l'Hérault (édition moderne et enrichie des Souvenirs et anecdotes de Pons de l'Hérault), Napoléon, empereur de l'île d'Elbe, Paris, Les éditeurs libres, 2005.
Joseph-Marie Lo Duca, Journal secret de Napoléon Bonaparte, Paris, Rombaldi, coll. « Bibliothèque du temps présent », 1973, 253 p.à partir de textes d'Antoine de Jomini, l'alter-ego de Napoléon.
Charles-Edouard Temblaire, Revue de l'Empire fondée en 1842, Paris, Paul Dupont et comp., 1843 à 1848.
Louis Constant Wairy dit Constant, Mémoires intimes de Napoléon Ier par Constant, son valet de chambre, Société des publications littéraires illustrées.
Ouvrages de fiction (les éditions indiquées sont modernes)
Par ordre chronologique de parution.
Alexandre Dumas, Napoléon, éd. Jean-Claude Lattès.
Jean Dutourd, Le Feld-Maréchal von Bonaparte, Paris, 1996.
Patrick Rambaud, La Bataille, Paris, Grasset, 1997(ISBN 978-2-246-52721-3).
Patrick Rambaud, Il neigeait, Paris, Grasset, 2000(ISBN 978-2-246-58421-6).
Patrick Rambaud, L’absent, Paris, Grasset, 2003(ISBN 978-2-246-63351-8).
Stendhal, La Chartreuse de Parme, Paris, Gallimard, coll. « Folio classique », 2003(ISBN 978-2-07-041138-2).
Léon Tolstoï, Guerre et Paix, Paris, Seuil, 2002(ISBN 978-2-02-047696-6).
Études historiques classiques
Jacques Marquet de Montbreton de Norvins (1769-1854), Histoire de Napoléon, 1827(lire en ligne).Première grande biographie de Napoléon.
Adolphe Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, Paris, Paulin, 1845. Réédité par R. Laffont, coll. « Les Grands monuments de l’histoire », Paris, 1972.
Jules Michelet, Histoire du XIXe siècle, en 3 tomes, 1875. Disponible sur le site de « Gallica », sur gallica.bnf.fr (consulté le 4 juillet 2016) dans les « Œuvres complètes de J. Michelet », sur notices.bnf.fr (consulté le 4 juillet 2016) t. 17, 18 et 19.Ces 3 volumes couvrent la vie de Napoléon de sa naissance jusqu'à la bataille de Waterloo.
Arthur Chuquet, La Jeunesse de Napoléon (1897-1899), Armand Colin, 1898(lire en ligne).Considérée par Jean Tulard comme une source sérieuse malgré les lacunes de référence.
Jacques Bainville, Napoléon, 1931(lire en ligne). Réédité Godefroy de Bouillon, Paris, 1995 (ISBN 978-2-84191-000-7) et Gallimard, coll. « Tel », Paris, 2005 (ISBN 978-2-07-071050-8).Biographie mouvementée par un auteur royaliste.
André Suarès, Vues sur Napoléon, Paris, Grasset, 1933. Réimprimé, Allia, Paris, 1988 (ISBN 978-2-904235-12-2).
Louis Madelin, Histoire du Consulat et de l'Empire, Hachette, 1937-1948. Réédité R. Laffont, 2003 (ISBN 978-2-221-91331-4).
Ouvrages modernes
Par ordre alphabétique d'auteur :
Éric Anceau, Napoléon, Paris, Librio, 2004(ISBN 978-2-290-33730-1).
Octave Aubry, Napoléon, 1961, 391 p..
Antoine Auger, Jacques Garnier, Vincent Rollin et Dimitri Casali (dir.) (préf. Jean Tulard), Napoléon Bonaparte, Paris, Larousse, 2004, 407 p. (ISBN 978-2-03-505406-7).
Jules Bertaut, Napoléon Ier aux Tuileries, Hachette, 1949.
Louis Bertrand (Album réalisé par le Club Gutenberg), Histoire de Napoléon, MAME, 1969.
Jacques-Olivier Boudon, Histoire du Consulat et de l’Empire, Paris, Perrin, coll. « Pour l’histoire », 2000(ISBN 978-2-262-01254-0).
Christophe Bourachot, Napoléon, La dernière bataille, Omnibus, 2014, 864 p..
Roger Caratini, Napoléon une Imposture, Éditions Michel Lafon, 1998.
Dimitri Casali (dir.), Napoléon Bonaparte, Paris, Larousse, 2004.
André Castelot, I. Bonaparte & II. Napoléon, Librairie Académique Perrin, 1967 & 1968.
Arnaud Chaffanjon, Napoléon et l’Univers Impérial, Éd. Serg, 1969.
Louis Chardigny, Les Maréchaux de Napoléon, Librairie Jules Tallandrier, 1977.
Vincent Cronin, Napoléon, Londres, Harpercollins, 2006(ISBN 978-0-00-637521-0).
Jean-Claude Damamme, Les Aigles en Hiver, Russie 1812, Plon, 2009, 818 p..
Jean Defranceschi, La Jeunesse de Napoléon : les dessous de l’histoire, Paris, Lettrage distribution, coll. « Lettrage » (no 6), 2001, 384 p. (ISBN 978-2-9516656-0-6).
Steven Englund, Napoléon : une vie politique, New York, Scribner, 2004. Traduction française, éditions de Fallois, Paris, 2004 (ISBN 978-2-87706-502-3).
Patrick Facon, Renée Grimaud et François Pernot, L’Homme d’État absolu, Évreux, Atlas, coll. « La glorieuse épopée de Napoléon », 2004, 128 p. (ISBN 978-2-7312-2920-2).
Paul Gaffarel, Campagnes du Premier Empire, Hachette, 1891.
Max Gallo (4 volumes : Le Chant du départ [1769-1799], Le Soleil d’Austerlitz [1799-1805], L’Empereur des rois [1806-1812] et L’Immortel de Sainte-Hélène [1812-1821], 408, 345, 418 et 424 p.), Napoléon, Éditions Robert Laffont, 1997(ISBN 978-2-221-08357-4).
Max Gallo (hors commerce), L’album de l’Empereur, Éditions Robert Laffont, 1997, 63 p..
Max Gallo (Les grandes biographies de Max Gallo), Napoléon, Éditions Robert Laffont, mai 2012, 1472 p. (ISBN 2-221-08790-9).
Louis Garros et Jean Tulard (2e éd. rev. et corr.), Itinéraire de Napoléon au jour le jour (1769-1821), Paris, Volumen, coll. « Bibliothèque napoléonienne », 2002(ISBN 978-2-84734-016-7).
Paul Ganière (Dr), Sainte-Hélène, Librairie académique Perrin, 1964.
Henri Gaubert, Le Sacre de Napoléon, Flammarion, 1964.
Henri Gaubert, Conspirateurs au temps de Napoléon, Flammarion, 1962.
A. Gautier, « Un drogman à Sainte-Hélène, le baron de Stürmer (1787-1863) », Le Bulletin, Association des anciens élèves, Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), octobre 2003, p. 39-48.
Patrice Gueniffey, Bonaparte : 1769-1802, Paris, Gallimard, coll. « NRF biographies », 2013, 860 p. (ISBN 978-2-07-076914-8).
Henri Guillemin, Napoléon, légende et vérité, Bats (Landes), Utovie, 1986(ISBN 2-86819-737-X).
Lionel Jospin, Le mal napoléonien, Seuil, 2014(ISBN 2-02116-317-2).
Henry Lachouque, Napoléon, 20 Ans de Campagnes, Arthaud, 1969.
Didier Le Gall, préf. de Jean-Paul Bertaud, Napoléon et le Mémorial de Sainte-Hélène : analyse d'un discours, Kimé, Paris, 2003 (ISBN 2-84174-318-7).- Thierry Lentz (en collaboration), préf. par Jean Tulard, Autour de l’empoisonnement de Napoléon, Éd. Nouveau Monde, Paris, 2002 (ISBN 2-84736-001-8).
- Thierry Lentz, Napoléon, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », Paris, 2003 (ISBN 2-13-053766-9).
- Thierry Lentz, Le Sacre de Napoléon, Éd. Nouveau Monde, 2004 (ISBN 2-84736-036-0).
- Thierry Lentz et Pierre Branda, Napoléon, l’esclavage et les colonies, Fayard, Paris, 2006 (ISBN 2-21362-987-0).
Jacques Macé, Dictionnaire historique de Sainte-Hélène : chronologique, biographique et thématique, Tallandier, coll. « Bibliothèque napoléonienne », Paris, 2004. 488 p. (ISBN 2-84734-120-X).
Gilbert Martineau, La Vie quotidienne à Sainte-Hélène au temps de Napoléon, Hachette, 1966.
Gilbert Martineau, Napoléon se rend aux Anglais, Hachette, 1969.
André Maurois, Napoléon, Hachette, 1964.
Jean Mistler, Napoléon, coll. « Marabout Université », Hachette, 1968.
Jean Morvan, Le Soldat Impérial (1800-1814), Plon-Nourrit, 1904.
Pierre Norma, Napoléon, Maxi-Livres, Paris, 2002 (ISBN 2-7434-5337-0).
Gilbert Prouteau, La Nuit de l'île d'Aix, Éd. du Club France Loisirs, Paris, avec l'autorisation des éditions Albin Michel, 1985 (ISBN 2-7242-2807-3).
Patrick Ravignant, Ce que Napoléon a vraiment dit, Stock, 1969.
Georges Rétif de la Bretonne, Anglais, rendez-nous Napoléon, Jérôme Martineau, 1969Journaliste qui dans un style non-académique et plutôt lyrique, développe une thèse controversée que ce n'est pas son corps qui repose aux Invalides, il fut subtilisé (voir « Napoléon intouchable aux Invalides », sur Libération, 16 août 2002).
Cécil Saint-Laurent, Quand Napoléon occupait l'Europe (1796-1814), 1968, Les Presses de la Cité.
Jean Savant, Napoléon, Éd. Henry Veyrier, 1975.
Jean Thiry, L’Aube du Consulat, 1948, Éd. Berger-Levrault.- Jean Thiry, La Campagne de France de 1814, 1946, Éd. Berger-Levrault.
- Jean Thiry, Le Sénat de Napoléon, 1949, Éd. Berger-Levrault.
- Jean Thiry, La Première Abdication de Napoléon Ier, 1948, Éditions Berger-Levrault.
Jean Tulard, Napoléon ou le Mythe du Sauveur, Fayard, Paris, 1987 (ISBN 2-213-01813-8) - [détail de l’édition].- Jean Tulard (dir.), Dictionnaire Napoléon, Fayard, Paris, 1999 (ISBN 2-213-60485-1).
- Jean Tulard, Napoléon, les grands moments d'un destin, Fayard, 2006 (ISBN 9-782213-630861).
(pt) Cláudio Veiga, Um Brasileiro Soldado de Napoléon, Editora Árica, 1979.
Louis de Villefosse et Janine Bouissounouse, L’Opposition à Napoléon, Flammarion, 1969.
Maximilien Vox, Napoléon, Seuil, coll. « Le temps qui court », Paris, 1959, 184 p.
Ben Weider, Napoléon : Liberté – Égalité – Fraternité, Éditions Trois-Pistoles, 1997, 351 p.
René h. Willems, Odyssée d’un Carabinier à Cheval 1806-1815, 1969, Éd. Pierre de Meyere, Bruxelles.
Iconographie
L'Aigle et le Papillon. Symboles des pouvoirs sous Napoléon, Paris, Les Arts Décoratifs, 2008(ISBN 978-2-916914-01-5).
Littérature jeunesse
P'tit Napo[a], texte de Géraldine Elschner, illustrations de Ronan Badel, Glénat, 2014 (ISBN 9782344001486).
Françoise Dargent, « Napoléon raconté aux enfants », article du journal Le Figaro du 23 septembre 2014..
Filmographie sélective
Parmi les très nombreux films et téléfilms consacrés au personnage ou le faisant figurer, avec l’acteur qui l’y incarne :
1912 : Napoléon de Louis Feuillade (France)
1927 : Napoléon d’Abel Gance avec Albert Dieudonné (France)
1929 : Sainte-Hélène (Napoleon auf St. Helena) de Lupu-Pick avec Werner Krauss (France)
1934 : Napoléon Bonaparte d’Abel Gance avec Albert Dieudonné (nouvelle version, sonore, d’après celle de 1927) (France)
1935 : Campo di maggio de Giovacchino Forzano avec Corrado Racca (Italie)
1941 : Napoleón de Luis César Amadori (Argentine)
1955 : Napoléon de Sacha Guitry avec Daniel Gélin et Raymond Pellegrin (France)
1960 : Austerlitz d’Abel Gance avec Pierre Mondy (France)
1970 : Waterloo de Serge Bondartchouk avec Rod Steiger (R.U., Russie)
1971 : Bonaparte et la Révolution d’Abel Gance avec Albert Dieudonné (nouvelle version d’après celle de 1927 et 1934) (TV ; France)
1985 : Adieu Bonaparte de Youssef Chahine avec Patrice Chéreau (France, Égypte)
1989 : Napóleon d'András Sólyom avec Péter Rudolf (TV ; Hongrie)
1990 : Napoléon et l'Europe de José Fonseca e Costa, Eberhard Itzenplitz, Pierre Lary, Janusz Majewski, Krzysztof Zanussi avec Jean-François Stévenin (TV ; Pologne, Belgique, Canada, France)
1999 : Pan Tadeusz d'Andrzej Wajda avec Henryk Baranowski (Pologne)
2002 : Napoléon d’Yves Simoneau avec Christian Clavier (TV ; France, Allemagne, Canada, États-Unis, Royaume-Uni)
2003 : Monsieur N. d’Antoine de Caunes avec Philippe Torreton (France, R.U.)
2006 : Napoléon (et moi) de Paolo Virzì avec Daniel Auteuil (France, Espagne, Italie)
2006 : La bataille finale de Napoléon de Doug Shultz avec Philippe Nevo (États-Unis, Canada)
2006 : Napoleon and Betsy de Benjamin Ross avec Scarlett Johansson (États-Unis)
2006 : Austerlitz, la victoire en marchant documentaire-fiction de Jean-François Delassus (France).
Jeux vidéo
Fields of Glory, Microprose, 1993.
Napoléon 1813, Empire Interactive, 1999.
Waterloo: Napoleon's Last Battle, Breakaway Games, 2001.
Imperial Glory, Eidos Interactive, 2005.
Cossacks II: Napoleonic Wars, GSC Game World, 2006.
Cossacks II: Battle For Europe, GSC Game World, 2006.
Crown of Glory, Western Civilization Software, 2006.
Europa Universalis III: Napoleon's Ambition, Paradox Interactive, 2007.
Napoleon in Italy, Hussar Games, 2007.
Les Campagnes de Napoléon, AGEOD, 2007.
Commander: Napoleon at War, Slitherine Software, 2008.
Napoleon: Total War, The Creative Assembly, 2010.
Assassin's Creed Unity, Ubisoft, 2014.
The Council, Focus, 2018.
Musées
Musée des Invalides, musée militaire abritant en annexe, au cœur de la chapelle Saint-Louis, la sépulture de Napoléon Ier et celles de deux de ses frères (Jérôme et Joseph) ainsi que de son fils, l'Aiglon, et de certains généraux d'Empire tels que Duroc, Bertrand et Lasalle.
Château de Fontainebleau, ancien lieu de résidence de la cour impériale et haut lieu de décision politique de l'Empire (concordat de Fontainebleau (1813), premier acte d'abdication etc.) ; s'y trouve la salle du trône et la bibliothèque de travail de l'empereur.
Musée Napoléon, sur l’île d'Aix (Charente-Maritime).
Château de Malmaison, ancienne demeure de Joséphine de Beauharnais, devenu un musée.
Château de Bois-Préau, annexe de celui de Malmaison, il est consacré à la captivité et à la mort de Napoléon à Sainte-Hélène ainsi qu'au retour des cendres et à la légende napoléonienne.- Musée Napoléon, du château de la Pommerie à Cendrieux (Dordogne), est un musée privé appartenant à un descendant de Jérôme et rassemblant des souvenirs de la famille impériale.
- Musée du château de Compiègne permet, en visite libre, de visiter les grands appartements restaurés, généralement, premier empire.
Musée Naval et Napoléonien d'Antibes, aménagé dans l’ancienne casemate de la batterie côtière du Graillon qui surplombe l’un des accès de la plage de Golfe-Juan où Napoléon, quittant l’île d’Elbe, débarquait le 1er mars 1815.
Palazzina dei Mulini, sur l'île d'Elbe, érigé en musée, fut la résidence officielle de Napoléon et de sa sœur Pauline. Au même titre que sa résidence de campagne, la villa San Martino, située à 5 km de Portoferraio et devenue elle aussi un musée.
Musée et parc Noisot, du grognard Claude Noisot (1757-1861) à Fixin près de Dijon en Bourgogne.
Articles connexes
Politique
Régimes et évènements
Chronologie de la Révolution française et du Premier Empire ;
Révolution française ;
Chronologie de la France sous le premier Empire;
Histoire économique de la France de 1789 à 1815.
Coup d'État du 18 Brumaire.
Consulat (histoire de France) ;
Gouvernement du Consulat.
Premier Empire ;
Sacre de Napoléon Ier ;
Constitution de l’an XII ;
Étendue de l'Empire français en 1810;
Ministres de Napoléon Ier.
Traité de Fontainebleau (1814) ;
Principauté de l'île d'Elbe ;
Cent-Jours ;
Acte additionnel ;
Gouvernement des Cent-Jours.
Traité de Paris (1815).
Autres
Chronologie napoléonienne ;
Chronologie de l'esclavage ;
Chronologie de la France pendant les Cent-Jours ;
Napoléon Ier et les décorations ;
Napoléon et l'Église catholique ;
Napoléon et les Juifs ;
Réalisations sous l'ère napoléonienne.
Armée
Campagnes
Siège de Toulon ;
Vendémiaire ;
1re campagne d’Italie ;
Campagne d'Égypte ;
2e campagne d’Italie ;
1re campagne d'Allemagne ;
Campagne de Prusse et de Pologne ;
Guerre d’Espagne ;
Dos de mayo ;
Tres de mayo.
Campagne d'Allemagne et d'Autriche ;
Campagne de Russie ;
2e campagne d’Allemagne ;
Campagne de France (1814) ;
Campagne de Belgique (1815).
Autres
Séjour de Napoléon Bonaparte à Auxonne ;
Armée napoléonienne ;
Grande Armée;
Armée française pendant les Cent-Jours.
Événements militaires des Cent-Jours ;
Liste des chevaux de Napoléon ;
Liste des généraux de la Révolution et du Premier Empire ;
Liste des marins d'Empire ;
Maréchal d'Empire ;
Mariage de 6 000 soldats de l'Empire.
Vie privée
Maison Bonaparte ;
Joséphine de Beauharnais ;
Divorce de Napoléon Ier et Joséphine de Beauharnais ;
Marie-Louise d'Autriche.
Liste des maîtresses de Napoléon Ier ;
Exil de Napoléon Ier à Sainte-Hélène ;
Mort de Napoléon Ier ;
Retour des cendres.
Arts et culture
Tableaux
Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard ;
Napoléon Ier sur le trône impérial ;
Le Sacre de Napoléon ;
Napoléon dans son cabinet de travail ;
Patrimoine
Arc de triomphe de l'Étoile ;
Liste des batailles gravées sur l'arc de triomphe de l'Étoile ;
Noms gravés sous l'arc de triomphe de l'Étoile.
Circuit Napoléon autour de Paris ;
Musée napoléonien ;
La Roche-sur-Yon ;
Route Napoléon.
Autres
Chapeau de Napoléon ;
Légende napoléonienne ;
Le Mémorial de Sainte-Hélène ;
Masque mortuaire de Napoléon Ier ;
Napoléon (pièce de monnaie) ;
Napoléon Ier au cinéma ;
Saint-Napoléon ;
Faïences et émaux de Longwy.
Divers
Fondation Napoléon ;
Institut Napoléon ;
Ouverture Napoléon ;
Problème de Napoléon ;
Théorème de Napoléon ;
Le Feld-Maréchal von Bonaparte (roman uchronique de Jean Dutourd
Liens externes
« Site de la Fondation Napoléon », sur napoleon.org (consulté le 4 juillet 2016).
Napoléon 1er magazine (existe depuis 2000) sur http://www.napoleon1er.fr/.
« Napoléon Prisonnier », sur www.napoleonprisonnier.com, site qui retrace la vie de Napoléon de 1814 à 1821. (consulté le 4 juillet 2016).
« Chronologie illustrée de la captivité de Napoléon à Sainte-Hélène », sur www.lautresaintehelene.com (consulté le 4 juillet 2016).
« Napoléon 1er Forum », sur forum.napoleon1er.net (consulté le 16 janvier 2018).
« Napoleon & Empire », sur www.napoleon-empire.net (consulté le 4 juillet 2016).
« Le Souvenir napoléonien, société française d’histoire napoléonienne », sur www.souvenirnapoleonien.org (consulté le 4 juillet 2016).
« Brown University Library, Napoleonic Satires », sur library.brown.edu (consulté le 4 juillet 2016).
« Les archives de gestion des travaux aux résidences et palais impériaux sous Napoléon Ier », sur siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le 19 novembre 2016).
« Les minutes des lettres de Napoléon Ier, Premier Consul, puis Empereur », sur www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le 19 novembre 2016).
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