Cour administrative d'appel
Pour les articles homonymes, voir CAA et Cour administrative.
Les cours administratives d’appel sont des juridictions d'appel françaises de l'ordre administratif.
Elles ont été créées par la loi du 31 décembre 1987 portant réforme du contentieux administratif afin d'alléger la charge du Conseil d'État. Cinq cours administratives d'appel sont créées le 1er janvier 1989 à Paris, Lyon, Nancy, Nantes et Bordeaux. D'autres se sont ajoutées depuis à Marseille, Douai et Versailles.
Leurs décisions sont susceptibles d'un pourvoi en cassation devant le Conseil d'État.
Sommaire
1 Compétences
2 Activité et charge de travail
3 Membres
4 Liste des cours administratives d'appel et tribunaux administratifs de leur ressort
5 Notes et références
6 Annexes
6.1 Articles connexes
6.2 Liens externes
6.3 Bibliographie
Compétences |
Elles sont saisies des recours contre les jugements des tribunaux administratifs de leur ressort, ainsi que des appels formés contre les jugements des commissions du contentieux de l'indemnisation des rapatriés.
Restent de la compétence du Conseil d'État :
- les appels des jugements relatifs aux élections municipales et cantonales[1]
- ceux qui portent sur les recours en appréciation de légalité[2]
- ceux qui concernent les contraventions de grande voirie (contentieux répressif, L774-1 à 774-11 du code de justice administrative).
Les appels contre les jugements statuant sur les recours dirigés contre les arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière sont de la compétence des cours, et non plus du Conseil d'État, en ce qui concerne les appels enregistrés à partir du 1er janvier 2005 (décret no 2004-789 du 29 juillet 2004).
Leurs compétences se sont mises en place progressivement : en 1989, par exemple, elles ne connaissaient pas du contentieux de l'excès de pouvoir.
En outre, chaque cour administrative d'appel exerce des compétences consultatives auprès du préfet de région[3].
Activité et charge de travail |
Les cours administratives d'appel ont une charge de travail très importante et il a été nécessaire de créer de nouvelles cours : en 1997, la cour administrative d'appel de Marseille est créée, puis en 1999 celle de Douai, enfin en 2004 celle de Versailles. Il y a donc actuellement huit cours administratives d'appel.
Elles comprennent de trois à huit chambres, qui statuent soit en formation ordinaire (de trois à cinq membres), soit en formation plénière, composée du président de la cour, des présidents de chambre, du conseiller rapporteur et, le cas échéant, d'un magistrat départageur[4].
Elles sont très encombrées : en 1998, 14 390 affaires sont entrées, 9199 ont été jugées mais 29 334 sont en instance (soit un délai de 3 ans). 14 % des jugements des tribunaux administratifs sont frappées d'appel devant les cours administratives d'appel, et 16 % en tenant compte du Conseil d'État.
En 2004 sont également prises deux mesures destinées à diminuer le nombre de recours en appel :
- Le ministère d'un avocat devient obligatoire, sauf dans les procédures suivantes :
recours pour excès de pouvoir contre les actes relatifs à la situation personnelle des agents publics et des agents de la Banque de France (appels qui ne sont d'ailleurs possibles que dans certains cas limités) ;
contraventions de grande voirie ;- demandes tendant à l'exécution d'une décision juridictionnelle.
- Certains litiges ne sont plus susceptibles d'appel et seront donc jugés en premier et dernier ressort par le tribunal administratif, dont le jugement peut cependant faire l'objet d'un pourvoi en cassation devant le Conseil d'État :
- déclarations de travaux exemptés de permis de construire ;
redevance audiovisuelle ;- taxes syndicales et impôts locaux autres que la taxe professionnelle ;
- responsabilité de l'État pour refus de concours de la force publique pour exécuter une décision de justice ;
- actions indemnitaires d'un montant réclamé inférieur à 10 000 euros ;
- contestation de refus de remise gracieuse en matière fiscale ;
- immeubles menaçant ruine ;
- situation individuelle des agents publics, pensions, aide personnalisée au logement, communication des documents administratifs, service national, lorsque l'enjeu est inférieur à 10 000 euros ;
- permis de conduire
Environ 16 % des jugements rendus par les tribunaux administratifs sont frappés d’appel auprès des cours administratives d’appel, qui ont jugé environ 27 000 affaires en 2008[5]. En 2016, les CAA ont été saisies de 31 308 requêtes (30 597 en 2015) : les cours de Marseille (5 012 requêtes), Lyon (4 493), Bordeaux (4 294) et Nantes (4 188) sont celles qui ont enregistré le plus grand nombre d’affaires.
Membres |
Les cours administratives d'appel sont présidées par un conseiller d'État.
Les autres juges des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel sont des magistrats faisant partie d'un même corps, celui des conseillers des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel. Ils sont recrutés par la voie de l'ENA, par voie de détachement, par concours ou par le tour extérieur. Ils sont inamovibles.
Liste des cours administratives d'appel et tribunaux administratifs de leur ressort |
Nom de la cour administrative d'appel | Tribunaux administratifs de son ressort[6] | Date de création |
---|---|---|
Cour administrative d'appel de Bordeaux | Tribunaux de Basse-Terre, Bordeaux, Cayenne, Fort-de-France, Limoges, Mayotte, Pau, Poitiers, Saint-Barthélemy, Saint-Denis, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et Toulouse. | 1989 |
Cour administrative d'appel de Douai | Tribunaux d'Amiens, Lille et Rouen. | 1999 |
Cour administrative d'appel de Lyon | Tribunaux de Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble et Lyon. | 1989 |
Cour administrative d'appel de Marseille | Tribunaux de Bastia, Marseille, Montpellier, Nice, Nîmes et Toulon. | 1997 |
Cour administrative d'appel de Nancy | Tribunaux de Besançon, Châlons-en-Champagne, Nancy et Strasbourg. | 1989 |
Cour administrative d'appel de Nantes | Tribunaux de Caen, Nantes, Orléans et Rennes. | 1989 |
Cour administrative d'appel de Paris | Tribunaux de Mata-Utu, Melun, Nouvelle-Calédonie, Paris et Polynésie française. | 1989 |
Cour administrative d'appel de Versailles | Tribunaux de Cergy-Pontoise, Montreuil et Versailles. | 2004 |
Cour administrative d’appel de Paris à l’hôtel de Beauvais
Cour administrative d’appel de Nantes
Cour administrative d’appel de Nancy
Cour administrative d’appel de Douai
Cour administrative d’appel de Bordeaux
Notes et références |
art 1er de la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987. Voir : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000874489
L'arrêt Septfonds, rendu le 16 juin 1923, définit les conditions dans lesquelles le juge judiciaire peut interpréter ou apprécier la légalité des actes de l'administration, ou bien doit poser une question préjudicielle au juge administratif.
Patrick Gérard, La Juridiction administrative, La Documentation française, 2017(ISBN 978-2-11-145374-6), p. 167-168
Francis Kernaleguen, Institutions judiciaires, 4e éd., Litec, 2010, p. 174-175.
« La justice administrative en bref », sur paris.cour-administrative-appel.fr
Code de justice administrative, article R221-7
Annexes |
Articles connexes |
- Tribunal administratif
- Conseil d'État
- Appel (justice française)
Liens externes |
- Introduire une requête en appel devant une cour administrative d'appel
Bibliographie |
- Bernard Asso, Frédéric Monera (avec la collaboration de Julia Hillairet), Contentieux administratif, Studyrama, 2006. (ISBN 2-84472-870-7)
- Francis Donnat, Didier Casas, « Le juge d'appel, l'effet dévolutif et la faculté d'évoquer », AJDA 2003 Jurisprudence p. 1154
- Daniel Giltard, « Réflexions sur le rôle et les méthodes du juge d'appel », AJDA 2003 Chroniques p. 1801
- Jean-Louis Rey, « Les moyens d'ordre public en appel », AJDA 2003 Chroniques p. 118
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