Chirurgie
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« chirurgien » redirige ici. Pour les autres significations, voir chirurgien (homonymie).
La chirurgie est la partie de la thérapeutique qui implique des opérations internes ou des manœuvres externes[1] sur les tissus, notamment par incision et suture. Un chirurgien est un professionnel de la santé habilité à pratiquer la chirurgie (médecin spécialiste, chirurgien-dentiste, vétérinaire). Un acte médical pratiqué par un chirurgien est une opération chirurgicale.
Sommaire
1 Histoire
2 Enseignement de la chirurgie en France
2.1 La chirurgie en médecine
2.2 La chirurgie en odontologie
2.3 La chirurgie vétérinaire
3 Pratique du métier
4 Différents types de chirurgies
5 Références
6 Voir aussi
6.1 Bibliographie
6.2 Articles connexes
6.3 Lien externe
Histoire |
Étymologiquement, la chirurgie est pratiquée par les chirurgiens et peut être définie par la pratique du soin par l'usage des mains : vient du grec χειρουργια (kheirourgia) χειρ (kheir) [mains] et εργον (ergon) [travail]. Cette pratique existe depuis la Préhistoire avec la pratique de la trépanation, et a considérablement évolué au fil du temps.
En Occident, après la grande tradition médico-chirurgicale de l'Antiquité, et au début du Moyen-Âge, les chirurgiens ont été relégués dans une caste inférieure parmi les soignants. Ils ont été exclus des études médicales universitaires pendant plusieurs siècles. Ce n'est véritablement qu'au XIXe siècle que les grands progrès arrivent en fonction du besoin sanitaire, du type de blessure et du contexte politique, religieux et technologique.
En Occident, au Moyen Âge, les médecins, comme tous les membres des universités, sont des clercs et non des laïcs. Certains occupent même de hautes fonctions ecclésiastiques. De plus, ils ne peuvent exercer la chirurgie car « Ecclesia abhorret a sanguine » (« L'Église a horreur du sang »). Et enfin, un médecin n'a pas le droit d'exercer une profession manuelle pour en tirer profit. Pour cette raison, les actes chirurgicaux leur sont aussi interdits.
Ceux-ci sont donc assurés par les barbiers, qui en plus des coupes de cheveux, des bains et des étuves, traitent les plaies, incisent les abcès, pratiquent les saignées… après diagnostic d'un médecin. La pose de ventouses est du ressort de la matrone et celle du clystère de l'apothicaire.
Vers 1268, Jean Pitard, un barbier renommé, obtient du prévôt de Paris, Étienne Boileau, l'autorisation de former une corporation indépendante, sous la direction de six jurés, afin de faire passer des examens à tout barbier désireux de pratiquer la « cyrurgie » (voir le Livre des métiers)[2].
En 1671, une chaire universitaire de chirurgie est créée au Jardin des plantes de Paris, malgré l'opposition de la Faculté de Médecine. Pour vaincre cette opposition, une ordonnance royale est nécessaire en 1673. La chaire de chirurgie est confiée à François Cureau de la Chambre avec le chirurgien Pierre Dionis comme démonstrateur[3]. Par la suite, le poste de premier chirurgien du roi (Mareschal, Lapeyronie, Lamartinière) fait obtenir cette chaire de chirurgie.
À partir de ce moment, les chirurgiens obtiennent même qu'on leur livre les cadavres nécessaires à leurs études sans devoir en réclamer à la Faculté de Médecine. Malgré cela, leur nombre est insuffisant et certains sont volés dans les cimetières ou achetés directement aux bourreaux, ce qui provoque de nouvelles batailles avec la Faculté de Médecine, qui n'hésite pas à faire intervenir des huissiers pour récupérer les corps.
Lorsque Marie-Thérèse d'Autriche, l'épouse de Louis XIV, a un abcès à l'aisselle, D'Aquin, médecin du roi, s'oppose à ce que Dionis, le chirurgien, pratique une incision, ce qui aurait empêché l'abcès de s'ouvrir dans la poitrine. La reine en meurt.
Puis Louis XIV est atteint d'une fistule anale en 1686, et les tentatives médicales ne donnent aucun résultat. Il fait alors appel à son chirurgien, Charles-Louis Félix de Tassy, qui le guérit, ce qui redonne un crédit aux chirurgiens par rapport aux médecins[4].
À la Révolution, la différence entre chirurgien et médecin est abolie. Il n'y a plus qu'un enseignement unique comprenant la médecine, la chirurgie et les accouchements.
Enseignement de la chirurgie en France |
La chirurgie en médecine |
À l'issue d'un tronc commun de six années, l'étudiant en médecine est soumis aux épreuves classantes nationales (ECN) qui détermineront la spécialité médicale qu'il exercera suivant ses résultats[5].
Liste des diplômes d'études spécialisés (DES) medico-chirurgicaux directement accessibles aux ECN[5] :
- DES de chirurgie orale (DESCO) : 4 ans, commun avec la filière odontologie
- DES d'ophtalmologie (DESO) : 5 ans
- DES d'oto-rhino-laryngologie et chirurgie cervico-faciale (DESORL) : 5 ans
- DES de neurochirurgie (DESN) : 5 ans
- DES de chirurgie générale (DESCG) : 5 ans
- DES de gynécologie obstétrique (DESGO): 5 ans
Les étudiants en médecine ayant décroché le diplôme d'études spécialisées en chirurgie générale (DESCG) aux ECN peuvent ensuite se spécialiser dans une région particulière du corps humain à partir de leur troisième année d'internat en chirurgie, par le biais d'un diplôme d'études spécialisées complémentaires (DESC) qualifiant (type II)[6].
Le DESC II dure trois ans, dont deux années incluses au sein de l'internat de chirurgie générale (DESCG), de sorte qu'il prolonge le cursus d'une année supplémentaire à l'issue de l'obtention du DESCG[6].
Liste des DESC II médico-chirurgicaux, nécessitant une intégration préalable à l'internat de chirurgie générale ou d'oto-rhino-laryngologie[6] :
- DESC II de chirurgie infantile : 3 ans (dont deux années intégrées au DESCG)
- DESC II de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie : 3 ans (dont deux années intégrées au DESCG)
- DESC II de chirurgie de la face et du cou : 3 ans (dont deux années intégrées au DESCG ou au DESORL)
- DESC II de chirurgie orthopédique et traumatologie : 3 ans (dont deux années intégrées au DESCG)
- DESC II de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique : 3 ans (dont deux années intégrées au DESCG)
- DESC II de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire : 3 ans (dont deux années intégrées au DESCG)
- DESC II de chirurgie urologique : 3 ans (dont deux années intégrées au DESCG)
- DESC II de chirurgie vasculaire : 3 ans (dont deux années intégrées au DESCG)
- DESC II de chirurgie viscérale et digestive : 3 ans (dont deux années intégrées au DESCG)
À l'issue de son diplôme d'études spécialisées, l'étudiant en médecine soutient une thèse d'exercice qui débouche sur le diplôme d'État de docteur en médecine, spécialiste en chirurgie. La durée totale du cursus en médecine oscille entre Bac+10 et Bac+11 pour un DES en chirurgie et Bac+12 pour un DESC en chirurgie.
Pour exercer la chirurgie, le chirurgien diplômé de la faculté de médecine devra par la suite s'inscrire au tableau de l'Ordre national des médecins de France[7].
La chirurgie en odontologie |
Après six années d'étude (une année en faculté de médecine, cinq années en faculté de chirurgie dentaire), l'étudiant en odontologie soutient une thèse d'exercice débouchant sur le diplôme d'État de docteur en chirurgie dentaire[8],[9]. À ce titre, le chirurgien-dentiste est habilité à pratiquer des actes chirurgicaux sur la bouche, les dents, les maxillaires et les tissus attenants[10].
L'étudiant peut également prolonger son cursus avec l'internat de chirurgie dentaire accessible à partir de la 5e année d'étude en odontologie, débouchant sur un diplôme d'études spécialisés (DES)[11].
Liste des diplômes d'études spécialisées (DES) en odontologie impliquant une pratique chirurgicale[11] :
- DES de chirurgie orale (DESCO) : 4 ans, commun avec la filière médecine
- DES de médecine bucco-dentaire (DESMB) : 3 ans
La durée totale du cursus en odontologie oscille entre Bac+6 pour le chirurgien-dentiste omnipraticien et Bac+8 à Bac+9 pour le chirurgien-dentiste qualifié spécialiste[11],[9].
Pour exercer la chirurgie dentaire, le praticien diplômé de la faculté de chirurgie dentaire devra par la suite s'inscrire au tableau de l'Ordre national des chirurgien-dentistes de France[7].
La chirurgie vétérinaire |
Après sept années d'étude (deux années en classes préparatoires, cinq années en école vétérinaire), l'étudiant soutient une thèse d'exercice débouchant sur le diplôme d'École de docteur vétérinaire. À ce titre, le vétérinaire peut exercer la chirurgie sur l'animal dans le cadre d'une thérapeutique médicale.
Le vétérinaire peut également renforcer ses compétences chirurgicales ou se spécialiser via un certificat d'études approfondies vétérinaires (CEAV) suivi d'un DESV diplôme d'études spécialisées vétérinaires (DESV), nécessitant deux à trois années d'études supplémentaires.
Pour exercer la chirurgie vétérinaire, le praticien diplômé de l'École Vétérinaire devra par la suite s'inscrire au tableau de l'Ordre des vétérinaires de France[12].
Pratique du métier |
Dans la majorité des cas, le chirurgien opère ses patients dans une salle opératoire d'un bloc opératoire, à l'aide de nombreux instruments chirurgicaux, et assisté de nombreuses personnes (médecin anesthésiste-réanimateur, infirmier(e) anesthésiste, infirmier(e) de bloc opératoire...).
Cependant, certaines interventions chirurgicales peuvent s'effectuer en d'autres lieux :
- La chirurgie dentaire est pratiquée par le chirurgien-dentiste directement sur un fauteuil conçu à cet effet, en collaboration avec un ou plusieurs assistant(e)s dentaires. Il en va de même pour la stomatologie pratiquée par le médecin spécialiste en stomatologie.
- L'épisiotomie, acte chirurgical réalisé par le médecin gynécologue ou la sage-femme lors d'un accouchement, peut directement s'effectuer sur la femme enceinte allongée sur la table de travail[13].
Une évolution s'est également produite avec l'introduction, au milieu des années 1990, de la récupération rapide après chirurgie (RRAC) qui accélère la récupération du patient et réduit le nombre de complications post opératoires.
Différents types de chirurgies |
- La chirurgie dentaire concerne les interventions de la bouche, des dents, des maxillaires et des tissus attenants.
- Elle est pratiquée par le chirurgien-dentiste et le médecin spécialiste en stomatologie.
- La chirurgie orale concerne les interventions chirurgicales lourdes au sein de la cavité orale.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en chirurgie orale et le chirurgien-dentiste spécialiste en chirurgie orale.
- La chirurgie maxillo-faciale concerne les interventions sur le massif oro-facial.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en chirurgie maxillo-faciale et stomatologie.
- La chirurgie cervico-faciale et l'oto-rhino-laryngologie concerne les interventions du cou, de l'oreille et du nez.
- Elle pratiquée par le médecin spécialiste en oto-rhino-laryngologie.
- La chirurgie oculaire/ophtalmologique concerne les interventions sur les yeux et les structures annexes.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en ophtalmologie.
- La chirurgie orthopédique concerne les interventions sur l'appareil locomoteur (os, articulations, muscles, tendons, nerfs).
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en chirurgie orthopédique et traumatologie.
- La chirurgie thoracique concerne les interventions sur les parois thoraciques, les poumons et les structures annexes.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en chirurgie thoracique.
- La chirurgie cardiovasculaire concerne les interventions sur le cœur et les vaisseaux coronaires.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en chirurgie cardiovasculaire.
- La chirurgie viscérale concerne les interventions sur les organes abdominaux (par exemple : exérèse d'un cancer du côlon).
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en chirurgie viscérale et digestive.
- La chirurgie vasculaire concerne les interventions sur les vaisseaux, artère et veines.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en chirurgie vasculaire.
- La neurochirurgie concerne les interventions sur le système nerveux central (le cerveau, la moelle épinière) et le système nerveux périphérique.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en neurochirurgie.
- L'urologie concerne les interventions sur les reins et les voies urinaires, ainsi que sur l'appareil génital masculin.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en urologie.
- La chirurgie gynécologique concerne les interventions sur l'appareil génital féminin.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en gynécologie.
- L'obstétrique concerne les interventions chez la femme enceinte.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en gynécologie obstétrique.
- La chirurgie pédiatrique concerne la chirurgie de l'enfant.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en chirurgie infantile.
- La chirurgie plastique, reconstructrice et/ou esthétique.
- Elle est pratiquée par le médecin spécialiste en chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice.
- La chirurgie générale.
Par ailleurs :
- la microchirurgie nécessite un microscope opératoire pour effectuer des interventions de précision ;
- la chirurgie cœlioscopique nécessite l'introduction d'un tube muni d'une caméra et d'un éclairage, ainsi que de plusieurs instruments à travers de petites incisions cutanées, permettant une intervention avec vision indirecte du champ opératoire et sans nécessité d'une grande incision ;
- la chirurgie ambulatoire désigne des opérations avec une durée d'hospitalisation de moins d'une journée ;
- la chirurgie vétérinaire correspond à l'ensemble des thérapeutiques chirurgicales pratiquées par le vétérinaire sur l'animal.
Références |
http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/generic/cherche.exe?49;s=1704620940;;
Emile Forgue 1978, p. 177-181.
François Lebrun, Médecins, saints et sorciers au 17e et 18e siècle, Temps Actuels, 1983(ISBN 2-201-01618-6), p. 30.
Emile Forgue 1978, p. 208-209.
http://www.education.gouv.fr/bo/2004/39/MENS0402086A.htm
http://www.education.gouv.fr/bo/2004/39/MENS0402087A.htm
http://legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006688646&cidTexte=LEGITEXT000006072665&dateTexte=20080626&fastPos=1&fastReqId=1993734585&oldAction=rechCodeArticle
« Bulletin officiel n°17 du 28 avril 2011 : Diplôme de formation générale en sciences odontologiques », sur enseignementsup-recherche.gouv.fr, 28 avril 2011(consulté le 23 décembre 2017)
« Bulletin officiel n° 20 du 16 mai 2013 : Docteur en chirurgie dentaire », sur enseignementsup-recherche.gouv.fr, 16 mai 2013(consulté le 23 décembre 2017)
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idArticle=LEGIARTI000006688894&idSectionTA=LEGISCTA000006171282&cidTexte=LEGITEXT000006072665&dateTexte=20071214
« Bulletin officiel n°19 du 12 mai 2011 : Diplômes d'études spécialisées en odontologie », sur enseignementsup-recherche.gouv.fr, 12 mai 2011(consulté le 23 décembre 2017)
http://www.veterinaire.fr/document/lordre/linscription_a_lordre.htm
http://www.sage-femme.be/parents/le-role-de-la-sage-femme/
Voir aussi |
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Bibliographie |
Dominique Lecourt (dir.), Dictionnaire de la pensée médicale, Paris, réed. PUF/Quadrige, 2004.
Emile Forgue, La chirurgie jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, Albin Michel / Laffont / Tchou, 1978, p. 131-221dans Histoire de la Médecine, tome III, J. Poulet et J.-C. Sournia (dir.).
Articles connexes |
- Académie de Chirurgie
- Anesthésie
- Chirurgie de la hernie inguinale
- Chirurgie esthétique
- Greffe
- Opération chirurgicale
- Récupération rapide après chirurgie
- Pré-désinfection
Lien externe |
Catalogues d'instruments de chirurgie documents numérisés par la BIUM (Bibliothèque interuniversitaire de médecine et d'odontologie, Paris) collection Medic@.
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