Noblesse





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La noblesse d'un pays (en général un royaume, mais aussi des républiques comme Rome ou Venise), ou d'une province de ce pays, désigne l'institution d'un ensemble de familles chargées d'assurer des fonctions d'autorité militaire et politiques plus ou moins étendues, dans le cadre de charges ou d'emplois réservés. Lorsque ces fonctions sont religieuses, comme chez les lévites ou les brahmanes, on ne parle pas de noblesse, mais de caste sacerdotale.


Elle renvoie généralement à la notion d'ordre ou de caste et désigne alors la condition d'un groupe social distinct et hiérarchisé jouissant de privilèges. Généralement endogame et héréditaire, ce groupe social se voit historiquement attribuer et réserver des fonctions d'autorité militaire, civile ou religieuse plus ou moins étendues ainsi que certains emplois publics dits alors emplois nobles.


La noblesse est une institution sociale que l'on rencontre dans la plupart des sociétés traditionnelles, dès lors que la fonction guerrière est organisée indépendamment des pouvoirs économiques et religieux (tripartition), comme chez les Romains ou les Celtes avec la classe des chevaliers[1]. Les modalités d'entrée et de maintien dans cette institution ont varié selon les époques et les pays, mêlant initiation, talent et hérédité. Elle se trouve à toutes les époques et dans de nombreux types de sociétés, aussi bien antiques, comme en Grèce, que chez les peuples primitifs, et même dans des États-nations modernes.


Elle a été supprimée dans de nombreux pays. En France, elle a été supprimée sous la Révolution française en 1789, rétablie sous le Premier Empire en 1802, et à nouveau supprimée sous la Troisième République en 1870 ; les titres de noblesse, qui sont considérés comme un accessoire du nom, peuvent toujours être officiellement enregistrés auprès du ministère de la Justice (afin d'être transcrits à l'État civil).


L'existence d'une noblesse n'est pas incompatible avec le régime politique de la démocratie moderne, notamment en Grande-Bretagne où elle a été conservée après la Glorieuse Révolution, et printemps des Révolutions de 1848. Une pairie et des titres de noblesse existent toujours légalement au XXIe siècle dans plusieurs pays européens, comme le royaume de Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le royaume de Suède, le royaume d'Espagne, la république de Saint-Marin, le grand-duché de Luxembourg. Le pouvoir législatif est exercé en partie par des représentants de la noblesse, comme c'était le cas au Royaume-Uni avec la Chambre des lords jusqu'au fin du XXe siècle. Ce fut le cas aussi en France au XIXe siècle avec l'ancienne Chambre des pairs.


Il n'y a pas de droit international de la noblesse ou d'ordre international noble. La noblesse est une création de chaque société, comprise dans sa dimension nationale. La noblesse de chaque pays est donc spécifique, même si par exemple la noblesse des pays d'Europe occidentale partagent de nombreux traits similaires.




Sommaire






  • 1 La noblesse comme notion morale


  • 2 La noblesse européenne


    • 2.1 Origines


      • 2.1.1 La genèse romaine de la noblesse européenne


      • 2.1.2 Récupération par les Francs de l'institution nobiliaire


        • 2.1.2.1 Continuité des institutions nobiliaires franque et romaine


        • 2.1.2.2 Introduction de l'hérédité et transformation de la noblesse








  • 3 La noblesse dans les monarchies actuelles


    • 3.1 La noblesse dans les États européens


    • 3.2 La noblesse japonaise


      • 3.2.1 Historique


      • 3.2.2 Familles d'origine samouraï


      • 3.2.3 Armoiries






  • 4 La noblesse dans les anciennes monarchies


    • 4.1 La noblesse en Autriche


    • 4.2 La noblesse au Brésil


    • 4.3 La noblesse en Chine


    • 4.4 La noblesse en France


    • 4.5 La noblesse en Hongrie


    • 4.6 La noblesse en Italie


    • 4.7 La noblesse en Pologne


    • 4.8 La noblesse au Portugal


    • 4.9 La noblesse en Russie




  • 5 Autres noblesses


    • 5.1 La noblesse en Suisse


    • 5.2 La noblesse en Indonésie


    • 5.3 La noblesse en Polynésie




  • 6 Idées fausses sur la noblesse européenne


  • 7 Influence de la noblesse sur la civilisation européenne


  • 8 Sociologie de la noblesse


    • 8.1 Les castes de la civilisation de Fourier


    • 8.2 Assimilations




  • 9 Dans l'inconscient collectif


  • 10 Notes et références


    • 10.1 Notes


    • 10.2 Références




  • 11 Bibliographie


  • 12 Voir aussi


    • 12.1 Articles connexes


      • 12.1.1 Généralités


      • 12.1.2 Symboles et sciences attachées


      • 12.1.3 Héraldique









La noblesse comme notion morale |


La noblesse morale est rattachée à la notion de vertu[2], c'est-à-dire une attitude désintéressée de comportement, propre aux activités humaines ou sociales qui ne sont ni productives ni marchandes, en particulier celles de la fonction publique, de la justice, de la force, de l'administration, des arts libéraux, etc.. Recherchant l'augmentation de l'honneur, et même de l'honneur collectif, par la dépense et le défi, elle est antinomique d'une attitude utilitaire ou vénale recherchant un profit individuel, tout particulièrement du commerce, de l'usure, de la prostitution[3].


La dernière est l’apanage de la première, toutefois Johannes Limnäus (de) au XVIIe siècle distingue la noblesse morale de celle politique, cette dernière bien qu'étant fondée sur la vertu ne peut l'être pour cause efficiente, car dit-il c'est la bonne volonté du prince qui trouve à propos de placer un homme du commun dans le rang des nobles, le relevant d'une basse et abjecte condition, lorsqu'il a des mérites, au moyen de quoi par un caractère récent, il jouit des prérogatives et privilèges des anciens nobles[4]. On voit poindre ici la notion d'ancienneté qui apparaîtra à Vauban comme le premier critère de dignité[5].



La noblesse européenne |



Origines |


Articles connexes : Fonctions tripartites indo-européennes et Société romaine.

La noblesse occidentale actuelle est issue de plusieurs traditions. Selon Georges Dumézil, les sociétés indo-européennes auraient connu une division tripartite de la société, entre une fonction sacerdotale, une fonction guerrière et une fonction de production. Les peuples indo-européens auraient connu des aristocraties regroupant les familles exerçant les deux premières fonctions. L'aristocratie romaine aurait suivi ce modèle avant d'être transformée par la mise en place au Ve siècle av. J.-C. d'une nobilitas perdurant jusqu'à la disparition de l'Empire romain d'Occident. Karl Ferdinand Werner a étudié le processus par lequel les rois barbares et surtout les rois francs ont maintenu ce système en forçant les grands de leur royaume à s'y intégrer. La noblesse de l'Europe occidentale dérive de la noblesse franque, qui se place dans la continuation institutionnelle de la noblesse romaine telle que les empereurs puis la république l'ont façonnée. C'est une classe de détenteurs de la puissance publique selon les règles romaines, composée de Francs et de Gallo-Romains et devenue héréditaire sous les derniers Carolingiens.


L'expression « avoir du (ou le) sang bleu » signifie être d'origine royale ou impériale, par extension être noble. Il est à noter que cette expression trouve son origine en Espagne, en effet lorsque les Arabes qui envahirent la péninsule en 711 se retrouvèrent face aux nobles wisigoths (d'origine germanique), ils furent étonnés de la clarté de leur peau et de la couleur bleue de leurs veines qui transparaissaient. L'expression « Sangre azul » fut par la suite utilisée par la noblesse chrétienne actrice de la Reconquista, pour insister sur la « pureté » supposée de leur sang. Elle s'est répandue par la suite dans toute l'Europe. Une autre hypothèse : les paysans travaillant aux champs et autres gens du peuple passant continuellement leur vie dehors, leur peau, exposée au soleil, était plus foncée que celle des nobles qui eux, se protégeaient des rayons du soleil[6].



La genèse romaine de la noblesse européenne |



  • Les empereurs romains se sont rendus maîtres de la république par la distribution des fonctions publiques (honores) tant dans l’armée que dans l’administration ; les hauts dignitaires exercent la potestas, c’est-à-dire le pouvoir politique et judiciaire, après leur nomination par le princeps[7], c'est-à-dire le détenteur de l'autorité. Mais c'est à la suite des réformes militaires puis administratives entreprises sous Gallien (253-268) et Aurélien (270-275) puis des réformes de Dioclétien et Constantin (284-305 et 306-337) que, pour défendre l’Empire des périls qui le menaçaient, l’administration civile fut soumise à la discipline militaire. L'empereur constitua les titulaires des honores et de la publica potestas (la puissance publique) en une militia principis (milice du prince) dont les membres portaient en signe d’une discipline stricte le cingulum militiæ ou ceinturon de la milice[8],[Note 1]. L’administration civile s’appelait désormais militia civilis ou inermis (sans arme) pour la distinguer de la militia armata[9] et servait le princeps à la Cour, in palatio militans[10] ;

  • la militia de l’Empire était liée par serment à la personne de l'empereur[11],[Note 2]. L’entrée dans la militia avec la réception du cingulum était l’occasion de promettre l’obsequium (obéissance) strict qui était requis de chacun. Au Ve siècle, après la proclamation d’un nouvel empereur, celui-ci exigeait un serment de fidélité de la part des hauts fonctionnaires de la Cour et des dignitaires de l’Empire ;

  • la noblesse romaine est donc selon Karl Ferdinand Werner une institution fondée non sur le seul sang mais aussi sur la dignité qui supposait l'exercice de charges publiques non héréditaires. La nobilitas romaine supposait la splendor natalium, c’est-à-dire le prestige du sang, mais on n’était pas noble par sa seule naissance ; la dignitas était liée à l’exercice d’une haute fonction publique, l’honor qui ne pouvait se transmettre par le sang. La noblesse existait donc en dehors de l’hérédité des rangs et des charges[12]. Les membres des grandes gens romaines étaient fiers d’appartenir à des familles anciennes et reconnues comme nobles mais elles ne connaissaient pas la transmission héréditaire du pouvoir public. Il leur fallait accomplir une carrière individuelle, le cursus honorum au service de la res publica (l’intérêt public) ou du princeps pour obtenir un honor ou charge publique, soit par élection républicaine, soit par nomination sénatoriale ou impériale[13]. Des homines novi, sans être « bien » nés, pouvaient être élus ou nommés à un honor élevé et ainsi devenir chef et souche d’une nouvelle famille[14].



Récupération par les Francs de l'institution nobiliaire |




Le chevalier règne sur les champs de bataille, où la charge de ces combattants cuirassés dominent pendant des siècles les formations de fantassins, appelés piétons, jusqu'à la fin du Moyen Âge. La technologie de l'armement médiéval lui est très largement consacrée. Symbolique de la féodalité, la noblesse européenne s'instaure à partir de la classe sociale héritée des cavaliers vainqueurs de hautes luttes, associant sacralité du pouvoir et servant leur suzerain par un ensemble de rites propres.
Disposition en « statue équestre » d'un chevalier, sa monture cabrée.


Les rois francs répliquèrent ce système de délégation de la potestas aux grands francs et gallo-romains, l'exercice de ce pouvoir public n'était pas héréditaire. Clovis a obligé les grands de l'aristocratie franque à entrer dans sa militia principis s’ils voulaient exercer la potestas publica et à se couler dans le modèle de l'institution nobiliaire romaine[15]. Les grands francs rentrèrent dans la noblesse en assumant des fonctions publiques ou honores mais ceux-ci n'étaient pas héréditaires et la noblesse ne l'était donc pas non plus. Clovis a ainsi créé une nobilitas formée par la noblesse sénatoriale gallo-romaine et par les maiores natu ou grands des peuples barbares, qui purent entrer dans sa militia principis en jurant obéissance « à la romaine » (obsequium) au nouveau maître. Clovis conserve le droit romain pour les Romains et pour l’Église catholique[16],[Note 3].



Continuité des institutions nobiliaires franque et romaine |

Parmi les signes de cette continuité entre noblesses romaines et franques, on peut citer différents faits historiques, notamment le maintien par les rois francs de :



  • la hiérarchie administrative et militaire romaine, les fonctions de duc et de comte n'étant pas des créations germaniques mais des institutions romaines[17] : les fonctions confiée à des nobles après leur formation à la cour sont romaines, notamment dans l'administration fiscale[Note 4],[18] ; l'époque franque emploie les termes de nobiles viri ou illustres viri (« hommes illustres »), qui prouvent que l'héritage romain a été intégré, mais aussi des termes tels que proceres (« les grands ») ;

  • la pratique du serment caractéristique de la noblesse romaine : le serment de fidélité appliqué au roi franc lorsqu’il sera devenu princeps dans son royaume. Charlemagne se fit jurer fidélité deux fois et sous les Mérovingiens il existait déjà un serment de fidélité liant les grands au roi ; au VIe siècle, le roi exigea ce serment à la romaine devant Dieu de tous ses sujets libres[19] ;

  • la localisation des centres de commandement : dans certaines cités de la Gaule franque, le comte réside dans l’ancien prétoire romain, contrairement à l'image assimilant les cours barbares à de grandes fermes[20],[21] ; de même, les tribunaux romains conservèrent leur qualité de lieux publics sous l'autorité des grands du grand royaume franc[22] ;

  • des nominations de nobles gallo-romains aux plus hautes fonctions : sur le plan humain, il y a eu fusion de la noblesse gallo-romaine avec les grands de l'aristocratie franque ; les peuples soumis par les Mérovingiens furent dirigés par des élites barbares aussi bien que romaines, élites qui ont fait la force du nouvel État chrétien. Il existait en effet, depuis longtemps dans l’Empire romain puis dans les États qui lui ont succédé une société mixte de chefs romano-barbares et ces couches dominantes se sont fondues dans une seule et même noblesse, celle du roi des Francs, devenue noblesse franque, cet adjectif désignant l’appartenance à un État et non à une ethnie[23]. Grâce à Clovis, les structures romaines de la nobilitas se sont maintenues pendant un demi-millénaire en Europe méditerranéenne. Les grands francs ont dû accéder à la noblesse romaine à condition de ceindre le cingulum, et de ce fait la fusion des élites est devenue possible[24] ;

  • l'enseignement classique de haut niveau dispensé aux jeunes nobles à la Cour : celle-ci dispense aux jeunes nobles une formation leur permettant de faire carrière dans la hiérarchie de l’État ou de l’Église ; les grands royaumes n’auraient pas pu être gouvernés sans des élites capables et instruites, et pour leur formation, l’école la plus adaptée était la cour du prince, là où l’on a le plus besoin de gens capables. L’histoire de la civilisation aulique reste à écrire pour ces siècles[25],[Note 5] ; dans la Gaule des Ve, VIe et VIIe siècles, le haut clergé, souvent d’origine sénatoriale et l’enseignement des élites atteignait un niveau intellectuel remarquable[26],[Note 6].



Introduction de l'hérédité et transformation de la noblesse |


  • La noblesse héréditaire naît ultérieurement. Le IXe siècle apporta en effet au modèle de la distribution de la potestas publica par le souverain des changements qui sont à l’origine d’une augmentation du nombre des détenteurs de la principalis potestas[27]. Louis le Pieux entreprit des réformes importantes dans l’Église en l’Empire allant en effet dans le sens de davantage de partage de responsabilité ; cette nouvelle consigne sera suivie à la lettre par le haut clergé et les grands qui prirent des initiatives allant dans le sens de leurs intérêts[28]. La noblesse ne devient pas institution privée, mais demeure une classe d'agents investis de l’autorité publique ou publica potestas, bien que cette classe soit devenue héréditaire sous Louis le Pieux et ses fils[Note 7],[29]. Avec l'expansion franque, ce modèle se généralisa aux royaumes chrétiens proches du royaume des Francs ;

  • la vassalité et l’hérédité au IXe siècle, puis l'appropriation aux Xe et XIe siècles du « par la grâce de Dieu » vont créer une nouvelle couche de dynastes, les princes territoriaux qui, comme le roi, portent le titre de princeps et s'approprient la puissance publique[30] ;

  • initialement, les nobles francs sont détenteurs de fonctions héréditaires, quoique dépendantes du bon vouloir des souverains ; ils sont ainsi assez comparables à des hauts fonctionnaires, fors l'hérédité de leurs fonctions. Cependant, à partir de 877, par le capitulaire de Quierzy-sur-Oise, l'hérédité des domaines (les « honneurs ») et des charges se met en place, donnant naissance progressivement à la féodalité. Le pouvoir se désagrégeant, la noblesse finit par s'identifier au seigneur local, le miles. Le pouvoir public, le fisc, l’administration, la gestion des domaines forestiers, voirie, la sécurité, le réseau fluvial passèrent ainsi en quelques siècles du pouvoir impérial au pouvoir royal puis aux princes territoriaux.



La noblesse dans les monarchies actuelles |




La noblesse et son histoire est etudiée dans des armorials, comme ici des Pays-Bas, contenant marriages avec quartiers du XVIIIe siècle.



La noblesse dans les États européens |



  • Les titres de noblesse existent encore officiellement aujourd'hui dans les monarchies européennes, soit parce qu'ils sont attachés à l'histoire des familles royales, soit comme récompense pour services rendus à la nation. Aujourd'hui, on observe une distinction entre la noblesse ancienne et la noblesse contemporaine : la première remonte parfois à des temps immémoriaux, la seconde a gagné ses titres (souvent héréditaires comme en Belgique ou en Espagne, ou non transmissible aux descendants comme au Royaume-Uni) par son action dans l'armée (baron de Ceuninck ; vicomte Montgomery), la haute finance (baron Empain ; baron Norman), la politique (baronne Thatcher ; duc de Suárez), les arts (baron Gros ; marquis de Dali) , les sciences (baron Winston ; vicomte Frimout) ou les sports (baron Coe ; comte Rogge) ;

  • les souverains britannique, espagnol, belge, néerlandais, luxembourgeois, suédois, danois, et norvégien peuvent encore octroyer des titres de noblesse, et ceux-ci sont limités au rang de chevalier, baron, vicomte, comte ou marquis. Sauf de rarissimes exceptions, on ne crée plus de ducs (sauf en Espagne pour les anciens chefs de gouvernement par exemple), et encore moins de princes (qui sont traditionnellement les membres des familles royales). Les anciennes familles régnantes (comme la maison de Bourbon en France) qui ne sont plus sur le trône, mais qui continuent de conférer des titres de noblesse créent, ipso facto, des apparences de noblesse (voir fausse noblesse ou noblesse d'apparence), et ceci quel que soit le statut de ces maisons (impériales, royales, princières ou ducales) ;

  • l'Association de la noblesse européenne représente les intérêts de la noblesse européenne auprès de toutes personnes physiques ou morales, institutions, instances, autorités, tribunaux situés sur le territoire de l’Union européenne, qui ont ou auraient à traiter de questions relatives au statut et/ou au rôle de la noblesse européenne et de ses membres[31]. Les membres de l'association, à l’exception de l’ensemble des souverains européens en exercice qui sont membres de droit, doivent être agréés par la commission des preuves ;

  • chaque pays a ses traditions nobiliaires propres, dérivant du modèle romano-franc généralisé à la suite de l'époque carolingienne, voir les articles détaillés ci-dessous :


Article détaillé : Noblesse belge.

Article détaillé : Noblesse britannique.

Article détaillé : Noblesse danoise.

Article détaillé : Noblesse espagnole.

Article détaillé : Noblesse néerlandaise.

Article détaillé : Noblesse norvégienne.

Article détaillé : Noblesse suédoise.


La noblesse japonaise |



Historique |




Un daimyo en visite d'État.





Fukuzawa Yukichi, samouraï de rang médiocre et grand intellectuel japonais, photographié en Allemagne ; les armoiries de son clan figurent sur son habit.


L'empire du Japon[Note 8], État démocratique, ne reconnaît de noblesse que pour le seul noyau de la famille impériale, c'est-à-dire le tennō, ses oncles et tantes par les hommes, ses frères et sœurs, leurs enfants et les siens. Historiquement, ce qu'on appelle, stricto sensu, noblesse japonaise (kuge) s'est depuis l'origine articulée autour du souverain impérial, d'où procédaient tous honneurs, apanages et charges : noblesse immémoriale, issue d'anciens clans de courtisans (uji) répertoriés dès l'époque protohistorique (maisons Fujiwara et Mononobe), dont nombre d'origine coréenne (Soga) ; noblesse de cour (à Nara puis à Kyoto), servants de la proche famille impériale, politiques et fonctionnaires héréditaires de l'administration impériale, souvent issus de cadets de grandes familles. Les chefs de ces clans portaient des titres hiérarchisés ou kabane. Parallèlement, dès le VIIe siècle, s'est constituée une manière de noblesse de service qui a peu à peu accaparé la réalité du pouvoir, sans jamais éliminer les kuge, les samouraï[Note 9]. Cette classe, sans équivalent en Europe[Note 10], s'est rapidement fédérée autour de descendants de princes impériaux (les Heike et les Genji), puis des shoguns. Ses principaux chefs, politiques et gouverneurs régionaux (les daimyo[Note 11] et les shomyo[Note 12]) ont été graduellement admis au sein des kuge (d'autant plus qu'ils en procédaient le plus souvent)[Note 13]. Dans l'ensemble, les samouraï ont fourni au Japon shogounal la plupart de ses cadres, de ses militaires et de ses fonctionnaires, surtout provinciaux. Les chefs héréditaires de sectes ou de temples étaient généralement d'origine samouraï et classés comme tels. Lors de la restauration de Meiji (1868), le nouveau gouvernement institua une nouvelle noblesse, ou kazoku, inspirée du système français (napoléonien) et anglais[Note 14] : outre les kuge, ses bénéficiaires furent surtout des politiques (prince Ito Hirobumi, artisan de la colonisation japonaise de la Corée), des hauts fonctionnaires et des hommes d'affaires (baron Iwasaki Yatarô, fondateur du groupe Mitsubishi), pour la plupart d'origine buke.



Familles d'origine samouraï |


Près de deux millions de Japonais prétendent descendre, par les hommes, de ces fonctionnaires militarisés héréditaires. Néanmoins, la plupart des familles de samouraï administrant des provinces pour le compte de clans féodaux, leurs noms figuraient dans des registres provinciaux uniques, dont beaucoup ont été détruits lors de la restauration de Meiji : il est donc souvent bien difficile de remonter les lignées[Note 15] et de corroborer ces revendications, comme il est aussi difficile de suivre la lignée réelle au hasard des méandres des innombrables adoptions dont elle a fait l'objet… Toutefois, de nombreux politiques[Note 16] et de membres des Forces d'autodéfense sont d'origine samouraï avérée.



Armoiries |


L'immense majorité des familles japonaises disposent d'armoiries, sans pour autant prétendre à une quelconque origine noble. Ces armoiries ou kamon[Note 17], bicolores, sont généralement portées sur les vêtements traditionnels — lors de cérémonies familiales (mariages et deuils) — et ne comportent ni heaumes, couronnes, plumetis, lambels et autres devises à l'occidentale[Note 18]. Elles étaient/sont aussi employées pour décorer des objets ou des meubles. Les motifs en sont peu nombreux et on dénombre officiellement moins de 5 000 blasons japonais, toutes variantes confondues[Note 19] : de nombreuses familles, quoique portant des noms différents et n'ayant pas de relations avérées, utilisent des armoiries identiques.



La noblesse dans les anciennes monarchies |



La noblesse en Autriche |


Article détaillé : Noblesse autrichienne.


La noblesse au Brésil |


Au Brésil, la noblesse est formée par la famille impériale brésilienne, la maison d'Orléans-Bragance.



La noblesse en Chine |


En Asie de l'Est, la noblesse est fondée sur le modèle culturellement dominant de la Chine. L'empereur peut donner des degrés de noblesse, mais ceux-ci ne sont pas permanents et diminuent d'un rang à chaque génération. Durant la dynastie Qin, ces titres sont honorifiques et le pouvoir est surtout détenu par des lettrés.


La noblesse en Perse


En Perse impériale on différenciait deux catégories principales: ashrâfiyyat-e divâni et ashrâfiyyat-e lashgari. Ces deux catégories correspondaient plus ou moins à la distinction entre la noblesse de robe et celle d'épée. Sous les Arsacides, la noblesse du premier rang se définissait par la parenté (la filiation ou la germanité) avec la personne du Shah. Ainsi, les membres de Mehestan[32] (le Sénat iranien sous l'Empire parthe) étaient nommés parmi les princes de sang qui de ce fait appartenaient au plus haut rang de la noblesse. Cela dit, les formes d'anoblissement furent multiples et ne se limitèrent jamais à ces deux catégories. Avec l'avènement de la dynastie Pahlavi en 1924, Reza Shah fit voter une série de lois portant l'abolition de tous les avantages liés à la noblesse. L'usage des titres de courtoisie a néanmoins perduré jusqu'à l'avènement de la révolution iranienne en 1979.



La noblesse en France |


Article détaillé : Noblesse française.

Les catégories de noblesse selon Vauban



  • Vers 1700, l'ancienneté apparaît à Vauban comme le premier critère de dignité, mais aussi l'appartenance à une maison souveraine, ou le service militaire du roi. Vauban établit cette liste pour que le degré noblesse puisse être quantifié et ainsi éviter les mésalliances. Vauban partageait l'idée selon laquelle l'apport d'un sang inférieur nuirait à la vertu de la lignée, une vertu considérée comme héréditaire[5] :

    • De 80 à 100 ans : anoblis, fils d'anobli, noble.

    • De 180 à 200 ans : gentilhomme, noblesse établie, noblesse à chevalerie.

    • De 270 à 300 ans : noblesse achevée, noblesse à haute chevalerie, noblesse à toute preuve.

    • De 370 à 400 ans : noblesse parfaite, noblesse qui ne prouve plus, bonne noblesse.

    • De 450 ans : très bonne noblesse, noblesse de souche, vieille noblesse.

    • De 500 à 550 ans : noblesse ancienne, noblesse très ancienne, noblesse qui se compte par les aïeux.

    • De 600 ans : noblesse de tradition, noblesse historique.

    • De… : noblesse perpétuée, dont les commencements sont inconnus, c'est ce qu'on appelle aussi la noblesse immémoriale, ou noblesse de race



  • Toutes les maisons qui font partie de ces catégories font aussi partie de la noblesse militaire qu'on appelle noblesse d'épée, c'est-à-dire celle qui s'est acquise par les armes, à laquelle il faut ajouter les maisons qui ont eu pour prédécesseurs connétables de France, grands maître de la maison du Roi, ducs et pairs, maréchaux de France, grands maîtres de l'artillerie, amiraux, et autres grands officiers de la couronne, etc.

  • La noblesse civile est celle issue des chanceliers de France, premiers présidents des compagnies souveraines, conseillers d'État, présidents à mortiers, ambassadeurs, gens de lettres, etc., c'est-à-dire qui tient sa noblesse de l'exercice d'offices anoblissants comme les maires et prévôts des marchands de certaines grandes villes. La noblesse civile est donc la réunion de la noblesse de robe, la noblesse de cloche, noblesse issue des secrétaires du roi.

  • La noblesse titrée est constituée des : barons, vicomtes, comtes, marquis, ducs, princes. Les simples gentilshommes sont ceux qui sans avoir ces titres ont cependant toutes les qualités de la noblesse.

  • Au sein de la noblesse, des distinctions s'opèrent selon l'état de la fortune, les alliances, l'ancienneté, les services, les emplois, etc.

  • La haute noblesse ou noblesse illustre consiste en les souverains, les princes et princesses de sang, ou toutes autres issus des maisons souveraines.

  • Une personne peut être anoblie pour services rendus à l'État, d'ordre militaire, civil, mercantile, etc.


La noblesse d'extraction ou par anoblissement


Articles détaillés : Noblesse d'extraction et anoblissement.

Souvent, on distingue, par souci de simplification, la noblesse de robe créée légalement au début du XVIIe siècle de la noblesse d'épée assimilée à la noblesse d'extraction (c'est-à-dire sans trace d'anoblissement connu).


Napoléon et la noblesse d'Empire


Article détaillé : Noblesse d'Empire.

En 1808, Napoléon Ier crée la noblesse d’Empire, une noblesse méritocratique et consacre la disparition de l'aristocratie médiévale : ses maréchaux et généraux arborent des titres comme ceux de comte d’Empire, duc d’Auerstaedt, duc de Montebello, duc de Dantzig, duc d’Elchingen, prince de Neuchâtel, roi de Naples.


Les familles subsistantes de la noblesse française


Article détaillé : Familles subsistantes de la noblesse française.

Le nombre des familles subsistantes de la noblesse française ne fait pas l'objet d'un consensus de la part des historiens. L'article consacré aux familles subsistantes de la noblesse française n'est pas une synthèse des différents travaux et débats sur ce sujet ni le résultat d'un éventuel consensus.



La noblesse en Hongrie |


Article détaillé : Noblesse hongroise.


La noblesse en Italie |


Article détaillé : Noblesse italienne.

En Italie existe le CNI, Corpo della nobiltà italiana (Corps de la noblesse italienne).



La noblesse en Pologne |


Article détaillé : Noblesse polonaise.


La noblesse au Portugal |


Article détaillé : Noblesse portugaise.

Au Portugal existe l'ANHP (Association de la noblesse historique de Portugal).



La noblesse en Russie |


Article détaillé : Noblesse russe.


Autres noblesses |



La noblesse en Suisse |


En Suisse se trouvaient des républiques, telles que celles de Berne ou Genève, où les titres de noblesse existait.



La noblesse en Indonésie |


Article détaillé : Noblesse indonésienne.



Un regent javanais et sa famille (1888).


Bien que l'Indonésie soit une république, on y trouve encore de nombreuses cours royales et princières dont les membres forment une noblesse de sang dont on reconnaît les titres mais qui n'ont plus de privilèges. Les chefs de ces maisons ont encore un rôle symbolique et rituel. Il existe en outre des rites par lesquels on accorde une distinction nobiliaire à des individus. Enfin, à Java, les descendants d'une noblesse de robe créée au XVIIe siècle par le Sultan Agung du royaume de Mataram, les priyayi, sont souvent reconnaissables à leur nom de famille, alors que ce dernier n'est pas encore une institution répandue pour la grande majorité des Indonésiens.



La noblesse en Polynésie |


En Polynésie, le statut de chef tribal est souvent semi-héréditaire. Aux Tonga, des titres de noblesse furent conférés à des grands chefs traditionnels lors de la fondation du royaume des Tonga en tant qu'État d'inspiration occidentale, au dix-neuvième siècle. Ainsi furent posés les fondements de la noblesse tongienne, qui dispose à ce jour d'un grand prestige, ainsi que de prérogatives politiques[33].



Idées fausses sur la noblesse européenne |


Karl Ferdinand Werner a analysé une série d'idées fausses historiquement sur l'essence de la noblesse telle que Rome en a transmis la conception à l'Europe grâce aux Francs :



  • la noblesse des royaumes européens chrétiens, depuis la fin de l’Empire romain jusqu’au début du XXe siècle, fut la continuatrice directe de la noblesse romaine et non issue d’une chevalerie de guerriers germaniques[34]. Selon Karl Ferdinand Werner, l’ancien régime a cru connaître la vérité grâce à Tacite qui décrivait la remise des armes au jeune guerrier libre, combattant à cheval dans sa Gefolgschaft (« escorte »). L'érudit Juste Lipse (1547-1606) vit dans cet acte solennel le vestige de la création des chevaliers. Après lui, des érudits ont fait de la remise du cingulum militiæ la dénomination latine d’un culte germanique lié à l’armement du jeune homme qui a atteint la maturité sexuelle (Wehrhaftmachung). Or, Werner a montré que le cingulum a été porté sans discontinuité par les membres de la noblesse romaine puis franque et européenne : la consécration du miles par le ceinturon (cingulum) ;

  • de plus, la noblesse ne se résume pas à l'exercice de la fonction guerrière car la remise du ceinturon qui faisait entrer dans la nobilitas, ne faisait du récipiendaire un guerrier, mais lui conférait le rang de membre de la militia. La militia principis n’était rien d’autre que la nouvelle forme que Constantin avait donné à la nobilitas romaine. Pour faire carrière, devenir ou rester noble, on devait servir l’Empereur, soit dans l’administration (militia inermis), soit dans l’armée (militia armata), en respectant la même discipline (obsequium) ; le port du cingulum était le symbole du serment prêté lors de sa remise ainsi que du rang obtenu. Tous ceux qui gouvernèrent les hommes sous les rois francs portèrent le ceinturon et firent partie de la militia principis ou de la militia regis et enfin au Xe siècle de la militia regni, qui pouvait élire le roi[35]. Chacun d’eux appartenait à la nobilitas car il en portait l’emblème, le ceinturon de la militia principis. La noblesse ne peut donc être résumée la partie combattante de la société médiévale car elle prolonge la militia principis qui était civile autant que militaire[36] ;

  • la noblesse ne s'identifie pas à l'aristocratie : l'aristocratie est associée à l'exclusivité héréditaire d’un statut privilégié, tandis que ce qui caractérise la noblesse romaine, puis franque, n'est pas son statut privilégié, mais plutôt son caractère public : elle dirige l’État[37] ;

  • il est dans cette optique faux de confondre personnalisation et privatisation du pouvoir[38] ; un noble sert en tant que représentant de la puissance publique ; il participe de la potestas qu’il exerce[39]. L’idée que les droits de la noblesse relevaient du droit privé correspond à la logique de l’État contemporain qui a éliminé la possibilité d'un monde public personnalisé, le transformant en monde impersonnel. Karl Ferdinand Werner considère que la noblesse a incarné la chose publique, contrairement à la légende récente d’un « pouvoir privé » et de l’anarchie féodale[40].



Influence de la noblesse sur la civilisation européenne |


Dans ses études sur la noblesse, l'historien Karl Ferdinand Werner a cherché à cerner l'influence spirituelle et économique de la noblesse à la civilisation européenne.



  • La christianisation des idéaux de la noblesse dans la chevalerie a eu des effets civilisateurs importants, provoquant un adoucissement de la vie sociale et des mœurs. Durant deux millénaires, les nobles ont été élevés avec l'idée qu’ils étaient nés pour servir et gouverner. Servir le prince, mais aussi son seigneur, Dieu de qui vient toute autorité et tout idéal de justice. C’était gouverner les hommes, les protéger, les juger, les aider, plus particulièrement les faibles et les pauvres, les veuves et les orphelins, protéger le clergé, les moines, conformément à l'idéal chrétien. De nombreuses fois, les nobles ignorèrent leurs obligations, mais, bien souvent, il les respectèrent ou firent amende honorable, voire pénitence et cherchèrent à réparer leurs torts[41]. En fait, la conscience du noble était inséparable de son honneur et tout ce qu’il était par son honor était lié à l’accomplissement de ses devoirs[42]. Le profond besoin de spiritualité ressenti vers l’an mille dans l’entourage d’Otton III ou Robert II illustre la piété d’une noblesse inquiète du sort de son âme et désireuse de se racheter par des dons aux églises par la construction d’églises et la fondation d’abbayes[43]. Ce sont les nobles qui ont fait la richesse et la puissance de l’Église et par conséquent permis à celle-ci d'influencer les populations et de produire une partie majeure des chefs-d'œuvre de l'art européen[43] ;

  • la noblesse a développé la culture courtoise bénéficiant à la femme ; avec le culte de la Vierge Marie, le miles a découvert la dignité de la femme, représentée dans ce monde par l’épouse du seigneur, la dame, à laquelle il pouvait avoir le privilège de vouer son service. S'est ainsi développée la civilisation courtoise, avec la poésie des cours princières et des tournois dont les dames étaient les vrais juges. Toute une culture du respect de la femme et de la galanterie en est issue ; la femme, qu’elle soit noble ou bourgeoise, devait avoir pas sur les hommes, le plus grand respect étant acquis aux dames âgées et cultivées. Cette culture présupposait des hommes éduqués dans les normes « chevaleresques », celles du cavalier à la Cour[44]. Le modèle social de la noblesse a donné à la femme une place centrale que d’autres civilisations connaissent moins, la galanterie se diffusant par imitation dans toute la société : ce modèle requiert de l’homme et la femme qu'ils se servent chacun l'un l’autre comme la Bible le prescrit[45] ;

  • le modèle social de la noblesse implique la notion de devoir et de service du plus grand nombre, la noblesse dérivant d'une institution de la res publica. Être là pour d’autres est une vertu noble qui procède du sens du devoir et du dévouement d’un homme voué à servir. Le noble ne refusait pas les joies de vivre, mais il savait par son éducation que la superbia (orgueil) comme l’avaritia (avarice) sont des péchés mortels[46]. De fait, les idéaux de la noblesse impliquaient le sens du sacrifice ;

  • pour Karl Ferdinand Werner, l’idée qu’il n’y avait plus d’administration efficace à l’époque féodale est un mythe qui repose sur le cliché de la fin du comté carolingien[47] ; les populations concernées bénéficièrent souvent du gouvernement de proximité d’un chef intéressé par le bien-être de sujets dans le mesure où cela lui procurait de nouvelles sources de revenus ; L’hérédité en créant des dynastes, les a incités à améliorer le rendement des terres et non à les exploiter comme on l’a soutenu. L’État vassalique n’a pas appauvri l’Europe mais l’aurait enrichi[48]. Cette évolution ne pouvait être favorable qu’aux habitants et permit la stabilisation des relations sociopolitiques dans le cadre des seigneuries où des coutumiers fixèrent les obligations réciproques. Ainsi émergeait une nouvelle civilisation de la seigneurie rurale dont le potentiel économique dépassait de loin celui des modèles fournis par le fisc carolingien, puisque des centaines puis des milliers de propriétaires laïques, en commun avec leurs « tenants » pouvaient prendre des initiatives et souvent s’organiser. La disparition presque complète de l’esclavage en Gaule est un démenti à la prétendue anarchie qui aurait régné et à l’exploitation sans frein des hommes à laquelle se seraient livrés les seigneurs[49].



Sociologie de la noblesse |



Les castes de la civilisation de Fourier |


Charles Fourier en 1822 représente les seize castes et sous castes de la civilisation dans lesquels il ne trouve qu'une échelle ascendante de haine et une échelle descendante de mépris. « La noblesse de cour méprise la non présentée; la noblesse d'épée méprise celle de robe : les seigneurs à clocher méprisent les gentillâtres tous les parvenus anoblis qui ne sont que de 1er degré et qui dédaignent les castes bourgeoises. Dans la bourgeoisie nous trouverions en 1re sous castes no 5 la haute banque et la haute finance méprisées des nobles mais s'en consolant avec le coffre fort, méprisant le gros marchand no 6 et le bon propriétaire. Ceux-ci tout fiers de leur rang d'éligibles méprisent la sous caste no 7 qui n'a que rang d'électeur elle s'en dédommage en méprisant la sous-caste 8 les savants, les gens de loi et autres vivant de traitements ou casuels ou petits domaines qui ne leur donnent pas l'entrée au corps électoral : enfin la classe 9, la basse bourgeoisie, petit marchand, petit campagnard, méprisée de la 8 serait bien offensée si on la comprenait dans le peuple dont elle méprise les trois sous castes et dont elle se pique d'éviter les manières. Il règne entre toutes ces castes des haines régulières c'est-à-dire que la 9 hait la 8e autant que la 8e hait la 7 quoique chacune recherche la fréquentation du degré supérieur par ambition et non par amitié »[50].



Assimilations |


Certains ont affirmé que certaines catégories de la population pouvaient être assimilées à une nouvelle noblesse :



  • dans son livre Neuadel aus Blut und Boden, Walther Darré un des principaux théoriciens nazis, définit les bases d'une nouvelle noblesse pour le Troisième Reich, application brutale de la sélection naturelle à la constitution d'une élite au service du nazisme ;

  • l'« énarchie » suggère l'idée que la haute fonction publique française depuis la seconde moitié du XXe siècle pourrait être assimilée, toutes proportions gardées, à une sorte de « noblesse d'État » contemporaine.



Dans l'inconscient collectif |






Albrecht Dürer. Le Chevalier, la Mort et le Diable, 1513. Cette gravure a donné lieu à de multiples interprétations au cours des siècles.


Une certaine idée de la noblesse forgée dans les mythes et mythologies de l'Antiquité ou du Moyen Âge, perpétuée par les productions de l'art — la peinture, et la littérature, la sculpture , etc. — trouve toujours à resurgir au XXIe siècle dans des médias plus récents.





Château de la Belle au bois dormant, Disneyland, Anaheim, Californie.


L'idéal romantique médiéval présent dans le roman de chevalerie, la chanson de geste ou la Légende arthurienne est prolongé au XXe siècle dans l'œuvre de J. R. R. Tolkien par exemple ou dans celle de Walt Disney. Il est toujours popularisé par le cinéma ou les jeux vidéo. La noblesse en tant qu'organisation sociale suscite des images qui restent vivaces.




Notes et références |



Notes |




  1. À l’origine, le cingulum était une ceinture destinée au port d'arme distinguant le soldat même non armé du civil.


  2. Le sacramentum du soldat était renouvelé chaque année, le 1er janvier sous la forme d’un serment d’allégeance inconnu sous la république, le modèle s’inspire d’Alexandre le Grand car c’est en effet dans la monarchie macédonienne de type militaire et personnel que l’on peut reconnaître le premier serment de fidélité à la personne du monarque. Pompée, César, Octave exigèrent de tels serments.


  3. En recevant, grâce à la nomination impériale, la potestas principis, Clovis change la nature de la royauté franque ; parallèlement ses moyens changent également grâce à la récupération de moyens administratifs impériaux. Sa royauté est héréditaire et dispose de la potestas principalis d’origine romaine, qui seule permet de nommer à tous les honores comportant la potestas publica. Cet État sui generis n’a pas d’antécédent germaniques pour Werner.


  4. Ainsi, le caractère technique et administratif des débuts de carrière ressort d’un texte du futur saint Wandrille qui apprend à la cour le métier des armes aussi bien que celui de l’administration. Après sa période aulique, il est nommé dans l’administration fiscale, l’exactura – terme romain, qui n’a jamais cessé d’être utilisé et l’est toujours sous le roi Pépin, celui qui fait rentrer les impôts étant exactor rei publicæ gentis Francorum.


  5. Ceux qui à la suite des humanistes des XVe et XVIe siècles ont vu dans la fin des écoles publiques romaines la fin de la culture ignoraient que les écoles publiques ne sont apparues en Occident qu’au IVe siècle. Les élites de l’école classique ne connaissaient que des écoles privées.


  6. À la cour d’Austrasie à Metz, dès le VIe siècle dont Werner cite l'exemple, les écrits que Venance Fortunat a adressé aux grands révèlent, outre leurs carrières à la romaine, leur ouvertures aux choses de l’Esprit. Arnoul, le futur évêque de Metz, fut présenté à la cour par un parent d’origine sénatorial, Gundulf. Formé à la cour, il finit par administrer de larges parties de l’Austrasie, avant de devenir un des hommes les plus puissants du royaume. Il y a d’autres exemples de formations auliques comme celui des parents du futur saint Ermeland (VIIe siècle), qui envoient leur fils à la Cour parfaire sa formation. Cette formation devait lui permettre de réussir une carrière dans la militia et de parvenir à un honor « digne du rang de ses parents ».


  7. Dans le royaume occidental, les événements ont permis aux vassaux royaux d’obtenir l’amélioration la plus sensible de leur statut ; ceux qui étaient restés fidèles entre 840 et 843 fidèles à Charles II le Chauve, sauvant le royaume au péril de leur vie et de leur biens confisqués par l’ennemi envahisseur face à l’empereur Lothaire Ier qui disposait de forces supérieures, avaient le droit d’exiger la récompense de leur loyauté ; elle leur fut accordée en novembre 843 lors de la réunion de Coulaines ; dans le troisième alinéa d’un capitulaire, il était admis que le roi devait son honor à ses fidèles ; en conséquence, il leur promettait que chacun d’eux pouvait être assuré de conserver son honor, sauf si un jugement contraire intervenait. Cette pratique fut confirmée officiellement en 877, à l’assemblée de Quierzy-sur-Oise ; un capitulaire stipula que le fils d’un vassal prêt à servir le roi aussi loyalement que l’avait fait son père devait conserver l’honor paternel.


  8. Le nom officiel du Japon est nihonkoku (日本国?), c'est-à-dire le pays à/de l'origine du jour/soleil.


  9. Terme vieilli (de nos jours, on dit plutôt buke) ; samurai provient du verbe saburau, signifiant « garder », « servir ».


  10. Par extension, on pourrait vaguement l'apparenter à la hidalguia espagnole ou à la gentry anglaise, etc.


  11. Grands seigneurs apanagés.


  12. Petits seigneurs apanagés.


  13. L'importance des daimyos et des shomyo dans la hiérarchie nobiliaire (voir la liste des clans japonais) était proportionnelle aux revenus officiels (calculés en koku de riz) qu'ils tiraient de leurs apanages, ainsi qu'à leur situation géographique; néanmoins, ces revenus étant calculés par le pouvoir shogounal lors de la prise de fonction du chef de famille, ils correspondaient généralement assez peu à la réalité des richesses de la région concernée. Au XVIIe siècle, un koku équivalait - officiellement - à quelque 180 litres de riz, soit la quantité nécessaire pour nourrir un adulte pendant une année.


  14. Système aboli à la fin de la dernière guerre.


  15. Ne serait-ce du fait des très, très fréquentes adoptions qui émaillent l'histoire de chaque famille…


  16. Par exemple, l'ancien Premier ministre, Naoto Kan, et son prédécesseur, Yukio Hatoyama, sont tous deux d'origine samouraï indiscutable et n'en font pas mystère.


  17. Toutefois, ces armoiries servaient, à l'origine, de symbole de clan (sashimono), que les samouraï de bas rang portaient sur leurs vêtements comme autant de marques d'appartenance. Seuls les samouraï de haut rang disposaient alors de leurs propres armoiries.


  18. Les armoiries japonaises ne se gravent pas non plus sur des chevalières, bijou dont les Japonais ignorent généralement l'usage.


  19. Très exactement 4 710 blasons (originaux et variantes incluses) selon le très officiel "Armoiries japonaises" (日本の家紋), travail collectif publié par Seigen (青幻舎).



Références |




  1. Jules César, « Livre VI », sur forumromanum.org, Guerre des Gaules, Les Belles Lettres, 1926, livre VI, 15.


  2. Le saint-Grégoire de Nazianze divise la noblesse en trois genres. Le premier d'être à l'image de Dieu, le second qui vient du sang fondé sur la corruption de la nature, le troisième qui vient de la vertu que nous possédons, et il dit qu il ne parle point d'un quatrième que l'on reçoit des édits ou rescrits des Princes parce que c'est une chose passagère. Dans Gilles-André de La Rocque, Traité de la noblesse [lire en ligne].


  3. Honoré de Balzac, La Comédie humaine.


  4. Gilles-André de La Rocque, Traité de la noblesse.


  5. a et bSébastien Le Prestre de Vauban, Les oisivetés de Monsieur de Vauban, ou Ramas de plusieurs mémoires de sa façon sur différents sujets, éd. Champ Vallon, 2007 [lire en ligne].


  6. Anne Pouget, Le Pourquoi des choses, Volume 4, Cherche Midi, 2011, p. 80. (ISBN 2749120551)


  7. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 324.


  8. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 313.


  9. Code théodosien, VIII, 4, 28.


  10. Code justinien, III, 25, 1 ; X, 69, 1 ; XII, 19, 2.


  11. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 264.


  12. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 698.


  13. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 685-696.


  14. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 696.


  15. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 688-689.


  16. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 685.


  17. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 428.


  18. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 396.


  19. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 265-266.


  20. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 393.


  21. Carlrichard Brühl, Palatium et Civitas, 1975.


  22. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 650.


  23. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 582.


  24. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 581.


  25. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 395.


  26. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 394.


  27. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 426.


  28. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 324.


  29. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 601.


  30. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 685-687.


  31. www.european-noble.eu.


  32. (en) Iranian History at a Glance, Alhoda UK, 1er janvier 2005(ISBN 9789644390050, lire en ligne).


  33. (en) « "The History of the Tongan Constitution" »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Sione Latukefu, gouvernement des Tonga, 14 juillet 2008.


  34. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 699.


  35. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 700.


  36. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 188.


  37. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 174.


  38. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 121.


  39. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 122.


  40. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 18.


  41. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 706.


  42. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 707.


  43. a et bKarl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 681.


  44. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 707.


  45. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 706.


  46. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 708.


  47. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 649.


  48. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 631.


  49. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 630.


  50. Charles Fourier, Traité de l'association domestique agricole, Boussange, 1822 [lire en ligne].



Bibliographie |



  • Nicolas Viton de Saint-Allais, Nobiliaire Universel De France Ou Recueil Général Des Généalogies Historiques Des Maisons Nobles De Ce Royaume, (§Tomes 1 à 21), édité à Paris chez l'auteur 10 Rue de la Vrilliére à Paris, 1814 à 1819, archivé à la Library university of Wisconsign numérisé par Google Livres.

  • Martin Aurell, La noblesse au Moyen Âge, Paris, Armand Colin, 1996.

  • Christophe Badel, La noblesse de l’Empire romain. Les masques et la vertu, Seyssel, Champ Valon, coll. « Époques », 2005 (ISBN 2-87673-415-X).

  • Jean-Marie Constant, La noblesse française aux XVIe et XVIIe siècle, Paris, Hachette, coll. « La vie quotidienne », 1994 (ISBN 2-01-235139-5).


  • Philippe Contamine, La noblesse au royaume de France de Philippe le Bel à Louis XII, Paris, PUF, coll. « Moyen Âge », 1997 (ISBN 2-13-049688-1).

  • Georges Duby, Les trois ordres ou l'imaginaire du féodalisme, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1978 (ISBN 2-07-028604-5).

  • Philippe Du Puy de Clinchamps, La noblesse, 5e éd., Paris, L'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, 1996.

  • Jacques Heers, Le Clan familial au Moyen Âge, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 1993 (ISBN 2-13-044658-2).


  • François de Negroni, "La France noble", Editions du Seuil, 1974.


  • Gérard de Sède, Aujourd'hui, les nobles ..., Alain Moreau éd., Paris 1975.

  • Alain Texier, Qu'est ce que la noblesse ?, Tallandier, coll. « Approches », 1988 (ISBN 2-235-01780-0).

  • Léo Verriest, Noblesse, chevalerie, lignages, Bruxelles, chez l'auteur, 1959.


  • Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, Paris, Fayard, 1998 (ISBN 2-213-02148-1).

  • Marquis Silva de Balboa, La Noblesse Fitz-James, Paris, Fayard, 1991.

  • J. Van Den Berghe, Noblesse Oblige, Globe, Grand-Bigard, 1997.

  • Pascal, Pensées, 1670.


  • Gilles-André de La Rocque, Traité de la noblesse, Estienne Michallet, 1678.


  • Pierre Bourdieu, La distinction : critique sociale du jugement, éditions de Minuit, 1979, collection Le sens commun, 672 pages (ISBN 2-7073-0275-9).

  • Vincent Van Quickenborne et Jean-Marie Dedecker, Développements préliminaires. Proposition de loi abrogeant diverses dispositions concernant la noblesse Sénat de Belgique, 15 janvier 2002.


  • Jean de La Varende, La noblesse, Paris, pour les Amis de La Varende, 1964, 16 ff. non pag.

  • René Laplanche, « Roger de la Boutresse, Genest Émile Aubert de la Faige. Centenaire des Fiefs du Bourbonnais », Cahiers Bourbonnais, no 161, 1997.


  • François Bluche et Jean-François Solnon, La véritable hiérarchie sociale de l'ancienne France. Le tarif de la première capitation (1695), Droz, 1983.


  • Paul de Pessemier 's Gravendries, Noblesse en Flandre. Passé, présent et avenir, Gent, Borgeroff en Lamberigts, 2010.

  • Lionel Girard, Essai sur le sens noble des termes, École normale supérieure de Cachan, 1992.



Voir aussi |


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Articles connexes |



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    • Noblesse autrichienne, aussi germanique : ministériaux, Junker, Graf, Uradel


    • Noblesse belge


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