Alain Soral
Pour les articles homonymes, voir Bonnet et Soral.
Alain Soral | |
Alain Soral à Lyon en 2013. | |
Biographie | |
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Nom de naissance | Alain Gérard Robert Bonnet |
Surnom | Alain Bonnet de Soral |
Date de naissance | 2 octobre 1958 |
Lieu de naissance | Aix-les-Bains (Savoie, France) |
Nationalité | Français Suisse |
Parti politique | PCF (1991-2000) FN (2005-2009) |
Fratrie | Agnès Soral |
Profession | Essayiste Chef d'entreprise Éditeur |
Religion | Catholicisme |
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Alain Bonnet, dit Alain Soral (son nom d’usage étant Bonnet de Soral[n 1]), est un essayiste, idéologue d'extrême droite et chef d’entreprise franco-suisse, né le 2 octobre 1958 à Aix-les-Bains.
Alain Soral affirme avoir été membre du Parti communiste français dans les années 1990. Parallèlement, il évolue dans les médias et le monde du spectacle jusqu’au début des années 2000. Au cours de cette décennie, il devient un idéologue d’extrême droite, oscillant entre un antisémitisme traditionnel et le nouvel antisémitisme. Il se réclame à la fois du nationalisme et de la gauche — notamment du marxisme — et se présente comme un « national-socialiste français »[n 2]. Il devient par ailleurs l’ami, voire l’« éminence grise », de Dieudonné, ce qui permet d'observer une continuité entre ses discours et les spectacles de l'humoriste.
Après s’être rapproché du Front national (FN), dont il est un temps membre du comité central, il fonde en juin 2007, avec d’anciens membres du GUD, le mouvement Égalité et Réconciliation (E&R) qu’il préside depuis lors. Cette association, qui se présente comme « nationaliste de gauche », est souvent classée à l’extrême droite par les observateurs. Il quitte le FN en février 2009 et se présente aux élections européennes de juin 2009, en cinquième position sur la « liste antisioniste » conduite en Île-de-France par Dieudonné.
En mars 2011, il fonde la SARL Culture pour tous, qui comprend notamment la maison d’édition Kontre Kulture.
Depuis 2008, Alain Soral est régulièrement condamné pour « diffamation », « injures raciales ou antisémites », « incitation à la haine raciale », « provocation à la haine, la discrimination ou la violence », « apologie de crimes de guerre et contre l'humanité ».
Sommaire
1 Biographie
1.1 Jeunesse, premiers essais et carrière dans le milieu du spectacle
1.2 Passage par le Parti communiste français
1.3 Critique des « communautarismes » homosexuel, féministe et juif
1.4 Association avec Dieudonné
1.5 Engagement au Front national
1.6 Départ du Front national et Liste antisioniste
1.7 Développement de ses propres activités politiques et commerciales
2 Procès
2.1 Procès intentés contre Alain Soral
2.1.1 Condamnations
2.1.2 Procédures en cours
2.2 Procès intentés par Alain Soral
3 Positions
3.1 « Communautarisme » gay et « mariage pour tous »
3.2 Critique du féminisme
3.3 Positionnement politique
3.3.1 Références et relations étrangères
3.4 Un idéologue progressivement considéré comme antisémite
3.4.1 Polémique de 2004
3.4.2 Polémiques de 2009
3.4.3 Publication de Comprendre l’Empire (2011)
3.4.4 Propos divers sur la Shoah, le sionisme et le judaïsme
4 Dans la culture populaire
5 Œuvres
5.1 Romans et essais
5.2 Préfaces
5.3 Bande dessinée
5.4 Films
5.4.1 Comme acteur
5.4.2 Comme réalisateur
5.5 Publicité
6 Notes et références
6.1 Notes
6.2 Références
7 Annexes
7.1 Bibliographie
7.2 Articles connexes
7.3 Liens externes
Biographie |
Jeunesse, premiers essais et carrière dans le milieu du spectacle |
Frère de l’actrice Agnès Soral, née en 1960, et de la productrice Jeanne Soral, née en 1956, Alain Soral naît en Savoie[2],[3]. Sa famille s’étant établie en région parisienne à Meudon-la-Forêt dans les années 1960, il est inscrit à la communale puis au collège Stanislas[3],[2]. Son père est un notaire savoyard à la double nationalité française et suisse, et sa mère, une femme au foyer[2]. Se qualifiant lui-même d’« enfant mal-aimé », il vit une enfance difficile, en raison d’une mère qu’il décrit comme « passive et froide » et de la violence de son père qui le bat[4],[3],[5]. Sa sœur Agnès décrit ce père comme un « pervers narcissique ». Lui, déclare en mai 2003, interrogé par Mireille Dumas dans l'émission Vie privée, vie publique[6] : « Quand on regarde les drames familiaux il n’y a que des monstruosités. Et moi j’assume de venir de cette monstruosité là. Par contre, je ne veux pas rester un monstre. C’est-à-dire qu’on m’a programmé pour être un monstre mais je veux échapper à cette fatalité ; j’ai fait un énorme travail et je pense y être parvenu. » Il insulte ses parents dans le dossier de presse de son long métrage Confession d’un dragueur[7]. Selon sa sœur Agnès, il aurait également souffert, au cours de son enfance, de l’expropriation par l’État de terrains forestiers appartenant à son père[5].
Le père d’Alain Soral, qui exerce la profession de conseiller juridique[5], est condamné en 1973 pour escroquerie et incarcéré à la prison de Champ-Dollon[2] en Suisse. Le couple se sépare dans l’année et les enfants suivent leur mère à Grenoble dans le quartier de la Capuche, puis à Annemasse dans le quartier du Brouaz[3]. Le souvenir d’avoir vécu son adolescence au-dessus d’une loge maçonnique aurait marqué Alain, d’après sa sœur Agnès[5]. Suite à une violente dispute avec son père, Alain Soral, alors en deuxième trimestre de terminale, abandonne sa scolarité et quitte le domicile familial pour aller vivre seul à Paris, en 1976[4].
Il loue une chambre de bonne rue Fromentin et vit de divers « petits boulots » (chantiers, convoyages, etc.), tout en menant une existence « provo-punk » aux Halles, avant d’être reçu en 1978 aux Beaux-Arts et à l’École des hautes études en sciences sociales — les seuls établissements d’études supérieures accessibles sans baccalauréat[3],[n 3] — où il suit pendant quelque temps comme élève-stagiaire puis élève[n 4] les séminaires de Cornelius Castoriadis[9],[10],[11]. Le cours d’histoire de l’art l’intéresse particulièrement et l’amène progressivement vers la philosophie. Il découvre la lecture, notamment les essais et les poèmes des collections 10/18 et les bacs de soldes des libraires du quartier Saint-Michel[12], et il se met à lire quatre heures par jour jusqu’à ses 45 ans. Il entame une carrière de peintre dans le groupe d’artistes En avant comme avant, avec lequel il sillonne l’Europe pour des expositions. Il prend alors le nom Soral en signant ses œuvres ABS (comme Alain Bonnet de Soral)[9]. Il démarre également une longue initiation à la boxe française, d’abord à la salle Pariset puis à la salle Lafond[9] (il devint instructeur fédéral de boxe anglaise en juin 2004[13]).
Au début des années 1980, introduit par sa sœur auréolée du succès de Tchao Pantin[2] (cinq césars en 1983), Alain Soral fréquente la « nébuleuse noctambulo-artistique parisienne », aux Bains-Douches ou au Palace[5]. Il se lie étroitement avec Alexandre Pasche et Éric Walter (devenu critique d’art sous le nom d'Hector Obalk), rencontré aux Bains-Douches et dont les parents l’hébergèrent un temps[2],[4]. Tous trois coécrivent l’ouvrage Les Mouvements de mode expliqués aux parents, paru en 1984. Il vit néanmoins très mal que seul un des coauteurs, Hector Obalk, soit invité à l’émission Apostrophes, au point que cet épisode le marque durablement. Il déclare ainsi[14] : « J’ai été manipulé par un Juif qui a tiré la couverture à lui. À partir de ce jour-là, j’ai étudié le Talmud, l’histoire du sionisme. J’ai découvert que la trahison et la solidarité étaient au fondement de cette culture. » Les Mouvements de mode expliqués aux parents est traduit en japonais et, grâce à ses droits d’auteur, Alain Soral s’installe rue Galande[4]. Lancé dans le milieu de la mode, il donne de 1984 à 1987 des cours sur « l’histoire et l’analyse de la mode contemporaine » à l’École supérieure des arts et techniques de la mode (Esmod)[4],[15] et publie en 1987 un nouvel ouvrage sur ce thème, intitulé La Création de mode, initialement manuel de cours destiné à l’Esmod. Le succès des Mouvements de mode expliqués aux parents lui permet de connaître un début de notoriété médiatique : il apparaît en octobre 1985 dans une émission de FR3, dans laquelle il s'exprime sur les « looks » contemporains.
À la même époque, Alain Soral décide de suivre un dragueur rencontré aux Halles, « Laurent le Kabyle », afin de se perfectionner dans la drague de rue, qu’il pratiquera de façon intensive pendant deux ans tout en vivant des cours qu'il donne à l'Esmod[4] : « À 1 500 F de l’heure, ça m’a permis de passer le reste de mon temps à draguer. Une pratique un peu honteuse et plutôt désespérée que je justifiais par l’idée d’en faire aussi un livre. » Cette activité marginale fut la source de son roman autobiographique La Vie d’un vaurien et de son essai sur les techniques de drague Sociologie du dragueur qu’il publia par la suite. Il apparaît en outre périodiquement, en tant qu'invité ou comme chroniqueur, dans des émissions présentées par Thierry Ardisson ou Patrice Drevet.
Durant cette période, il échange des lettres avec son père incarcéré en Suisse et tombe en dépression[4]. Plutôt que d’accepter un poste de planeur-stratégie dans une grande agence de publicité, CLM BBDO, il dilapide son pécule en vêtements sur mesure à Londres[2],[4]. De 1988 à 1990, en délicatesse avec le fisc et d’humeur suicidaire, il décide d’aller vivre à la campagne et se serait installé dans la demeure d'un ami, nommée La Bosselette, près de Dieppe, puis dans un ermitage en Côte d’Or, où il rédige son premier roman autobiographique sur le thème de la drague, La Vie d’un vaurien, inspiré du recueil d’Édouard Limonov : Journal d’un raté[2],[4]. Le livre est publié la même année mais ne se vend pas. Cependant, Alain Soral est contacté par divers producteurs. C’est alors qu’il s’intéresse aux techniques cinématographiques. Il réalise deux spots publicitaires pour Mélodie Movies et écrit puis réalise Chouabadaballet : Une dispute amoureuse entre deux essuie-glaces, un court métrage qui sera diffusé sur Canal+[2],[4]. Lors de son passage en 1992 dans l’émission de Mireille Dumas Bas les masques sur le thème des dragueurs de rue, il déclare[16] : « Moi ce que j’aimais bien dans la drague de rue, c’est qu’il y avait un aspect lutte de classe. Le schéma qui marchait le mieux et qui était le plus réjouissant, c’était les deux paumés qui avaient pour eux leur méchanceté et leur vice de connaître un peu mieux la rue, qui arrivaient à séduire des filles de bourgeois un peu méprisantes mais qui connaissent pas bien la vie, et qui arrivaient par ce travail de séduction à capter un peu de plus-value extorquée des parents de la riche aux parents du pauvre. Pour moi il y avait un côté lutte de classes. Et moi je le dis à un moment donné, au bout de mon parcours de dragueur, j’ai pas seulement écrit un livre je suis rentré au Parti communiste ; et pour moi c’était totalement lié. »
Alain Soral affirme avoir rejoint le Parti communiste français autour de 1990 et y milite jusqu’en 2000 à la cellule Paul-Langevin[17],[4],[2]. C’est dans ce cadre internationaliste qu’il part au Zimbabwe comme reporter, à la suite du décès de son père en 1991 peu après la fin de son incarcération[2],[4]. De retour à Paris, il écrit et réalise son second court métrage, Les Rameurs : Misère affective et culture physique à Carrières-sur-Seine en 1993, puis écrit les films Les Vauriens et Z’y va ! pour Agat Films & Cie. Il est pigiste pour le magazine féminin 20 ans pour lequel il rédige des billets d’humeur. Il écrit également dans Entrevue, à la rubrique Rumeurs[14].
Entre 1994 et 1996, il approfondit ses lectures de Karl Marx, Georg Lukács, Henri Wallon, Lucien Goldmann et Michel Clouscard et se remet au journalisme, avant de partir au Brésil pour une tournée de conférences sur la création de mode. À son retour, grâce à une avance d’un éditeur, il part pour le Pays basque afin d’y rédiger au calme son essai Sociologie du dragueur, fort de ses « sept cents conquêtes »[2]. Écoulé à plus de 50 000 exemplaires en 2017, celui-ci deviendra le plus célèbre de ses ouvrages[18]. Il entre à la section de boxe de l’Aviron bayonnais, puis rencontre Maylis Bourdenx, sa future femme. Ils se marient le 21 décembre 1996[4],[3] et divorcent en 2009. À la suite du succès de Sociologie du dragueur — publié aux Éditions Blanche dirigées par Franck Spengler — Alain Soral joue son propre rôle au cinéma dans Parfait Amour ! de Catherine Breillat en 1996. Il poursuit sur sa lancée en 1999 avec Vers la féminisation ?, dans lequel il développe une rhétorique antiféministe.
Alain Soral connaît alors une nouvelle période de notoriété médiatique, s'étant affirmé comme un « bon client » des plateaux de télévision. Entre 1999 et 2004, Thierry Ardisson, avec qui il est ami depuis les années 1980, l’invite à quatre reprise dans son émission Tout le monde en parle[19]. En 2000, il est invité à trois reprises dans l’émission C’est mon choix d’Évelyne Thomas (produite par Jean-Luc Delarue). Alain Soral intervient également chez Paul Wermus à l’émission Piques et polémiques en 2003 et 2004, où il prend position lors de ce dernier passage pour défendre l’humoriste Dieudonné accusé d’antisémitisme.
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En 2001, il réalise son premier long métrage Confession d’un dragueur avec Thomas Dutronc et Saïd Taghmaoui en tête d’affiche. Il touche 89 000€ pour ce film selon Molard et D'Angelo[20]. Le producteur Jean-François Lepetit raconte à ce sujet : « Son scénario était prometteur. Mais au moment du tournage, j’ai réalisé que ce que je croyais être de l’ironie était en fait du premier degré. » Portant sur la drague de rue et les rapports de classe, ce film, boudé par la critique et par le public, est déprogrammé au bout d’une semaine. Alain Soral déclare par la suite, au sujet de l’échec de son film et de son parcours dans le milieu du spectacle : « J’ai été massacré par les deux cliques qui tiennent ce milieu, les pédés et les Juifs[14]. » Pour Agnès Soral, c’est la première fois que son frère s’estimait rejeté parce que « goy ». Elle indique également que son frère s’est vu refuser, comme elle, l’entrée dans la franc-maçonnerie en 2004 et qu’il a « rompu les ponts » avec toute sa famille en 2006[21].
Passage par le Parti communiste français |
Les sources divergent quant à son entrée au Parti communiste français, certains enquêteurs mettant en doute sa réalité tandis qu'Alain Soral lui-même multiplie les versions concernant cette adhésion[22] : au milieu des années 1980 pour certains[n 5],[23], en 1991 pour Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard[24], entre 1992 et 1994 d’après un CV issu d’un dossier de presse[4]. Sa propre version varie souvent[25] : incapable de dater son engagement, il parle parfois d’une période située entre 1991 et 1993 mais parfois aussi d’un engagement de sept ans[26]. L’écrivain Simon Liberati indique qu’il s’est encarté avec Alain Soral davantage par anticonformisme que par idéologie, jugeant « dommage que le parti disparaisse comme l’Église catholique avait disparu »[25] et qualifiant leur petit cercle de « pieds nickelés »[26]. Selon les auteurs de La Galaxie Dieudonné, cette appartenance au PCF n’a cependant jamais été prouvée[27]. D’après Robin d’Angelo et Mathieu Molard, journalistes à StreetPress, les responsables du parti de l’époque ne se souviennent pas de son passage[25]. Alain Soral a mis en ligne sur son site ses cartes d’adhérents au Parti communiste français à la cellule Paul-Langevin, de 1995 à 2000[17]. Il déclare également avoir animé pendant cette période, aux côtés de Marc Cohen, le « Collectif communiste des travailleurs des médias » (dit aussi « cellule Ramón-Mercader »), faisant paraître un bulletin confidentiel aux parutions sporadiques[26] intitulé La Lettre écarlate[28]. Cette initiative n’aurait pas de lien avec le PCF[29]. Selon Jean-Paul Gautier et ses coauteurs, « en réalité, ce collectif était dirigé par Henri Malberg, membre du comité central du PCF. Lors de nos investigations, nous n’avons trouvé aucun document qui laisserait entrevoir qu’Alain Soral aurait joué le rôle qu’il cherche à s’attribuer[27]. » D’après des témoignages recueillis par Mathieu Molard et Robin d’Angelo c’est néanmoins en côtoyant ce « courant nationaliste encore présent au PCF » qu’il devient « obsédé par les juifs »[30].
Après avoir fait campagne pour le non au référendum sur le traité de Maastricht de septembre 1992, il déclare avoir participé en mai 1993, toujours avec Marc Cohen, rédacteur en chef de L’Idiot international de Jean-Edern Hallier, à la rédaction de l’appel « Vers un front national », signé par Jean-Paul Cruse — ancien membre de la Gauche prolétarienne, membre du collectif et délégué SNJ-CGT de Libération, dont il est l’un des fondateurs — et publié en première page de L’Idiot.[31] Cet appel, s’appuyant sur la vision de la « destruction précipitée de la vieille gauche », propose « une politique autoritaire de redressement du pays », rassemblant « les gens de l’esprit contre les gens des choses, la civilisation contre la marchandise — et la grandeur des nations contre la balkanisation du monde […] sous les ordres de Wall Street, du sionisme international, de la bourse de Francfort et des nains de Tokyo » et appelle, pour « forger une nouvelle alliance, » à la constitution d’un « front » regroupant « Pasqua, Chevènement, les communistes et les ultra-nationalistes », un nouveau front pour « un violent sursaut de nationalisme, industriel et culturel. »[32] Une polémique naît alors sur l’existence de convergences « rouges-bruns »[33].
Alain Soral cesse ensuite d'être membre du PCF, disant s’opposer à l’abandon de son contenu révolutionnaire, tout en continuant à approuver l’ « outil d’analyse » marxiste[34].
Critique des « communautarismes » homosexuel, féministe et juif |
Dès le début des années 2000, il pourfend dans ses livres[35] ce qu’il qualifie de communautarisme : il s’en prend vivement aussi bien aux mouvements homosexuels ou féministes qu’aux associations représentatives de la communauté juive, dans des termes qui se veulent souvent provocateurs[36]. Pour Alain Soral, la montée du communautarisme en France est dangereuse pour la République et constitue une atteinte au principe d’universalité républicaine, car, à sa conception « fait[e] d’histoires comparées, de métissages, de transformations, » elle tendrait à substituer « un débat réduit à la compétition victimaire. Soit l’Histoire ramenée à l’éternelle persécution des femmes, des pédés, des Arabes, des Noirs, des Juifs… »[37] Dans son analyse de la société contemporaine, il prétend démonter les mécanismes de ce qu’il appelle l’« idéologie du désir, » promue par l’omniprésence de la publicité, les journaux féminins et le phénomène de « starisation. » Il a vivement critiqué certains mensuels féminins qui, selon lui, transforment les consciences et relèguent la femme au statut de « femme-objet » consommatrice. Il expose son idée selon laquelle le système s’accommode très bien d’une situation où les femmes travaillent et consomment et que le féminisme, vu sous cet angle, n’est pas forcément un mouvement de libération mais un « allié objectif » du capitalisme.
Les prises de position d’Alain Soral « anti-communautaristes » sont suivies avec intérêt par les Identitaires qui tentent en vain un rapprochement avec lui au début de l’année 2004 en lui écrivant deux lettres[38]. En 2006, il signe avec Fabrice Robert et Philippe Vardon[n 6], deux figures des Identitaires, un appel à la libération de Michel Lajoye, condamné pour des attentats à l’explosif contre des commerces et des logements de travailleurs maghrébins[39].
Association avec Dieudonné |
En 2002, Alain Soral publie Jusqu’où va-t-on descendre ? Abécédaire de la bêtise ambiante, toujours chez les Éditions Blanche, qui lui vaut un succès commercial[40]. L’ouvrage s'écoule à 60 000 exemplaires en un mois, sans aucune promotion ni couverture médiatique[3], et à 80 000 exemplaires l’année de sa publication, « contre toute attente » d’après Emmanuel Poncet[19]. Cet ouvrage contribue à faire connaître Alain Soral du grand public[41]. Libération classe encore à l'époque Alain Soral comme un « réactionnaire de gauche » : le journal considère, à l'époque de la sortie de Jusqu’où va-t-on descendre ?, que Soral se situe dans « le mouvement croissant de libération de la parole gauloise (Camus, Houellebecq, Muray, etc.) » tout en soulignant qu'il « débite souvent avec brio une phraséologie « néoréac » en constante contradiction avec la loi Gayssot. »[3].
Dans son livre, Alain Soral s’en prend, parmi de multiples cibles, à Dieudonné[42], qu’il accuse de vouloir bénéficier d’une « rente de culpabilisation victimaire » dont les Français blancs seraient les victimes. Qualifiant l’humoriste d’« inculte et désormais pas drôle, » il ajoute par ailleurs : « Si Dieudonné s’énerve sur le populo français, […] c’est peut-être parce qu’il lui démange de montrer du doigt la communauté logiquement désignée par sa revendication d’une plus juste représentation des « communautés visibles ? » Une « communauté invisible » surreprésentée dans le showbiz en termes de quotas, mais à laquelle il doit aussi son doux statut de rigolo[43]. » Ayant pris connaissance de ces critiques, Dieudonné souhaite rencontrer Soral. En 2004, les deux hommes prennent contact et deviennent finalement amis et politiquement proches, étant notamment tombés d’accord, selon Soral, sur le sujet de l’« antisionisme » et du « lobby juif. »[44] Dès lors, l’essayiste fait figure, de son propre aveu[45], d’« éminence grise » de Dieudonné[5],[46], ce qui permet d’observer une continuité entre ses discours et les spectacles de l’humoriste[5],[45]. Dominique Albertini et David Doucet relèvent que « comme Dieudonné, en effet, Soral disparaît peu à peu des médias traditionnels à mesure que s'affirme le caractère antisémite et complotiste de son discours »[47].
S’estimant victimes de déboires comparables du point de vue des agressions physiques et du boycott par les médias, Alain Soral et Dieudonné se sont mutuellement soutenus[48], participant conjointement à la liste Euro-Palestine aux élections européennes de 2004, avant que le premier s’en retire[49], suivi par le second.
En 2006 il fait aussi partie — avec notamment Dieudonné, Thierry Meyssan et Frédéric Chatillon[50] (ancien responsable du GUD) — d’une délégation qui se rend au Liban, puis en Syrie et rencontre notamment le président libanais Émile Lahoud, le général Aoun[51], opposant libanais et, lors d’un passage à Damas, les dignitaires du régime syrien[14], ainsi qu’Hugo Chávez, président du Venezuela. Pour Fiammetta Venner, Alain Soral admire un Chávez « aux antipodes de celui admiré par une certaine gauche française. Ce qui intéresse Alain Soral, c’est la répression virile des opposants, la revendication de chrétienté et les provocations contre les États-Unis et les Juifs. »[39]
Engagement au Front national |
Alain Soral se dit marqué par la campagne de Jean-Pierre Chevènement lors de l’élection présidentielle française de 2002 :
« Chevènement pour mon parcours personnel est une sorte de sas. Je n’aurais jamais pu me rapprocher du FN directement. Toute mon idiosyncrasie est formatée par l’extrême gauche. C’est comme des pelures d’oignon qu’il faut enlever. Ce n’est pas possible sans médiation… Quand je vois que Chevènement au cours de la campagne du premier tour de 2002 s’effondre, n’ose pas franchir le Rubicon et on voit tout à coup qu’il n’a pas le courage d’aller au bout… Et finalement le seul qui a le courage, qui n’a pas l’appareil conceptuel finalement cohérent, le seul qui a le courage politique parce qu’il n’a jamais fait partie de la bourgeoisie politique, ce qu’on appelle l’establishment, le seul qui pourra aller jusqu’au bout d’une critique radicale du système s’il était à la limite moins mal entouré parce que c’est comme ça que je le vois, ce serait Le Pen et c’est là que je me dis je milite alors que je suis encore très lié au PC, enfin aux déçus du PC, je dis : “il faut voter Le Pen, c’est le vote révolutionnaire”[52]. »
Pour l’association belge RésistanceS, Alain Soral affichait dans Jusqu’où va-t-on descendre un national-populisme qui préfigurait son engagement au Front national[53].
Il propose d’abord ses services au FN par l’intermédiaire de Bruno Gollnisch. Il se lie ensuite d’amitié avec Marine Le Pen, alors à la recherche de personnalités extérieures pour venir alimenter ses réflexions politiques et qui juge intéressante sa ligne sur la « gauche du travail » et la « droite des valeurs, » avant de convaincre Jean-Marie Le Pen[54],[55],[39], à qui il est présenté par Farid Smahi[56]. C’est durant l’automne 2005 qu’il rejoint l’équipe de campagne du Front national, où il est chargé des affaires sociales et du problème des banlieues. Ce ralliement n’est révélé par Soral que plus d’un an après, lors d’un entretien paru sur Internet le 29 novembre 2006. Il explique alors sa démarche en affirmant que le Front national constitue le seul parti qui lutte efficacement contre la « déferlante capitaliste et ultralibérale. » En mars 2007, il déclare avoir voté pour Jean-Marie Le Pen aux deux tours de l’élection présidentielle de 2002, après avoir néanmoins été tenté de porter sa voix sur Jean-Pierre Chevènement au premier tour[28]. Le rapprochement d’Alain Soral avec Jean-Marie Le Pen est cependant accueilli alors avec une certaine méfiance par diverses personnalités du Front national[57].
Alain Soral inspire les discours prononcés par Jean-Marie Le Pen du 1er mai, de la fête des Bleu-blanc-rouge et de Valmy en septembre 2006[54],[58]. À l’occasion de l’élection présidentielle, il oriente la campagne de Jean-Marie Le Pen, auprès de qui il est « conseiller spécial »[59], vers le national-républicanisme[60]. Son exposition à l’occasion d’une conférence de presse avec Louis Aliot et Marine Le Pen en février 2007 vise à faire contrepoids à l’offensive de Bruno Mégret, accusé d’utiliser l’Union des patriotes (mouvement de soutien à la candidature de Jean-Marie Le Pen) pour se remettre en selle[55]. Le président du FN indique alors : « Il apporte les éléments de sa propre personnalité, son talent, son intelligence. Et le fait qu’il soit un ancien communiste prouve bien la capacité de la nation et du mouvement national d’intégrer les Français quelles que soient leurs origines politiques. »[61] Louis Aliot explique qu'« on le voit peu mais il arrive à convaincre Le Pen que les banlieues allaient voter pour lui, pour remplacer l’électorat qui vote pour Sarkozy »[59]. Marine Le Pen précisera en 2008 : « […] contrairement à ce qui a pu être dit durant la campagne présidentielle, il n’a pas été le décideur de la stratégie de Jean-Marie Le Pen. Jean-Marie Le Pen, que les Français connaissent, a évidemment toujours conservé la maîtrise totale de ses choix stratégiques et celle de sa ligne politique. »[62] Le 22 avril 2007, après le net recul de Jean-Marie Le Pen à l’issue du premier tour, il déclare : « Le Pen méritait la France mais je ne suis pas sûr que la France méritait Le Pen[63] » et annonce qu’il va voter pour Ségolène Royal[64].
Parallèlement à son engagement au FN, Alain Soral lance en juin 2007, en compagnie de Jildaz Mahé O’Chinal et Philippe Péninque[65], son propre mouvement, appelé Égalité et Réconciliation (E&R)[66]. Cette association qui se présente comme « un club de réflexion politique trans-courants dans la tradition du cercle Proudhon des Berth et Valois, […] entend convertir au nationalisme politique les jeunes des milieux populaires et notamment ceux issus de l’immigration. »[65] Avec le soutien financier des anciens membres du GUD Frédéric Chatillon, Gildas Mahé et Philippe Péninque et la participation de Serge Ayoub, il ouvre Le Local, un bar associatif situé dans le 15e arrondissement de Paris. Néanmoins, cette association entre Soral et Ayoub n’a pas fait long feu[67] et ce dernier conserve seul la gestion du Local, [68]« les JNR de Batskin n’appréciant pas vraiment les militants arabes d’E&R » selon Frédéric Haziza[68].
Le 18 novembre 2007, à l’occasion du congrès national du Front national à Bordeaux, Alain Soral qui n’était pas candidat est nommé au comité central par Jean-Marie Le Pen, réélu président du parti[69].
Départ du Front national et Liste antisioniste |
Le 19 août 2008, Alain Soral annonce sa candidature à l’investiture comme tête de liste du Front national aux élections européennes de 2009 en Île-de-France[70]. Six mois plus tard, le 1er février 2009, il décide de quitter le FN après avoir été relégué à une « place d’honneur » sur la liste[71]. Accusant Marine Le Pen et Louis Aliot de s’être opposés à sa candidature[n 7] et de chercher à « virer tous les opposants authentiques au système, qu’ils proviennent de la vieille droite des valeurs ou de la vraie gauche sociale, » il témoigne des profondes divergences apparues depuis près de deux ans au sein du Front national et ayant conduit au départ de plusieurs personnalités de ce parti, tout en saluant Jean-Marie Le Pen, « homme facétieux et délicat ». Ce dernier dénonce pour sa part un « comportement de petit enfant qui pique une grosse colère » et commente : « Alain Soral est plus fait pour l’écriture ou le show business que pour la politique[72]. » Selon Laurent-David Samama, l’état-major du parti l’aurait jugé « trop obsédé par le complot sioniste »[73]. Alain Soral continue néanmoins d'affirmer son soutien à Marine Le Pen tout en ciblant le « suceur de sionistes » que serait Louis Aliot[74] ; il soutient en particulier Jean-Marie Le Pen et Florian Philippot parce qu'« il critique la mondialisation et ne stigmatise jamais les musulmans »[75],[76]. D’après Marc George, alors secrétaire général d’Égalité et Réconciliation, Alain Soral aurait perdu le soutien de Jean-Marie Le Pen en amont des élections européennes de 2009 après avoir vu dans ses propos sur les chambres à gaz les « lubies d’un vieil homme »[77]. Marine Le Pen finit par qualifier Alain Soral de « gourou » et de « pervers narcissique »[78].
Il présente, avec Dieudonné et Yahia Gouasmi, alors président de la Fédération chiite de France, une « Liste antisioniste » recueillant 1,30% des suffrages en Île-de-France (2,83% en Seine-Saint-Denis) au terme d’une campagne émaillée d’incidents et d’échauffourées[79]. Sa présence sur cette liste lui vaut d’être qualifié d’« impayable stalino-facho-antisioniste » par le philosophe communiste-libertaire Claude Guillon[80]. La liste aurait été financée par la République islamique d’Iran de Mahmoud Ahmadinejad à hauteur de 3 millions d’euros[81].
Entre-temps, chroniqueur au journal Flash à partir de sa fondation en octobre 2008 avec d’anciens collaborateurs de National-Hebdo, il le quitte en avril 2011 le jugeant devenu trop proche du Front national[82]. Par ailleurs, il se montre discret à l’occasion du congrès de Tours qui doit désigner le successeur de Jean-Marie Le Pen à la présidence du FN. Marc George l’accuse d’avoir renoncé à soutenir Bruno Gollnisch en échange d’une promotion de la part de Marine Le Pen[83].
Alain Soral continue néanmoins d’avoir une certaine influence chez une partie des militants du FN, notamment chez les jeunes, qui développent d’après l’historien Nicolas Lebourg « tout un discours « républicain » sous influence soralienne, pour pointer le poids d’un certain communautarisme » (juif)[84], mais aussi chez une partie des cadres[85],[86]. Pour Jacob Rogozinski, professeur à la faculté de Strasbourg, « des relations étroites existent toujours entre les réseaux Dieudonné-Soral et certains membres de la direction du FN, et ces passerelles font circuler dans les deux sens les hommes et les idées. Bien loin de s’opposer, soraliens et lepénistes tendent ainsi à se renforcer réciproquement. »[87] S’il considère qu’il a échoué à faire bouger la ligne du FN sur l’islam du temps où il en était membre, Alain Soral s’attribue néanmoins le « virage économique antilibéral » opéré par Marine Le Pen[88], ce que contestent Abel Mestre et Caroline Monnot, journalistes au Monde : « Tous les numéros 2 du Front national, hormis Bruno Gollnisch, ont plaidé pour un créneau social. La transformation de la sociologie électorale du Front national à partir de 1995 a rendu ce virage obligatoire selon le vieux principe : “Il faut bien que je les suive, puisque je suis leur chef.” »[89]
Développement de ses propres activités politiques et commerciales |
Dès lors, s’inscrivant dans une démarche propre à l’activisme par les médias[90], Alain Soral se consacre essentiellement à Égalité et Réconciliation, dont l’objet est la « promotion des idées de l’essayiste Alain Soral sur la gauche du travail et la droite des valeurs »[91] — association présentée comme « nationaliste de gauche »[92] mais classée à l’extrême droite par la plupart des observateurs et qualifiée d’antisémite par certains d’entre eux[n 8] — en organisant des conférences et en réalisant des entretiens sur Internet particulièrement suivis[93], surtout par « un public jeune et masculin, » composé de « chômeurs mais aussi [d’]étudiants ou cadres diplômés »[14], disposant souvent d’un certain capital culturel[77]. Pour le politologue Jean-Yves Camus, si le mouvement connaît une certaine audience auprès de la génération des 18-25 ans, « pour comprendre le phénomène Soral, il faut le replacer dans le contexte des années 2000 pendant lesquelles on assiste à une course à la transgression antisémite illustrée parfaitement par l’émergence de Dieudonné. Dans les deux cas, Soral et Dieudonné, c’est moins leur discours qui suscite l’engouement que leur capacité à dire des choses transgressives qui attirent les gens. »[94] Pour le politologue Gilles Kepel, « Alain Soral décide de réinvestir le champ militant issu de la mouvance nationaliste révolutionnaire »[95]. L'historien Pascal Ory le présente comme le « premier intellectuel français de renom promu par la culture numérique »[96].
En mars 2011, il fonde sa propre structure, Culture pour tous, société qui comprend : la maison d’édition Kontre Kulture qui diffuse notamment la réédition de ses livres ; Sanguis Terrae qui vend du vin ; Prenons le maquis (anciennement Instinct de survie[97]) qui vend du matériel survivaliste et organise des stages, en partenariat avec Piero San Giorgio, auteur de Survivre à l’effondrement économique ; et Au bon sens qui vend par des circuits courts des produits biologiques[2]. Alain Soral possède 80 % des parts de Culture pour tous qui est gérée par Julien Limes, secrétaire de Égalité et Réconciliation[98]. En 2012, la société a déclaré un chiffre d’affaires de 640 400 € pour un résultat net de 64 300 €[91]. D’après StreetPress, « en octobre 2014, la PME a généré plus de 170 000 euros. Ce qui, rapporté sur un an, équivaudrait à plus de 2 000 000 d’euros de chiffre d’affaires. »[99] Pour l’essayiste Michel Briganti, Alain Soral s’inscrit, avec cette activité commerciale, dans une pratique répandue à l’extrême droite : « capitaliser sur une expérience militante est très classique dans ce milieu. […] En fait, tous les petits groupes d’extrême-droite animés par de fortes personnalités font du business, d’une manière ou d’une autre. » Citant Frédéric Chatillon, Serge Ayoub et Dieudonné[91].
Depuis novembre 2012, à la suite de son refus de l’inviter sur le plateau de son émission sur LCP, Frédéric Haziza, journaliste à Radio J et sur LCP, fait l’objet d’une violente campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux et d’une pétition, lancée en février 2013 sur Change.org, visant à son renvoi de LCP pour « son incompétence, son tribalisme, sa partialité, sa totale agressivité et ses multiples provocations contre ceux qui ne sont pas d’accord avec lui. »[100],[101],[102],[103],[104]
Alors que l’influence persistante d’Alain Soral au FN inquiète une frange du parti engagée dans une stratégie de « dédiabolisation, » Louis Aliot en particulier[86], Aymeric Chauprade, conseiller aux questions internationales de Marine Le Pen, déclare en août 2014, alors qu’il tente d’infléchir la ligne du FN sur le plan international dans un sens favorable à Israël : « Soral n’a pas d’influence sur Marine, il s’est auto-investi d’une mission que personne ne lui a confiée. Si sa mission est de ramener des musulmans en leur expliquant que le FN est un parti antisémite et/ou antisioniste — parce que j’ai l’impression que ça devient un peu la même chose —, il s’est trompé d’adresse. »[105] Dénonçant « la trahison Chauprade », Alain Soral appelle dès lors à ne plus voter pour le FN, malgré une tentative de médiation de Jean-Marie Le Pen[86], puis annonce en novembre 2014 avec Dieudonné la création d’un nouveau parti dénommé « Réconciliation nationale. » Les deux hommes justifient cette démarche par le fait que « le Front national est entré dans le système après l’éviction de Jean-Marie Le Pen » et par « l’incroyable promotion » du Suicide français d’Éric Zemmour, publié un mois plus tôt[106]. Marine Le Pen refuse de commenter sérieusement cette initiative qu’elle assimile à « du folklore » et « de la pub. »[107] Dans le même temps, de nombreux membres de la « dissidence, » terme désignant en interne la mouvance constituée autour de Dieudonné et d’Alain Soral, se désolidarisent de ces derniers, dénonçant notamment l’autoritarisme et les outrances du président de Égalité et Réconciliation[78]. Le 24 juin 2015, Alain Soral et Dieudonné figurent parmi la centaine d’invités conviés à l’anniversaire de Jean-Marie Le Pen, alors que Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen ont décliné l’invitation[108]. Réconciliation nationale naît officiellement en juillet 2015[109]. Libération observe en mars 2016 que le projet « reste à cette heure lettre morte »[110]. En visite à Moscou en juin 2016, il appelle à voter pour Marine Le Pen lors l'élection présidentielle de 2017, considérant que le FN est « le seul parti en France qui représente une alternative raisonnable » et « le moins pire des votes car, malheureusement, Marine Le Pen donne des signes de soumission au CRIF »[111]. Lors de l'entre-deux-tours de la primaire citoyenne de 2017, il appelle à voter pour Benoît Hamon face à Manuel Valls[112]. Dans une interview accordée à la journaliste Daria Aslamova de Komsomolskaïa Pravda qui le présente comme « l’un des meilleurs analystes de France », publiée deux jours avant l'élection présidentielle française de 2017, Alain Soral décrit Emmanuel Macron comme un « homosexuel », un « psychopathe » et un « produit de l’oligarchie française[113] ».
Après les attentats du 13 novembre 2015, Alain Soral et ses soutiens sont pris pour cible par la version francophone de Dar al Islam, le magazine de l'État islamique, car « inféodés aux régimes syrien et iranien ». Alain Soral y est qualifié de « complotiste »[114],[115].
En décembre 2017, Facebook supprime les comptes d'Alain Soral et d'Égalité et Réconciliation, au motif que « les organisations ou les personnes qui prêchent la haine ne sont pas autorisées sur Facebook ». Puis, en janvier 2018, c'est au tour d'Instagram de fermer le compte d'Alain Soral. En réaction, celui-ci ouvre des comptes pour lui-même et son association sur le réseau social russe VKontakte, imité en cela par Dieudonné et Boris Le Lay qui ont fait l'objet de mesures similaires par les réseaux sociaux occidentaux[116],[117]. En juin 2018, sa chaîne YouTube, qui compte environ 100 000 abonnés, est brièvement fermée en raison de « discours incitant à la haine ou à la violence »[118],[119]. Nicolas Lebourg relève alors que le site d'Égalité et Réconciliation connaît « une décrue de son trafic et de son influence » et estime que « l’une des difficultés d’Alain Soral [est] la marginalisation de Manuel Valls. N’étant plus désigné par le plus haut sommet de l’État comme une question d’ordre public, il perd en attractivité – il faudra voir si la volonté de la LICRA de faire fermer ses outils de communication peut le relancer »[120].
En juin 2018, après avoir été provoqué en duel par Le Raptor dissident, un ancien sectateur devenu critique, il accepte de le combattre en arts martiaux mixtes[121].
Procès |
Procès intentés contre Alain Soral |
Condamnations |
- Le 11 juin 2008, la cour d’appel de Paris a confirmé le jugement du 4 mai 2007 par lequel Alain Soral était condamné à une amende de 3 000 € pour incitation à la haine raciale à la suite de propos tenus dans le cadre de l’émission Complément d’enquête sur France 2, le 20 septembre 2004. Entre autres propos de la même veine, celui-ci affirmait : « la formation qualifiante pour exister dans les médias aujourd’hui, c’est d’être sioniste : si t’es antisioniste, si t’es judéo-critique ou quoi que ce soit tu dégages […] »[122].
- Le 8 novembre 2013, Alain Soral est condamné en première instance à 2 500 euros d’amende, un euro symbolique de dommages et intérêts, 3 000 euros au titre des frais de justice, ainsi qu’à la publication, à ses frais, du jugement dans deux journaux, pour diffamation envers le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë, après avoir porté à son encontre des accusations d’enrichissement illégal et de pédophilie, dans une vidéo datée du 6 mai 2013 sur le site d’Égalité et Réconciliation[123]. Cette condamnation est confirmée et alourdie en appel, le 16 octobre 2014, avec 2 000 euros de dommages et intérêts et 5 000 euros au titre des frais de justice[124].
- Le 13 novembre 2013, le juge des référés de Bobigny, saisi par la LICRA, ordonne l’interdiction et le retrait des ventes « dans un délai d’un mois » de l’Anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme, de Paul-Éric Blanrue et la censure partielle de quatre ouvrages réédités par Kontre Kulture : La France juive d’Édouard Drumont, Le Salut par les Juifs de Léon Bloy, Le Juif international d’Henry Ford et La Controverse de Sion de Douglas Reed. La maison d’édition et Alain Soral sont également condamnés à verser, « à titre de provision », 8 000 euros à la LICRA, ainsi qu’à payer une partie des frais de justice[125]. La LICRA a également demandé la réparation du préjudice subi pour incitation à la haine raciale et à l’antisémitisme par l’édition du livre Anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme. Dans un délibéré daté du 2 décembre 2014, le TGI annule cette condamnation[126]. Néanmoins, la condamnation d’Alain Soral est à nouveau confirmée définitivement en appel[127] et l’ouvrage de Paul-Éric Blanrue figure sur le site de la maison d’édition avec la mention « interdit à la vente à partir du 13 décembre »[128].
- En janvier 2014, l’Union des étudiants juifs de France a déposé plainte contre Alain Soral pour une quenelle réalisée devant le mémorial de la Shoah, à Berlin, qu’il avait ensuite diffusée dans une vidéo en décembre 2013[129]. Le 12 mai 2015, Alain Soral est condamné par le tribunal correctionnel de Paris à verser 100 jours-amendes d’un montant unitaire de 100 euros pour injures à caractère racial, soit 10 000 euros d’amende, ainsi que 14 001 euros de dommages-intérêts au profit des sept associations qui s’étaient constituées parties civiles[130]. Le 18 février 2016, la cour d'appel de Paris réduit la peine à 5 000 euros d'amende et 15 000 euros de dommages et intérêts aux sept associations parties civiles, auxquels s'ajoutent 500 euros à chaque fois pour les frais de justice d'appel[131].
- Le 16 septembre 2014, Alain Soral est condamné à 2 000 euros d’amende, 2 000 euros de dommages et intérêts et 3 000 euros de frais de justice, pour diffamation envers le vice-président du Front national Louis Aliot, après l’avoir qualifié de « con du mois », de « suceur de sionistes », de « saloperie » et de « crétin », dans une vidéo publiée le 24 décembre 2011 sur le site d’Égalité et Réconciliation. Le directeur de la publication de ce site a également été condamné à 1 500 euros d’amende avec sursis[132]. Ayant fait appel, Soral est à nouveau condamné à verser 2 000 euros à Louis Aliot[133].
- Le 21 novembre 2014, Alain Soral est condamné à 6 000 euros d’amende, 3 000 euros de dommages et intérêts et 2 000 euros de frais de justice, pour provocation à « la haine, la discrimination ou la violence » à l’égard du journaliste juif Frédéric Haziza et de la communauté juive. Il avait, en décembre 2012, publié une vidéo dans laquelle il estimait que Frédéric Haziza faisait « un boulot de censeur tribaliste » et dénonçait « une arrogance, une domination et une malhonnêteté communautaire ». Le tribunal a estimé qu’Alain Soral, « mû par sa vindicte personnelle à l’encontre de Frédéric Haziza, (…) passant du particulier au général et radicalisant ses propos, s’est exprimé dans des termes qui, à l’évidence, visent non pas les seuls juifs sionistes, mais bien les juifs dans leur ensemble »[134]. Le tribunal a également ordonné à Alain Soral de supprimer les propos concernant Frédéric Haziza de la vidéo dans un délai de huit jours, sous astreinte de 1 000 euros par jour. Il a en outre été condamné à verser un euro de dommages et intérêts et 1 000 euros de frais de justice à la Ligue des droits de l’homme et à l’association « J’accuse », les parties civiles de la Licra, d’SOS Racisme et de l’UEJF ayant été déclarées irrecevables pour des raisons de procédure[135],[136]. Le 7 octobre 2015, la cour d’appel de Paris confirme la condamnation d’Alain Soral à 6 000 euros d’amende pour provocation à la haine envers Frédéric Haziza et les juifs, et lui ordonne de supprimer les propos concernant Frédéric Haziza d’une vidéo circulant sur internet[137].
- Le 12 mai 2015, le tribunal correctionnel de Paris a également condamné Alain Soral à 4 000 euros d’amende pour diffamation publique en raison de l’orientation sexuelle à l’encontre de Pierre Bergé, en raison de propos tenus dans son livre Dialogues désaccordés, coécrit avec Éric Naulleau. Outre l’amende, le tribunal correctionnel a condamné Alain Soral à verser à Pierre Bergé 10 000 euros de dommages et intérêts, solidairement avec l’éditeur du livre, Hugues Robert de Saint Vincent[138]. Le 11 février 2016, la cour d'appel de Paris condamne Alain Soral à verser 17 000 euros à Pierre Bergé et demande la suppression du passage le concernant des exemplaires commercialisés ; l'éditeur préfère retirer l'ouvrage de la vente[139].
- Le 8 septembre 2015, le tribunal correctionnel de Paris condamne Alain Soral à verser 60 jours-amendes de 50 euros — soit 3 000 euros —, sous peine d’emprisonnement, pour avoir lancé fin 2013 un appel aux dons sur Internet afin de payer la condamnation dont il avait écopé pour des propos diffamatoires à l’encontre de Bertrand Delanoë. Entre juillet 2013 (avant son appel aux dons) et mars 2014, les enquêteurs ont pu déterminer qu’Alain Soral et son association Égalité et Réconciliation ont encaissé au total plus de 350 000 euros[140].
- Le 8 décembre 2015, le tribunal correctionnel de Paris condamne Alain Soral, en tant que directeur de la publication du site d'Égalité & Réconciliation, à 5 000 euros d'amende pour injures et injures antisémites, en raison de commentaires publiés sur le site par des internautes s'en prenant au journaliste Frédéric Haziza. Il doit également verser 3 000 euros de dommages et intérêts, 2 000 euros pour les frais de justice, un euro de dommages et intérêts à la LICRA et 1 000 euros pour les frais de justice[141].
- Le 10 février 2016, le tribunal correctionnel de Paris condamne Alain Soral à 10 000 euros d'amende pour injure raciale à l’encontre de Frédéric Haziza à la suite d'un texte publié sur son site internet. Il doit également lui verser 5 000 euros de dommages et intérêts et 3 000 euros pour les frais de justice, ainsi qu'1 euro de dommages et intérêts et 1 000 euros de frais de justice à 4 associations de lutte contre le racisme. Il est par ailleurs déclaré coupable du délit de provocation à la discrimination religieuse pour d’autres passages du texte ainsi que le commentaire d’un internaute[142].
- Le 31 mai 2016, Alain Soral en tant que responsables de site est condamné[143] car il a relayé un article d'Hicham Hamza, auteur du blog conspirationniste (ou complotiste)[144],[145],[146]Panamza.com, qui est condamné en diffamation pour avoir traité Caroline Fourest de « désinformatrice » sur la base d'une séquence de son film Les Obsédés du complot. Sur son blog, il avait accusé Caroline Fourest d'avoir tronqué le sous-titrage d'un dialogue dans son reportage sur les réseaux complotistes mais la cour a admis l'explication de la journaliste qui indiquait que la mauvaise retranscription relevait « d'une erreur de sa monteuse lors du montage du documentaire » « en raison des propos « confus » et « inaudibles »[147] ».
- En juin 2016, il écope de six mois de prison avec sursis pour « apologie de crimes de guerre et contre l’humanité » pour des propos visant Serge et Beate Klarsfeld ; il doit également verser 5 000 euros de dommages et intérêts à chacun des époux, ainsi que 2 000 euros à la LICRA[148].
- Le 10 avril 2015, Salim Laïbi, chirurgien-dentiste, polémiste, a déposé plainte avec constitution de partie civile contre Alain Soral auprès du TGI de Marseille, pour diffamation à la suite du post Facebook de Alain Soral : « On ne l'entend plus le dentiste obèse ! Il n'appelle plus au djihad anti-Gaulois. C'est pourtant sa ligne depuis des mois ». Selon le quotidien La Provence, Alain Soral refusera de se rendre aux convocations du juge d'instruction malgré un mandat d'amener. Il est également absent à l'audition du 24 janvier 2017 au TGI de Marseille, où son avocat, Me Drici Lahcen, affirme « que son client n'a pas dépassé les limites de la liberté d'expression »[149] et que ce n'était pas sa page Facebook. Le 14 mars 2017, Alain Soral est condamné par le tribunal correctionnel de Marseille pour diffamation publique à une amende pénale de 2 000 euros[150].
- Le 16 novembre 2014, Binti Bangoura, une top modèle et chanteuse française d’origine africaine, dépose plainte contre Alain Soral[151],[152]. Alain Soral est convoqué le 1er octobre 2015 devant le tribunal de Paris, sur citation directe, pour « injures raciales », « menaces », « harcèlement » et « envois réitérés de messages malveillants »[153]. En novembre 2016, il est condamné à 120 jours-amende de 50 euros (une peine transformée en emprisonnement si la totalité de l'amende n'est pas acquittée) et à verser 8 000 euros à la jeune femme (dommages-intérêts et frais de justice)[154],[155].
- Le 14 mars 2017, Alain Soral est condamné à trois mois de prison ferme pour contestation de crime contre l'humanité et injure raciale, par le tribunal correctionnel de Paris, pour avoir publié sur son site — à la suite des attentats de Bruxelles — un dessin jugé négationniste[156]. La sentence est confirmée en novembre 2017 par la cour d'appel de Paris[157].
- Le 7 décembre 2017, il est condamné à 6 000 euros d'amende pour avoir publié et mis en vente sur le site d'Égalité & Réconciliation une affiche jugée négationniste, diffamatoire et incitant à la haine envers les Juifs ; il est également condamné à verser solidairement 2 000 euros à la Licra, partie civile et à l'origine de la plainte dans ce dossier[158].
- Le 21 décembre 2017, il est condamné à six mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende pour avoir publié des caricatures antisémites sur le site d'Égalité & Réconciliation[159].
- Le 1er juin 2018, il est condamné à deux peines d'emprisonnement avec sursis pour provocation à la haine, après la diffusion de deux dessins jugés antisémites sur le site d'Égalité & Réconciliation[160].
Procédures en cours |
- Le 13 mars 2014, Alain Soral est condamné à 1 500 euros d’amende, 3 000 euros de dommages et intérêts ainsi que 1 000 euros au titre des frais de justice, pour diffamation envers un employé municipal de Toulouse, à la suite de propos tenus à son encontre dans une vidéo du mois de novembre 2011. Alain Soral a fait appel du jugement[161].
Procès intentés par Alain Soral |
- Le 3 juillet 2015, Alain Soral perd le procès en diffamation qu’il avait intenté à l’ancien président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) Jonathan Hayoun, qui l’avait cité comme ayant contribué par ses propos à inspirer des personnes ayant commis des actes de violence terroriste[162].
- Début 2015, Alain Soral a déposé deux plaintes en constitution de partie civile contre Salim Laïbi pour injures publiques suite à la publication de deux vidéos[réf. nécessaire].
Positions |
« Communautarisme » gay et « mariage pour tous » |
Un conflit a opposé en 2003 l’association Act Up-Paris à sa maison d’édition, les éditions Blanche, à laquelle elle reprochait la publication de plusieurs auteurs, dont Alain Soral[163], qui répandraient des préjugés négatifs envers les homosexuels et même, selon elle, « la haine des homosexuels ». Elle est ainsi intervenue pour que son directeur de publication cesse de l’éditer[164]. Act Up a également vandalisé les locaux des éditions Blanche, en protestation contre sa ligne éditoriale[165]. Alain Soral s’est plaint des « persécutions physiques de la milice communautaire Act Up[166] ».
En janvier 2013, dans le contexte de l’opposition à l’ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe, il dénonce le « mariage pour tous » comme « une machination maçonnique, satanique, antichrétienne »[14].
Critique du féminisme |
Le féminisme et plus généralement les femmes, est un thème très présent dans l’œuvre d’Alain Soral (notamment dans Sociologie du dragueur, Vers la féminisation ? ou Misères du désir)[167]. Il voit dans le féminisme « une manie de la bourgeoisie pour détourner d’une analyse marxiste de la condition de la femme »[168]. Pour Jean-Paul Gautier, André Déchot et Michel Briganti, « son antiféminisme prend sa source dans les positions du PCF d’avant 1975. Empreint d’une ignorance notable des débats qui ont parcouru le mouvement des femmes, depuis près de quarante ans, et ses interactions avec les organisations démocratiques et du monde du travail, son économisme et son pseudo-marxisme viriliste l’amènent à théoriser dans son ouvrage Vers la féminisation ? que « la femme n’est pas “l’avenir de l’homme”, mais celle de la social-démocratie néolibérale, qui passe nécessairement par la dépolitisation “sociétale” des luttes sociales » »[169]. Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri inscrivent Vers la féminisation ? dans un mouvement auquel participent d’autres ouvrages tels que Le Premier Sexe d’Éric Zemmour et Big mother : Psychopathologie de la vie politique de Michel Schneider, évoquant un « renouveau de l’antiféminisme » et une « éclosion du phénomène “masculiniste” »[170]. Avec d’autres ouvrages (notamment Le Premier Sexe d’Éric Zemmour et Sociologie du dragueur du même Alain Soral), Vers la féminisation ? est devenu une des références francophones de la communauté de la séduction[171].
Positionnement politique |
Le positionnement politique d’Alain Soral est, de l’avis de la plupart des observateurs comme du sien, le fruit d’une combinaison, désignée en des termes divers, entre thèses nationalistes d’une part et socialistes ou marxistes d’autre part. Si Michel Wieviorka le qualifie de « réactionnaire de gauche » en 2005[172], les observateurs s’accordent à le classer à l’extrême droite depuis son passage au Front national[173],[174],[175] alors que l’intéressé s’en défend. Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, voit notamment en lui « celui qui, par son parcours, l’utilisation du Net, les manipulations auxquelles il se livre, les réseaux qu’il a constitués, unit et fédère, de façon inédite, le front des extrêmes »[176].
D’une manière générale, l’universitaire Stéphane François estime qu’il développe, bien qu’étant « issu des milieux catholiques traditionalistes », une pensée « composite, attrape-tout » ; aussi l’essayiste Jean-Paul Gautier voit-il en lui une « girouette idéologique »[177]. Des observateurs issus de la gauche antilibérale comme le sociologue Philippe Corcuff, Évelyne Pieiller, rédactrice au Monde diplomatique, ou Julien Salingue, rédacteur à L’Anticapitaliste, l’accusent respectivement de « brouillage idéologique »[178], d’« embrouilles idéologiques »[173] et d’« enfumage idéologique »[179]. L’écrivain Jacques de Guillebon considère également que « son indéniable talent réside justement dans sa capacité à s’adresser à des publics très divers, en mobilisant des éléments de langage d’origines disparates », invoquant René Guénon pour « certains musulmans », l’opposition à Vatican II pour « certains catholiques », « les racines païennes de la France » pour « les identitaires ou les férus de la Nouvelle Droite », ou encore « Valmy, la République jacobine et centralisatrice » pour les souverainistes[180]. Les observateurs s’accordent pour dire que ses sympathisants n’adhèrent pas en bloc à tous les pans de ce discours mouvant et protéiforme[181].
Certains, tels Claude Askolovitch[54] ou Frédéric Haziza[182], le désignent tout d’abord comme représentatif de la mouvance « rouge-brune ». La revue intitulée La Lettre écarlate qu’il a animée, ainsi que son appel à un « Front national » en 1993, alors qu’il était engagé au Parti communiste, sont notamment caractérisés comme tel[58],[73],[183]. La journaliste Marie-France Etchegoin, mettant en cause « son copinage avec les dictatures du monde arabe », parle quant à elle d’« alliance “rouge-brun-vert” »[14]. Caroline Fourest, qui souligne l’évolution de son discours sur la jeunesse d’origine maghrébine et le métissage, estime quant à elle qu’Alain Soral est emblématique de la transformation des rouges-bruns en « verts-bruns »[184].
Après son engagement au FN, le journaliste Claude Askolovitch en fait le théoricien d’un « lepéno-marxisme »[54],[185] : en février 2007, Alain Soral publie ainsi un texte intitulé « Marx voterait Le Pen »[58]. Selon Éric Naulleau, « on ne peut pas le comprendre si on ne le définit pas comme marxiste[5] », ce que contestent cependant Évelyne Pieiller[173], Guillaume Faye et Jean-Paul Gautier. Pour ce dernier, « Soral se situe en fait à la rencontre des frères Strasser (Gregor et Otto) en Allemagne et de Mussolini en Italie. Il se place sur son terrain de prédilection et sa spécialité : le double discours : marxiste et traditionaliste. C’est ainsi qu’il présente son livre Comprendre l’Empire [p. 15] : “Cet essai pédagogique récapitule le parcours complet allant de la Tradition au Marxisme et du Marxisme à la Tradition qui seul permet la mise à jour du processus de domination oligarchique engagé depuis plus de deux siècles en Occident” »[58]. L’historien Emmanuel Kreis considère qu’Alain Soral est « plus marqué par les penseurs des droites radicales que par le marxisme dont il se réclame »[186]. Le chercheur Jean-Yves Camus parle à son sujet de « gaucho-nationalisme »[187]. Le sociologue Philippe Corcuff résume la pensée d’Alain Soral comme « un amalgame d’extrême droite et de gauche » tout en le considérant comme l’un des principaux « pôles émetteurs », avec Éric Zemmour, Élisabeth Lévy et Alain Finkielkraut, de « l’idéologie néoconservatrice »[188],[189]. Pierre Tevanian et l’universitaire Fatiha Kaoues affirment : « Cette étrange synthèse entre un faux socialisme et un vrai nationalisme (…) porte un nom : fascisme »[183].
Pour sa part, l’intéressé récuse le classement à l’extrême droite, dont il estime être « aux antipodes »[15] et qu’il interprète, « au moins depuis 1945 et plus encore depuis Mai 68 », comme « une invention du gauchisme, sous sponsoring atlantiste, soit de la droite d’affaires (ce que j’appelle la Banque) pour cacher que le national-socialisme était socialement de gauche ». L’extrême droite désigne selon lui « les néo-conservateurs, les impérialistes américano-sionistes et le pouvoir bancaire international »[190]. Sa Sociologie du dragueur (1996) est dédiée à la mémoire du penseur marxiste Lucien Goldmann[191]. Vers la féminisation ? (1999) commence sur deux phrases de Michel Clouscard et Georg Lukács[191]. Il dénonce également la gauche « culturo-mondaine », par opposition à la gauche sociale et ouvriériste. Dans Jusqu’où va-t-on descendre ? Abécédaire de la bêtise ambiante, paru en 2002, Alain Soral affirmait : « Je suis émotionnellement de gauche, orphelin du PC et nostalgique du progressisme[3] » ; cet ouvrage commence sur une citation de Pier Paolo Pasolini[191] : « Dans ce monde coupable qui ne fait qu'acheter et mépriser, le plus coupable c'est moi, moi qui suis desséché par l'amertume. » Depuis, il utilise plusieurs termes pour se définir : « national-républicain », « gaucho-lepéniste à la rigueur »[15], républicain universaliste d’inspiration marxiste[192], ou encore « national-socialiste », précisant qu’il l’est « à la française » ou encore « à la manière d’Hugo Chávez », « sans besoin de recours à une théorie raciale pour des raisons d’espace vital, ce qui correspondait à la situation allemande. L’idéologie découlant souvent de la géographie ! »[14],[190]. Pour Jean-Yves Camus et Nicolas Lebourg, spécialistes de l'extrême droite, Alain Soral « joue la diabolisation jusqu'à se déclarer “national-socialiste”, alors même que son absence de racialisme interdit de la comparer au nazisme »[193]. Dans son ouvrage Comprendre l’Empire (2011), il cite Karl Marx, Pierre-Joseph Proudhon, Friedrich Nietzsche, Carl Schmitt, Georges Sorel, Georges Dumézil, Jean-Claude Michéa, Julius Evola, Maximilien de Robespierre, Bakounine, George Orwell, Henri Béraud et Michel Clouscard[194],[195],[191],[n 9]. Dans ses Chroniques d’avant-guerre (2012), il déplore qu’il ne soit pas possible de fusionner le Front national et le Front de gauche et prend l’exemple libanais de Hassan Nasrallah, musulman, s’alliant au général Aoun, chrétien[191]. En 2017, il adresse ses encouragements à Jean-Luc Mélenchon[196]. D'après le journaliste Mathieu Molard, Alain Soral exploite également « l’expectative d’un désastre économique ou écologique » en relayant des « démarches de retour à la terre ou de décroissance », proches selon lui de celles professées par Pierre Rabhi[197].
Références et relations étrangères |
Ami d’Alexandre Douguine[198], Alain Soral a préfacé les traductions françaises de ses ouvrages, reprend et diffuse ses analyses au sujet notamment du néo-eurasisme. Stéphane François corrèle cette proximité à une appartenance d’Alain Soral à la mouvance nationaliste révolutionnaire[199],[200],[201]. Alain Soral se décrit par ailleurs comme « très pro-Poutine », voyant dans la Russie la promesse d’un « contre-empire »[202]. Le journaliste Nicolas Hénin le présente comme « l'une des grandes figures pro-Poutine de la droite radicale française »[203]. À l'occasion de l'élection présidentielle russe de 2012, il est invité en Russie par la branche berlinoise de l'ONG polonaise Center for European Policy Analysis (en), dirigée par Mateusz Piskorski et filiale de l’ONG russe pro-Poutine Civic Control, à rejoindre le contingent des observateurs internationaux, puis donne un entretien à la chaîne Russia Today[203],[204]. En mars 2015, il donne un entretien à la chaîne Perviy Kanal dans le cadre d'une émission sur le conspirationnisme après les attentats de janvier en France[205]. Lors d'une rencontre organisée en janvier 2016 entre Vladimir Poutine et des associations juives européennes, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) demande que Dieudonné et Alain Soral « n’utilisent pas les médias russes pour diffuser des thèses antisémites »[205]. En juin 2016, bénéficiant du soutien d’Alexandre Douguine qui est proche du Kremlin, il effectue une visite à Moscou où il assiste au forum « Nouvelle ère du journalisme : l’adieu au mainstream » organisée par Rossia Segodnia, la principale agence russe pro-pouvoir — il affirme avoir été « invité officiellement par le gouvernement à ce forum des médias non alignés » —, puis tient une conférence à la bibliothèque Dostoïevski lors de laquelle à il appelle à l'émergence d'« un Poutine français ». Le CRIF réagit en adressant une lettre à Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France, dans laquelle il déplore l'invitation d'Alain Soral[111].
Il se dit également « très admiratif » du « modèle » social de CasaPound, mouvement néofasciste italien auquel il a rendu visite en novembre 2011 : « Ils forcent le respect par leur travail de terrain, et surtout avec une dimension sociale très importante »[206]. La proximité de CasaPound avec Beppe Grillo suscite sa sympathie pour ce dernier, qu’il considère comme « le Dieudonné italien », tout en développant une certaine méfiance à son égard, craignant « qu’il soit un peu trop libertaire et utopique, trop poreux aux influences trotskistes […] »[39]. Alain Soral fait également référence à Pier Paolo Pasolini, et notamment à une observation des Écrits corsaires sur le « fascisme de la société de consommation » pour mieux disculper le fascisme mussolinien[207].
En 2011, il se rend en Syrie à l’invitation d’une ONG dépendant du gouvernement de Bachar el-Assad[204]. En 2014, il participe à une conférence au Brésil avec Alexandre Douguine[111]. En 2017, il annonce vouloir demander l'asile politique en Corée du Nord après une invitation des autorités du pays et décrit très favorablement le régime qu'il rapproche de la pensée de Charles Maurras[208]. Le 9 septembre 2017, une semaine après que la Corée du Nord a procédé à un premier essai d'une bombe H, il participe en compagnie de Dieudonné à Pyongyang à ce qui paraît être une opération de propagande du régime nord-coréen que Soral décrit comme « la réussite totale du socialisme et même du national-socialisme » et dont il vante les mérites[209].
Un idéologue progressivement considéré comme antisémite |
L’idéologie d’Alain Soral a progressivement évolué, comme l’observe l’écrivain Jacques de Guillebon dans le magazine Causeur : « Si à l’époque de Jusqu'où va-t-on descendre ?, il faisait feu, avec une certaine vis comica, sur tous les signes de malaise et de déréliction du temps, dans le cours des années 2000, son viseur se resserre progressivement pour se focaliser sur une seule cible. Israël, donc le sionisme, donc la « communauté [juive] organisée » devient l’ultima ratio de l’essayiste[180]. » D’après l’historien Jean-Paul Gautier, Alain Soral a exprimé des « saillies antisémites de plus en plus claires » et connu un « tournant ouvertement conspirationniste », ainsi qu’un « virage vers la Tradition » l’amenant notamment à basculer du républicanisme à la défense de l’absolutisme face à la Révolution française[58].
Aujourd’hui, la plupart des observateurs voient en lui un « idéologue »[210] ou un « théoricien de l’extrême droite »[211] et de l’antisémitisme[212],[213], inspirant le « nouveau fascisme français »[214]. L’antisémitisme d’Alain Soral est protéiforme. Il se situe d’une part dans la veine de l’antisémitisme économique traditionnel en s’inspirant notamment des écrits d’Édouard Drumont et de Werner Sombart[58],[177],[215],[186],[181], réédités par sa maison d’édition Kontre Kulture (La France juive notamment). Misères du Désir (2004) et CHUTe ! (2006) se placent sous l’étoile de Louis-Ferdinand Céline, qui est d’après Louis Simon l’« écrivain fétiche de Soral (qu’il célèbre notamment pour ses pamphlets hostiles aux Juifs) »[191]. Alain Soral « réveille aussi un antijudaïsme qui s’appuie sur l’étude des textes religieux que sont la Torah et son interprétation réalisée dans le Talmud aux IVe et Ve siècles », qui selon lui « servent encore de guide aux dirigeants de la communauté juive aujourd’hui » et qui diviseraient l’humanité entre le peuple élu et « les goyims comme nous, qui sommes en fait des animaux, dont le destin est de les servir »[181]. S’y ajoutent des références issues de l’antisémitisme islamique[216],[181]. Par ailleurs, Alain Soral se situe également dans la veine plus moderne du nouvel antisémitisme[217],[218],[219],[220], dont il serait devenu le « pape »[221] et qui cherche à mettre en avant un « antisionisme radical »[5],[n 10], transformant, selon Pierre-André Taguieff, le mythe de la « conspiration juive universelle » en celui du « complot sioniste mondial »[223] : ce versant de son discours identifie notamment le sort des Palestiniens des territoires occupés à celui des « goys »[181]. L’historien Emmanuel Kreis associe l’antisémitisme d’Alain Soral à « une forte dimension conspirationniste »[186]. Alain Soral est également, selon Stéphane François, une figure du « nouvel anti-maçonnisme » qui « [intègre] au vieil anti-judéo-maçonnisme d’avant-guerre des considérations antisionistes qui se nourrissent d’un anti-maçonnisme musulman », mais qui « se nourrit encore des textes « classiques » parus au début du XXe siècle »[224].
Les historiens Nicolas Lebourg et Jean-Paul Gautier le situent ainsi dans la filiation de Maurice Bardèche et François Duprat, le premier ajoutant Jean Thiriart et le second Pierre Sidos[58],[177],[225]. Le politologue Gilles Kepel relève qu'« au fil des années, Alain Soral reprend progressivement les principaux mots d'ordre et argumentaires des nationalistes révolutionnaires influents, tels François Duprat, ancien membre fondateur et dirigeant du Front national, ou Jean-Gilles Malliarakis »[95]. Le chercheur Joël Gombin estime en 2016 qu'Alain Soral est « aujourd’hui tenant d’une authentique ligne nationaliste-révolutionnaire »[76].
C’est à ce titre qu’Alain Soral est régulièrement mis en cause par Manuel Valls en tant que ministre de l’Intérieur, en particulier lors de son bras de fer avec Dieudonné fin 2013-début 2014[176],[211],[212]. Le 24 août 2013, lors de l’université d’été du Parti socialiste, ce dernier désigne ainsi Dieudonné et Alain Soral comme les « principaux adversaires à combattre »[226].
Néanmoins, si Alain Soral « se prévaut d’une grande érudition »[227], certains relativisent la portée de sa pensée ou de son rôle : pour Stéphane François, « c’est surtout l’argent qui l’intéresse » via le développement de sa SARL « Culture pour tous » ; de son côté, Jean-Paul Gautier avance que « son poids politique est limité » ; pour Alain de Benoist, Alain Soral « se présente en chef de parti et en théoricien, mais en réalité il attire plus par sa véhémence »[177]. Aux yeux du politologue Hamdi Nabli, sa pensée, qu’il analyse conjointement à celle de Dieudonné, « est nulle. (…) conceptuellement, Soral est un homme du XIXe siècle : ses idées proviennent d’un univers mental dépassé. L’application de la méthode dialectique permet l’élaboration d’un discours hyper-simpliste et engendre un manque de nuances fatal à l’analyse (géo)politique »[228]. Pour l’historien Emmanuel Kreis, Alain Soral développe « un discours à la cohérence pour le moins relative » : « sa logorrhée se contredit, mais il utilise un ton, une posture qui peuvent séduire »[186]. Enfin, Philippe Corcuff estime qu’il contribue à « la désintellectualisation en cours du débat public »[188].
De son côté, l’intéressé se défend de tout antisémitisme[179],[229] et assure ne pas viser les « Juifs de tous les jours », qui ne feraient pas partie de la « communauté organisée », incarnée selon lui par le CRIF et la LICRA et qui aurait la main sur tous les leviers importants en France. Il affirme que l’accusation d’antisémitisme aurait changé de cible, passant de ceux qui « apprécie[nt] le projet hitlérien » à toute personne qui ne « se soumet pas au racialisme du judaïsme talmudo-sioniste »[181],[110]. Par ailleurs, il met en avant ses « amis » juifs Jacob Cohen et Gilad Atzmon et affirme qu’il cible « l’idéologie juive » comme système de pensée et non pas les Juifs en tant que personnes[191]. Jacques de Guillebon relève que « chez les admirateurs d’Alain Soral », « nul ne reconnaît que son système soit fondé sur l’antisémitisme. Ils le ramènent à un antisionisme courant ou à un antijudaïsme censément acceptable par les chrétiens ou encore, (…) assurent que les diatribes de l’agitateur à propos des “communautés” ne les intéressent pas le moins du monde (sans les gêner de façon rédhibitoire pour autant) »[180].
Les positions de plus en plus controversées d’Alain Soral lui valent, au cours des années 2000-2010, plusieurs agressions physiques. En septembre 2004, une de ses dédicaces est perturbée par une vingtaine de casseurs[230] : l’écrivain accuse la Ligue de défense juive — qui dément être impliquée — et le Betar[231]. L’Express évoque, en 2014, quatre agressions, « dont une à l’acide », dont aurait été victime Alain Soral[5].
En 2015, Agnès Soral publie un ouvrage intitulé Frangin : elle y dresse un portrait de son frère qu’elle décrit comme « un enfant cassé en deux. Contrairement à moi, il n’était pas un enfant joyeux. Il a une revanche à prendre sur la vie par rapport à ses blessures et en a gardé une rancœur, une espèce de rage. Avec l’antisémitisme, il a choisi un bouc émissaire à son mal-être »[232].
Polémique de 2004 |
Les propos d’Alain Soral sur le judaïsme, le sionisme, ou encore la Shoah, font régulièrement polémique à partir de la décennie 2000. Le parcours de sa radicalisation est entamé lorsqu’il déclare, lors d’un reportage de Complément d’enquête diffusé sur France 2 le lundi 20 septembre 2004 et consacré à Dieudonné :
« Quand avec un Français, Juif sioniste, tu commences à dire “y a peut-être des problèmes qui viennent de chez vous. Vous avez peut-être fait quelques erreurs. Ce n’est pas systématiquement la faute de l’autre, totalement, si personne ne peut vous blairer partout où vous mettez les pieds.” Parce qu’en gros c’est à peu près ça leur histoire, tu vois. Ça fait quand même 2 500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans ils se font dérouiller. Il faut se dire, c’est bizarre ! C’est que tout le monde a toujours tort, sauf eux. Le mec, il se met à aboyer, à hurler, à devenir dingue, tu vois. Tu ne peux pas dialoguer. C’est-à-dire, je pense, c’est qu’il y a une psychopathologie, tu vois, du judaïsme-sionisme qui confine à la maladie mentale[230] […] »
Ces propos créent alors une vive controverse et sont jugés antisémites par plusieurs observateurs, dont des représentants de la liste électorale Euro-Palestine, à laquelle il avait apporté son soutien. Alain Soral commente alors, sur le site oumma.com, la controverse provoquée par ses propos, expliquant qu’ils ont été sortis du contexte et qu’on cherche sa « mort médiatique ». Poursuivi en justice, entre autres par le B’nai B’rith, l’écrivain est condamné par la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris pour diffamation raciale et incitation à la haine raciale le 4 mai 2007[233], puis, au terme de quatre ans de procédure, astreint en 2008 au paiement d’une amende de 6 000 euros.
Polémiques de 2009 |
À l’occasion de sa participation à la « liste antisioniste » aux élections européennes de 2009, il est à nouveau accusé d’antisémitisme. Albert Herszkowicz, président de l’association progressiste Mémorial98, lui reproche en effet d’écrire que « Benoît XVI [va devoir] se rendre très prochainement dans cette merveilleuse démocratie du Moyen-Orient qu’est Israël pour y lécher, conformément au rite de soumission mondialiste, la dalle de Yad Vashem et y abjurer un peu plus la religion du Christ, au profit de l’hérésie siono-shoatique »[234].
En juillet 2009, se réjouissant de la décision de justice favorable à Bruno Gollnisch rendue au terme du procès sur ses propos d’octobre 2004, il écrit :
- « (…) Puisque la loi française le permet désormais sans risque de mise à mort judiciaire, économique et sociale… répétons donc avec le courageux Gollnisch que : “Sans remettre en cause les déportations ni les morts des camps nazis, le débat doit avoir lieu quant à savoir la façon dont les gens sont morts… et sur les chambres à gaz, sans nier a priori leur existence, il faut laisser les historiens en discuter et cette discussion devrait être libre !”
- Amen et merde aux cons[235] ! »
Publication de Comprendre l’Empire (2011) |
En février 2011, il publie Comprendre l’Empire, sous-titré « Demain la gouvernance globale ou la révolte des Nations ? », essai qui témoigne de l’accomplissement de sa mue idéologique et dont les fondements sont largement repris par son public au sein d’Égalité et Réconciliation[236]. Il y établit une opposition entre le nationalisme et, selon lui, l’« Empire », qui regrouperait les banques, la franc-maçonnerie, la bourgeoisie, le protestantisme, Israël et les États-Unis, le tout véhiculant sa domination par le mondialisme, « projet idéologique visant à instaurer un gouvernement mondial et à dissoudre en conséquence les nations, sous prétexte de paix universelle[173] », la finance, les libéraux, les sionistes et sur la notion d’« idéologies bien-pensantes de gauche » qui justifient les actions de l’Empire sous couvert de droits de l’homme. Cet ouvrage, qui connaît un certain succès de librairie[237] — avec plus de 100 000 exemplaires vendus[238] — et qui figure encore en tête des ventes de livres politiques sur Amazon.com en 2014[14], suscite de vives réactions.
Pierre-André Taguieff écrit ainsi dans son Court traité de complotologie qu’« on y trouve tous les poncifs de la littérature conspirationniste produite depuis le début des années 1950 » et, faisant allusion à Ernest Jouin et à Urbain Gohier, précise que « si l’habillage lexical est nouveau, la rhétorique de la dénonciation du grand complot est la même que celle qu’on trouvait dans les écrits de Mgr Jouin ou d’Urbain Gohier dans les années 1920. Soral et ses semblables se proposent toujours, comme le dénonciateur des “puissances occultes” en 1924, “d’éclairer les peuples, en leur montrant l’œuvre des Sociétés secrètes”, qui portent de nouveaux noms[239]. »
L’écrivain Arnaud Le Guern juge pour sa part dans Causeur[237] que le livre « rappelle […] les pénibles souvenirs de lecture de Vers la féminisation ? et de Sociologie du dragueur. C’est le même enchaînement de micro-chapitres de quelques lignes qui découpent tout début de réflexion, n’en laissant que le gras indigeste ». « Essayiste brouillon quasi illisible », Alain Soral « a besoin […] d’un bouc émissaire » : « l’ennemi, c’est le juif, les juifs, Israël, les sionistes, la Liste de Schindler, Freud, Rockfeller [sic], Arthur, Woody Allen… ».
Dans son article du Monde diplomatique d’octobre 2013[173], Évelyne Pieiller analyse le contenu de l’ouvrage et considère que Soral « a pour [les Juifs] une haine positivement fascinée » : « il les voit partout ». « Au cœur de ces conspirations se tiendraient, liés à l’Amérique rapace, les “Juifs”, sinon errants, du moins par nature étrangers à la nation et de surcroît portés sur l’accumulation de capital. La banque est juive, la presse est juive, le destructeur de l’unité nationale est juif… » Elle y voit l’expression d’un « antisémitisme et non l’expression d’un soutien au peuple palestinien ou d’un goût marqué pour la provocation supposée libératrice ».
Propos divers sur la Shoah, le sionisme et le judaïsme |
En avril 2003, Alain Soral déclare au magazine 20 ans : « La question juive n’occupe qu’un sixième de mon livre parce qu’elle ne constitue, à mon sens, qu’un sixième des forces, causes, problèmes… qui agitent le monde actuel (…) ». Pierre Tevanian et l’universitaire Fatiha Kaoues relèvent « dans ces propos fort confus » « des relents antisémites »[183].
Alain Soral estime que le souvenir de la Shoah fait l’objet d’une « mise en scène obscène » destinée à neutraliser la critique du sionisme par la culpabilisation de ceux qui pourraient la porter et ainsi empêcher l’expression de la compassion pour les Palestiniens[240]. En 2013, il se félicite dans une vidéo que l’équipe de France de football n’ait pas visité ce qu’il désigne comme étant « LA » chambre à gaz d’Auschwitz, « qui fait, je crois, 100 mètres carrés » et dans laquelle, d’après lui, « pour que les six millions soient un chiffre possible, quatre millions et demi d’êtres humains sont morts, en moins de deux ans, je crois, hein », ce qui constitue selon lui « le plus grand prodige de l’humanité quand vous réfléchissez aux conditions matérielles que ça implique »[241]. En réponse, le site Pratique de l’histoire et dévoiements négationnistes (PHDN), spécialisé dans l’étude du négationnisme, publie un article sous le titre « Alain Soral. Stupidités sur Auschwitz & malveillances haineuses »[242]. D’après ce site, Alain Soral reprendrait à son compte des « contre-vérités négationnistes » et les diffuserait dans une série de vidéos où il accumulerait une suite « d’erreurs ou de mensonges et de falsifications »[243].
En janvier 2012, il déclare : « Si on était resté au projet de Herzl, de faire un État juif où les Juifs pourraient vivre en tant que nation comme les autres nations, sans renouer avec le projet biblique qui n’est pas un projet nationaliste — c’est un projet de domination mondiale et mondialiste au nom d’une élection divine, ce n’est pas du tout la même chose —, (…) je serais le premier des sionistes, bien évidemment ». L’universitaire Julien Salingue en déduit que « le “sionisme” dénoncé par Soral est une entité transnationale, aux contours mal définis, qui dicterait sa politique aux banques, aux gouvernements des pays occidentaux et aux médias, et qui serait ainsi la source de la crise économique, politique et sociale. On est très loin d’Israël et des Palestiniens, et beaucoup plus près de “l’Ancien Testament” qui inspirerait “Wall Street” »[179]. Pour Mathieu Molard et Robin d’Angelo, journalistes à StreetPress, Alain Soral « se soucie peu d’Israël : il ne combat pas la politique de l’extrême droite israélienne, il combat le judaïsme »[30].
Concernant le judaïsme, Alain Soral revendique d’être « judéophobe » dans la mesure où « ce n’est pas interdit par la loi »[5]. Il dénonce ainsi une « communauté organisée », à savoir « juive et sioniste cosmopolite »[90] et considère qu’une « communauté qui continue à se proclamer “peuple élu” dans le monde moderne (…) constitue (…) une exception [à sa connaissance] unique, celle de ne pas s’être défait de sa mentalité primitive malgré le progrès de la Raison et d’avoir, au contraire, mis la Raison au service d’un tribalisme modernisé, élevé à l’échelle de l’univers[244] ». Cette « exception » serait selon lui à la source d’une « double éthique » caractéristique du judaïsme qui inciterait à juger selon des critères différents ce qui touche les Juifs et ce qui touche les « goyim »[245]. Le 11 janvier 2014, lors d’un meeting à Vence, il déclare : « Les juifs nous prennent pour des goyim, c’est-à-dire des sous-hommes. La Torah dit que notre destin est d’être leurs esclaves. Si on ne se révolte pas, ici, ce sera bientôt Gaza »[14].
Marie-France Etchegoin rapporte que dans Dialogues désaccordés. Combat de Blancs dans un tunnel, série d’échanges entre Éric Naulleau et Alain Soral publiée en décembre 2013, ce dernier « a pu dresser des listes » de personnalités juives ou « sionistes », « conspu[e] “cette putain fardée qu’est la raie publique (sic) parlementaire — en réalité la domination des réseaux sionistes et maçonniques” », déclare que « les révisionnistes sont les prisonniers politiques de l’Occident contemporain », que « les chambres à gaz sont “un dossier qui pue la merde et qui ne tient que par la terreur morale et judiciaire” » et que « l’assassinat de trois enfants dans une école juive par Mohammed Merah “résulte d’une opération conjointe franco-israélienne, dans le but de diaboliser les musulmans. C’est la version française, petit budget, des attentats du 11 septembre !” »[14]. L’écrivain Pierre Jourde, réagissant à la parution du livre, estime : « Toute la vision soralienne du monde, tout son système, globalisant, repose sur un fondement unique : Israël est le vrai maître du monde, le pouvoir financier qui nous domine et nous exploite est entre les mains des juifs, Auschwitz est le mensonge central qui articule le complot juif universel[246]. » Pour Aude Lancelin, directrice adjointe de la rédaction de Marianne : « La seule chose qui intéresse Soral ? Les juifs. La clé du monde pour Soral ? Les juifs. Le phénomène Soral, ce n’était donc que ça : la réapparition désinhibée des ficelles les plus grossières de l’antisémitisme[247]. »
En janvier 2014, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et l’association « J’accuse ! action internationale pour la justice » portent plainte contre Alain Soral « pour injure raciale » après la diffusion en 2013 d’une photographie le montrant effectuer une « quenelle » devant le Mémorial de la Shoah de Berlin[248]. Il justifie son geste en affirmant que le Mémorial a été construit « pour humilier le peuple berlinois, la plus grande victime de la guerre »[14].
En mai 2014, une conférence animée par Alain Soral et Gilad Atzmon, jazzman israélo-britannique et antisioniste, est annoncée à Lyon avec pour titre « Les juifs et les autres ». Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve rappelle à cette occasion le principe républicain « du respect de l’autre, quel qu’il soit », « au vu de ce titre, raciste par nature, et au moment où des actes antisémites très graves viennent de se produire en Belgique et en France ». De son côté, le préfet du Rhône et de région Jean-François Carenco appelle « à ce que personne ne soit dupe de ces manipulations de la pensée portées par une philosophie d’essence raciste et antisémite ». Enfin, le CRIF demande l’annulation de la réunion. Alors qu’on annonce que la conférence est finalement annulée, le propriétaire de la salle ayant renoncé à la location face à la polémique, le maire de Lyon Gérard Collomb manifeste son « soulagement ». Cependant, la conférence a finalement bien lieu à Meyzieu, sans incident[249],[250],[251].
Dans la culture populaire |
En 2014, le rappeur Médine publie un titre intitulé MC Soraal, qui mélange les noms d’Alain Soral et du rappeur MC Solaar. Il entend faire passer le message suivant : « Je n’aboierai pas avec les loups. Ni avec les prétendus dissidents, ni avec les prétendus bien-pensants. Il y a une troisième voie[252],[253],[254],[255]. »
Le film L'Atelier, réalisé par Laurent Cantet et sorti en 2017, met en scène Luc Borel, un idéologue fictif inspiré d'Alain Soral, et dont l'un des principaux personnages suit les vidéos sur Internet[256].
Œuvres |
Romans et essais |
Les Mouvements de mode expliqués aux parents (en collaboration avec Hector Obalk et Alexandre Pasche), Paris, Robert Laffont, 1984, 399 p. (ISBN 978-2-221-00878-2) ; Paris, France Loisirs, 1984, 399 p. (ISBN 978-2-7242-2331-6) ; Paris, Librairie Générale Française, 1985, 408 p. (ISBN 978-2-253-03736-1).
La Création de mode : Comment comprendre, maîtriser et créer la mode, Paris, S.I.S., 1987, 91 p. (ISBN 978-2-95-022020-2) ; Saint-Denis, Kontre Kulture, 2011, 91 p. (ISBN 978-2-95-398802-4).
Le Jour et la Nuit, ou la Vie d’un vaurien, Paris, Plume, 1991, 183 p. (ISBN 978-2-7021-2041-5) ; réédité sous le titre La Vie d’un vaurien, Paris, Blanche, 2001, 144 p. (ISBN 978-2-84628-013-6) ; réédité sous le même titre, Saint-Denis, Kontre Kulture, 2012, 125 p. (ISBN 978-2-9539880-1-7).
Sociologie du dragueur, Paris, Blanche, 1996, 252 p. (ISBN 978-2-911621-02-4) ; Paris, Blanche, 2004, 246 p. (ISBN 978-2-84628-106-5) ; Paris, Blanche, 2013, 199 p. (ISBN 978-2-84628-457-8).
Vers la féminisation ? Démontage d’un complot antidémocratique, Paris, Blanche, 1999, 196 p. (ISBN 2-911621-56-5) ; réédité sous le titre Vers la féminisation ? Pour comprendre l’arrivée des femmes au pouvoir, Paris, Blanche, 2007, 211 p. (ISBN 978-2-84628-171-3).
Jusqu’où va-t-on descendre ? Abécédaire de la bêtise ambiante, Paris, Blanche, 2002, 259 p. (ISBN 978-2-84628-035-8) ; réédité sous le titre Abécédaire de la bêtise ambiante : Jusqu’où va-t-on descendre ?, Paris, Pocket, 2003, 286 p. (ISBN 978-2-266-12783-7) ; réédité sous le titre Abécédaires de la bêtise ambiante avec le livre suivant, Paris, Blanche, 2008, 473 p. (ISBN 978-2-84628-189-8).
Socrate à Saint-Tropez, Paris, Blanche, 2003, 240 p. (ISBN 978-2-84628-062-4) ; réédité sous le titre Abécédaires de la bêtise ambiante avec le livre précédent, Paris, Blanche, 2008, 473 p. (ISBN 978-2-84628-189-8).
Misères du désir, Paris, Blanche, 2004, 192 p. (ISBN 978-2-84628-081-5) ; Paris, Blanche, 2012, 210 p. (ISBN 978-2-84628-297-0).
Chute ! Éloge de la disgrâce, Paris, Blanche, 2006, 212 p. (ISBN 978-2-84628-138-6) ; réédité sous le titre Chute !, Paris, Blanche, 2012, 151 p. (ISBN 978-2-84628-296-3).
Comprendre l’Empire : Demain la gouvernance globale ou la révolte des Nations, Paris, Blanche, 2011, 237 p. (ISBN 978-2-84628-248-2).
Chroniques d’avant-guerre, Paris, Blanche, 2012, 280 p. (ISBN 978-2-84628-300-7).
Dialogues désaccordés : Combat de Blancs dans un tunnel (en collaboration avec Éric Naulleau), Paris, Hugo & Cie, 2013, 232 p. (ISBN 978-2-7556-1274-5).
Préfaces |
- Préface à Michel Clouscard, Néo-fascisme et idéologie du désir, Bègles, Le Castor astral, 1999, 136 p. (ISBN 978-2-85920-369-6).
- Préface à Anne Kling, La France LICRAtisée, Paris, Déterna, 2006, 436 p. (ISBN 978-2-913044-63-0).
- Préface à collectif, Le 11 septembre n’a pas eu lieu, Saint-Alban-les-Eaux, Le Retour aux sources, 2011, 336 p. (ISBN 978-2-35512-041-1).
- Préface à Alexandre Douguine, La Quatrième Théorie politique : La Russie et les idées politiques du XXIe, Nantes, Ars magna, 2012 (ISBN 978-2-912164-84-1).
Bande dessinée |
Yacht people (scénario d’Alain Soral, dialogues de Dieudonné et dessins de Zéon), t. I : Quenelle en haute mer, Saint-Denis, Kontre Kulture, 2012, 44 p. (ISBN 978-2-367250-07-6) ; t. II : Au-dessus c’est le soleil, Saint-Denis, Kontre Kulture, 2014, 60 p. (ISBN 978-2-367250-48-9).
Films |
Comme acteur |
1996 : Parfait Amour ! de Catherine Breillat : Philippe.
2012 : L’Antisémite de Dieudonné : Monsieur Gutman.
Comme réalisateur |
1990 : Chouabadaballet : Une dispute amoureuse entre deux essuie-glaces (court métrage).
1993 : Les Rameurs : Misère affective et culture physique à Carrières-sur-Seine (court métrage).
2001 : Confession d’un dragueur (long métrage), avec Saïd Taghmaoui et Thomas Dutronc.
Publicité |
1984 : Alain Soral apparaît déguisé en serveur, en train de danser dans une publicité pour les bonbons Mi-cho-ko[29],[257].
Notes et références |
Notes |
Sa sœur Agnès Soral explique : « En 1991, le pseudonyme de mon frère était ABS… Il souffrait de ne pas être connu et m’a demandé de l’aider pour vendre ses premiers livres qui n’avaient, à l’époque, rien de subversif. J’étais connue, j’avais déjà un nom, il ne lui restait qu’à se faire un prénom. Il est devenu Alain Soral. Mon nom à l’origine était Bonnet, originaire de Soral. Ce qui a donné le nom d’usage “Bonnet de Soral”, que portent les papiers de mon frère[1]. »
Alain Soral utilise le terme de « national-socialiste » tout en se distinguant de l’acception courante du terme (nazisme) : voir la section consacrée à son positionnement politique.
Alain Soral précise, dans l’entretien vidéo[8] qu’il livre à la journaliste Pascale Goufan : « Comme je ne suis pas bachelier, il fallait que je sois étudiant pour des raisons de Sécurité sociale, parce que toute ma vie est guidée par la survie, j’ai passé le concours des Beaux-Arts et j’ai postulé à l’École des hautes études en sciences sociales qui sont deux cursus qu’on peut faire sans le bac. Mais en fait aux Beaux-Arts, je suis très peu allé, parce que j’étais dans une école où l’on nous disait “que l’art ne s’apprenait pas”. Alors je me suis dit : ben autant ne pas y aller. En plus le niveau était nul, les mecs étaient nuls, c’était des branleurs. C’était sale aussi. Enfin y avait tout ça, c’était le chaos, ça ne m’intéressait pas, sauf les cours d’anatomie. Je me suis intéressé aux cours d’anatomie, c’est tout. »
Alain Soral précise, toujours dans l’entretien vidéo[8] avec la journaliste Pascale Goufan : « […] élève aux hautes études en sciences sociales — d’abord élève stagiaire, je crois, puis après élève […] j’y suis allé un peu parce que j’étais dans le séminaire de Castoriadis — que j’ai trouvé assez mauvais mais qui était quand même beaucoup moins nul que les sociologues actuels — qui était un marxiste psychanalytisant, c’est-à-dire un freudo-marxiste. Et ça me poussait surtout, en écoutant ses trucs, à me poser les questions de ses contradictions et de la faiblesse de sa construction théorique qui était un bricolage très facilement démontable. »
« […] Une brouille de jeunesse qui l’a opposé au critique d’art Hector Obalk, coauteur, juif, de l’un de ses livres. À la suite de ce différend, Alain Soral prend sa carte au PC en affirmant : “Ça le fera chier, car ce sont eux qui ont inventé l’antisémitisme”[5]. »
Philippe Vardon a longtemps présidé le groupe identitaire Nissa Rebela.
« Marine Le Pen […] n’a en revanche que peu d’empathie pour l’essayiste [Soral] : “Je me méfiais de lui […]”[5]. »
Cf. l’article Wikipédia consacré à Égalité et Réconciliation.
Dans une mise au point à L’Humanité en 2007 (« Aux antipodes de ma pensée », 30 mars 2007), Michel Clouscard, s’il lui reconnaît du « talent », refuse cependant qu’on associe son nom à celui d’Alain Soral, eu égard aux « menées prolepénistes » de l’intéressé. Alain Soral lui répondra dans son ouvrage Chroniques d’avant-guerre : « Clouscard n’était finalement qu’un “vieux puceau”. »[191] Il continuera toutefois à en faire l'éloge et à revendiquer son héritage intellectuel, le considérant comme le grand penseur marxiste de sa génération.
En 2015, Nicolas Lebourg et Jean-Yves Camus, spécialistes de l'extrême droite, qualifient Alain Soral de « polémiste antisioniste radical » en précisant : « L'antisionisme radical nie à Israël le droit à exister en tant qu'État, confond délibérément juifs et sionistes, et considère tous les juifs comme les représentants, les relais, les agents, de l'État israélien »[222].
Références |
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Emmanuel Ratier, « Qui est Alain Soral ? », sur egaliteetreconciliation.fr, 24 décembre 2013(consulté le 27 octobre 2015).
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« Dossier de presse de Confession d’un dragueur », sur flachfilm.com, 2001(consulté le 27 octobre 2015).
Denis Tugdual, « Alain Soral, ennemi public no 2 », L’Express, no 3263, 16 janvier 2014, p. 50-54 (ISSN 0014-5270, lire en ligne).
« Alain & Agnès Soral, Vie privée, vie publique », sur dailymotion.com, 7 mai 2003(consulté le 24 octobre 2015).
Thomas Sotinel, « Confession d’un dragueur, film français d’Alain Soral », sur Le Monde, 25 juillet 2001(consulté le 27 octobre 2015).
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(en-GB) « Alain SORAL », sur inter.pyramidefilms.com (consulté le 29 septembre 2017)
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Marie-France Etchegoin, « Antisémite, “national-socialiste” : comment devient-on Alain Soral ? », sur nouvelobs.com, 26 janvier 2014(consulté le 28 octobre 2014).
Josselin Bordat, « L’intégralité de l’entretien accordé à Technikart », sur egaliteetreconciliation.fr, 17 octobre 2008(consulté le 27 octobre 2015).
« Alain Soral, Bas les masques », sur archive.org, 1992(consulté le 28 octobre 2015).
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Ellen Salvi, « La droite extrême à l'assaut du livre », Revue du crieur, no 4, juin 2016, p. 118
Emmanuel Poncet, « Et maintenant, j’accueille », Technikart, no 72, 1er mai 2003.
Robin D'Angelo et Mathieu Molard, Le Système Soral, Calmann-Lévy, 2 septembre 2015(ISBN 9782702158418, lire en ligne)
Mohammed Aissaoui, « Agnès Soral dévoile la face cachée d’Alain Soral », sur lefigaro.fr, 25 mars 2015(consulté le 28 octobre 2015).
D'Angelo et Molard 2015, p. 11-13.
« Quand l’extrême-droite mue : petite plongée dans la galaxie des fachos « antisionistes et anti-impérialistes », Article 11, 10 juillet 2009
Lebourg et Beauregard 2012, p. 341.
Kevin Poireault, « Qui est vraiment Alain Soral, gourou d’extrême droite ou businessman du web ? », sur lesinrocks.com, 2 septembre 2015(consulté le 28 octobre 2015).
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Briganti, Déchot et Gautier 2011, p. 56.
Emmanuel Ratier, « Du communisme au nationalisme : itinéraire d’un intellectuel français », sur altermedia.info, 10 mars 2007(consulté le 28 octobre 2015).
« Michoko, porno, facho business… Dix choses à savoir sur Alain Soral », sur lexpress.fr, 4 septembre 2015(consulté le 4 septembre 2015).
Marine Turchi, « Alain Soral est un aiguillon pour le FN », sur mediapart.fr, 24 septembre 2015(consulté le 28 octobre 2015).
« Quand Jean-Paul Cruse encourageait une alliance des communistes et des ultra-nationalistes… », 13 juin 2007.
« National-bolchevisme : de nouvelles convergences », REFLEXes, octobre 1993 ; mis à jour le 4 janvier 2007.
La journaliste Mariette Besnard et le romancier Didier Daeninckx ayant dénoncé, dans un dossier envoyé à Georges Marchais et à la grande presse, quelques membres ou proches du PCF qu’ils accusaient d’« accointances » avec l’extrême droite (cf. « Quand Daeninckx alerte Marchais du complot », Globe Hebdo, 30 juin–6 juillet 1993, p. 22), Le Canard enchaîné (en date du 23 juin 1993) prétend révéler l’existence de liens unissant les communistes et les nationalistes, notamment à travers la collaboration à certains journaux comme L’Idiot international et Le Choc du mois. François Bonnet, dans Libération, pointe alors du doigt les « compagnons de route de la galaxie nationale-bolchevik », considère que « le communisme est vraiment pourri puisqu’il n’hésite pas à s’allier au fascisme » et en vient à affirmer qu’« extrême gauche et extrême droite, c’est pareil ». Ces accusations sont ensuite relayées par deux journalistes du Monde, Edwy Plenel et Olivier Biffaud : « À l’abri de la réputation d’écrivain maudit qu’il s’est plu à construire, Jean-Edern Hallier fut donc bien l’alibi principal et l’acteur premier de ce théâtre d’ombres où se croisent, depuis plusieurs années, apprentis sorciers communistes et théoriciens néo-fascistes d’une “troisième voie” entre communisme et capitalisme. Toute la collection de l’Idiot international en témoigne. » (« “La tentation national-communiste”, “L’Idiot”, laboratoire rouge-brun », Le Monde, 1er juillet 1993). Pour un témoignage du principal mis en cause, cf. Alain de Benoist, « Sur Jean-Edern Hallier et “L’Idiot international” ».
« Les gens un peu instruits savent que le marxisme, loin de se réduire à l’expérience soviétique, est d’abord un outil d’analyse. Un outil d’analyse qui conçoit la réalité comme une totalité historique en cours, et dont les performances sont bien supérieures à ce que peut produire l’idéalisme, qu’il soit ontologiste ou subjectif. Le marxisme, dit aussi matérialisme historique et dialectique, donne à quiconque s’intéresse à la complexité du réel, une telle leçon de virilité intellectuelle, qu’il est difficile après de se contenter des visions passéistes d’un Maurras, nostalgiques d’un Heidegger, naïves d’un Marcuse, et même du mono-déterminisme plutôt sympathique d’un René Girard, qui gagnerait beaucoup à lire Henri Wallon ! », in « Alain Soral, l’intellectuel de gauche qui dérange la gauche », Éléments, no 113, été 2004.
Notamment dans ses deux abécédaires — Jusqu’où va-t-on descendre ? Abécédaire de la bêtise ambiante (Blanche, 2002) et Socrate à Saint-Tropez : texticules (Blanche, 2003) — où Alain Soral passe au crible de son analyse polémique plusieurs sujets politiques et de société. Parmi les critiques consacrées à ces pamphlets, certaines évoquent le populisme de Soral, tandis que d’autres évoquent son courage et sa lucidité. Voir Régine Deforges, « Est-ce à ce point de la merde, mon pays ? », L’Humanité, 10 avril 2002 : « L’abécédaire de la bêtise ambiante », L’Humanité, 12 mars 2003. Cf. aussi « François Darras », « Quand Soral sort ses “texticules” », Marianne, 26 mai 2003.
Il a notamment écrit : « En France, tous les communautarismes montants : gay, islamique… se créent et se renforcent par imitation, hostilité et opposition au communautarisme judéo-sioniste, dont le statut privilégié constitue la jurisprudence communautaire sur laquelle s’appuient leurs revendications face à la République » in : « Alain Soral attaque les communautarismes à l’œuvre contre la République », entretien avec « Génération République », 5 mai 2003.
Cf. entrée « Intellectuel communautaire. Universalisme et duplicité », Socrate à Saint-Tropez : texticules, op. cit.
Wieviorka 2005, note 33.
Fiammetta Venner, Itinéraire d’un gigolo sémantique. Revue ProChoix, no 60, p. 57-72.
«Soral est un intellectuel ostracisé», Causeur, no 68, 24 février 2014
Alain de Benoist, « Alain Soral répond à Alain de Benoist », Éléments, no 113, 2004(lire en ligne).
Cf. p. 102-104 de l’édition de 2002.
Dans le même ordre d’idées, on écoutera l’évocation de Dieudonné dans l’entretien précité L’antisémitisme tient-il une place significative dans la société française ?
Azzeddine Ahmed-Chaouch, « Comment Dieudonné s’est rapproché de Le Pen », Le Parisien, 8 janvier 2009.
« Dieudonné-Soral : querelle pour une quenelle », Le Point, 26 novembre 2013.
Briganti, Déchot et Gautier 2011, p. 55.
Dominique Albertini et David Doucet, La Fachosphère : Comment l'extrême droite remporte la bataille du net, Flammarion, 2016, 318 p. (ISBN 9782081354913, lire en ligne), p. 141
Dans un entretien accordé le 10 mars 2005 à VSD (« L’interview intégrale accordée à une journaliste de VSD »). Voir par ailleurs l’article de Claude Askolovitch dans Le Nouvel Observateur no 2103.
« Pourquoi je me désolidarise d’Euro-Palestine », alainsoral.com, 3 novembre 2004.
« Dieudonné par Le Pen repris », REFLEXes, 24 mars 2007 ; mis à jour le 21 mai 2007.
« Délégation Liban : Les images des premières rencontres, premier constat : ruines sous-estimées »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le 5 août 2017), « Les OGRES », 29 août 2006.
Entretien d’Alain Soral avec Emmanuel Blanchard, Jean-Charles Deniau et Grégoire Kauffmann le 18 mai 2011, cité dans Lebourg et Beauregard 2012, p. 342.
Alexande Vick, « Alain Soral, chefaillon des « anti-tout » », sur resistances.be, 3 décembre 2008(consulté le 7 juin 2009).
Claude Askolovitch, « Soral le maudit », Le Nouvel Observateur, 22 février 2007.
Christiane Chombeau, Pour l’écrivain Alain Soral, rallié au FN, « Marx voterait aujourd’hui Le Pen », Le Monde, 7 février 2007
Valérie Igounet, « Ces visages qui plaisent au FN », sur http://blog.francetvinfo.fr/derriere-le-front, 1er novembre 2016(consulté le 2 novembre 2016).
Citons cette réaction du national-catholique Bernard Antony (Soral attaquera par la suite Antony, qui lui répondra une nouvelle fois), les critiques de Guillaume Faye (« Guillaume Faye s’attaque à Soral », « Altermedia Canada », 23 février 2008)
Jean-Paul Gautier, « Alain Soral : De Pif gadget à Comprendre l’empire », tantquillefaudra.org, 7 janvier 2014.
Valérie Igounet, « Gollnisch – Soral : même combat ? », sur http://blog.francetvinfo.fr/derriere-le-front, France Télévisions, 26 janvier 2016(consulté le 26 janvier 2016).
Christophe Forcari, « Dieudonné, côté obscur », Libération, 2 janvier 2009.
« Jean-Marie Le Pen : “Je n’ai pas changé dans mes convictions” », Le Monde, 23 mars 2007.
« Marine Le Pen, candidate à la succession de son père et pour 2012 », Le Monde, 27 mars 2008.
« Soral : “La France ne mérite pas Le Pen” », Le Journal du dimanche, 22 avril 2007.
« Déçus, les militants FN se divisent sur l’avenir », Le Monde, 23 avril 2007.
Abel Mestre et Caroline Monnot, « Les étranges amitiés de Dieudonné », Le Monde, 24 février 2009 ; modifié le 8 avril 2009.
« Alain Soral présente “Égalité et réconciliation” », L’Organe magazine, 21 août 2007 (vidéo mise en ligne le 23 juin 2007 ;
charte du mouvement
« Fin de « parti » pour Alain Soral », Droite(s) extrême(s), 23 février 2010.
Frédéric Haziza, Vol au-dessus d’un nid de fachos. Dieudonné, Soral, Ayoub et les autres, Fayard, p. 9-10.
« Au FN, M. Le Pen reste capitaine mais fait de sa fille son principal lieutenant », ladepeche.fr, 18 novembre 2007.
« Alain Soral candidat à l’investiture FN comme tête de liste pour les européennes de 2009 en Île-de-France », site d’Égalité et Réconciliation, 19 août 2008.
Alain Soral, « Marine m’a tuer », site d’Égalité et Réconciliation, 1er février 2009.
« Le Pen déplore “des conflits de gamelle” au FN », Le Figaro, 4 février 2009.
Laurent-David Samama, « Le vrai portrait d’Alain Soral », La Règle du jeu, 24 janvier 2011.
Lebourg et Beauregard 2012, p. 350-351.
D'Angelo et Molard 2015 ; lire en ligne
Joël Gombin, Le Front national, Eyrolles, 2016, 160 p. (lire en ligne)
Pierre Puchot et Dan Israël, « Comment Soral gagne les têtes (1/2) », Mediapart, 12 novembre 2014
Willy Le Devin et Dominique Albertini, « Après la quenelle, le temps des querelles », Libération, 5 décembre 2014
Cf. « Rixe entre des partisans de Dieudonné et des inconnus », NouvelObs.com avec AFP, 31 mai 2009.
Claude Guillon, « Céline, Dieudonné, Faurisson : toujours les maux pour rire », site de Claude Guillon, 16 mai 2009.
« Alain Soral et le “butin de guerre” de la liste antisioniste, un conte iranien », La Vigie : le meilleur du web, 21 octobre 2013.
« Alain Soral arrête Flash », streetpress.com, 8 avril 2011.
Fourest et Venner 2011.
« Entre le FN et Dieudonné, des liens en accordéon », Le Point, 11 janvier 2014.
Antoine Vouillazère, La bombe estivale d’Aymeric Chauprade, Minute, 20 août 2014
Karl Laske et Marine Turchi, Sur fond d’antisémitisme, Soral et Dieudonné lancent leur parti, Mediapart, 21 octobre 2014
Jacob Rogozinski, « Contre la théorie du complot », Le Monde, 11 avril 2014.
Fouad Bahri, « L’imposture Soral », Zaman France, 27 mai 2014.
« Le FN répond à la définition historique de l'extrême droite », Le Monde, 6 décembre 2012.
Haoues Seniguer, « La galaxie Alain Soral : de l’extrême droite néo-traditionaliste catholique aux néo-Frères musulmans », huffingtonpost.fr, 22 décembre 2013.
« Alain Soral, petit idéologue et grand épicier », Article 11, 15 novembre 2013
« Du communisme au nationalisme : itinéraire d’un intellectuel français », art. cit. : « Je terminerai cette allocution en vous parlant d’avenir, en vous annonçant notamment la création de l’association Égalité et Réconciliation dont je prends la présidence. Association “nationaliste de gauche” prônant la réconciliation nationale, et se donnant pour but — ce but qui est le mien depuis quinze ans : créer l’union sacrée de la gauche patriote et de la droite antifinancière, afin d’atteindre le pourcentage électoral qui permettra au peuple de France de reprendre le pouvoir par les urnes et le contrôle de son destin. »
Dans son article du Monde diplomatique, Évelyne Pieiller constate en octobre 2013 que les quatre-vingt-deux vidéos postées sur YouTube totalisent quinze millions de vues.
Nicolas Zomersztajn, « Alain Soral : un bavard obsédé par les Juifs », Centre communautaire laïc juif David Susskind, 15 avril 2013.
Gilles Kepel, Terreur dans l'Hexagone : genèse du djihad français, Gallimard, 2015, 352 p. (ISBN 9782070105625, lire en ligne)
Pascal Ory, Peuple souverain : de la révolution populaire à la radicalité populiste, Gallimard, coll. « Le Débat », 2017, 256 p. (ISBN 9782072693441). Cité dans Fabien Escalona, « Populisme et radicalité: la confusion souveraine », sur Slate, 19 novembre 2017(consulté le 20 novembre 2017).
« Instinct de Survie change de nom et devient Prenons le Maquis », site d’Égalité et Réconciliation, 6 janvier 2014
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Cf. entrée « Shoah business (1). Pour une meilleure gestion de la culpabilité », op. cit.
« Soral à son tour visé pour ses propos sur les chambres à gaz », Le Nouvel Observateur, 10 janvier 2014.
« Alain Soral. Stupidités sur Auschwitz & malveillances haineuses », Pratique de l’histoire et dévoiements négationnistes, 6 juillet 2013.
« In fine, le nombre d’erreurs ou de mensonges et de falsifications de Soral dans ce court passage est proprement hallucinant :
- Crétinerie scientifique absolue quand Soral suggère que du gaz aurait pu perdurer 60 ans dans la pièce.
- Erreur sur la surface de la chambre à gaz d’Auschwitz I, augmentée d’un quart…
- Ignorance scandaleuse sur la durée des gazages à Auschwitz, plus de trois ans et non moins de deux.
- Malveillance haineuse et ironie déplacée basée sur une méconnaissance totale de l’histoire et de la topographie de cette chambre à gaz, en suggérant que la porte munie d’un carreau aurait fait partie de la chambre à gaz initiale. C’est encore une fois une contre-vérité historique. ».
- Présentation frauduleuse du calcul du nombre de victimes du génocide des Juifs, qui n’a jamais utilisé « quatre millions et demi » à Auschwitz.
- Présentation frauduleuse du nombre de victimes à Auschwitz (non pas quatre millions et demi, mais un million).
- Stupidité totale quand Soral suggère que la totalité des victimes gazées à Auschwitz l’auraient été dans la chambre à gaz d’Auschwitz I. C’est une contre-vérité historique. Soral semble n’avoir jamais ouvert le moindre ouvrage d’histoire sur le sujet…
Entrée « Peuple élu et mentalité primitive », Socrate à Saint-Tropez…, op. cit.
« On retrouve bien là [dans les contestations du verdict sur l’affaire du gang des barbares] la vision du monde et le rapport à l’autre qui fonde le judaïsme : la double éthique. Et j’ose penser que cette double éthique — dans l’affaire du procès Fofana comme ailleurs — est le fond du problème ; « Bloc note no 18, par Alain Soral », Flash, no 19, 30 juillet 2009. Il y aurait en effet passage de l’état de « peuple élu » à celui de « peuple martyr » suivant un jeu dialectique : « Comment ne pas comprendre que, aussi durable que le yin et le yang, il y a engendrement réciproque, réciprocité dialectique de l’élection et du martyr ? Martyr parce qu’élu, élu parce que martyr ; et que, aussi fatale qu’est la fatalité elle-même, on ne peut échapper à l’une sans s’émanciper de l’autre. Entrée « Élu, martyr », op. cit.
« Naulleau vs Soral », Confitures de culture, 1er novembre 2013.
Aude Lancelin, « Alain Soral, tout ça pour ça », Marianne.net, 30 novembre 2013.
« Procédures à tour de bras contre des “quenelles” », Libération, 8 janvier 2014.
« Soral forcé d’annuler une conférence “raciste” », Le Figaro, 26 mai 2014.
« “Les juifs et les autres”, la sulfureuse conférence d’Alain Soral à Lyon », Metronews, 25 mai 2014.
« Sous haute protection, Alain Soral s’est finalement rabattu sur Meyzieu », Lyon Mag, 27 mai 2014.
Loïc Le Clerc, Médine : l’étrange invité de la Fête de l’Humanité, Marianne, 27 septembre 2014
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Sindanu Kasongo, « L’Observatoire du rap game (84) », Les Inrockuptibles, 3 juin 2014.
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Annexes |
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Jean-Yves Camus et Nicolas Lebourg, Les Droites extrêmes en Europe, Paris, Seuil, coll. « Essais », 2015, 320 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2-02-109086-4).
Bernard Bruneteau, « Les permanences de l’antisémitisme antimondialiste (fin XIXe-début XXIe siècle) », Revue d'histoire moderne et contemporaine, Paris, Belin, nos 62-2/3 « Antisémitisme(s) : un éternel retour ? », avril-septembre 2015, p. 225-244 (lire en ligne).- Salim Laïbi, Le Mythomane - La face cachée d'Alain Soral, Éditions Fiat Lux, sept. 2015, 244 p. (ISBN 9791091157094). Préface de Paul-Éric Blanrue.
Bruno Di Mascio, Les souterrains de la démocratie : Soral, les complotistes et nous, Paris, Temps présent, 2016, 137 p. (ISBN 978-2-916842-30-1).
Michel Collon, Pourquoi Soral séduit. Tome 1 – Pour une véritable critique du capitalisme, Bruxelles, Investig'Action, 2017, 548 p. (ISBN 978-2930827094).
Collectif des 4, Le cas Alain Soral : Radiographie d'un discours d'extrême droite, éditions Le Bord de l'eau, coll. « Clair & Net », 19 septembre 2018, 180 p. (ISBN 2356875980, présentation en ligne).
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