Paille
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La paille est un co-produit de la production de graines de céréales, représenté par la partie de la tige (ou chaume) de certaines graminées, dites « céréales à paille » (blé, orge, avoine, seigle, riz), coupée pendant la moisson. La paille peut être soit enfouie sur place comme amendement organique, soit enlevée et « exportée » hors de la parcelle pour d'autres utilisations. La partie de la tige, de faible hauteur, restant plantée au sol constitue le chaume ou éteule.
En France, elle est principalement produite dans les régions céréalières (Centre, Picardie et Champagne-Ardenne)[1].
Sommaire
1 Morphologie
2 Récolte de la paille
2.1 Moisson manuelle
2.2 Moisson mécanisée
3 Utilisation
4 Références artistiques
5 Langage
6 Notes et références
7 Voir aussi
7.1 Articles connexes
Morphologie |
Les entre-nœuds peuvent chez certaines espèces ou variétés résorber leur moelle à maturité. On a alors, selon le cas :
- des pailles creuses : orge, avoine ;
- des pailles plus ou moins creuses : blé d'hiver (caractère variétal) ;
- des pailles pleines, lorsque la moelle est persistante : blé dur, maïs, sorgho.
Récolte de la paille |
La paille n'est pas nécessairement récoltée à la moisson. Dans les exploitations céréalières, elle est souvent broyée pour être incorporée au sol. Elle contribue alors au maintien du taux d'humus de la couche arable.
Moisson manuelle |
Lorque que les céréales étaient moissonnées à la faucille, on prélevait seulement les épis pour le grain et on repassait ensuite couper la paille à la faux ou on l'arrachait. Lorsque la moisson était faite à la faux près du sol, on récupérait la paille, tiges et épis vides, après battage. Ces méthodes manuelles avaient l'avantage de préserver la paille pour son utilisation en ameublement (chaises ...) ou vannerie. En Toscane, on cultivait et on récoltait à la main des variétés de blé particulières (Gentile rosso, marzuolo... renommés pour leur solidité et leur brillant) pour la fabrication du chapeau de paille de Florence.[2]
Moisson mécanisée |
La moissonneuse-batteuse est une machine agricole multifonctions, elle permet de réaliser simultanément :
- le moissonnage (fauchage) des céréales à paille ;
- le battage (ou dépique) pour extraire les grains des épis et les séparer de la paille et de la balle ;
- le rejet de la paille soit sous forme d’andains dans le champ, soit éparpillée après hachage (pour les moissonneuse-batteuses équipées d'un hache-paille). Il a existé jusque dans les années 1960 des moissonneuses équipées de presses basse densité capable de réaliser directement des bottes mais ces équipements ne sont plus compatibles avec les débits actuels de moisson. Ces machines sont encore quelquefois utilisées lorsque l'on recherche des pailles peu brisées pour l'ameublement, la vannerie, la construction, l'utilisation en fabrication alimentaire...[3]
L'agriculteur règle la hauteur de la barre de coupe de l'engin, selon qu'il désire ou non récolter un maximum de paille.
Ensuite, il faut passer avec une ramasseuse-presse qui permet d'emballer la paille en ballots, balles, bottes ou rouleaux, qui seront ensuite transportés pour être mis à l'abri de la pluie. Cette opération est similaire à la fabrication des bottes de foin (Foin#Confection et liage des bottes). Là encore, les presses basse densité abimaient moins la paille.
La hauteur de la paille varie selon les espèces et variétés cultivées. Certaines variétés de blé, par exemple, dites « à paille courte », ont été sélectionnées pour prévenir le risque de verse et produisent donc peu de paille. Il existe également des traitements de synthèse qui permettent de limiter la croissance des tiges afin de limiter la verse. Ce sont les « régulateurs de croissance ».
Utilisation |
Une fois récoltée, la paille peut avoir plusieurs types d'utilisations :
litière ; la paille est ainsi utilisée depuis des siècles pour les animaux d'élevage (chevaux, bovins, rongeurs et ovins). Elle forme ainsi la base du fumier ;
alimentation animale ; les herbivores digèrent en partie la paille (cellulose, autres fibres), grâce à l'activité microbienne de leur panse ou de leur cæcum. Ce fourrage sert surtout en cas de pénurie de foin dans les régions d'élevage, notamment en période de sécheresse et donc de fenaison médiocre. De valeur nutritive faible, elle doit être associée à une alimentation protéique et sucrée. Pour la rendre plus appétissante auprès d'animaux difficiles, on y ajoute parfois des additifs liquides (mélasse, etc.) ; pour améliorer sa valeur nutritive, on peut la traiter avec de l'urée ou de l'ammoniac[4]. Des mélanges mélasse-urée sont disponibles dans le commerce.
compost pour la culture du champignon de Paris. On mélange traditionnellement dans ce compost 75% de fumier de cheval et 25 %de paille[5].
protection du sol ; le paillis est notamment utilisé en horticulture ; la paille est cependant pour cela concurrencée par d'autres matériaux, comme l'écorce de pin, les copeaux de bois puis les films et tissus en matière plastique… ;
certaines pailles ont des effets allélopathiques (paille de seigle : par exemple ou paille d'avoine cultivée. Cette dernière est tolérée par certaines espèces, mais elle inhibe la croissance de certaines adventices : plantain (Plantago lanceolata), herbe à aiguilles (Bidens pilosa) et d'autres plantes cultivées (riz, tomate), alors qu'elle favorise la croissance du maïs et du souchet rond (Cyperus rotundus)[6].
amendement organique ; l'exportation de la paille hors du champ appauvrit le sol et le rend plus vulnérable à l'érosion hydrique ou éolienne ; elle devrait être compensée par une couverture végétale du sol ou par la restitution au sol de la matière organique ou des éléments correspondants : apports de fumier, de fertilisants organiques.
Comme amendement elle peut être enfouie dans le sol, ce qui évite les opérations de récolte et de transport, relativement coûteuses, surtout dans les régions céréalières sans élevage (comme le bassin parisien), et permet d'apporter au sol une quantité significative de matière organique humifiable. Elle est alors généralement enfouie superficiellement par une charrue à disque ou une déchaumeuse, pour accélérer sa décomposition avant le labour d'automne.
Brûlis : dans certains cas, la paille est brûlée sur place.
ressource énergétique : la paille (voire le grain[7]) peuvent être valorisée comme biomasse-énergie en tant que bio-combustible (restituant 6 à 7 fois l'énergie mécanique requise pour sa fabrication[8]), ou avec de meilleurs rendements énergétiques via des procédés de fermentation (biogaz), pyrolyse ou production d'éthanol (en développement). En France il a été estimé qu'en 2011-2012 le pays en a produit 25 millions de tonnes dans l'année, mais une grande partie de cette paille sert à l'élevage et comme source de matière organique pour maintenir la fertilité des sols[1]. Seules environ 16,6 Mt sont exportées du champ et la moitié (plus de 8 millions de t) est utilisée comme litières dans les élevages[1].
La paille agricole est donc assez peu disponible comme ressource énergétique en raison d'autres usages agroécologiquement bien plus intéressants[9],[10] ;
Des pailles peuvent aussi être utilisées pour améliorer le prétraitements de certaines matières à méthaniser[11]. En France la première centrale énergétique bois-paille a été inaugurée en juin 2013 près de Troyes (3,3 MW), en complément de l'utilisation de bois (7.600 t/an pour 4,5 MW) ; elle alimente un réseau de chaleur[1].
matériau de construction ; en tant que fibres, longues ou hachées la paille est l'un des composants du torchis, de l'adobe ou de la bauge.
En bottes ou ballot, elle entre dans les techniques de construction en paille ou de chaume. En ballot, c'est à la fois un isolant thermique et une brique géante de construction pour certaines maisons en ballot de paille (technique de murs porteurs, dite « Nebraska »). Ou elle est un isolant et matériau de remplissage dans la maison à ossature bois/remplissage paille (Techniques Plateforme, du GREB ou autrichienne…). En France, on estime à environ 3 000 les habitations construites en bottes de paille[12], et les plus vieilles ont cent ans. Les toits de chaume étaient très fréquents dans de nombreuses régions (Normandie...). Ils étaient réalisés par des artisans spécialisés, les couvreurs en chaume[13].
Le talpone est l'habillage en paille de seigle protégeant le pignon le plus exposé à la pluie des chaumières françaises au XIXe siècle.
fibre ; la paille, riche en cellulose est une matière première possible pour la fabrication de papier ;
vannerie et ameublement : la paille est aussi utilisée en vannerie (chapeau de paille, nattes, claies). Par exemple, la paille de riz est avec le jonc, l'un des composants des nattes traditionnelles japonaises (tatamis). Les claies en paille servent à sécher certains aliments (fruits, fromages...) : les vins de paille dont les raisins sèchent et finissent leur maturation sur des claies en paille sont fameux. En Europe, on utilisait souvent le seigle pour le paillage des sièges. La paille était utilisée pour le rembourrage et le matelassage.
autres usages : en art (marqueterie de paille), en taxidermie (matériau de remplissage), les brins de paille étaient utilisés pour boire (origine des pailles à boire). De la paille était utilisée pour séparer les lits de pommes préalablement écrasées avant pressage lors de la fabrication du cidre. Les fromages de chêvre de l'appellation sainte-maure-de-touraine présentent une paille de 16 cm dans leur axe.
Références artistiques |
- Objets de mode et de fantaisie : lors de l'Exposition universelle de Paris en 1855, de nombreux exemplaires d'objets en paille tressée (chapeau, porte-feuilles, étuis à cigare, sacs, pantoufles, bottines, bonnets grecs...) d'une extraordinaire finesse sont présentés par le Grand-duché de Toscane, industries où les Toscans ont une supériorité absolue[14]depuis plusieurs siècles.
- Objets liturgiques et dévotionnels : quelques chefs-d’œuvre (antependium, reliquaires, tabernacles, boites à hosties...) de l'art votif dit pauvre proviennent principalement de chez les Frères mineurs capucins qui, depuis le début du XVIIe siècle, ont commencé à se spécialiser dans ce type d'activité artistique à la suite de l'interdiction d'utiliser des matériaux précieux pour décorer les édifices de leur Ordre. Souvent prise pour de l'or, la paille crée l'admiration[15] et l'étonnement, par exemple, chez Gœthe lors de sa visite à l'église du Rédempteur de Venise.
Langage |
- « Être sur la paille » : se trouver sans le sou.
- « Couleur paille »
- « Regarder la paille qui est dans l'œil de son voisin » : cette expression fait référence à la parabole biblique de la paille et de la poutre (Évangile selon Luc, 6, 41) dans laquelle Jésus reproche aux hypocrites de vouloir enlever la paille de l'œil de leur frère, alors qu'ils ne voient pas la poutre dans leur propre œil.
- « Un feu de paille » : se dit d'une chose éphémère.
Notes et références |
BatiActu (2015) Cogénération paille : l'exemple réussi de Pécs en Hongrie, 15/10/2015
Bruckmann, Janilla., La paglia di Fiesole, Regione Toscana. Giunta, 1987(ISBN 8870400913 et 9788870400915, OCLC 797173491, lire en ligne)
« La paille », sur AOP sainte-maure-de-touraine (consulté le 17 novembre 2018)
« Paille de céréales traitée à l'ammoniac anhydre », sur idele, 26 mars 2012(consulté le 16 novembre 2018)
« Les cycles de culture du champignon de Parid », sur La cave vivante du champignon (consulté le 16 novembre 2018)
« Interactions végétales. »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
Warnant G & al (2006) Grains et paille combustibles : une autre voie de valorisation des céréales, document Farr-Wal, p.13
Enerzine.com - Droué (41) : 38 logements sociaux chauffés à la paille
Christelle M (2011), Agro-combustibles: Analyse de la disponibilité de la paille, PDF, 15 p
Robinet D. (2010), La valorisation énergétique des menues-pailles, document Farr-Wal, p.23
Nordmann V (2013), [Caractérisation et impact des différentes fractions d'une biomasse lignocellulosique pour améliorer les prétraitements favorisant sa méthanisation : utilisation de la paille de blé comme biomasse lignocellulosique d'étude] (Doctoral dissertation, Université Sciences et Technologies-Bordeaux I).
Eddy Fruchard, Virginie Piaud, « Technique de construction en paille », Eyrolles, 2015(consulté le 22 janvier 2017)
« Couvreur en chaume », Nos ancêtres, Vie et métiers, septembre-octobre 2006, p. 72 (ISSN 1639-7304)
Escourrou Milliago, De l'Italie agricole, industrielle et artistique: à propos de l'Exposition universelle de Paris 1855 suivie d'un essai sur l'exposition du Portugal, Librairie internationale universelle, Paris - 1856, pp. 271-272
Gœthe, Voyage en Italie, Venise, le 3 octobre 1786, p. 131 - sur Wikisource
Voir aussi |
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Articles connexes |
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- Chapeau de paille
- Marqueterie de paille
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