Couleuvre d'Esculape
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Zamenis longissimus
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Classe | Reptilia |
Sous-classe | Lepidosauria |
Ordre | Squamata |
Sous-ordre | Serpentes |
Infra-ordre | Alethinophidia |
Famille | Colubridae |
Sous-famille | Colubrinae |
Genre | Zamenis |
Nom binominal
Zamenis longissimus
(Laurenti, 1768)
Synonymes
Natrix longissima Laurenti, 1768
Coluber aesculapi Lacepede, 1789
Coluber longissimus (Laurenti, 1768)
Elaphe longissima (Laurenti, 1768)
Statut de conservation UICN
LC : Préoccupation mineure
La couleuvre d'Esculape, Zamenis longissimus, anciennement Elaphe longissima, est une espèce de serpents de la famille des Colubridae[1].
Sommaire
1 Description
1.1 Adultes
1.2 Diagnose
1.3 Juvéniles
2 Répartition
3 Habitat
4 Mœurs
5 Histoire
6 Publication originale
7 Liens externes
8 Notes et références
Description |
Adultes |
La couleuvre d'Esculape est un serpent d'environ 110 cm à 160 cm de long (rarement 200 cm) au corps long et mince. Sa tête est fine et longue et son museau arrondi. Son cou est plus ou moins marqué. La pupille est ronde et moyenne et non saillante. Les écailles sont lisses et plates sauf les ventrales qui montrent une arête de chaque côté (pour une description des écailles, voir l'annexe).
Les adultes sont en général assez uniformément beige-gris ou marron olivâtre, avec l'avant du corps souvent plus clair[2]. Des parties dorsales peuvent être brunes, grisâtres, jaunâtres, ocre, brun, verdâtres. Sur le côté du cou, un large croissant, plus ou moins flou, jaune clair, recourbé vers les temporales. Des bandes longitudinales claires et sombres apparaissent sur le dos de certains individus. Les flancs et le ventre sont jaune pâle, unis ou légèrement mouchetés de brun à la séparation dorso-ventrale. La queue suit la coloration du tronc : iris gris, brun doux. Mélanisme rare, mais albinisme fréquent.
Diagnose |
Ses écailles et ses plaques sont triangulaires sur son front, aussi large que longue, en contact direct avec les supraoculaires ; les pariétales sont plus longues mais à peu près aussi larges que les frontales. La rostrale légèrement saillante, très peu visible de dessus, plus large que haute, plus ou moins divisée. La grande loréale, aussi haute que longue ; 1 préoculaire de taille sensiblement identique à la 4e supralabiale ; 2 postoculaires et 2+1 temporales ; 8 ou 9 supralabiales (4 et 5 en contact avec l'œil) et 9 ou 10 infralabiales. Dorsales lisses et vernissées, parfois légèrement carénées dans la région postérieure, sur 21 ou 23 rangs à mi-corps. Ventrales larges et étroites au nombre de 212 à 248 (anomalies fréquentes) ; 60 à 91 urostèges divisés. Anales divisées elles aussi.
Labiales et rostrale jaune pâle, mouchetées supérieurement de brun ; 4e supralabiales séparées de la 5e par une mince ligne verticale sombre ; elle se retrouve plus bas, mais moins nette, entre les 5e et 6e infralabiales. Un petit point blanc bleuté marque postérieurement chaque dorsale.
Juvéniles |
Les jeunes ont un pseudo-collier jaune un peu semblable à celui de la couleuvre à collier. Ce pseudo-collier peut persister chez les jeunes adultes. Les juvéniles sont vert clair ou vert marron avec de nombreuses petites taches foncées sur le corps et ont deux lignes légèrement plus foncées qui se trouvent en haut des flancs. La tête des juvéniles dispose également de plusieurs taches sombres distinctives, un sabot sur l'arrière de la tête, entre les bandes du cou jaune, et deux autres paires de taches, une bande horizontale allant de l'œil au cou, et une courte bande verticale reliant l'œil avec le quatrième au cinquième écailles labiales supérieures .
Roumanie.
Couleuvre d'Esculape en position défensive, France.
Suisse.
Répartition |
Zamenis longissimus, qui est maintenant la seule forme monotypique reconnu, couvre la plupart de la France, sauf dans le nord (environ à la latitude de Paris), les Pyrénées espagnoles et les côtes orientale et Nord de l'Espagne, Italie (à l'exception du Sud et de la Sicile), la totalité de la péninsule des Balkans vers la Grèce et l'Asie Mineure et certaines parties de l'Europe centrale et orientale jusqu'aux environs du 49e parallèle dans la partie orientale de la chaîne (Suisse, Autriche, Moravie du Sud (Podyjí / Thayatal en Autriche) en République tchèque, Hongrie, Slovaquie, sud de la Pologne (principalement Bieszczady / Bukovec montagnes en Slovaquie), au sud-ouest de l'Ukraine).
Des populations plus isolées ont été identifiées en Allemagne occidentale (Schlangenbad, Odenwald, Salzach inférieur, plus un - près de Passau - reliée à la zone de distribution contiguë) et le nord-ouest de la République tchèque (près de Karlovy Vary, qui est la population la plus septentrionale connue). On trouve également une enclave de population séparée, au sud du Grand Caucase, sur les rives nord et orientales russes, géorgiennes et turcs de la mer Noire.
Deux autres enclaves sont référencées, la première autour du lac Ourmia dans le Nord de l'Iran, et sur le versant nord du mont Ararat dans l'Est de la Turquie. V.L. Laughlin forme l'hypothèse que certaines parties de la répartition géographique de l'espèce peuvent être le résultat de placements intentionnels de ces serpents par les Romains dans les temples d'Asclépios, dieu de la médecine classique, où ils étaient importants dans les rituels médicaux et le culte du dieu[3],[4].
Les sous-espèces Zamenis romanus longissimus précédemment comptabilisées, trouvées dans le sud de l'Italie et de la Sicile, ont été récemment élevées au rang d'une nouvelle espèce séparée, Zamenis lineatus. Cette couleuvre est de couleur plus claire, avec un rouge-orange à iris rougeoyants.
Les populations auparavant classées comme Elaphe longissima vivant dans le sud-est de l'Azerbaïdjan et les forêts du nord de l'Iran ont été reclassées par Nilson et Andrén en 1984 en Elaphe persica, maintenant Zamenis persicus.
Selon les fossiles, l'aire de l'espèce dans la période chaude de l'Atlantique (il y a environ 8 000 à 5 000 ans) de l'Holocène montre que l'aire de répartition remonte au nord jusqu'au Danemark. La population septentrionale tchèque est maintenant considérée comme un vestige autochtone de cette distribution maximale, sur la base des résultats des analyses génétiques, cette population est plus proche génétiquement des populations des Carpates). Cela vaut sans doute aussi pour les populations allemandes. Il y a aussi des fossiles montrant une présence dans le sud de l’Angleterre, pendant les périodes interglaciaires précédentes, mais les populations ont été chassées du sud après une glaciation plus conséquente ; ces contractions et extensions de l'aire de répartition en Europe semblent avoir eu lieu plusieurs fois au cours du Pléistocène[5].
Les deux populations actuelles en Grande-Bretagne de couleuvres d'Esculape découlent de fuites. L'aînée est dans le voisinage de la Mountain Zoo Welsh près de Conwy au pays de Galles Nord. Cette population a persisté et s'est reproduite pendant au moins les 30 dernières années[6]. Une seconde, la population la plus récente a été trouvée dans et autour de Regent Park à proximité de Regent Canal à Londres[7] et les comptages montrent une population de 30 individus. Les spécialistes soupçonnent cette colonie d'être passée inaperçue pendant quelques années.
Habitat |
La couleuvre d'Esculape fréquente les milieux clairs et ensoleillés mais fuit l'extrême chaleur. Elle se rencontre dans les forêts ensoleillées, les lieux arides ensoleillés, les broussailles, les bords des champs et les vieux murs. Elle vit au sol mais c'est un excellent grimpeur que l'on peut rencontrer posté dans les arbres et arbustes de 15 à 30 m.
Mœurs |
La couleuvre d'Esculape est diurne mais elle est parfois active le soir par temps chaud.
Elle se nourrit principalement de petits mammifères (campagnols) qu'elle étouffe par constriction ou de lézards. Elle grimpe dans les arbres et arbustes pour chasser les oisillons et manger les œufs. Les jeunes consomment surtout des lézards.
Elle n'est pas farouche et approche les habitations, grimpe jusqu'aux balcons sans problème.
La couleuvre d'Esculape est non venimeuse. Pour se défendre, elle peut émettre une odeur nauséabonde en vidant ses glandes cloacales.
Les accouplements ont lieu à la sortie de l'hivernation, en avril-mai. Les combats entre mâles sont fréquents. Ils durent jusqu'à une demi-heure. La femelle pond 2 à 18 œufs oblongs ou en poire, de 35-60 x 17−25 mm. Les nids sont dans des trous d'arbre, ou dans le sol dans des matériaux en fermentation, souvent avec des œufs de couleuvre à collier.
Les mâles atteignent leur maturité vers la taille de 100 cm, les femelles vers 85 cm[2].
La longévité est de 25-30 ans.
C'est une espèce protégée en France. Il est totalement interdit de la capturer, de la blesser et a fortiori de la tuer.
Histoire |
Asclépios, le Dieu-médecin des Grecs anciens, devenu Esculape à Rome, portait dans sa main droite un bâton entouré d'un serpent ; on pense de nos jours qu'il s'agissait de cette grande couleuvre à la brillante livrée. C'est aussi elle que l'on retrouverait autour du bâton d'Asclépios, de nos jours emblème des médecins (et de la coupe d'Hygie pour les pharmaciens).
Les Romains vénéraient Esculape sous la forme terrestre d'un Serpent long et "blanc" ; ils devaient poser à cette couleuvre des questions sur la guérison de leurs maux, les réponses étant données par l'intermédiaire des prêtres. Elles étaient donc gardées en captivité dans les temples et même dans les maisons des Ophidiens vivants (que l'on suppose de l'espèce Elaphe longissima, les couleuvres de Montpellier s'apprivoisant moins bien), dans des fosses ou des vases de terre. Les Romains envahissant la Gaule emportèrent avec eux ces poteries et le problème est toujours posé de savoir si ce ne sont pas des individus échappés des temples qui peuplèrent différentes régions françaises. À noter que la forme existant en France est la nominative et non la romana.
On retrouve la relation entre médecine et Elaphe longissima dans les traditions populaires germaniques et celtiques, où les connaissances médicales pouvaient être acquises par ingestion de la chair bouillie d'un serpent "blanc" (Morris).
En 1759 dans son dictionnaire du règne animal, le naturaliste M. de la Codre de Beaubreil dit de cette espèce que « c'est le seul serpent qui fasse du bien »[8], mais que même s'il est petit et doux il mord quand on l'irrite. Ses excréments ont parfois l'odeur de musc ajoute-t-il. Selon lui, il était si présent et familier en Italie « qu'on en trouve dans les lits et qu'ils vivent avec les hommes » et à Rome, « on nourrissoit ces serpens dans les maisons » ; de même - selon Léon Albatius - dans l'île de Lemnos. « En Afrique, et sur une montagne de Mauritanie, nommée Ziz, ils vont ça & là, & dans le temps du dîner, viennent chercher les miettes qui tombent des tables[8]. Scaliger assure que la même chose arrive chez les habitans des Pyrénées. Dans la Norvège, ils se nourrissent du lait de Vaches & de Brebis qu'ils tettent. On en trouve souvent dans le berceau des enfans ; ils dorment avec eux, & sont leurs fidèles gardiens »[8].
Selon lui les Anciens consacraient cette espèce à Esculape et les Grecs le nommaient « serpent joufflu » ou « serpent à grosses babines » à cause de sa large mâchoire[8]. Élien le nomme Pareas. Selon Pline, à moins que leur semence n'eut été consummée par le feu, il n'est pas possible de s'opposer à leur fécondité[8]. De nombreux auteurs disent qu'il émet une odeur particulière, de musc selon certains. Des auteurs anciens en distinguent plusieurs variétés ; et Seba donne la description de sept sortes de « Serpens Esculape » venant d'Europe (dont il précise qu'ils se nourrissent de petits mammifères dont il a trouvé des restes en disséquant ces serpents ; « Loirs, & Mulots ou Rats champêtres »,..., d'Amérique et d'Orient[9].
Publication originale |
- Laurenti, 1768 : Specimen medicum, exhibens synopsin reptilium emendatam cum experimentis circa venena et antidota reptilium austriacorum, Vienna Joan Thomae, p. 1-217 (texte intégral).
Liens externes |
.mw-parser-output .autres-projets ul{margin:0;padding:0}.mw-parser-output .autres-projets li{list-style-type:none;list-style-image:none;margin:0.2em 0;text-indent:0;padding-left:24px;min-height:20px;text-align:left}.mw-parser-output .autres-projets .titre{text-align:center;margin:0.2em 0}.mw-parser-output .autres-projets li a{font-style:italic}
- (fr) Référence INPN : Zamenis longissimus (Laurenti, 1768)
- (en) Référence NCBI : Zamenis longissimus (consulté le 9 mars 2012)
- (en) Référence Reptarium Reptile Database : Zamenis longissimus (Laurenti, 1768) (consulté le 9 mars 2012)
- (en) Référence UICN : espèce Zamenis longissimus (Laurenti, 1768) (consulté le 18 mai 2015)
Notes et références |
(en) Référence Reptarium Reptile Database : Zamenis longissimus
(fr) Nicholas Arnold et Denys Ovenden, Le guide herpéto : 228 amphibiens et reptiles d'Europe, Delachaux & Niestlé, février 2010, 287 p. (ISBN 9782603016732)
Laughlin VL. 1962. "The Aesculapian Staff and the Caduceus as Medical Symbols", J. Int. Col. Surgeons 37 (4): 82-92.
Schmidt KP, Inger RF. 1957. Living Reptiles of the World. Garden City (New York): Hanover House. 287 pp. (ISBN 978-0241903445). (p. 211).
Musilova R, Zavadil V, Marková S, Kotlík P. 2010. Relics of the Europe’s warm past: Phylogeography of the Aesculapian snake. Molecular Phylogenetics and Evolution 57 :1245-1252.
BBC - Press Office - Wild snake caught on film in north Wales
Feature: "The Camden Creature" - An amphibian and reptile trust says our waterways are alive with some exotic creatures | Islington Tribune
M. de la Codre de Beaubreil ou M.D.L.C.D.B (1759) Dictionaire raísonné et universel des animaux ou le Régne Animal Bauche, p 124-128 du tome second (disponible sur Google Livres)
SEBA, Thes. II. Tab. 1%. n. 4, cité par M. de la Codre de Beaubreil
- Cette page utilise la traduction de l'article homologue en Anglais.
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