Camp d'extermination de Treblinka
Pour les articles homonymes, voir Treblinka (homonymie).
Le camp d'extermination de Treblinka est l'un des camps d'extermination nazis de l’Aktion Reinhard, situé à proximité du village polonais du même nom, à quatre-vingts kilomètres au nord-est de Varsovie, non loin de la ville de Malkinia.
Un des symboles de la Shoah à partir de l'occupation allemande, le site de Treblinka voit d'abord en 1941 l'ouverture d'un camp de travail pour les prisonniers polonais ayant porté atteinte aux troupes d’occupation (Treblinka I)[1]. Un peu moins d’un an plus tard, le camp d’extermination (Treblinka II) est créé à deux kilomètres du premier.
Construit sur le modèle des camps de Sobibor et Bełżec, ce camp d’extermination a l'apparence d'une gare de transit où les Juifs devaient se présenter à la désinfection avant de repartir pour un hypothétique camp de travail. Cependant, sous la direction du premier commandant, Irmfried Eberl, la capacité des chambres à gaz est rapidement dépassée et la véritable nature du camp devient apparente dès son approche. La réorganisation du camp est confiée à Franz Stangl, ancien commandant de Sobibor, et les déportés, issus pour la plupart du ghetto de Varsovie, sont menés aux chambres à gaz avec une grande brutalité administrée par les SS et leurs auxiliaires, les Trawnikis. Après une révolte des détenus en 1943, suivie de leur évasion, le camp de Treblinka est démantelé sous la direction de Kurt Franz, puis « camouflé » en ferme. Au cours de sa période d’activité, entre sept cent mille et plus d'un million de déportés, pour la plupart juifs, y ont été exterminés : ceci fait de Treblinka le plus important centre d’extermination après celui d'Auschwitz.
Sommaire
1 Le camp d'extermination
1.1 Les premiers mois de fonctionnement
1.2 L'organisation du camp
1.3 Hiver 1943
1.4 Nombre de victimes
2 L'insurrection et ses conséquences
3 Témoignages
4 Les bourreaux
4.1 Les procès
4.2 Le sort des commandants
4.3 Le sort des gardes et gradés SS
4.4 Le sort des gardes ukrainiens
5 Recherches archéologiques
6 Notes et références
7 Annexes
7.1 Articles connexes
7.2 Liens externes
7.3 Bibliographie
7.3.1 Témoignages
7.3.2 Travaux
7.4 Fictions
Le camp d'extermination |
Les premiers mois de fonctionnement |
Les travaux de construction du camp commencent à la fin du mois de mai 1942[2]. Après les camps de Sobibor et Bełżec, il s'agit du troisième camp d'extermination construit dans le cadre de l'Aktion Reinhard[3].
Le 22 juillet 1942[4], débute la Grande Action: Les Allemands commencent à déporter les Juifs du Ghetto de Varsovie[5]. Ces déportations se produisent à partir de l'Umschlagplatz, place du ghetto située à proximité de la gare de triage de Varsovie, où sont entassés jusqu'à 8 000 personnes et d'où partent les convois de direction de Treblinka, situé à 80 km. Dès le lendemain (23 juillet 1942), le camp d'extermination entre en activité, alors qu'arrivent les premiers déportés.
Le Dr Eberl, premier commandant du camp, souhaite faire de Treblinka un rival des grands camps déjà en activité. Toutefois, les capacités du camp sont rapidement dépassées par l'ampleur des arrivées de convois de Juifs, en provenance de Varsovie et du reste de l'Europe. À la tête d'équipes constituées de supplétifs ukrainiens corrompus, Eberl est rapidement démis de ses fonctions par Odilo Globocnik. Lors de sa première visite, son successeur, Franz Stangl, est étonné par le désordre, la désorganisation et le manque de discipline qui règnent dans le camp[6]. Christian Wirth séjourne quelques semaines à Treblinka. Dès le 28 août, il obtient l'arrêt des convois en provenance de Varsovie, afin de prendre le temps nécessaire à la remise en ordre le camp[7]. Les nazis font exécuter les Juifs qui ont participé à l'enterrement des corps. Ils mettent en place une nouvelle équipe et reprennent les déportations le 3 septembre 1942[7].
Le 21 septembre 1942, soit après deux mois d'activité, plus de 245 000 Juifs du ghetto ainsi que 112 000 Juifs en provenance d’autres localités du district de Varsovie y ont été assassinés.
L'organisation du camp |
Le camp a la forme d'un trapèze de 400 m sur 600 m[8]. Il est entouré de barbelés.
Il est divisé en trois parties. La première d'entre elles accueille les logements des gardes et les locaux administratifs[9]. Cette section est aussi appelée « camp inférieur »[8]. La deuxième partie, au sud et à l’ouest, englobe la gare, les baraquements destinés au déshabillage et à la coupe des cheveux[10], où hommes et femmes sont séparés, les hangars de stockage des dépouilles, un chemin de 100 m de long sur 5 m de large[11] conduisant aux chambres à gaz et appelé « chemin du ciel » (Himmelstrasse) par les nazis, les baraquements pour loger les prisonniers chargés d’assurer le fonctionnement de cette partie ainsi qu’une grande place d’appel. Le troisième et dernier secteur est celui comprenant les chambres à gaz, les fosses communes pour les cadavres et les baraquements où loge le second groupe de prisonniers. Il était aussi appelé « camp supérieur »[11]. Le périmètre consacré à l'extermination mesure environ 200 mètres par 250. Il était entouré de barbelés recouverts de branchages[12]. Les chambres à gaz mesurent environ 5 mètres par 5. Elles sont alimentées par un moteur Diesel qui asphyxie les victimes à l'aide de monoxyde de carbone. Aux alentours de la mi-octobre 1942, dix nouvelles chambres à gaz sont opérationnelles. La capacité des chambres augmente alors de 600 %, ce qui permet aux nazis d'assassiner 3 000 Juifs par heure[7].
L'entrée principale est située au nord-ouest du camp, près de la voie de chemin de fer. Au début de l'année 1943, une fausse gare y est installée, comportant une billetterie factice, des panneaux indiquant les correspondances et une horloge peinte indiquant toujours la même heure[11]. Non loin de là est construite « l'infirmerie », appelée aussi Lazarett, où un drapeau de la Croix-Rouge est installé devant la porte d'entrée. En fait, il s'agit du lieu où les prisonniers trop faibles pour marcher jusqu'aux chambres à gaz sont exécutés d'une balle dans la nuque.
Les déportés sont massés dans des convois de 50 à 60 wagons, ce qui représente entre 6 000 et 7 000 personnes. Mais les chambres à gaz n'étant pas assez grandes, les convois sont détachés par rames de 20 wagons pour être acheminés au camp. Les déportés des autres rames attendent alors plusieurs heures, dans les wagons à l'arrêt[11].
Une fois descendus du train, ils sont regroupés sur la place de la gare. Il leur est alors stipulé que les bagages doivent être abandonnés, qu’ils doivent prendre une douche et que leurs vêtements vont être désinfectés avant d'aller dans des camps de travail. Par la suite, les victimes sont entraînées vers une large place du camp. Les hommes y sont séparés des femmes et des enfants[11]. Les hommes doivent se déshabiller dehors, alors que les femmes le font dans un baraquement. Cependant, ils sont tous ensuite poussés dans les chambres à gaz.
Les Sonderkommandos sont chargés de trier les vêtements et bagages, nettoyer les wagons et détruire les cartes d'identité des victimes[12]. Un total de 700 à 1 000 Juifs déportés et temporairement épargnés, ont fait fonctionner le camp sous la férule de quelques SS et de gardiens ukrainiens[12].
Hiver 1943 |
Contrairement aux camps d'Auschwitz, celui de Treblinka ne dispose pas de fours crématoires. Lorsque la fermeture du camp est envisagée, ordre est donné de faire disparaître les corps se trouvant dans les fosses communes. Déterrés, les restes des victimes ont été brûlés dans de vastes bûchers. Selon l'historien, écrivain et correspondant de guerre Vassili Grossman[13], après une visite d'Heinrich Himmler, il est ordonné de « procéder à la crémation des cadavres enterrés et de les brûler jusqu'au dernier, emporter hors du camp la cendre et les scories, les disperser dans les champs et sur les routes. » Le travail commence alors afin d'exhumer des centaines de milliers de cadavres.
Nul n'est censé savoir ce qui se passe dans le camp. À l'origine, certaines déportations se faisant depuis Varsovie dans des trains ordinaires, les nazis faisaient croire qu’il s’agissait d’un transfert vers des terres libres à l’Est. Selon Vassili Grossman[14], l’un des premiers sur les lieux en 1944, « les Allemands obligeaient leurs victimes à acheter des billets de chemin de fer jusqu'à la gare d'Ober Maïdan. C'était par ce nom de code que les Allemands désignaient Treblinka. » C'est là que commence le creusement de fosses à crémation. Il y en eut trois de construites, chacune pouvait accueillir en une fois 3 500 à 4 000 corps.
« Ceux qui ont participé à ce travail racontent que ces fours faisaient penser à de gigantesques volcans : une chaleur effrayante brûlait le visage de ceux qui travaillaient là, la flamme jaillissait à une hauteur de huit à dix mètres, les colonnes d'une épaisse fumée noire montaient jusqu'au ciel et stagnaient en l'air en un lourd rideau immobile. La nuit, les habitants des villages environnants pouvaient voir les flammes à trente ou quarante kilomètres de distance ; elle s'élevait au-dessus des forêts de sapins […]. Cet atelier monstrueux fut en activité pendant huit mois, […] »
— Vassili Grossman, op. cit., 2005, p. 434-435
Le travail de crémation s'est étalé sur une période de quatre mois, d'avril à juillet 1943[15].
Nombre de victimes |
Le nombre de victimes du camp varie selon les sources.
Au premier procès « Treblinka » à Düsseldorf, le tribunal avance le chiffre de 750 000 victimes, tandis qu'au second procès, celui du commandant de Treblinka, Franz Stangl, il retient 900 000 morts[16]. L'historien Raul Hilberg[17] dresse un bilan de 800 000 morts. Yitzchak Arad[18] estime que 750 000 personnes ont été exterminées à Treblinka. L'historienne Rachel Auerbach arrive à un nombre de 1 200 000 victimes[16], qui correspond à celui avancé par Samuel Rajzman et Franciszek Zabecki (en), des témoins survivants du camp. Le dictionnaire de la Shoah[19] propose quant à lui une estimation de 900 000 morts au cours des onze mois et demi d'activité de Treblinka.
La plupart des victimes sont des Juifs polonais issus de Varsovie ou d'autres ghettos polonais. Durant l'été 1942, 315 000 Juifs, principalement du ghetto de Varsovie, sont assassinés. Plus de 337 000 Juifs du district de Radom, 35 000 du district de Lublin et 107 000 du district de Białystok y ont été exterminés dans les mois qui suivirent. Des milliers de Juifs en provenance d’autres pays y ont également exterminés : 7 000 de Slovaquie, 8 000 venant du camp de concentration de Theresienstadt (Tchèques, Allemands, Autrichiens), 4 000 Juifs de Grèce, et 7 000 Juifs de Macédoine ainsi que plus de 2 000 Tziganes[20].
L'insurrection et ses conséquences |
En 1943, un groupe de détenus, pressentant la liquidation du camp, synonyme de l'exécution de tous les prisonniers, décide d'organiser une insurrection. Ces résistants sont dirigés par des Juifs de différentes nationalités, comme le Polonais Marcel Galewski ou le Tchèque Zelo Bloch[15]. Cette révolte éclate le 2 août 1943. Des déportés parviennent à s’emparer d’armes et participent également à l’insurrection. Cette dernière est comparable à celle qui s'est produite à Sobibor en octobre 1943.
Sur le millier de prisonniers qui se trouve dans le camp, une centaine s'évade mais, un an plus tard, à l'arrivée de l'Armée rouge, il ne reste plus qu'une cinquantaine de survivants[16]. Les autres ont été tués le jour de la révolte ou dans les mois qui ont suivi par les unités spéciales de l'armée allemande.
Mais, pour les organisateurs de l'insurrection, le but a été de pouvoir raconter ce qui s'était passé dans le camp. En brûlant délibérément les restes des victimes, la volonté des nazis était bien de cacher au monde l'extermination méthodique ayant eu lieu pendant plus d'un an.
Après le soulèvement, deux convois arrivent de Białystok, les 18 et 19 août 1943, amenant ainsi 8 000 Juifs qui sont assassinés[15]. Après le départ de Stangl pour la région de Trieste, son adjoint Kurt Franz reprend la direction du camp, celui-ci ayant pour objectif le démantèlement des chambres à gaz, ce qui est fait entre septembre et novembre 1943. Le but est alors d'effacer toute trace d'activité criminelle[21]. À la fermeture de Treblinka, tous les Juifs qui y ont travaillé sont gazés au camp de Sobibor, et leurs corps sont brûlés.
La totalité du camp a été détruite et une ferme y a été implantée, jusqu'à l'arrivée de l'Armée rouge. Outre les rares documents d'archives, ainsi que les dépositions des SS ayant travaillé à Treblinka et traduits en justice après la guerre, les témoignages des survivants qui ont réussi à s’enfuir lors de la révolte du 2 août 1943 permettent d'en savoir davantage sur le fonctionnement quotidien de ce camp.
Selon le témoignage de Vassili Grossman[22]« la terre rejette des fragments d'os, des dents, des objets, des papiers, elle refuse de garder le secret. Et les objets s'échappent de la terre, de ses blessures mal refermées. » « Des cheveux épais ou ondulés blond cuivré, les cheveux fins, légers, adorables d'une jeune fille sont là, piétinés, dans la terre, […]. C'est apparemment le contenu d'un sac, d'un unique sac de cheveux resté sur place, oublié. Tout est donc vrai. » Grossman subit un choc émotionnel violent et en tombera malade.
Témoignages |
Il existe peu de témoignages sur Treblinka, étant donné le faible nombre de survivants.
Abraham Krzepicki a pu s'évader de Treblinka 18 jours après son arrivée à la fin du mois d'août 1942[19]. Il a rejoint le ghetto de Varsovie et rédigea le premier témoignage direct sur le processus d'extermination du camp. Son manuscrit est enterré par les membres de l'Oyneg Shabbos et retrouvé après la guerre. Lui-même a péri dans l'insurrection du ghetto de Varsovie en avril 1943[19].
Parmi les survivants, Yankel Wiernik (en), survivant de la révolte, accueilli par la Résistance polonaise, témoigne en 1944 de ce qu'il a vécu à Treblinka dans le document Un an à Treblinka (écrit en polonais puis traduit en anglais sous le titre A year in Treblinka[23]). Dans les années 1950, il construit pour le musée des Combattants des Ghettos en Galilée une maquette de Treblinka. Il est le seul survivant à avoir été dans les deux parties du camp[24]. En 1961, il témoigne au procès Eichmann[16].
Un autre survivant, Samuel Rajzman (qui a témoigné en 1946 à Nuremberg), confie à Alexandre Donat dans The death camp Treblinka (1979) : « J’ai été témoin d’une fête donnée par les SS pour célébrer l’arrivée du millionième juif à Treblinka, et ceci bien avant la fin des activités du camp ».
Franciszek Zabecki, cheminot et membre de la Résistance polonaise, contrôleur à la gare ferroviaire de Treblinka pendant toute la période de fonctionnement du camp, a pris des notes détaillées sur tous les trains partant pour le camp : « Moi, je sais ; les autres font des conjectures, il n'y a pas eu de documents allemands pour servir de base à ces estimations en dehors de ceux que j'ai sauvés et cachés, et on ne peut pas conclure là-dessus. Mais je suis resté dans cette gare et j'ai noté les chiffres inscrits à la craie sur chaque wagon. Je les ai additionnés encore, encore et encore. Le nombre de tués à Treblinka a été de 1 200 000. Et là-dessus, il ne peut pas exister de doutes. »[25]
Richard Glazar est témoin aux procès des bourreaux de Treblinka, en 1963 et 1971. Il publie son témoignage sur Treblinka, qu'il a traduit en allemand en 1990 sous le titre Die Falle mit dem grünen Zaun. Il est aussi l'un des témoins du film Shoah de Claude Lanzmann avec Abraham Bomba[26]. Dans ce documentaire, le réalisateur interroge aussi en caméra cachée l'ancien SS Franz Suchomel préposé à la récupération de l'or, de l'argent et des valeurs des Juifs déportés[27].
On compte aussi le témoignage de Chil Rajchman (1914-2004) que l'on peut lire à travers son journal autobiographique Je suis le dernier Juif. Treblinka (1942-1943). Déporté en octobre 1942 depuis le ghetto de Varsovie, il devient sonderkommando : il trie les vêtements, coupe les cheveux, arrache les dents en or et transporte les cadavres issus des chambres à gaz. Il participe à l'insurrection d'août 1943 et parvient à s'échapper du camp. Il se réfugie chez un ami jusqu'à la fin de la guerre, où il rédige le récit de ses dix mois vécus dans le camp d'extermination.
Un témoignage provient aussi de Martin Gray, déporté en provenance du ghetto de Varsovie avec sa mère et ses frères, il échappe à l'extermination immédiate en devenant sonderkommando, puis parvient à s'échapper et retourne à Varsovie. Il rejoint l'Armée rouge jusqu'à la fin de la guerre. Son témoignage a été relaté dans un livre paru en 1971, Au nom de tous les miens.
Il faut aussi citer le témoignage d'Eddie Weinstein, The Story of an Escape from Treblinka, publié en 2002, où l'auteur retrace sa détention à Treblinka puis son évasion le 10 septembre 1942.
Le témoignage de Samuel Willenberg, Révolte à Treblinka, paraît quant à lui en 2004.
Les bourreaux |
Jusqu’en août 1942, le camp est commandé par l’Obersturmführer SS Irmfried Eberl. L’Obersturmführer SS Franz Stangl le remplace ensuite et commande le camp jusqu’en août 1943. Kurt Franz lui succède jusqu'au démantèlement du camp fin 1943.
Le personnel du camp est composé d'Allemands et d'Ukrainiens, dont dix officiers SS et cent gardes (Wachmänner). Une trentaine de SS est affectée à l'administration du camp. Une petite centaine d'autres, ainsi que vingt Ukrainiens, sont dédiés à la garde du camp, au personnel de sécurité ou aux équipes de gazage.
Les procès |
Au sortir de la guerre, la Commission centrale d'enquête sur les crimes nazis en Pologne recueille treize témoignages. Aux procès de Nuremberg, les activités du camp de Treblinka ne sont presque pas évoquées. Il faut attendre de nouveaux procès pour que le sort de victimes du camp soit mis en lumière[19].
- Premier procès : celui de Josef Hitreider à Francfort-sur-le-Main en 1951.
- Deuxième procès, couramment appelé « procès de Treblinka » : tenu à Düsseldorf du 12 octobre 1964 au 3 septembre 1965[28].
- Troisième procès : celui de Franz Stangl en 1970 à Düsseldorf. Celui-ci avait jusqu’alors réussi à échapper à la justice en s’enfuyant à l’étranger[29].
Le sort des commandants |
- Suicide : Irmfried Eberl.
- Mort avant la sentence (appel du troisième procès) : Franz Stangl.
- Prison à vie (deuxième procès) : Kurt Franz.
Le sort des gardes et gradés SS |
- Tués par les détenus : SS-Unterscharführer Max Bialas, SS-Unterscharführer Kurt Küttner.
- Tué par les gardes ukrainiens : SS-Scharführer Herbert Floss.
- Tué par les partisans italiens : SS-Oberscharführer Karl Pötzinger.
- Exécutés par les Soviétiques : SS-Wachmann Libodenko, SS-Wachmann Pinnemann, SS-Wachmann Rogozin, SS-Wachmann Tshernievski.
- Suicide : SS-Oberscharführer Kurt Bolender, SS-Unterscharführer Erwin Kainer.
- Mort avant la sentence (deuxième procès) : SS-Scharführer Albert Rum.
- Peines de prison :
- au premier procès : SS-Unterscharführer Josef Hitreider (prison à vie) ;
- au deuxième procès : SS-Oberscharführer Heinrich Matthes, SS-Rottenführer August-Wilhelm Miete, SS-Oberscharführer Willy Mentz (prison à vie) ; SS-Oberscharführer Gustav Müntzberger (12 ans) ; SS-Oberscharführer Otto Stadie (7 ans) ; SS-Unterscharführer Erwin Lambert (4 ans) ; SS-Unterscharführer Franz Suchömel (6 ans).
- Acquittés : SS-Unterscharführer Karl Ludwig, SS-Scharführer Otto Horn (deuxième procès).
- Le cas de SS-Unterscharführer Erich Fuchs[30] est particulier. Présent à Bełżec, Sobibor et Treblinka, il est acquitté au procès de Bełżec en 1963-1964 mais condamné à 4 ans de prison au procès de Sobibor en 1966.
- Destin inconnu : SS-Scharführer Alfred Bölitz, SS-Rottenführer Edwin Gense, SS-Rottenführer Willy Grossmann, SS-Scharführer August Hingst, SS-Hauptscharführer Emil Ludwig, SS-Oberscharführer Karl Ludwig, SS-Unterscharführer Willy Post, SS-Rottenführer Karl Schiffner, SS-Scharführer Fritz Schmidt, SS-Hauptscharführer Karl Seidel, SS-Scharführer Franz Swidersky, SS-Oberscharführer Eisold, SS-Scharführer Lindenmuller, SS-Hauptscharführer Löffler, SS-Oberscharführer Mätzig, SS-Rottenführer Mischke, SS-Unterscharführer Schemmerl, SS-Scharführer Sidow, SS-Oberscharführer Paul Bredow, SS-Unterscharführer Wengler.
Fritz Schmidt, l'un des responsables du fonctionnement des chambres à gaz.
Les SS Paul Bredow, Willy Mentz, Max Möller, et Josef Hirtreider, qui ont exercé diverses responsabilités à Treblinka.
L'Oberscharführer SS Karl Pötzinger, superviseur des chambres à gaz puis responsable du kommando de crémation.
Le sort des gardes ukrainiens |
- Exécutés par les Soviétiques : SS-Oberwachmann Fedor Fedorenko[Information douteuse] [?], SS-Wachmann Pyotr Goncharov, SS-Wachmann Pavel Lelenko, SS-Wachmann Nikolai Malagon, SS-Wachmann Ivan Shevchenko, SS-Rottenwachmann Sergei Vassilenko, SS-Wachmann Alexander Ivanovich – Yeger.
- Exécuté par les SS (non ukrainiens) : SS-Wachmann Wasil Hermaniec.
- Disparus, destin inconnu : SS-Wachmann Nikolay Dorofeyev, SS-Wachmann Ivan Semenovich, SS-Wachmann Nikolai Shalaiev, SS-Wachmann Andrei Vassilega, SS-Wachmann Nikolai Voronikov.
- Échappés à l’étranger : SS-Wachmann Bronislav Hajda, SS-Wachmann Luidas Kairys, SS-Wachmann Dimitry Korotkikh.
- Tué par les détenus : SS-Wachmann Ivan Marchenko.
Recherches archéologiques |
Durant des années, les chefs religieux de la communauté juive de Pologne et les autorités polonaises n’ont pas autorisé de fouilles archéologiques sur le site du camp de Treblinka, par respect pour les morts qui y sont inhumés. Cependant, une autorisation portant sur des fouilles archéologiques limitées a été délivrée pour la première fois en 2010 à une équipe britannique de l’université du Staffordshire qui utilisait des techniques non invasives ainsi que la télédétection par Lidar. La consistance du sol a été analysée sur site avec un radar de sol[31]. Cette analyse a permis de détecter des éléments qui étaient de nature structurelle. Les chercheurs ayant estimé que deux de ces éléments pouvaient être des restes des chambres à gaz, ils furent autorisés à poursuivre leurs recherches[32].
L’équipe d’archéologues chargée des recherches a découvert trois nouvelles fosses communes. Par respect pour les victimes, les restes humains mis au jour ont été inhumés à nouveau. La seconde excavation a mis au jour la première preuve physique de l’existence des chambres à gaz. Des carreaux estampillés avec une étoile de David, rappelant les bains juifs, ainsi qu'un mur de fondation ont ainsi été découverts. L’étoile est un logo de la fabrique de céramiques fondée par Jan Dziewulski ainsi que par les frères Józef et Władysław Lange (D✡L depuis 1886) et qui a été nationalisée par le régime communiste après la guerre[33],[34]. Comme l’explique l’archéologue Caroline Sturdy Colls (en), ces nouvelles preuves revêtent une importance essentielle car les secondes chambres à gaz étaient abritées dans la seule construction en briques du camp. La découverte constitue par conséquent la première preuve matérielle de leur existence. En outre, dans ses mémoires décrivant son séjour dans le camp, le survivant Jankiel Wiernil explique que le sol des chambres à gaz, qu’il a contribué à construire, était constitué de carreaux semblables[35]. Ces nouvelles découvertes ont fait l’objet d’un reportage télévisuel en 2014 sur le Smithsonian Channel. D’autres recherches ont été planifiées[36].
Notes et références |
Mieczyslaw Chodzko, Évadé de Treblinka, Paris, Éditions Le Manuscrit-FMS, 2010.
(en) Georges Bensoussan (dir.), Jean-Marc Dreyfus (dir.), Édouard Husson (dir.) et al., Dictionnaire de la Shoah, Paris, Larousse, coll. « À présent », 2009, 638 p. (ISBN 978-2-035-83781-3), p. 548.
Dictionnaire de la Shoah, p. 548.
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(pl) Władysław Bartoszewski et Zofia Lewinówna, Ten jest z ojczyzny mojej, Cracovie, Wydawnictwo Znak, 2013(ISBN 978-83-240-2790-3), p. 98.
Saul Friedländer 2008 p. 538-539.
Saul Friedländer 2008, p. 551.
Saul Friedländer 2008, p. 548.
United States Holocaust Memorial Museum qui précise : « The authorities at the Treblinka II killing center consisted of a small staff of German SS and police officials (between 25 and 35) and a police auxiliary guard unit of between 90 and 150 men, all of whom were either former Soviet prisoners of war of various nationalities or Ukrainian and Polish civilians selected or recruited for this purpose. »
Abraham Bomba témoigne : « Nous avions des ciseaux, nous saisissions des touffes de cheveux, coupées, on jetait tout par terre juste à côté, et en deux minutes c'était fini, même pas deux minutes car il y avait une file d'attente à côté, on travaillait comme ça, c'était très pénible, très pénible car certains des coiffeurs reconnaissaient leurs proches, épouses, mères, grand-mères et qu'ils ne pouvaient rien dire. Si on avait dit qu'elles allaient être gazées dans les 5 à 6 minutes, c'était la panique générale, et on aurait été tués » sur le site de l'USHMM.
Saul Friedländer 2008, p. 549.
Saul Friedländer 2008, p. 550.
Saul Friedländer 2008 (2005) cf. p. 433-434).
Saul Friedländer 2008 (2005) cf. p. 415, 407-443).
Saul Friedländer 2008, p. 552.
Michal Gans, « “L’Aktion Reinhardt” : Treblinka, 400 jours, juillet 1942-automne 1943 », sur judaicultures.inf, 14 mai 2006.
Raul Hilberg (trad. André Charpentier, Pierre-Emmanuel Dauzat, Marie-France de Paloméra, édition définitive), La Destruction des Juifs d'Europe, t. III, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Folio Histoire », 2006, 806 p. (ISBN 978-2-07-030985-6), « Annexes », p. 2272 (pages numérotées de 1595 à 2400).
La Déportation. Le système concentrationnaire nazi, sous la direction de François Bédarida et Laurent Gervereau, collection des publications du Musée d'histoire contemporaine - Bibliothèque de documentation internationale contemporaine BDIC, 1995, p. 154.
Dictionnaire de la Shoah, p. 554.
Dictionnaire de la Shoah, p. 553.
Dictionnaire de la Shoah, p. 552
Saul Friedländer 2008 (2005) p. 442-443
(en) « A year in Treblinka », sur zchor.org.
Dictionnaire de la Shoah, p. 555.
Gitta Sereny 2013, p. 267.
Dictionnaire de la Shoah, p. 556.
Dictionnaire de la Shoah, p. 557.
(en) « Treblinka Trial », sur jewishvirtuallibrary.org.
« Les procès de Treblinka », sur sonderkommando.info.
(en) Erich Fuchs
Archaeologists Find Treblinka Gas Chambers, Gil Ronen, Israël Internationalnews.com, 30 mars 2014
Revealing the hidden graves of the Holocaust, BBC News Magazine, 23 janvier 2012
(pl) Jak to z opoczyńskimi „skarbami“ było, Waldemar Oszczęda, B. & Wł. Baranowski, J. Koloński – "Katalog zabytków budownictwa przemysłowego w Polsce", PAN, 1970. Opoczno.Republika.pl., 2008
Towarzystwo Akcyjne Dziewulski i Lange, Dr Paweł Budziński, "Z rozwoju przemysłu ceramicznego. Dwie fabryki Tow. Akc. Dziewulski i Lange." Świat, nr 1/1908. Tygodnik Opoczyński TOP nr 51 (650), 22 décembre 2009
(en) Archaeologists Delicately Dig Up Nazi Death Camp Secrets at Treblinka, Alan Boyle, NBC News, 29 mars 2014
First-Ever Excavation of Nazi Death Camp Treblinka Reveals Horrors, Stephanie Pappas, Livescience.com, 27 mars 2014
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Treblinka extermination camp » (voir la liste des auteurs).
Annexes |
Articles connexes |
- Liste des camps de concentration nazis
- Aktion Reinhard
- John Demjanjuk
Jankiel Wiernik (en)
- Procès de Treblinka
Liens externes |
Treblinka (en)
Les procès de Treblinka (fr)
Bibliographie |
Témoignages |
Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman, Le livre noir : sur l'extermination scélérate des Juifs par les envahisseurs fascistes allemands dans les régions provisoirement occupées de l'URSS et dans les camps d'extermination en Pologne pendant la guerre de 1941-1945, Paris, Librairie générale française, coll. « Livre de poche » (no 468), 1995(ISBN 978-2-253-90468-7, OCLC 917372270). Rapports de commissions, comptes rendus, témoignages et lettres.- Vassili Grossman (trad. Antony Beevor et Luba Vinogradova), Carnets de guerre : De Moscou à Berlin, 1941-1945 [« A Writer at War »], Paris, Calmann-Lèvy (no 30969), 2007 (1re éd. 2005), 512 p., poche (ISBN 978-2-253-12249-4)
Richard Glazar, Trap With a Green Fence, (existe aussi en allemand : Falle mit dem grünen Zaun). L'auteur, né à Prague en 1920 et survivant de Treblinka s'exprime par ailleurs dans le film Shoah de Claude Lanzmann (dont le texte intégral a été publié : Shoah, éd. Fayard, Paris, 1985, 254 pages).
Joshua Greene et Shiva Kumar (en), Témoigner - Paroles de la Shoah, , éd. française Flammarion, 2000. Témoignage de Rivka-Renée G. dont toute la famille a été exterminée à Treblinka. Traduction du livre Withnes, voices from the Holocaust, Ed. The Free Press © Joshua M. Greene Productions, Inc.
Chil Rajchman, Je suis le dernier juif Témoignage exceptionnel d'un évadé de Treblinka rédigé avant la fin de la guerre.- Samuel Willenberg (trad. Guillaume Marlière), Révolte à Treblinka : [récit, Paris, Ramsay, coll. « L'indicible », 2004, 236 p. (ISBN 978-2-841-14663-5, OCLC 470252560)
Jankiel Wiernik et Jean-Louis Panné (préf., annot. et postf.) (trad. Sara Bouskéla-Schipper), Une année à Treblinka [« Rok w Treblince »], Paris, Vendémiaire, coll. « Généalogies », 2012, 189 p. (ISBN 978-2-363-58024-5, OCLC 823748898).
Travaux |
- (en) Yitzhak Arad, Belzec, Sobibor, Treblinka the Operation Reinhard death camps, Bloomington, Ind, Indiana University Press, 1999(ISBN 0-253-21305-3 et 978-0253213051)
Saul Friedländer (trad. Pierre-Emmaneul Dauzat), L'Allemagne nazie et les Juifs, t. 2 : Les années d'extermination, Paris, Éd. du Seuil, coll. « L'univers historique », 2008, 1028 p. (ISBN 978-2-020-20282-4).
Gitta Sereny (trad. Colette Audry), Au fond des ténèbres : un bourreau parle, Franz Stangl, commandant de Treblinka, Paris, Tallandier, 2013 (1re éd. 2007) (ISBN 979-1-021-00064-3).
Fictions |
Martin Gray, Au nom de tous les miens, 1971. Autobiographie romancée dans lequel l'auteur évoque un passage à Treblinka.
Jean-François Steiner, Treblinka, préface de Simone de Beauvoir, Fayard 1966
Werner Kofler, Tanzcafé Treblinka (2000) (ISBN 978-3-216-30582-4), trad. française Bernard Banoun, Caf'conc' Treblinka, Nancy, Éditions Absalon, 2010 (ISBN 978-2-916-92810-4))
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