René Ghil





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René Ghil.jpg

René Ghil.


























Biographie
Naissance

27 septembre 1862Voir et modifier les données sur Wikidata
TourcoingVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès

15 septembre 1925Voir et modifier les données sur Wikidata (à 62 ans)
NiortVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité

FrançaisVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation

Lycée CondorcetVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité

PoèteVoir et modifier les données sur Wikidata



René François Ghilbert, dit René Ghil, né le 27 septembre 1862 à Tourcoing et mort le 15 septembre 1925 à Niort[1], est un poète français, s'inscrivant au départ dans la trajectoire de Stéphane Mallarmé, puis développant une théorie poético-linguistique avant-gardiste ayant entre autres influencé certains lettristes et des poètes sonores après 1945.




Sommaire






  • 1 Biographie


  • 2 Œuvre


  • 3 Ouvrages


  • 4 Bibliographie


  • 5 Notes et références


  • 6 Liens externes





Biographie |


Né René François Ghilbert, il arrive à Paris en 1870 et entre au lycée Fontanes, où il a pour condisciples Rodolphe Darzens, Pierre Quillard, Stuart Merrill, André-Ferdinand Hérold, André Fontainas, et le futur Éphraïm Mikhaël, qui forment une bande d'amis désignée plus tard comme le « groupe de Fontanes »[2].


Son premier ouvrage paraît en janvier 1885 à Paris chez Frinzine, c'est un recueil de « poèmes en essai » intitulés Légendes d'Âmes et de Sangs, dédié à Émile Zola et Stéphane Mallarmé. Ce dernier, mais aussi Joris-Karl Huysmans, le salue et l'invite à assister aux « mardis » de la rue de Rome, réunion de poètes et d'écrivains proches de Mallarmé, et dont Ghil devient un assidu[2].


En 1886, Ghil publie d'abord en extrait dans La Pleiade de Rodolphe Darzens, puis chez Giraud son Traité du Verbe : c'est un premier état qui connaîtra plusieurs versions remaniées successives (chez Frinzine), la première étant précédée d'un « avant-dire » signé Mallarmé, préface qui contribue à lui donner un peu de notoriété, partagée entre indignation, indifférence et admiration[2].


En 1888, Ghil rompt avec Mallarmé, la plupart des symbolistes et même Paul Verlaine, rejetant à la fois une forme de poésie égotiste et ces aspects théoriques liés à l'idéalisme, auquel il oppose un matérialisme quelque peu mystique. C'est qu'entre-temps, il a fondé les Écrits pour l'art[3], associé au critique musical Gaston Dubedat, et à Stuart Merrill, Francis Viélé-Griffin, Henri de Régnier, Émile Verhaeren. Avec cette revue, il s'oppose fermement aux symbolistes qu'il juge décadents puis morts, et notamment à Jean Moréas, rencontrant en chemin l'opposition de La Revue indépendante alors dirigée par Édouard Dujardin. Les Écrits pour l'art deviennent l'organe d'un groupe appelé « instrumentiste-verbale », de « Poésie scientifique » ou « Philosophique-instrumentiste » (tels sont ses termes) ou qu'il qualifie parfois de « symboliste et instrumentiste ». Entre juin 1887 et juin 1888, Ghil suspend les Écrits pour l'art et devient rédacteur à La Wallonie invité par Albert Mockel[4].


Selon Jean-Pierre Bobillot, il développe au fil des années une théorie scientifique de la poésie qui lui est propre, puisant d'abord dans Jean-Jacques Rousseau et sa théorie du langage originel[5], qui le pousse à rechercher une primitivité perdue à travers une élaboration formalisée à l'extrême, tout en travaillant sur les avancées de son temps en termes d’acoustique expérimentale développées par Hermann von Helmholtz dans son essai Théorie physiologique de la musique (1868) : Ghil tente de retrouver le « caractère originel de la parole, et penser les mots-musique d'une langue-musique »[2]. Ce programme, très ambitieux, qui veut dépasser la théorie baudelairienne des correspondances, Ghil en trouve l'illustration dans le sonnet des Voyelles de Rimbaud, dans les avancées du phonographe, dans les travaux sur la couleur de peintres comme Georges Seurat. Il convoque également l'évolutionnisme de Charles Darwin et se passionne pour le bouddhisme.


Après un nouvel arrêt des Écrits pour l'art en 1892, il tente de lancer une nouvelle revue, L'Idée évolutive avec Marcel Batilliat, Gaston et Jules Couturat, Emmanuel Delbousquet, Pierre Devoluy[6]. Mais Ghil ne va pas tarder à se retrouver de plus en plus isolé.


Il poursuivit son œuvre relativement en solitaire, proche néanmoins autour de 1900 de certains milieux anarcho-syndicalistes, encourageant les débuts d'un auteur comme Charles-Louis Philippe. En 1902, il publie Le Pantoun des pantoun.


Il collabore aux revues russes Vesy (La Balance) de 1904 à 1908 et à Apollon en 1910. Entre-temps, Jean Royère relance les Écrits pour l'art (mars 1905 - février 1906), où l'on trouve comme contributeurs Marinetti.


En décembre 1913, quelques jours avant Apollinaire, il enregistra aux « Archives de la parole » son Chant dans l'Espace qui contient ce vers résumant toute sa conception du monde et de la poésie : « Ma pensée est le monde en émoi de soi-même. »


En 1923, il publie Les dates et les œuvres, symbolisme et poésie scientifique, sorte de bilan autobiographique, qui tente de resituer sa singularité et son apport quant aux avant-gardes du début du XXe siècle[7].


Le statuaire Philippe Besnard exécuta son buste[8].


Il est inhumé au Cimetière Saint-Pierre à Melle (79).



Œuvre |




Couverture du Traité du verbe : édition Deman publiée à Bruxelles en 1888.


L'œuvre poétique de René Ghil débuta en 1885 par le recueil Légende d'Âmes et de Sangs :



Vie, et ride des eaux, depuis que hors l'amère

Navrure de ses Yeux son âme ne sourd plus,

De ses Yeux inlassés la Vieille aux os de pierre

Morne et roide regarde : et sa voix de prière

Très aigre, égrène au soir les avés des élus.


Elle se poursuivit, tout le reste de sa vie, sous forme de petits volumes successifs, et de livres qui en reprenaient le contenu plus ou moins remanié, sous le titre général d'Œuvre; mais si les deux premières parties : Dire du Mieux et Dire des Sangs furent achevés, on ne connaît que trois fragments du troisième : Dire de la Loi...


Poète ambitieux, féru de philosophie, soucieux de donner une assise philosophique et scientifique à son engagement poétique, René Ghil publia d'abord le Traité du verbe en 1886, avec un « avant-dire » de Stéphane Mallarmé, qui contient une citation devenue fort célèbre : « Je dis : une fleur ! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calices sus, musicalement se lève, idée rieuse ou altière, l'absente de tous bouquets. ». Mais il s'éloigna très vite de ce premier stade de sa pensée, comme on le voit dès En Méthode à l'Œuvre (1904) et plus encore avec De la poésie scientifique (1909). Ses théories d'« instrumentation verbale » eurent une influence aussi durable que souterraine sur les futuristes russes et italiens, sur Breton et Aragon, sur Jean-Louis Brau et François Dufrêne, dissidents du lettrisme d'Isidore Isou, et son travail est également réactualisé par des membres de l'Oulipo tels que Jacques Jouet[9].



Ouvrages |


Éditions contemporaines de l'auteur



  • Légende d'âmes et de sangs, Paris, L. Frinzine, 1885


  • Traité du verbe, avec « Avant-dire » de Stéphane Mallarmé, Paris, Giraud, 1886


  • Légendes de rêve et de sang, Livre II : Le Geste ingénu, Paris, L. Vanier, 1887


  • Le Pantoun des pantoun, poème javanais, Paris et Batavia, 1902. Reproduit à l'identique et commenté dans Échelle et papillons - Le Pantoum de Jacques Jouet, Les Belles Lettres, 1998 (ISBN 2-251-49008-6). Texte sur Gallica


  • De la poésie scientifique, Paris, Gastein-Serge, 1909


  • La tradition de poésie scientifique, Paris, Société littéraire de France, 1920


  • Les dates et les œuvres : symbolisme et poésie scientifique, Paris, G. Crès, 1922


Recueil


  • Œuvre, Paris, Mercure de France - E. Figuière, 1889-1926, 9 tomes en 14 volumes, comprenant : I. Dire du mieux ; I. Le meilleur devenir ; II. Le geste ingénu ; III. La preuve égoïste ; IV. Le vœu de vivre ; V. L'ordre altruiste ; II. Dire des sangs ; I. Le pas humain ; II. Le toit des hommes ; III. Les images du monde ; IV. Les images de l'homme.

Rééditions



  • Légende d'Âmes et de Sangs, Plein Chant, 1995, (ISBN 978-2854521337).


  • Le Vœu de Vivre & autres poèmes choisis par Jean-Pierre Bobillot, avec CD (lecture par R. Ghil en 1913), Presses universitaires de Rennes, 2004 (ISBN 978-2868479792).


  • De la Poésie scientifique & autres écrits, textes choisis, présentés par Jean-Pierre Bobillot, Ellug, 2008 (ISBN 978-2843101151).


  • Chant dans l'espace & Poèmes séparés, La Termitière, 2012 (ISBN 978-2914343190).


  • Les Dates et les Œuvres. Symbolisme et Poésie scientifique, texte établi, présenté et annoté par Jean-Pierre Bobillot, Ellug, 2012.



Bibliographie |


Paul Verlaine consacre à René Ghil une de ses 27 monographies :



  • Paul Verlaine, René Ghil, monographie publiée dans la revue Les Hommes d'aujourd'huino 338 ; texte sur wikisource


Notes et références |





  1. Notice d'autorité de la Bibliothèque nationale de France.


  2. a b c et dRené Ghil, De la poésie-scientifique & autres écrits, présenté par Jean-Pierre Bobillot, Grenoble, ELLUG, 2008, cf. « Prologue » p. 8-16.


  3. Notice du Catalogue général de la BNF, en ligne.


  4. J.-P. Bobillot (2008), p. 92.


  5. Essai sur l'origine des langues, ou il est parlé de la mélodie et de l'imitation musicale, 1778.


  6. Notice du Catalogue général de la BNF, en ligne.


  7. Notice du catalogue général de la BNF, en ligne.


  8. L'Atelier, bulletin no 4, 2008, édité par l'association Le Temps d'Albert Besnard, (ISSN 1956-2462)


  9. Voir la préface, dans Jacques Jouet, Échelle et papillons : le pantoum, Paris, Les Belles lettres, 1998.




Liens externes |


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  • Notice dans Le IIe Livre des Masques, par Remy de Gourmont


  • « René Ghil : celui qui a dit non à Mallarmé », par Jean-Pierre Bobillot


  • Article sur l'Actualité Poitou-Charentes no 63, 2004 - entretien avec Jean-Pierre Bobillot (document Scribd)



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