Lucanus cervus
Lucanus cervus
Lucanus cervus, mâle (à gauche) et femelle (à droite). (Muséum de Toulouse.)
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Arthropoda |
Sous-embr. | Hexapoda |
Classe | Insecta |
Sous-classe | Pterygota |
Infra-classe | Neoptera |
Super-ordre | Endopterygota |
Ordre | Coleoptera |
Famille | Lucanidae |
Sous-famille | Lucaninae |
Tribu | Lucanini |
Genre | Lucanus |
Nom binominal
Lucanus cervus
(Linnaeus, 1758)
Statut de conservation UICN
NT : Quasi menacé
Lucanus cervus est une espèce de coléoptères de la famille des Lucanidae, sous-famille des Lucaninae, de la tribu des Lucanini et du genre Lucanus, vivant en Europe. Il est couramment appelé Lucane cerf-volant (pour le mâle) ou Grande biche (pour la femelle). Dans certaines campagnes françaises (Poitou ou Limousin, par exemple), il est également désigné sous le nom vernaculaire de cornard[1],[2].
Sommaire
1 Description
1.1 Mâle
1.2 Femelle
1.3 Divers
2 Biologie
2.1 Larve et croissance
2.2 Vie adulte
2.3 Prédateurs des larves et des adultes
2.4 Reproduction et mort
3 Systématique
3.1 Noms vernaculaires
3.2 Synonymie
4 Lucanus cervus et l'Homme
4.1 Étymologie
4.2 Statut de protection
5 Notes et références
6 Liens externes
Description |
Ces coléoptères peuvent mesurer jusqu'à 8,5 voire 9 centimètres de long[3], ce qui est particulièrement remarquable pour un insecte. C'est le plus grand coléoptère d'Europe. La taille de l'individu résulte de la qualité nutritionnelle du bois[3] mais dans certaines régions du Sud-Ouest de la France, les Lucanes ont tendance à être plus grands que la norme les qualifiant ainsi de « major » par opposition aux « minor » et aux « medium ».
Cet insecte xylophage se présente sous la forme d'un gros scarabée brun-noir avec des nuances bordeaux et est doté de mandibules très impressionnantes par rapport à la taille de l'insecte[3] laissant songer à des bois de cerfs, d'où le nom « Lucane cerf-volant ». Cette particularité physique n'est présente que chez le mâle de l'espèce car la femelle est plus petite et possède des mandibules beaucoup plus restreintes mais plus puissantes[3]. À noter également que le dimorphisme sexuel est lui-même hors-norme chez les coléoptères. Il est à peu près inoffensif pour l'homme, mais la femelle peut le pincer jusqu'au sang en cas de défense[4].
Mâle |
Face dorsale
Face ventrale
Extrémité céphalique du mâle - Muséum de Toulouse
Femelle |
Face dorsale
Face ventrale
Position de vol
Divers |
♂
♀
Variabilité de taille des lucanes mâles, les deux derniers spécimens sont des femelles
Biologie |
Larve et croissance |
La larve blanche, translucide à tête orangée, saproxylophage (qui consomme uniquement du bois mort), se nourrirait durant 3 à 6 années de bois mort ou pourrissant, jusqu'à atteindre 8 à 10 cm pour les larves mâles. La malnutrition des larves peut induire des scarabées plus petits, ou des durées de vie larvaire plus longues (5 ou 6 ans)[réf. nécessaire].
Le moment venu, elles s'enterrent et se confectionnent une loge à leur mesure. Elles s'y transformeront en nymphes, puis en insectes volants l'automne venu, mais ces derniers n'émergeront qu'au début de l'été suivant.
Vie adulte |
Une fois métamorphosé en imago, l'individu vit sur ses réserves jusqu'à l'accouplement et la mort. Le scarabée adulte peut toutefois se nourrir de nectar, de fruits et de sève émise par les plaies des arbres pour prolonger sa vie et se restaurer.
Les adultes ont une activité principalement crépusculaire et nocturne[5]. Il peut être amené à voler ; son vol est caractéristique car il produit un fort bourdonnement et l'insecte est alors en position quasiment verticale[5].
Face aux menaces, le lucane mâle affiche ses mandibules, celles-ci sont puissantes et permettent de pincer fortement. Elles servent également à pousser ou saisir et éjecter d'éventuels opposants.
Prédateurs des larves et des adultes |
Les larves subissent les assauts de guêpes et autres coléoptères carnivores tel la Cicindèle des champs (Cicindela campestris, petit, vert à taches et pinces jaunes).
Lors de la reproduction, les adultes s'affichent largement sur l'écorce des arbres, ce qui indique que ses prédateurs doivent être rares. Les lucanes cerf-volants sont la proie des pies, geais et autres animaux (Simon-Pierre Daiguemorte). Il est ainsi possible de trouver de nombreux cadavres sous les arbres, dont souvent seul l'abdomen est consommé.
Reproduction et mort |
La reproduction se fait vers juillet, les mâles et femelles se retrouvent sur des chênes malades et se nourrissent en léchant les plaies de l'arbre. Le mâle utilise ses grandes mandibules pour ramener sous lui une femelle et attraper et éjecter les concurrents à la manière d'un lutteur grec. Une fois une femelle rabattue sous lui, il reste au-dessus d'elle, utilisant sa taille double pour la couvrir physiquement et l'« enfermer » entre ses pattes.[réf. nécessaire] Le couple peut aussi se placer au-dessus d'une plaie de l'arbre pour profiter du jus qui en sort.
Le couple peut s'accoupler plusieurs fois, durant de courtes périodes (environ 2 minutes chacune). Le mâle se retire à l'approche d'un observateur et se dresse pour repousser toute menace à l'aide de ses mandibules.
D'autres mâles peuvent s'approcher, attirés par la femelle, mais les assauts qui s'ensuivent sont très timides et ne présentent pas une réelle menace pour un couple déjà installé.
La femelle pond dans la terre, au pied d'une source nourricière pour ses futures larves (un arbre mort, un arbre malade : chêne, hêtre, pommier...).
Les lucanes mâles semblent mourir naturellement après l'accouplement et les femelles après la ponte. On peut retrouver les exosquelettes aux pieds des arbres qui accueillent encore les autres couples.
Les oiseaux, comme le geai par exemple, mangent l'abdomen du lucane cerf-volant, ce qui explique qu'on trouve des têtes en forêt.
Systématique |
- L'espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758 sous le nom initial de Scarabaeus cervus.
- Il existe un sous-genre, le nom complet est donc Lucanus (Lucanus) cervus.
Le terme de Lucanus (et le nom général de la famille des Lucanidae) remonte à l'antiquité romaine ; Pline l'Ancien signale déjà dans son Histoire naturelle (livre XI, chapitre 34) que l'érudit Nigidius Figulus appelle ces insectes des Lucaniens, sans doute en référence à l'ancienne région de Lucanie en Italie. Pline signale également que les « cornes » du lucane cerf-volant sont accrochées au cou des enfants pour éviter ou guérir certaines maladies infantiles.
En 1823, un vol de lucanes traverse toute la plaine du Roussillon en direction du massif des Albères. Leur nombre est si important que le soleil est obscurci le temps de leur passage[6].
Noms vernaculaires |
- Lucane cerf-volant (pour le mâle) : les grosses mandibules du mâle lui ont valu le nom de « cerf-volant », en raison de leur ressemblance avec les bois d'un cerf et du fait qu'il vole.
- Grande biche (pour la femelle).
À ne pas confondre avec un autre lucaniné, la Petite biche (Dorcus parallelipipedus).
Synonymie |
Scarabaeus cervus Linnaeus (1758)
Scarabaeus capreolus (Füessly, 1775)
Scarabaeus dorcas (Müller, 1776)
Scarabaeus capra (Olivier, 1789)
Scarabaeus hircus (Herbst, 1790)
Scarabaeus inermis (Marsham, 1802)
Scarabaeus grandis (Haworth, 1807)
Scarabaeus microcephalus (Mulsant, 1842)
Scarabaeus lusitanicus (Hope & Westwood, 1845)
Scarabaeus maxillaris (Motschulsky, 1845)
Scarabaeus vicinus (Hope & Westwood, 1845)
Scarabaeus cornutus (Dale, 1893)
Scarabaeus judaicus (Planet, 1902)
Scarabaeus validus (Möllenk, 1912)
Lucanus cervus et l'Homme |
Étymologie |
Selon Nigidius Figulus et Pline l'Ancien, le nom de ce coléoptère (déjà utilisé dans l'antiquité) viendrait des casques ornés (entre autres) de ramures de cerf des Lucaniens, un peuple d'Italie du Sud.
Statut de protection |
L'espèce n'est pas protégée en France. Elle continue à se raréfier géographiquement, en gardant des poches de présence.
Le lucane cerf-volant est inscrit à l'annexe II de la directive européenne « habitats faune flore » de 1992, dont la protection nécessite la mise en place par les États-membres de zones spéciales de conservation, ainsi qu'à l'annexe III de la convention de Berne.
Il niche dans les cavités des vieux arbres et des troncs morts, en forêt comme dans le bocage. La gestion forestière, en éliminant les vieux arbres et le bois mort, élimine à la fois son habitat et sa nourriture.
Le Lucane cerf-volant, comme la plupart des coléoptères mangeant du bois, est en forte régression dans les forêts d'Europe.
Notes et références |
Philippe Azarias, Raphaël Gobin et Franck Plat, « Protéger le lucane cerf-volant », L'Actualité Poitou-Charentes, no 52, avril 2001, p. 18-19 (lire en ligne).
Laurent Chabrol et Jacques Devecis, « Visite guidée... L'entomofaune du Limousin », Insectes, no 121, 2001, p. 33-35 (lire en ligne).L'article est tiré du livre Le Limousin côté nature, publié en 2000 par Espaces naturels du Limousin, (ISBN 2-9515350-0-7), (notice BnF no FRBNF37115370).
« le Lucane ou cerf-volant (Lucanus cervus), biologie et développement », sur insectes-net.fr (consulté le 13 juillet 2016)
Anaïs Gillet Demoulin, Les maisons des bêtes, Hachette, 1886, p. 69.
En quête d'insectes : Je crois que j’ai vu un Lucane cerf-volant
Fabricio Cárdenas, 66 petites histoires du Pays Catalan, Perpignan, Ultima Necat, coll. « Les vieux papiers », 2014, 141 p. (ISBN 978-2-36771-006-8, notice BnF no FRBNF43886275)
Liens externes |
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- Fiches longues
Le Lucane, sur insectes-net.fr (entomologiste)
- Fiches courtes
- Photos de lucanes et de Dorcus parallelipipedus
- Fiches de longueur indéterminée
- (en) Référence Animal Diversity Web : Lucanus cervus (consulté le 9 juillet 2014)
- (en) Référence Catalogue of Life : Lucanus cervus (Linnaeus, 1758) (consulté le 9 juillet 2014)
- (en) Référence Fauna Europaea : Lucanus cervus (consulté le 9 juillet 2014)
- (fr) Référence INPN : Lucanus cervus (Linnaeus, 1758) (consulté le 9 juillet 2014)
- (en) Référence NCBI : Lucanus cervus (consulté le 9 juillet 2014)
- (en) Référence uBio : Lucanus cervus Linnaeus, 1758 (consulté le 9 juillet 2014)
- (en) Référence Fonds documentaire ARKive : Lucanus cervus
- Lucane Cerf-Volant Celui-là. Il faut que je vous raconte ...
- La biologie du lucane
- Vidéo montrant un lucane vivant
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